lundi 4 novembre - par Michel J. Cuny

Thomas Piketty : « Ils ne savent à peu près rien… »

Voici ce qui fait immédiatement suite à la phrase précédente de Thomas Piketty :
« Dès lors que le taux de rendement du capital dépasse durablement le taux de croissance de la production et du revenu, ce qui était le cas jusqu'au XIXe siècle et risque fort de redevenir la norme au XXIe siècle, le capitalisme produit mécaniquement des inégalités insoutenables, arbitraires, remettant radicalement en cause les valeurs méritocratiques sur lesquelles se fondent nos sociétés démocratiques. » (Idem, page 16.)

Ainsi, pour autant que la production se trouve renvoyée du côté d'un impénétrable brouillard, la question n'est plus que de savoir comment se répartir le gâteau. Pour peu que la méritocratie soit à peu près bien ordonnée, il sera permis aux postulants de venir réclamer, devant la bonne bourgeoisie, leur juste rétribution des efforts qu'ils font pour lui conserver sa place et ses capitaux, à condition que cette place ne morde pas trop sur la leur, et que ses capitaux suintent tout ce qu'ils doivent suinter de prébendes pour les rallié(e)s à sa cause.

Et ce serait donc cela qui "fonderait" nos sociétés démocratiques : c'est indéniable.

En 1774, Romans de Coppins avait eu le bon goût d'écrire :
« Depuis longtemps, on cherche la pierre philosophale : elle est trouvée, le travail. » (Cité par Michel J. Cuny - Françoise Petitdemange, Le feu sous la cendre, Éditions Cuny-Petitdemange 1986, page 111.)

De fil en aiguille, il était possible d'en arriver à penser que le travailleur lui-même était finalement la poule aux œufs d'or qu'il fallait bien se garder d'exploiter à mort. C'était un temps où la production n'était pas encore suffisamment pléthorique pour faire perdre le fil des exigences qui en fondaient le résultat.

Désormais, nous "répartissons"... L'exploitation, nous la laissons au spécialiste : le bourgeois. Et voilà que c'est lui qui est devenu la "poule aux œufs d'or"... Tout vient de sa main experte : c'est à lui que nous confions la rude tâche de mesurer nos "mérites" respectifs et très personnels... C'est ce qui s'appelle la démocratie méritocratique... Autrement dit : je t'y perds et je t'embrouille.

Or, Thomas Piketty - dont il faut redire que c'est la qualité de son travail d'analyse et le caractère démesuré du champ qu'il a entrepris de retourner comme seul un vrai pionnier peut le faire qui m'ont convaincu d'y regarder de plus près - nous montre les limites étroites dans lesquelles parvient à se glisser ce petit jeu de la méritocratie démocratique...


« Être économiste universitaire en France a un grand avantage : les économistes sont assez peu considérés au sein du monde intellectuel et universitaire, ainsi d'ailleurs que parmi les élites politiques et financières. Cela les oblige à abandonner leur mépris pour les autres disciplines, et leur prétention absurde à une scientificité supérieure, alors même qu'ils ne savent à peu près rien sur rien. C'est d'ailleurs le charme de la discipline, et des sciences sociales en général : on part de bas, de très bas parfois, et l'on peut donc espérer faire des progrès importants. En France, les économistes sont - je crois - un peu plus incités qu'aux États-Unis à tenter de convaincre leurs collègues historiens et sociologues, et plus généralement le monde extérieur, de l'intérêt de ce qu'ils font (ce qui n'est pas gagné). » (Thomas Piketty, op. cit., pages 63-64.)

Ce qu'ils font... Mais, cela n'a, bien sûr, aucun rapport avec leur mérite... qui se situe certainement ailleurs. À moins qu'ils ne fassent de très étranges choses pour entretenir le flou sur les friches qu'ils laissent s'étendre dans la pensée de jeunes gens et de jeunes filles qui n'auront pas longtemps encore le loisir de se répartir les dépouilles d'une production qui pourrait bien leur faire faux bond à force de ne recueillir que leur mépris, ou cette ignorance qu'on a si parfaitement réussi à leur répartir.

À la différence du "Capital" de Karl Marx, "Le capital au XXIe siècle" de Thomas Piketty ne prétend pas analyser les fondements du mode capitaliste de production. Ainsi que celui-ci l'écrit directement à la suite de sa phrase évoquant les "valeurs méritocratiques sur lesquelles se fondent nos sociétés démocratiques" :
« Des moyens existent cependant pour que la démocratie et l'intérêt général parviennent à reprendre le contrôle du capitalisme et des intérêts privés, tout en repoussant les replis protectionnistes et nationalistes. Ce livre tente de faire des propositions en ce sens, en s'appuyant sur les leçons de ces expériences historiques, dont le récit forme la trame principale de cet ouvrage. » (Idem, page 16.)

Il s'agit donc, sans doute, de refonder le tout sur les "valeurs méritocratiques", dont on pressent qu'elles risquent de ne pas vraiment faire le poids avec la valeur d'échange qui fonde, elle, le capitalisme, tout en assurant les intérêts privés qui vont avec. Mais pourquoi ne pas y réfléchir ?

La méritocratie est un système de répartition des richesses... Or, de même que Jacques Lacan aimait à plaisanter sur le fond même du monothéisme en le définissant par la formule lapidaire : "Y a d' l'un !", nous pourrions dire qu'en mode capitaliste de production : "Y a d' la richesse, à se répartir !" Ce qui n'est pas nécessairement ce qu'il y a de plus désagréable...

Sauf pour celles et ceux qui ont lu Malthus. C'est alors qu'on arrête de rigoler. Thomas Piketty en a fait lui aussi l'expérience :
« Pour Thomas Malthus, qui publie en 1798 son Essai sur le principe de population, aucun doute n'est permis : la surpopulation est la principale menace. » (Idem, page 19.)

Fallait s'y attendre : il y a, certes, la question de la taille du gâteau - mais c'est réglé : "Y a un gâteau !"... Ainsi, tout dépend désormais de la quantité des convives à régaler... Au mérite.

Ce qui revient à découper des parts inégales pour des mérites inégaux : sûr, qu'il va y avoir du sport.

Pour sa part (!), Thomas Piketty a eu le bon goût de ne pas aller vers la solution mathématique de facilité, et pourtant son cursus universitaire l'y invitait :
« Ma thèse se composait de quelques théorèmes mathématiques relativement abstraits. » (Idem, page 63.)

Or, c'est précisément à cet endroit qu'il a buté sur quelque chose de tout à fait désagréable avec quoi il a décidé de briser assez rapidement, et c'est ce qui nous le rend plus que sympathique : admirable, tout simplement, si l'on veut bien considérer de quoi notre époque est faite, par ailleurs...
« Disons-le tout net : la discipline économique n'est toujours pas sortie de sa passion infantile pour les mathéma-tiques et les spéculations purement théoriques, et souvent très idéologiques, au détriment de la recherche historique et du rapprochement avec les autres sciences sociales. Trop souvent, les économistes sont avant tout préoccupés par de petits problèmes mathématiques qui n'intéressent qu'eux-mêmes, ce qui leur permet de se donner à peu de frais des apparences de scientificité et d'éviter d'avoir à répondre aux questions autrement plus compliquées posées par le monde qui les entoure. » (Idem, page 63.)

Est-il si facile de rompre avec ce système-là (de répartition ?), et de refaire sa formation si rapidement ? En tout cas, le travail réalisé par Thomas Piketty ne devrait pas manquer de susciter quelques-unes des vocations dont nous avons, toutes et tous, un besoin si urgent.

Michel J. Cuny



18 réactions


  • JPCiron JPCiron 4 novembre 08:46

    rompre avec ce système-là >

    Pour changer son opinion, il faut sortir la tête du chaudron, prendre de la hauteur, et intégrer d’autres variables. Et l’on arrive à d’autres solutions, qui impliquent de gros changements, y compris au veau moral et spirituel.

    « L’ économique et le Vivant » :

    https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/l-economique-le-vivant-249892


  • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 4 novembre 11:11

    bonjour,

     

    J’ai du mal avec cette phrase : «  Dès lors que le taux de rendement du capital dépasse durablement le taux de croissance de la production et du revenu,

     ».

     

    Du revenu ? Le revenu de qui ?

    Thomas Piketti ne mélangerait-il pas les torchons et le serviettes ? La croissance de la production, j’imagine bien de quoi il s’agit (quoi que), mais la croissance des revenus, je ne vois pas : s’agit-il des salaires ? Ou bien des rentes, dividendes, salaires, et plus si affinité ?


    • Eric F Eric F 4 novembre 17:25

      @Francis, agnotologue
      Sans doute s’agit-il du ’’revenu moyen’’, le RNB par habitant, ou approximativement le PIB/habitants


    • sylvain sylvain 4 novembre 18:12

      @Francis, agnotologue
      il me semble que les rentes, les salaires et les dividendes sont tous consideres comme du revenu. Le revenu, c’est tout ce que tu gagnes sans perdre de patrimoine


    • Jean Keim Jean Keim 5 novembre 08:20

      @Francis, agnotologue

      Si le retour sur investissements (ce que touchent les actionnaires ?) dépassent la progression des revenus des salariés (le pouvoir d’achat ne suit pas ?), alors les premiers se goinfrent quand d’autres se serrent la ceinture voire glissent vers la pauvreté pour les salariés les plus modestes.

      Depuis plus de 50 ans, à la louche, la part des actionnaires est passées de 33 % à 66 %, ce qui s’est fait au détriment de la progression des salaires.


  • Jason Jason 4 novembre 14:57

    Bonjour,

    Deux termes utilisés par T. Piketty m’intérrogent : démocratie et méritocratie. Si nos soi-disant démocraties se souciaient du bien-être des populations et d’un mode de vie décente (le terme « decency » cher à George Orwell) de tous, on ne serait pas arrivé là où on en est. Le commerce prédateur, cher au monde capitaliste, aurait pu être canalisé, voire encadré, afin d’assurer au plus grand nombre (pour ne pas dire à tous) une existence plus sereine. L’usage immodéré, galvaudé, du terme démocratie jette un doute sur le reste de l’argumentation.

    Pour la méritocratie, le terme mérite un examen approfondi. Qu’est-ce que le mérite ? Qui en décrit les termes ? etc. Qui l’attribue ? Elle est souvent une transmission de classe déguisée (voir Bourdieu). La belle carotte !

    Non vraiment, la discussion serait intéressante si elle n’échouait pas sur des termes fondateurs trop vagues, sorte de postulats socio-économiques très flous.


    • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 4 novembre 15:52

      @Jason
      Merci pour votre commentaire.
      Pour l’instant, je ne fais que présenter les outils et les critères que Thomas Piketty se donne pour analyser une économie qu’il aborde par les revenus, au sens où il en est devenu le spécialiste à partie d’éléments comptables...
      Je suis très content de vous trouver de mon avis quant à la fragilité de tout cela...


    • Jean Keim Jean Keim 5 novembre 08:59

      @Jason

      Tout seul nous ne sommes rien.

      Pour que le talent d’une personne dotée d’un don puisse s’exprimer pleinement, il faut le concours de toute la communauté humaine, une méritocratie n’est rien d’autre à terme que le culte de la personnalité.


  • Jason Jason 4 novembre 16:21

    T. Piketty n’échappe pas à l’idée qu’il pourrait exister un capitalisme « raisonnable ». C’est le travers de la plupart des économistes qui ont pignon sur rue. Il partage une idée vieille de trois siècles.


  • Eric F Eric F 4 novembre 17:44

    L’idée générale qu’il y a accumulation d’une part croissante de la richesse nationale par une minorité de possédants tout en haut de la pyramide correspond bien à ce qui se produit depuis quelques décennies, accentué par la mondialisation (facteur d’échelle, course au moins-disant en terme de cout de production).[*]

    On en revient à ce qui se passait jadis au niveau national au 19è et début 20è siècle, mais les disparités s’étaient ensuite réduites (new deal, relance de l’après-guerre, localisme économique...).

    Piletty a le mérite de se baser sur des réalités et non des projets utopiques, même s’il y a quand même une part d’utopie à vouloir ’’re-régulariser’’ plus équitablement l’économique et le social dans la compétition mondiale, et par ailleurs il propose une surprogressivité fiscale irréaliste (ayant inspiré le programme LFiste).

    [*] : la question n’est pas la part des 10% de plus hauts revenus, mais des 0,1% tout en haut de la pyramide, c’est fulgurant.


  • Corcovado 5 novembre 02:12

    Ainsi, rendons grâce à l’illustre Charles de Gaulle, qui en quelques années a su lancer diverses industries de pointe, régénérer le pays et l’enrichir.

    Après lui, la chienlit.


  • Jean Keim Jean Keim 5 novembre 08:50

    Je ne peux pas imaginer un monde nouveau dans la continuité de l’actuel, c’est à dire simplement un peu plus... humain, un peu plus partageur ; d’ailleurs ceux qui en vivent bien, c’est-à-dire ceux qui édictent les règles, ne le permettront pas, l’empêcheront pas la force s’il le faut.


  • Hervé Hum Hervé Hum 8 novembre 17:55

    Quel est le point commun entre toutes les théories économiques et les économistes qui les ont portées ?

    Toutes affirment fonder leur jugement de valeur éthique sur le principe du mérite.

    le problème étant que pour tous les théoriciens de l’économie capitaliste, on passe très vite du mérite personnel à l’exploitation du mérite personnel d’autrui, sans cela, il n’y aurait plus de capitalisme possible, puisque fondé exclusivement sur la prédation du mérite d’autrui à son profit.

    Fondamentalement, c’est à dire dans ses conditions d’existences, un principe est invariant, quelle que soit l’échelle, le domaine ou ici, l’époque.

    Donc, qu’on soit à l’époque de babylonienne, romaine, moyenâgeuse, jusqu’à aujourd’hui, le principe reste le même, seule la forme a évoluée et donc, la manière de présenter la chose.

    Ainsi, il n’y a aucune différence entre un Adam Smith, Marx, Ricardo, Picketti quant au fait que toute la valeur d’une production repose exclusivement sur la quantité de travail qu’elle nécessite. Car on a jamais encore payé un animal ou un arbre, un fruit, etc, en échange de son travail. C’est absurde !

    Bref, tout l’art du capitaliste qui n’est autre que le prédateur à l’échelle humaine dont la puissance de prédation est d’autant décuplé que la supériorité cognitive humaine le permet, consiste à savoir manipuler la nature protectrice qui est au niveau animal l’herbivore, c’est à dire, celui qui se nourrit exclusivement de son propre travail. Car à t’on déjà vu un herbivore se nourrir de l’herbe de son voisin ?

    Non, seuls les prédateurs (capitalistes propriétaires), les charognes (les opportunistes) et les parasites (le fameux lumpum prolétariat) se nourrissent de l’herbivore et accessoirement entre eux.

    Or, il se trouve que le roi de la savanne et du monde animai en général n’est pas le lion ou le prédateur, mais l’herbivore.

    Et là encore ,tout l’art des prédateurs humains est de savoir le lui faire oublier et il a sa disposition une seule arme, pas deux, une seule et unique moyen.

    L’état d’urgence permanent, en menace ou en guerre. Que ce soit sur le plan économique ou militaire et même religieux.

    Bref, ce sont fondamentalement des pompiers pyromanes pour qui la paix est un interdit fondamental.

    Le hic étant alors de confier systématiquement le pouvoir à des pompiers pyromanes.

    Mais s’il n’y avait que cela, malheureusement, la confusion règne en maître partout et le pire n’est pas tant ceux qui se taisent, mais ceux qui font tant de bruit tout en prétendant dénoncer ces prédateurs, ne cessent de les soutenir.

    C’est à dire, ceux qu’on appelle les idiots utiles

    Mais une chose est certaine, hors le principe du mérite personnel, il ne peut pas y avoir d’équité sociale et économique. Sauf que par définition, le mérite personnel interdit de s’approprier celui d’autrui à son profit.

    Je vais continuer la lecture de vos articles...


    • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 9 novembre 17:25

      @Hervé Hum
      Et je lirai avec grand intérêt vos propres réflexions.
      Merci.


    • Tolzan Tolzan 10 novembre 17:25

      Tolzan @Hervé Hum

      Merci pour votre commentaire particulièrement intéressant.

      Votre analyse est lucide, mais il me semble qu’elle n’identifie pas les racines du mal, le capitalisme n’étant que l’aboutissement provisoire de l’exploitation de l’homme par l’homme. En fait, l’Histoire de l’humanité n’est que la répétition du même scénario : le fort écrase le faible et écrit l’Histoire.

      Aussi, comment expliquer cela ?

      Sans doute en grande partie en raison du premier principe universel suivant (qui comme vous l’écrivez, est invariant quelle que soit l’échelle, le domaine ou l’époque) souvent observé : le pouvoir rend fou, et le pouvoir absolu rend absolument fou (Lord Acton, fin du XIXe siècle). « rend fou » signifie ici "le ou les dirigeants au pouvoir dérivent vers l’autoritarisme, l’égoïsme, l’endogamie, l’arbitraire". Par exemple, cela s’est appliqué aux dirigeants des régimes communistes qui sombrèrent dans le totalitarisme, assassinant des millions d’innocents alors que les communistes voulaient construite un monde nouveau et assurer le bonheur du peuple ! Le comité central avait tous les pouvoirs (système totalement hiérarchisé) donc il n’existait aucun moyen de stopper la dérive totalitaire. Cela s’applique aujourd’hui aux directions des banques d’affaires, des grands trusts internationaux qui écrasent des millions d’individus (c’est-à-dire imposent des décisions arbitraires) pour dominer et satisfaire leurs intérêts, leur volonté de puissance et leur cupidité.

      Ce qui rend particulièrement pessimiste est que ces faits résultent d’un principe empirique encore plus fondamental, le principe de hiérarchisation qui dit : pour tout système comportant un grand nombre d’éléments (humains ou artificiels), l’on doit introduire (tôt ou tard, en tout ou en partie) une architecture de contrôle hiérarchisée pour assurer sa sûreté de fonctionnement conformément aux objectifs assignés. En clair : il faut introduire une série de couches de contrôle (et, ou de délégation), le niveau N contrôlant le niveau N+1. Le problème chez les humains (mais absent dans les systèmes artificiels) est que le risque existe toujours que le niveau N confonde autorité et autoritarisme vis-à-vis du niveau N+1 et qu’il est très difficile, pour empêcher cela, de mettre en place un « rétro » contrôle du niveau N+1 vers le niveau N. Le pire cas survient, dans toute organisation humaine hiérarchisée, quand le niveau 1 (celui qui possède le pouvoir ultime de décision) cherche à outrepasser ses prérogatives (car le pouvoir rend fou), et le risque sera d’autant plus grand que le système (société, armée, banque, parti politique, syndicat, administration, etc) sera fortement hiérarchisé, sachant, hélas, qu’un système non hiérarchisé (dit souvent totalement distribué) est inefficace pour gérer les grands systèmes.

      On ne sait donc pas construire un système humain sans risquer que les dirigeants trahissent les valeurs qui les ont portés au sommet. Et ce qui est probable finit toujours par se réaliser sur les temps longs ! Ainsi va l’histoire de l’humanité depuis la nuit des temps. Pire encore : il n’est aucune raison pour que cela cesse après la fin du capitalisme.


    • Jean Keim Jean Keim 11 novembre 07:59

      @Tolzan

      Pourquoi des hommes exploitent-ils d’autres hommes ?

      Quand deux hommes se confrontent, est-ce toujours deux modes de penser qui s’opposent ?

      Peut-on déterminer la valeur intrinsèque d’un mode penser comparé à un autre ?

      Doit-on déterminer lequel est le moins pire, ou doit-on essayer de percevoir en quoi consister un mode de penser ?

      D’où une pensée tire-t-elle son contenu ?


Réagir