Sites pornographiques : Marlène Schiappa doit interdire l’apologie du viol et de l’inceste en ligne
L'affaire Weinstein a fait naître en France les hashtags #BalanceTonPorc et #MeToo. L'objectif : permettre aux victimes de poster des témoignages. Aujourd'hui les sites pornographiques incitent aux agressions sexuelles par l'utilisation de titres très explicites. Ce sont des appels au viol et à l'inceste déguisés. Marlène Schiappa doit rendre illégales ces incitations. Thierry Paul Valette
Suite à l'affaire Harvey Weinstein, naissaient en France les hashtags #BalanceTonPorc et #MeToo. L'objectif : permettre aux victimes de harcèlement sexuel, d'agression sexuelle ou de viol de pouvoir poster anonymement leur témoignage sur les réseaux sociaux. En France les chiffres sont sans appel. En 2017 ce sont en tout 250 000 victimes de viol ou de tentatives de viol : 93 000 femmes, 15 000 hommes et 150 000 mineurs de concernés.
Les viols sur mineurs sont officiellement recensés chaque année, soit presque 20 par jour pour un total de 7000 victimes chaque année. La moitié des victimes de viol et d'agressions sexuelles ont moins de 12 ans. Seulement 2% des cas donnent lieu à une condamnation. L'inceste, quant à lui, c'est près de 4 millions de victimes en France. Pour l'heure, il n'est pas reconnu comme un crime ou même une circonstance aggravante et aucune baisse du nombre de viols en France n'est constatée.
Les violences sexuelles se passent souvent dans la sphère familiale. Pour précision, 91% des victimes connaissaient leurs agresseurs et 45% des agresseurs sont souvent des conjoints (ou ex-conjoints,). Le viol conjugal est donc une triste réalité encore taboue et le plus admis par la société.
À Clermont-Ferrand, quatre mineurs viennent d'être mis en examen pour le viol d'une jeune fille. Agés de 15 à 17 ans, ils sont soupçonnés d'avoir violé une jeune fille à deux reprises en juillet 2017. Ces jeunes ont accés à une pornographie sans limite, sans filtre.
À l'heure ou la société prend en main le fléau des violences sexuelles, se pose la question de l'exposition des jeunes enfants aux contenus pornographiques.
Dimanche 9 septembre Marlène Schiappa avait annoncé sur franceinfo qu'elle allait exiger de ceux qui mettent des contenus pornographiques sur internet qu'ils placent des filtres. L'objectif :que les enfants n'aient plus l'accès libre aux vidéos X. Selon la ministre des jeunes enfants et des ados ''ne peuvent pas avoir comme seule représentation de la sexualité une représentation issue de la pornographie''.
Rappel de la définition de la pornographie : la pornographie est la « représentation complaisante — à caractère sexuel — de sujets, de détails obscènes, dans une œuvre artistique, littéraire ou cinématographique », cette représentation explicite d'actes sexuels finalisés ayant pour but de susciter de l'excitation sexuelle.
Seulement le plus grave n'est pas dans libre accès aux contenus. Il est dans le titre des vidéos pornographiques proposées aux spectateurs. Alors que des photos ne plus sont tolérées pour une simple poitrine sur certains réseaux sociaux, des photos d’allaitement ont été supprimées par Facebook dernièrement, les sites pornographiques n'hésitent pas à faire appel aux pires déviances. C'est notamment le cas pour les sites pornos les plus populaires : Xhamster, Pornohub, Redtube etc...
Voici un exemple des titres de certaines vidéos proposées : "un gros papa démonte sa fille", "papa s'amuse avec sa fille", "il prend sa fille", "les parents excitent leurs enfants", "enfant gâté se fait sucer par maman", "viol organisé par le mari", "viol d'une beurette", "violée dans un garage par trois inconnus".
Il s'agit ni plus ni moins d'appels au viol et à l'inceste.
Suite à l'affaire Brock Turner, du nom d’un athlète de l’université de Stanford coupable d’un viol sur une étudiante de 23 ans, le site pornographique XHamster avait réagi à sa manière. Ainsi, si l’un des utilisateurs du site venait à rechercher des vidéos au titre explicite ( viol, inceste, forcée ) la plate-forme afficherait alors ce message : « Pas de vidéo trouvée pour cette requête. Si vous être en train de chercher cette catégorie, il est probablement temps pour vous de consulter un psy ». L’adresse d’un spécialiste est également fournie.
Après vérification, il s'avère que la plate-forme ne propose plus ce type de message. Les sites pornographiques prolifèrent sur la toile et toutes autant de vidéos titrées. Ce sont des centaines de millions de personnes concernées dont des jeunes enfants. Douze pour cent de tous les sites web sont des sites pornographiques. Il y a 4.2 millions de sites Web pornographiques… 420 millions de pages web pornographiques et 68 millions de requêtes quotidiennes pour des site pornographiques via les outils de recherche internet. C’est-à-dire 25% de toutes les requêtes de recherche Internet. L’industrie de la pornographie sur le Web a rapporté 97 milliards en 2006.
L'incitation au viol ou à l'agression sexuelle dans les médias est illégale : la loi prévoit cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende http://urlz.fr/7Jm. Le texte législatif de l'article 24 de la loi sur la presse punit en effet de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ceux qui (...) auront directement provoqué, dans le cas où cette provocation n’aurait pas été suivie d’effet, à commettre l’une des infractions suivantes : « les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles (y compris donc le viol) définies par le livre II du code pénal ». L’article 23 de la même loi dispose quant à lui que « seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit ceux, qui soit par des discours (...) des écrits (...) vendus ou distribués (...) auront directement provoqué l’auteur.
Il est plus qu'urgent que le débat soit vraiment ouvert à propos de la pornographie sur internet. Il ne doit pas se limiter à l'accès des vidéos par le jeune public mais aux titres accompagnant les vidéos X. Ces titres sont des appels aux viols et à l'inceste et ne doivent plus être utilisés. Faire référence à des jeunes collégiennes en tenues d'écoles dont les actrices employées ressemblent à des jeunes filles de 14 ans, s'appelle de la pédophilie déguisée. Tout individu qui effectue ce type de recherche dans les bases de données des sites pornographiques est nécessairement atteint d'une déviance sexuelle. En aucun cas, il s'agit d'une orientation sexuelle comme une autre.
Si la société souhaite lutter de manière efficace contre les agressions sexuelles quelles qu'elles soient ( viol, inceste, pédophilie, ) elle doit s'en donner les moyens. Prendre les mesures nécessaires c'est sauver des dizaines de milliers de victimes potentielles des griffes des prédateurs sexuels. Les sites pornographiques ne doivent plus entretenir les esprits de ces déviances dangereuses. Donner le sentiment que ces pratiques sont acceptables est dangereux pour la société.
Marlène Schiappa doit agir et vite. Un texte condamnant l'incitation au viol ou à l'agression sexuelle sur internet doit être rédigé. Dans ce texte devra être préciser que l'usage des mots "enfant", "viol", "collégienne", "forcée" soit prescrit. Les acteurs concernés doivent se réunir pour y oeuvrer afin d'éradiquer l'apologie des agressions sexuelles sur les sites pornographiques concernés.
Le président Emmanuel Macron s'est montré intraitable contre les violences faites aux femmes, proposant une répression accrue. Il avait jugé de : "Horreur et honte" les agressions proposant une meilleure protection des victimes. Protèger les victimes commencent avant qu'elles ne deviennent des victimes.Il doit donner les moyens à sa ministre d'agir.
Brigitte Macron s'était exprimée sur le harcèlement après avoir assisté à la dictée organisée par l'Association européenne contre les leucodystrophies. Elle avait déclarée : « La libération de la parole, c'est ce qui peut arriver de mieux. Je pousse vraiment à rompre le silence ». Pour donner échos à son message, elle avait même assisté à la pièce de théâtre "Les Chatouilles" qui dénonce les violences sexuelles et la pédophilie accompagnée de Marlène Schiappa. Maintenant elle peut soutenir...la cause en vaut la peine !!!.
Thierry Paul Valette