lundi 4 novembre - par Patrice Bravo

Sommet des BRICS et la véritable communauté internationale

Le bloc des BRICS est devenu la structure internationale incontournable du monde contemporain. Détruisant par la même occasion tous les mythes si longtemps propagés depuis l’espace de la minorité planétaire. Ceci étant dit, l’objectif prioritaire des BRICS est précisément de construire, dans un cadre inclusif, un monde meilleur pour la majorité globale. Les nostalgiques de l’unipolarité ne peuvent que s’en vouloir eux-mêmes – ayant complètement raté toute possibilité d’être des participants un minimum constructifs du monde multipolaire moderne.

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Le sommet des BRICS 2024 à Kazan, en Russie, s’est achevé et peut véritablement être considéré comme le plus important sommet organisé jusqu’à présent de l’une des principales structures de l’ère multipolaire. Car au-delà de représenter désormais plus de 36% du PIB mondial sur la base des pays membres actuels et pratiquement la moitié de la population du monde – la force des BRICS réside précisément également dans l’énorme attrait pour l’organisation de la part des nations représentant le Sud global – étant ensemble tout simplement la majorité de l’humanité. Le sommet à Kazan l’a à ce titre parfaitement démontré.

Cela a d’ailleurs été confirmé, au-delà de la participation des pays membres de l’organisation, par la présence de nombreux pays représentant de-facto toutes les régions du monde, en dehors du petit espace occidental. Une représentation des dits pays confirmée au plus haut niveau, par la présence aussi bien des chefs d’Etat des dites nations que d’autres des plus hauts représentants.

La déclaration du sommet des BRICS à Kazan est elle aussi fortement révélatrice des objectifs prioritaires de l’organisation internationale multipolaire, et ce dans diverses orientations – géoéconomique comme géopolitique. Parmi les points particulièrement importants de cette déclaration, il faudrait faire mention que les BRICS entendent élargir leur partenariat stratégique sur la base des intérêts communs. En d’autres termes – la coordination stratégique des pays membres à l’échelle internationale continuera à aller vers le haut. 

Un autre point très important concerne la préoccupation par les Etats membres des BRICS quant à l’impact négatif des sanctions illégales sur l’économie mondiale – un point qui ne mérite pas de commentaire supplémentaire vis-à-vis de qui il est en premier lieu destiné. Les BRICS insistent également sur une participation beaucoup plus active des nations du Sud global, notamment des pays africains, aux principaux processus mondiaux. Accentuant encore plus la relation privilégiée et stratégique entre les BRICS et le Sud global, représentant ensemble l’évidente majorité mondiale.

A ce titre, les BRICS n’ont pas manqué de saluer l’intérêt des pays du Sud global pour l’unification. En ce qui concerne les principales zones actuelles de conflit – les pays membres des BRICS ont soutenu l’adhésion pleine et entière de la Palestine au sein de l’Organisation des Nations unies, ainsi que la création en bonne et due forme de l’Etat de Palestine – avec, chose très importante, les frontières de 1967 et Jérusalem-Est comme capitale. Tout comme le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza.

Les pays membres du bloc de la multipolarité ont également condamné les attaques contre les civils en Palestine et au Liban, en appelant à une fin immédiate des violences. Et ont exprimé leur plein soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Syrie. Quant au sujet de prédilection des régimes otano-occidentaux, en l’occurrence le dossier ukrainien qui n’est mentionné qu’une seule fois, la déclaration des BRICS fait référence aux positions nationales des pays membres sur la question et les pays BRICS affirment tenir compte des propositions de médiation visant à régler le conflit par la voie de dialogue et la diplomatie. Ce dernier point est particulièrement révélateur – sachant que jusqu’à présent les seules initiatives de paix dignes de ce nom – étaient celles de pays représentant la majorité mondiale non-occidentale, parmi lesquels la Chine et le Brésil.

Un autre fait assez marquant du sommet des BRICS a été la présence du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, une présence ayant par la même occasion mis largement en colère les représentants du régime bandériste ukrainien. Ce dernier l’attaquant verbalement aussi bien pour sa présence en Russie que pour son absence lors de la pseudo-conférence sur la paix en Ukraine, organisée en juin dernier en Suisse, sous l’égide précisément de la minorité planétaire occidentale.

A ce titre, il ne faut évidemment pas se faire d’illusions quant au fait d’un changement radical au sein de l’administration onusienne, à bien des égards largement contaminée par la présence d’éléments représentant les intérêts de la minorité occidentale, néanmoins ladite présence du chef de l’ONU est fortement révélatrice qu’il est devenu impossible à ignorer qui représente aujourd’hui la seule et véritable notion de communauté internationale. Et en ce sens les BRICS comme d’ailleurs l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), et bien évidemment le Sud global – représentent précisément ensemble cette véritable communauté internationale, et non pas ceux qui appartiennent à une évidente minorité planétaire.

De manière générale, les pays BRICS ont clairement fait comprendre que les questions « prioritaires » de cette minorité – ne sont certainement pas celles de la majorité mondiale non-occidentale. L’Occident peut en ce sens continuer à s’obstiner avec des « initiatives » complètement ridicules et irréalisables, cela ne changera rien à l’issue finale.

Et pour revenir à l’aspect géoéconomique – qui était et reste l’orientation de base des BRICS – le tout à l’heure du poids économique sans précédent des pays membres de l’organisation à l’échelle mondiale – les initiatives particulièrement à saluer étant celles de la mise en place de la nouvelle plateforme d’investissement des BRICS, qui soutiendra les projets aussi bien dans les pays membres du bloc que dans de nombreux Etats du Sud global de manière générale, avec bien évidemment l’implication de la Nouvelle banque de développement des BRICS.

Autre initiative géoéconomique de première importance – celle de la mise en place d’une bourse des céréales des BRICS, destinée à contribuer dans la protection des marchés nationaux du bloc vis-à-vis des ingérences extérieures. Et qui à l’avenir devrait devenir une bourse de commerce à part entière. Tout comme l’initiative, également proposée par la Russie – à créer une plateforme séparée des BRICS pour les métaux précieux et les diamants.

Des initiatives qui rejoignent les analyses précédentes d’Observateur Continental en ce qui concerne une situation devenue totalement inacceptable. Lorsque les ressources stratégiques en très large partie se trouvant dans les pays appartenant à la majorité mondiale non-occidentale, mais dont les prix continuent à être si souvent fixés dans le petit espace nommé Occident – qui tout en ayant extrêmement besoin de nombre des dites ressources stratégiques, cherche à fixer unilatéralement la formation des prix et les règles de commercialisation. Désormais, c’est effectivement aux nations des BRICS et du Sud global – d’établir les nouvelles règles dans cette orientation de première importance.

En conclusion, il est encore une fois devenu évident que tous les mythes longtemps propagés par la propagande d’une évidente minorité planétaire – se sont une fois de plus largement écroulés suite au Sommet des BRICS de cette année à Kazan, en Russie. La diversité culturelle et civilisationnelle des BRICS – représente effectivement une force, et non pas une faiblesse, bien que cela soit difficile à comprendre pour une minorité ayant gardé une mentalité coloniale depuis plusieurs siècles.

Le bloc des BRICS continuera à aller de l’avant, à travers une implication toujours plus forte des pays membres à part entière que des nombreux Etats partenaires de l’organisation en vue d’une intégration ultérieure en qualité de membres de plein droit – un autre concept né lors du sommet de Kazan. Le tout renforçant l’ordre mondial multipolaire contemporain, un ordre qu’il est aujourd’hui devenu impossible à ignorer – aussi têtus soient les nostalgiques de l’unipolarité que leurs vassaux et suiveurs.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Source : https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6419



4 réactions


  • leypanou 4 novembre 21:58

    Dans quelques aura lieu la réunion du G20. Comparez la déclaration à Kazan par rapport aux objectifs du G20.

    Cet article pourra aider.


    • Lynwec 5 novembre 08:54

      @leypanou

      Il est peut-être prudent de ne pas trop s’illusionner sur les « bienfaits » que pourrait nous apporter le développement des BRICS quand on les voit vénérer à travers cette déclaration : l’OMS (injections en tous genres, tyrannie médicale en projet), le FMI (oh, la stabilité monétaire...la prospérité pour une minorité...et...le chômage...pour les autres...), l’ONU (qui a fait les preuves de son inefficacité voire de sa partialité...)


    • leypanou 5 novembre 12:57

      @Lynwec
      cet autre article plus facile à lire résume qu’il ne faut pas se faire d’illusions.
      De toute façon, la cheffe de la Banque Centrale de Russie Elvira Nabiullina est une ex de Yale.
      A part le fait que le BRICS ne va peut-être pas « voler » ou faire de l’interventionnisme comme l’« Axe du Bien », le reste est pareil.


  • Étirév 5 novembre 10:41

    Abracada...BRICS !
    C’est un ancien employé de Goldman Sachs, Jim O’Neill, qui a inventé le terme acronyme BRIC en 2001. Jim O’Neill est maintenant conseiller au Trésor britannique car, assurément, il est clair pour lui, mais pas que, que la prospérité économique doit être cherchée dans la région asiatique.
    L’acronyme anglais BRIC est apparue en 2001 en référence à quatre pays : Brésil, Russie, Inde et Chine. BRIC s’est transformé en BRICS en 2011 avec l’intégration de l’Afrique du Sud.
    En 2014, les BRICS ont créé leur propre banque de développement (New Development Bank) dont le siège est à Shanghai.
    Remarquons que les années 2001, 2011 et 2014 ont, sur le plan international, connu d’autres évènements, bien plus important et, surtout, dramatiques, qui allaient bouleverser le monde.
    « La Chine adoubée par la City de Londres… ce qui confirme bien que Wall Street n’est en fait qu’une succursale de la City et l’a toujours été », est le titre d’un article de Ariel Noyola Rodríguez, paru sur Russia Today le 30/10/2015.
    Dans cet article, nous pouvons lire que « Pékin, après des années de tractations en coulisse est entré dans les petits papiers de la City de Londres. La visite que le président Xi Jinping a effectuée à Londres, entre le 19 et le 23 octobre 2015, a posé les bases de la fondation d’une époque dorée entre la Chine et le Royaume-Uni, bases sur lesquels les deux pays s’appuieront pour donner une impulsion au yuan comme monnaie de l’économie mondiale. Pékin désire que le yuan devienne une monnaie de réserve mondiale. Bien que le chemin pour parvenir à la pleine convertibilité soit encore très long, la Chine a vu augmenter la présence de sa monnaie plus que tout autre pays au cours des dernières années. Le yuan est aujourd’hui la deuxième monnaie la plus utilisée pour le financement du commerce, et la quatrième la plus sollicitée pour effectuer des paiements transfrontaliers, selon les données de la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT, pour son sigle en anglais). Dans un deuxième temps, le gouvernement chinois tourne son regard vers l’Europe du Nord. Pour positionner sa monnaie dans le groupe des opérateurs majeurs, la clé est l’assistance technique des pays occidentaux. La Chine a commencé à relever le niveau de son partenariat stratégique avec le Royaume-Uni, qui malgré le déclin de son économie, est toujours chef de file dans la gestion de la finance internationale. »
    En 2015, dans le numéro 138 du magazine « Vers la Tradition », Yves le Cadre terminait ainsi son article intitulé « Les colonnes d’Hercule » : « Nous voilà parvenus à l’époque contemporaine et à la prédominance de la culture occidentale, plus précisément anglo-saxonne, portée à l’extrême dans son expression américaine et au règne du dollar voué à la production effrénée et au négoce des quantités. D’abord, à la suite de la première guerre mondiale, où beaucoup de pays n’ont plus d’or, puis suite au krach boursier de 1929, le système monétaire qui était basé sur l’or s’effondre. Survient la deuxième guerre mondiale, avec la même conséquence que précédemment, et, au sortir de la guerre, les États-Unis, qui occupent une position de supériorité incontestable, imposent le dollar qui, seul, est convertible en or. Puis, à la suite de diverses péripéties impliquant de nombreuses banques et banquiers occidentaux, la convertibilité du dollar en or est abandonnée en 1971 et la disparition du système monétaire international engagée. Le dollar « $ » règne en maître, et il va progressivement intégrer sous sa bannière toutes les autres monnaies et leur imprimer consciemment ou inconsciemment les symboles inversés de la contre-tradition, à savoir 2 barres, parfois simplifiées en un seul trait, au travers des monnaies modernes. Tout d’abord, la livre sterling « £ », qui au milieu de son sigle L, fut dès avant la première guerre mondiale, la première à introduire une barre en travers du L. Puis, dans un espace de temps relativement court, l’euro « € », qui inscrit deux barres dans son travers, le yen japonais deux barres sous le Y (¥), le yuan chinois une barre sous son Y (¥), sans oublier le Rouble russe (₽), et pour finir, en 2009, à notre grande stupeur, la roupie indienne, une barre sous le R (₹) de roupie en dévanagari. Ainsi, le pays dernier refuge de la tradition, s’abandonne officiellement aux démons du monde moderne. Citons la déclaration que fit M. Ambikar Soni, ministre indien de l’époque : « le nouveau symbole donnera à la monnaie indienne son identité propre. Il distinguera la roupie des autres monnaies et mettra en lumière la force et la mondialisation de l’économie indienne ». Maintenant, il faut bien comprendre que tous ces sigles et symboles monétaires internationaux ne sont que des signes d’allégeance et de soumission au roi dollar, nouveau roi du monde inversé. »
    Le symbole du dollar, disent certains, est le résultat de la composition d’un bâton et d’un serpent qui s’enroule sur lui : le bâton signifie le commandement et le pouvoir, tandis que le serpent qui monte en ondulant signifie le progrès accompli à travers la puissance de l’argent (progrès entendu dans l’acception de chemin vers la Gouvernance mondiale).
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