vendredi 1er mai 2009 - par Voris : compte fermé

Total s’offre une publicité grâce à Martin Hirsh

Le pétrolier Total ne rate jamais une occasion de refaire son image bien ébréchée il faut le reconnnaître. Le pouvoir en place, qui aime les riches, lui laisse les coudées franches pour faire de juteux profits et lui offre aussi aujourd’hui un créneau publicitaire : la politique d’insertion des jeunes. C’est en effet la politique sociale menée par Martin Hirsch qui offre un pont d’or à la société Total.

Martin HIRSCH, désormais Haut commissaire à la jeunesse, a lancé, le 10 avril 2009, des appels à projets pour le fonds d’expérimentation pour la jeunesse. Les porteurs de projets doivent déposer leur dossier avant le 31 mai 2009. Total n’a pas perdu de temps et s’est empressé de venir frapper à la porte. Cette initiative soulagera son budget publicitaire. En effet, quoi de mieux pour restaurer son image que de participer à une mission sociale à destination de la jeunesse ?

"Total s’engage aux côtés de Martin Hirsch en faveur des jeunes", titre la presse, complaisante. Tant de dévouement et de désintéressement, on en a presque la larme à l’oeil. On apprend que Hirsch vient de passer un accord avec le groupe et que cela permettra d’"abonder" (ah ce verbe trompeur : "abonder", l’abondance !) le Fonds d’investissement des expérimentations pour les jeunes à hauteur de 50 millions d’euros sur cinq ans, via une fondation solidarités Total.

Ce fonds d’expérimentations a été créé par la loi sur le revenu de solidarité active (RSA). D’abord prévu pour financer des programmes visant à l’insertion de jeunes de moins de 26 ans, il financera, au final, les programmes relatifs à l’ensemble des questions touchant à la jeunesse.

Total avait été violemment critiqué en début d’année lorsque l’on apprenait en même temps ses bénéfices records pour l’année 2008 (13,9 milliards d’euros) et la suppression de 555 postes (sans licenciements secs). En donnant ce coup de pouce, l’entreprise utilise à bon escient une part de sa fortune, tirée d’une rente de situation (la montée du prix du baril) et donc nullement méritée, et qui, de toute façon, aurait pu tout aussi bien être employée par son budget publicitaire. Il s’agit d’un simple redéploiement de crédits.

Pour autant, il ne s’agirait pas de nier ou de minimiser l’action bienfaitrice du groupe. Ce dernier va consacrer aux actions d’éducation et d’insertion 25 millions d’euros, auxquels s’ajouteront 5 millions par an, pendant cinq ans. Les actions sont concrètes, utiles : aides au permis de conduire par exemple (d’ici à l’été 2010, coût global de 10 millions d’euros dont 7 millions payés par Total, le reste provenant des caisses de l’État).

Le discours tenu est également irréprochable : Le lundi 27 avril matin, dans Le Parisien, Christophe de Margerie, directeur général de Total, déclare noblement : "trop souvent, la mobilité est un frein à l’embauche" et veut "revaloriser certains métiers manuels, comme ceux du bâtiment qui demandent de la mobilité".

Mais comment ne pas voir que la société cherche avant tout à ménager sa clientèle après la piteuse affaire des suppressions d’emplois, des bénéfices records de ses actionnaires et, plus loin, du naufrage du pétrolier Erika et de l’explosion d’AZF ?

C’est faire d’une pierre deux coups : développement de la charte éthique de l’entreprise - important pour qui veut se faire bien voir et aider de l’Etat - et coup de pub. Cela peut paraître choquant de voir la politique sociale d’insertion mise au service d’une action de recherche du profit maximal au détriment des emplois et du respect de l’environnement.

Désormais Total se voit apposer une sorte de label "approuvé" par le gouvernement. Doublement approuvé pourrait-on dire : carte blanche pour réaliser ses profits et supprimer des emplois, et label de l’éthique et de l’insertion !

 




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