Sobriété énergétique, peur et délation à tous les étages...
Non, jamais au grand jamais, notre douce France ne deviendra le pays de la délation, le Français n'est pas comme ça ! Même si dans le passé... Oublions cette partie honteuse de notre Histoire, lorsque pendant le confinement des voisins faisaient le 17 pour moucharder un voisin qui faisait trop de petits papiers. Ne confondons pas non plus les "voisins vigilants" avec une société d'espionnage, les gens honnêtes ne font qu'alerter sur des comportements suspects d'individus qui paraissent louches, selon l’appréciation de chacun. Un citoyen attentif et insomniaque peut par exemple relever le numéro sur la plaque minéralogique de la voiture du livreur de journaux, pour ensuite signaler le pseudo cambrioleur à la gendarmerie. Tout le monde peut se tromper !
Faut dire aussi que le "sentiment d'insécurité" grimpe très vite comme le prix de l'énergie, ce qui n'est pas forcément la seule responsabilité du RN. La société change, elle a peur de tout pas toujours sans raison. Or, la peur fait les affaires et le bonheur de quelques-uns : "Allo, la société de sécurité "Z", vous pourriez installer des caméras de surveillance chez moi pour protéger ma propriété des cambriolages". Ou encore : "Allo, le club de tir, inscrivez-moi pour m'entraîner au tir sportif et m'expliquer comment faire pour posséder une détention d'arme".
Concernant la sobriété énergétique, qui vous en conviendrez devrait être l'affaire de tous, sauf des gens qui n'ont plus rien à se priver, nous n'en sommes pas encore à la chasse aux sorcières. L'Etat va d'abord devoir montrer l'exemple de la sobriété dans le domaine public, mais le comportement du citoyen cigale sera également étudié avec attention.
Certes, le gouvernement ne devra pas dépasser les bornes, il l'a déjà promis, pas question d'embaucher des contrôleurs privatisés pour vérifier le thermostat des particuliers. Pas comme sur la route, où vous pouvez rencontrer malencontreusement une voiture radar privée. L'idée de demander à la police municipale de noter les numéros des maisons où la lumière reste allumée tard la nuit, est évidemment d'une totale absurdité !
Madame Hidalgo vient de demander de couper plus tôt les 336 projecteurs de la tour Eiffel, le geste est surtout symbolique. Mais, toutes les villes de France n'auront d'autres choix que celui l'exemplarité et surtout seront face à la nécessité financière d'économiser sur l'éclairage et le chauffage dans leur commune. D'autres interdits sont déjà décidés par le pouvoir pour la fin de l'été, comme l'interdiction des publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin, ainsi que les portes ouvertes pour les commerces chauffés ou climatisés. Rien de plus normal et de plus beau qu'un ciel étoilé.
Face au vent froid d'économies et de restrictions, comment le Français moyen emmitouflé devant sa télé dans un épais pull-over, pourrait supporter l'image de son voisin le torse nu chez lui en plein hiver. Ne parlons même pas de la peur du facteur et du cauchemar des factures énergétiques, sans oublier l'augmentation de tous les produits indispensables pour vivre et simplement manger. Des poubelles aussi vides que le frigo, voilà qui n'encouragent pas un contact apaisé avec les autres, mais peut pousser à la délation.
En réalité, dans un premier temps en tout cas, "l’exécutif vise l’État mais aussi les collectivités" pour faire preuve de sobriété. Concernant la population, le pouvoir compte sur la citoyenneté pour limiter les risques de coupures de gaz et d'électricité grâce à la sobriété. Qui a dit « Je crois à la responsabilité collective » ? Notre président Emmanuel Macron qui sait pertinemment bien que beaucoup de gens font déjà le maximum pour joindre les deux bouts à la fin du mois. Qu'ils soient vieux, malades, handicapés ou en bonne santé, ils n'auront pas le choix et feront comme d'habitude avec le peu qu'ils ont. D'autres ne craindront pas le froid et ne baisseront pas le chauffage à 19°, car tous les Français ne sont pas logés à la même enseigne au compte en banque.
Ceux qui refuseront de faire l'effort demandé par le gouvernement, diront : "Ce n'est pas ma faute cette guerre en Ukraine, ni les canicules et la sécheresse, ni la spéculation et l'inflation, ni le mauvais état des centrales nucléaires". Certes, mais nous sommes quand même tous dans le même bateau !
PHOTO THOMAS LO PRESTI