lundi 5 décembre 2022 - par Brutus

Toulouse Blagnac

Ceci n'est pas un article, mais le résumé de l'histoire de l'aéroport de Toulouse-Blagnac contenue dans l'article de Wikipedia consacré à cette infrastructure. Les lecteurs en tireront les conclusions qui leur conviennent.

Jusqu'en 2008, l’aéroport était géré par la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Toulouse dans le cadre d’une convention de concession consentie par l’État.

En 2015, l'État détenait encore 60 % du capital de l'aéroport, aux côtés de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse qui en détenait25 %, et des collectivités territoriales (Région Midi-Pyrénées, Département de Haute-Garonne, Communauté urbaine de Toulouse Métropole), qui en possèdaient chacune 5 %.

En juillet 2014, l'État annonce vouloir céder jusqu'à 49,99 % du capital "afin de réduire son déficit, même si cela ne permet pas de réduire sa dette". La vente est organisée alors qu'Emmanuel Macron est ministre de l'Économie.

En décembre 2014, le consortium "Symbiose" est retenu par l'État pour le rachat de 49,99 % du capital de l'aéroport pour 308 millions d'euros, une offre préférée aux propositions françaises de Vinci et Aéroports de Paris. Symbiose est constitué de la société Friedmann Pacific Asset Management (FPAM, société créée pour l'occasion au paradis fiscal des Îles Vierges britanniques), et du consortium Casil, composé du groupe public chinois Shandong High Speed Group et du fonds Friedmann Pacific Asset Managment de Hong Kong, Casil Europe, qui appartient à un consortium chinois qui n'a aucune expérience dans le domaine aéroportuaire, est choisie, selon un rapport de la Cour des comptes, sur la base de critères de recevabilité des candidats « peu exigeants et limités à leur capacité financière ».

La vente est officialisée le 17 avril 2015 à Casil Europe, société française créée et détenue par Shandong Hi-speed Group et Friedmann Pacific AM (société-écran d'un seul employé et sans domiciliation réelle), tandis que les collectivités locales et l'État conservent 50,01 % du capital. Le projet industriel de Casil Europe, axé sur la croissance du trafic de l'aéroport, se concrétise en 2016 par divers investissements destinés à amplifier le projet d'extension de la plateforme, développer le low-cost et mettre en œuvre une politique de diversification immobilière. Par la suite, la presse relaie l'information, selon Coralie Delaume et David Cayla, que « le consortium « vidait les caisses » de l'entreprise en versant (malgré les tentatives d'opposition d'actionnaires publics minoritaires) des dividendes considérables dont une partie était prélevée sur les réserves de l'entreprise ».

En juin 2015, on apprend que le hong-kongais Mike Poon, PDG de Symbiose, groupe possédant Casil, qui a lui-même signé cet accord a disparu. Il est également recherché par le gouvernement chinois pour corruption au sein de China Aircraft Leasing Group Holdings Limited. Il envoie en septembre 2015 une lettre de démission à Symbiose, puis est aperçu à Hong Kong en novembre.

En janvier 2019, Casil annonce remettre en vente l'aéroport pour 500 millions d'euros, soit une plus-value de 80 % en seulement quatre ans, sans qu'aucune modernisation substantielle n'ait été apportée aux équipements. La Cour des comptes a émis un rapport cinglant sur ces tractations troublantes, disant que « la question des conflits d'intérêts entre conseils [de l'État] doit être anticipée et traitée avec la plus grande fermeté pour limiter les risques contentieux ».

Le 30 décembre 2019, le groupe chinois Casil revend l'ensemble de ses parts au groupe français de BTP et de concessions autoroutières Eiffage en réalisant une plus-value de 200 millions d'Euros. Cette vente fait ressurgir la controverse de la privatisation de l'aéroport toulousain en 2015, encouragée par Emmanuel Macron alors ministre de l'Économie, en raison du manque d'expérience du groupe chinois en matière de gestion aéroportuaire, de son manque de transparence, de son manque d'investissement et des nuisances sonores en augmentation.

En mars 2019, l’annulation de la privatisation est préconisée.

Par ailleurs, la société Airbus loue 100 hectares de l'aéroport pour préparer les essais en vol, dans le cadre juridique d'une autorisation d'occupation temporaire (AOT), sécurisée. L'AOT est prolongée jusqu'en 2092 aux mêmes conditions tarifaires.

Le 16 avril 2019, la cour d'appel du tribunal administratif de Paris, saisie par des particuliers et deux organisations syndicales (Solidaires 31 et FSU 31) membres du collectif contre la privatisation d'ATB, a annulé l'autorisation de vente des actions de l'État à la société Casil Europe.

Cependant à la mi-mai 2019, le groupe de BTP et de concessions autoroutières, Eiffage annonce être entré en négociations exclusives en vue de l’acquisition des 49,99 % privatisés de l'aéroport, Mike Poon semblerait vouloir conserver des parts minoritaires de cet aéroport. Carole Delga, la présidente de Région rappelle cependant qu'une procédure en annulation est en cours.

Le 19 octobre 2019, le Conseil d'État casse un arrêt de la Cour administrative d'appel de Paris en considérant « que la décision de sélection de l’acquéreur a été prise à l’issue d’une procédure régulière » ce qui valide de facto la privatisation de l'aéroport. Christophe Lèguevacques, représentant les intérêts des requérants ainsi déboutés, parle de « décision politique » et envisage de saisir la justice européenne.

Ce ne sont que des faits.

Aucun jugement.

Merci d'avance pour les commentaires.



9 réactions


  • Clocel Clocel 5 décembre 2022 09:12

    2022... 18 768 639 voix... Macron réélu...


    • Brutus paparazzo 5 décembre 2022 09:53

      @Clocel

      donc ?


    • Clocel Clocel 5 décembre 2022 10:07

      @paparazzo

      La majorité s’en satisfait... Z’êtes pas démocrate !? smiley


    • Brutus paparazzo 5 décembre 2022 10:41

      @Clocel

      Une majorité ne vaut que ce que vaut le gouvernement qui la met en place. C’est dans ce sens-là que ça marche, et c’est ça qu’on nous vend comme « démocratie ».

      Ce n’est pas nouveau ; le modèle athénienprenait en compte les seules voix d’un dixièmede la population, les femmes, les enfants, les métèques et les esclaves étant ignorés des statistiques des historiens officiels. Si la « démocratie », c’es ça, alors non, je ne suis pas un adepte.


    • Clocel Clocel 5 décembre 2022 10:48

      @paparazzo

      «  je ne suis pas un adepte. »

      Moi non plus, mais nous sommes minoritaires, c’est factuel.


    • eau-mission eau-mission 5 décembre 2022 11:02

      @Clocel

      18 768 639 voix soit 38,52 % des inscrits.

      44,2% des inscrits n’ont pas exprimé un suffrage selon les règles. Une bonne part de ceux-là ont compris que les règles étaient foireuses.

      Ceux qui font triompher la finance aussi ont compris. C’est le parallèle que je vois avec les millions envolés à Blagnac.

      Et si on enlève des votes pour Macron ceux qui relèvent de la fascination pour la planche à billets, il ne doit pas lui rester grand’chose.

      Pour la suite, hélas pour notre patrimoine, gageons que Poon a l’oreille de Xi.


    • Clocel Clocel 5 décembre 2022 11:11

      @eau-mission

      La république est foireuse dès le départ, lis Seyès et si tu veux vomir avec la démocratie, lis les discours de Jules Ferry...

      On aurait dû comprendre avec la première guerre mondiale, on passe en mode « troupeau ».


    • Clocel Clocel 5 décembre 2022 11:14

      @

      Sieyès... Sorry...

  • jefresi 5 décembre 2022 22:04

    Excellent résumé !

    C’est comme pour le gazoduc explosé dans la Baltique : no comment !


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