samedi 19 avril 2014 - par marmor

T’entrave l’argomuche ?

De nos jours, on jaspine plus bezef l'argot, le titi parisien, gaffe, pas le javanais, trop compliqué pour les ptites têtes, pas le louchebem des equarisseurs de La villette, surtout pas le wesh-wesh ou le boloss, idiome des cités, pauvre mélange de verlan, de tzigane "voyageur" et de mots ethniques (ta race) mal traduits. Le vrai "voyageur" des gavallé de la manoucherie a une autre saveur, avec ses finesses masculin-feminin, singulier pluriel, et les mots courants que les gadjés des cités ne connaissent pas. Non, là on cause voyou de la belle époque !

Autre temps, autres moeurs, dans les faubourgs parigots, dans les années soixante,on jactait l'argot, t'étais Mod's ou Rocker, mitan des bourges ou du populo, t'étais pas fringué kif-kif, soit t'allais au mastic, au turbin, soit ton daron avait l'artiche pour carmer les frusques et tout le toutim. Soit t'etais une lope, ou un locdu, mais fallait en jeter pour faire reluire les gonzesses ! Le merlan une fois par semaine pour se faire aligner les douilles à la Elvis, Banane et gomina, les roufles bien taillées, et la boutanche de Mennen "after shave". Le samedi soir, c'etait falzard à pinces et limace cintrée, ou "blue-jeans",Marcel et perfecto, mais toujours pattes d'ef et taille sous les brandillons, quand t'avais pas la chance d'avoir un bénard à pont des matafs de Brest !

Pour décarer, aller bosser ou à la guinche, fallait avoir le solbar (solex) ou la meule, la bleue (mobylette) pour les tondus, ou le spède (vespa) ou la Norton commando pour les fricés.

A 18 piges, si tu charbonnais, avec un peu de fraîche et un croumi, tu te carmais la Simca P60 rush bi color ! Alors là, mon poteau, le samedi soir, rancard avec les gaziers de la bande, au rade du coin, où on faisait la bamboche et on se rinçait la dalle au Picon-bière, en attendant les donzelles, les guêpes, qui se pointaient en futal à feu de plancher, moulant bien le valseur et caraco flattant les roberts, entamer un twist endiablé sur une reprise d'Eddie Cokran par les chaussettes noires. Les tournées tombaient, toutes casquées en fraîche, pas de CB, la feraille dans le morlingue, les biftons dans le larfeuille, avec les fafs. Avec dix sacs, tu tapais l'apéro-kemia, la bectance au resto, le paquet de tiges de 8, Goldo ou Gitanes, un paquet de Salem menthol bout filtre pour les gisquettes, et le dancing Macumba, où il fallait faire gaffe aux Apaches de l'autre quartier, souvent enfouraillés de surins à cran d'arrêt, chaînes de vélo ou poings américains, pour te secouer ta greluche ou ton blé. Ils nous foutaient les copeaux parfois avec leur quincaillerie, nous on préferait la bonne vieille baston à la loyale, mailloche et coups de satons dans les roustons, avant que la maison poulaga rapplique en estafette bleue.

Bon, vu qu'il est deux plombes du mat à ma dégoulinante Kelton, il est temps de mettre la viande dans le torchon. Si t'as pas tout entravé, c'est que t'es pas dans le coup papa, va faire une partie de brèmes avec les vieux mohicans, ouvre tes portugaises et esgourde les comack , ça t'auras rafraichi ta vieille citrouille.

A la revoyure dugland !

 



36 réactions


  • Xtf17 Xtf17 19 avril 2014 11:08

    Frais ! Eclats de rire !

    Ca manque de couleurs aujourd’hui...


  • Pasco 19 avril 2014 11:21

    Michto ben Marmor de jacter comme avant. La bectance, le cinoche et les bouls des raclis c’était la fièvre du samedi soir.
    Fallait pas trop piave pour pas se marave les murs quand on s’arrachait ou se baston à coups de rasoir à la ficelle pour les lovés.
    Tu petes serave ?
    Joli coup.


  • ZenZoe ZenZoe 19 avril 2014 11:26

    Superbe, magistral regard vers un passé bien révolu. Tout y est, et on se prend un petit coup de blues quand même...


  • Loatse Loatse 19 avril 2014 13:17

    Atmosphère.... :)

    Ca fait un bail que j’ai pas jacté comac, mézigue....

    et le verlan, le wesh wesh, le boloss moi j’m’emmêle les pinceaux, même si en loucedé histoire de pas passer pour un cave, j’laisse trainer mes esgourdes du coté du ronald, quand cézigues ils s’tapent la cloche pour une pogne de biftons..(enfin ceux qui sont pas grand ch’lem vu que l’turbin s’fait rare.)

    Des gonzes sapés comme des ricains mais pas comme des milords : sans limace, le grimpant qui leur tombe sur les échasses et sur les pompes...
    avec des blazes de séries amerloques, que leur ont filé leur daronnes, à se planquer dans les cagouinces.

    alors jaspiner l’argomuche...










  • Fergus Fergus 19 avril 2014 13:21

    Bonjour, Marmor.

    Merci pour cet excellent moment de détente qui ira droit au cœur de ceux qui entravent le jars ! J’avais déjà apprécié ce texte en modération, et je l’ai relu avec beaucoup de plaisir.


  • Loatse Loatse 19 avril 2014 15:16

    ♪ Viens fifine danser avèqueu mézigot... quand tu vires ça m’chavire le ciboulot.. oh oh oh.... ♫♪

    http://www.dailymotion.com/video/xv9x1v_jean-gabin-viens-fifine-chanson-francaise_music


  • Garance 19 avril 2014 15:18

    Je me rappelle quand je suis monté pour la première fois sur ma Flandria ; une blanche et noir bi-places

    C’était en 1964

    Ouaouhhh..... !!!! une joie à l’état pure : que je n’ai même pas ressenti à ma première bagnole et même à la perte de mon pucelage

    On habitait à la camp : avec ma meule le monde m’était à portée de main

    J’avais la banane et le blouson noir en ce temps-là, Vince Taylor était mon idole

    La « Fureur de vivre » en France profonde ; je venais de Paris ; le jars je l’apprenais à mes nouveaux copains petzouilles

    Putain....j’avais 16 ans....j’en chialerai presque en pensant à ma Flandria


  • Garance 19 avril 2014 15:34

    Pardon l’auteur

    Pris par la nostalgie j’ai oublié de vous remercier pour votre article

    L’argot ce n’est pas seulement des mots

    Y a aussi l’intonation quand on le balance

    L’argot c’est aussi par des silences qu’il s’exprime

    Exemple : quand tu veux dire à un mec qu’il s’écrase : pas besoin de parler :

    Tu fermes le poing, le pose sur le zinc ou sur la table et fais des petites rotations comme si t’écrasais une noix, le regard vachard : si le mec comprend pas ; tu te met en quart et tu lui rentre dedans


  • Garance 19 avril 2014 15:55

    Vous avez tout compris Sabine

    Je vous sens à la page  smiley


  • gotjy gotjy 19 avril 2014 16:41

    @Marmor,Merci,çà fait énormément de bien.


  • kane85 kane85 19 avril 2014 18:34

    Merci ! Un grand moment de plaisir ! l’argot ! Je l’ai appris dans les WC de mon beau-père. Il n’y avait qu’un seul livre, mais quel livre ! La méthode à Mimile ! Que du bonheur


  • alinea Alinea 19 avril 2014 19:47

    Je rajoute mon dièse à l’allégresse générale ! plutôt comprise que parlée, j’aime toutes les langues, mais celle-ci particulièrement !! Aujourd’hui aussi il y a des expressions qui ne manquent pas de sel ! mais je suis moins dans l’coup, les d’jeuns se sont fait la malle !


  • Pasco 20 avril 2014 09:11

    Flandria, Kreidler, Malaguti, Honda, Spéciale 93, Mob orange, bleue, grise, Solex 2200, 3800, 4400, Caddy, Peugeot 102, et les bagnoles, R8, NSU qui allait devenir Audi et les Deuches, toutes « maquillées » avec plus ou moins de bonheur, et ces énormes Américaines aux couleurs incroyables et les Harley qui nous faisaient rêver. Javais tout oublié et puis ce papier...
    Quel bonheur. C’est cool Marmor.
    Moi mon rêve après 4 solex, c’était une petite voiture rouge qui dormait gentiment chez un marchant d’occasions sur le boulevard.
    C’était un cabriolet Triumph spitfire MK3. Mais encore étudiant c’était même pas la peine d’y penser. Et pourtant.
    Bac et fac de Saint Maur. Vu les résultats j’ai tanné mes vieux pour le permis.
    Permis en poche, restait à trouver le fric.
    Deux mois à la « Laiterie Parisienne » à laver par terre, mettre en rayon et ouvrir la boutique le matin. C’était LE job étudiant de l’époque à Paris et c’était super bien payé. 
    Mais j’étais encore loin du compte.
    Peu après et sans calcul aucun, je suis sorti avec la secrétaire de la MJC ou j’allais trainer mes guêtres de temps en temps. Elle, pas chien, m’a pris un crédit à son nom. Assimilée Fonctionnaire, Elle a tapée au CSF et avec la rallonge de mes vieux ça passait.
    J’y étais dans mon rêve.


  • Loatse Loatse 20 avril 2014 11:10

    A 14 piges m’est tombé un p’tit héritage ; 100 000 balles.. Pas de quoi réaliser mon rêve : acheter la 125 honda rouge qui m’avait tapé dans l’oeil derrière la vitre du concessionnaire à coté de chez moi..

    Bref, je pars avec ma p’tite liasse de biftons bien serrée dans mon blouson en simili après avoir annoncé à ma daronne que j’allions m’acheter une « bécane »... dans ses mirettes, j’ai vu des reflets de caddys roses ou bleu ciel se profiler...

    j’ai pas moufté, filé sans demander mon reste et reviendu avec une BB sport rouge guidon bracelets..( pour me la jouer agostini dont la frimousse tapissait ma piaule encombrée de motorama, de motorevue et de maquettes de bmw et de choppers..)

    Les potos eux, se la jouait rebelle avec leurs malaguttis, leur derbis...

    Mais comment deviendre le chef de la bande quand on est une fille et qu’on a une BB sport ? enlever la chicane...changer le carbu pour un del ’orto au cazou ca ne suffirait pas..

    ca a suffit, quel panard de gratter les « mala » dans la descente du Salbert... ! :)

    Mais les gamelles, j’les comptaient plus ! smiley


  • marmor 20 avril 2014 11:27

    Merci à tous ! C’est vrai qu’une façon de parler fait remonter tous les souvenirs, qui étant de jeunesse, sont toujours beaux, nostalgiques et émouvants.
    Ca vous a plu les glandus ? Tant mieux !!!!


  • Le Yeti Le Yeti 20 avril 2014 12:49

    Je suis malheureusement dramatiquement d’accord avec cet article.

    J’adore la langue française, si précise, si subtile, si riche et qui plus est, ultime raffinement, sublimée par la langue verte. Elle est si imagée et avec un je ne sais quoi de presque poétique. Rien à voir avec les onomatopées et autres grognements des citées !

    Imaginez du Pierre Perret en langage académique. Un désastre !
    Et Audiard ? Du velour ...

    Je suis abattus de voir que lorsque j’utilise parfois machinalement certains termes argotique, au delà de la simple incompréhension, cela semble parfois faire carrément buguer les gens ; ils restent bloqués comme si le cerveau ou la communication venait de se gripper.
    Sur certains termes plus ou moins exotiques, je peux le comprendre (pas au point de resté scotché) mais sur des termes imagés (une toquante ...) ou courants (un falsard...), là j’avoue que je me sens terriblement seul.

    Autres temps, autre mœurs ...


    • Le Yeti Le Yeti 20 avril 2014 13:04

      Et pour ce qui est de l’utile ...

      Durant la seconde guerre mondiale, il n’était pas rare qu’un allemand comprenne le français mais dès que nos anciens passaient à l’argot, au verlan ou au javanais et aussitôt les schleus n’y pigeaient plus que d’chie. 
      Pareil, il y a une quinzaine d’années, un gars me racontait qu’en déplacement pour une grosse négociation vu que parmi les délégation étrangères concurrentes beaucoup de gens comprenaient le français, avec certains collègues ils parlaient argot ...

      Mon grand-père, quarante ans après m’avait fait une démonstration de verlan... Hallucinant ! Car en vrai verlan, ce n’est pas le dernier mot qui est inversé mais toute la phrase.
      Ça en dit long sur les capacités mentales !


  • marmor 20 avril 2014 17:45

    Captain, c’est de toi la traduction en verte langue ? Si oui vobra !!


  • marmor 20 avril 2014 17:57

    Moi aussi j’ai transformé ma bécane, comme j’avais pas de ronds, j’ai acheté un vieux solex pour 50 balles : démontage total, nouveau carbu de mob,suppression des chicanes echap, roue arriere de 125 avec un énorme pneu et un frein à tambour, le repose pied est devenu le support du frein arriere par pédale à droite et accelerateur itou, à gauche, et surtout, peinture intégrale ( au pinceau) ... en blanc !! Y en avait qu’un comme ça au Havre !


  • Loatse Loatse 21 avril 2014 11:59

    Pour le plaisir des yeux..

    ps : à 5:48  smiley

    http://vimeo.com/40144061


  • marmor 21 avril 2014 13:37

    Merci Loatse ! De mémoire ( je suis toulousain depuis plus de 40 ans ) il me semble que la première course d’endurance de solex a été inventée par les élèves de l’ENAC ( école nationale de l’aviation civile de Toulouse) dans les années 80 !


  • pap5977 21 avril 2014 21:06

    Merci pour ces souvenirs.
    Qui peux m’aider ??

    15 plombes et 30 broquilles sonnèrent à la dégoulinante du Montparnasse.
    Je rencontre Lolotte. On se Becquotte.
    On monte dans la chambre du bonheur.
    J’enlève mon galure,mes liquettes et mes fumantes.
    Je pelotte Lollote, elle me repelotte.
    Et au moment de tremper le goupillon de l’amour dans le dégorgeoir de Lolotte, une envie de décagoinsser me prend.
    Je r’enfile mes liquettes,mes fumantes.

    Après désolé, je ne sais plus.

    Amitié au Zundapp, à mon époque c’était la guerre entre Zundapp et les bases Minarelli.
    J’avais 13 ans , et sur mon Fantic Motor, fallais un carbu de 22 et limer, pour les gratter.


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