lundi 3 février - par George L. ZETER

« Toutes pour Une ». Une tête à clap de 10 millions !

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… Pas sympa le titre, pourtant, comment décrire cette machine, air du temps, anti patriarcat, woke, avec des femmes à barbe sur fond de féminisme ? Une comédie ? Non ! Un film qualifié d’aventure/drame[i] et ayant pour thème l’universel Trois mousquetaires de Dumas… Démâté par cet ovni lunaire.

Qui en parle le mieux que ses spectateurs. Regina A, sur Allo Ciné nous confie son sentiment après avoir vu ce péplume. « Ce film, si on peut encore appeler ça un “film”, aurait dû rester coincé dans la tête de sa réalisatrice, bien enfouie avec ses autres mauvaises idées. Regarder ça, c’est comme subir un PowerPoint mal monté, mais avec moins d’effort et zéro cohérence. Le scénario ? Il a probablement été écrit sur un coin de table, en post-it, après une soirée trop arrosée. Entre les incohérences dignes d’une rédaction de collégien et les dialogues qui ressemblent à des générateurs automatiques de phrases creuses, on se demande si les scénaristes n’ont pas été engagés pour écrire quelque chose qui sonne intentionnellement faux. Les acteurs ? Il faut croire qu’ils ont été castés sur un malentendu ou pour une blague qui a mal tourné. Leur jeu est si plat qu’ils pourraient rivaliser avec un mur de béton. Certaines scènes de “grande émotion” sont si mal jouées que je me demande s’ils n’étaient pas payés au mot et pas à l’émotion. La réalisation ? Une caméra tremblotante digne d’un oncle bourré qui filme un mariage et un montage qui donne l’impression qu’ils ont cliqué au hasard sur “couper” et “coller”. À un moment, j’ai cru que ma télé buglait, mais non, c’est bien le film qui a été monté avec Windows Movie Maker version 2005. »[ii] C’est ce qui s’appelle se faire descendre en flamme par les Stukas de la critic, et cette opinion est partagée par au moins de 175 personnes. D’autres sites ont à peu près le même ressenti, sur cette épave flottante : le navire a coulé dès sa conception mentale, et pourtant, ils/elles ont continué de ramer ! Etant certain d’écoper de la palme de la daube 2025 avec lauriers du nanar ; une scène extraite, où on voit ces dames jouer à uriner debout en rang d’oignons… Ce qui manque alors c’est le concours de zigounettes de celle qui aura la plus grosse. Je parierais que cette séquence est là pour introduire une séquelle, une suite, une bande annonce pour le prochain épisode de : « Toutes pour une, et… Toutes en trans !

Le cinéma français dans sa grande solitude hautaine : la production d’une fiction nationale de nos jours est de 4 millions. Celle-ci en a couté 10… Ma question est : il y a bien eu un jour, un producteur qui a reçu en RDV ces scénaristes lui proposant comme script cette histoire à dormir debout  : « Quand Sara, jeune morisque en fuite rencontre les trois mousquetaires qui protègent la reine de France, elle découvre que ce sont des femmes aux cheveux coupés, portant la barbe, qui ont sanglé leur poitrine. Ni une ni deux, elle décide de faire équipe avec elles et leur brillante idée : se grimer pour qu’elle-même devienne d’Artagnan… Ah, il faut ajouter que Portos est noire… Franchement, qui mettrait un kopeck sur cette eau de vaisselle ? Ils/elles, les scénaristes, s’y sont mis à trois pour pondre cette flaque ?[iii] Deux boites de prod[iv] ont financé cette cagette de navets, quant aux pépettes ? Elles sont venues du soutien financier de la Région Occitanie en partenariat avec le CNC et le soutien logistique de la Commission du film Occitanie - Accueil des tournages/Occitanie films, Gindou Cinéma, Ciné 32.[v] Tout ce beau monde s’est rempli les poches, sur de l’argent public, donc, notre pognon, qui, et c’est à signaler, finance depuis des lustres toutes ces daubes indigestes que personne ne va voir, à part quelques téméraires des salles obscures. Que ça fasse des entrées ou non, on s’en carre de la péloche pourvu qu’on ait l’oseille !

L’exception culturelle française a bon dos. Ce sont les diffuseurs qui font la loi au niveau des productions : Canal+, 600 millions, représente 70 % du financement. NetFlix c’est 200 millions. 1,34 Md€, c’est le montant global investi dans la production agréée l’an passé, pour une production totale de 298 films.[vi] Comme ces diffuseurs ont un besoin vital de mettre des films à l’antenne ; un producteur hexagonal n’a qu’à connaître les bonnes personnes en place, barboter dans son entre-soi de marigot, faire travailler toute une bande d’obligés grassement rémunérés : acteurs, techniciens et autres saltimbanques fonctionnarisés, congés spectacles inclus. C’est ainsi que le cercle des amis connectés s’est resserré autour d’un noyau qui reconduit les mêmes recettes perdant de l’argent, mais profitables pour cette petite coterie. Quant à Nous les Français ? Nous entretenons une danseuse incapable de faire des pointes… Au box-office.

Parlons chiffres concernant ce film : À l’issue de son premier jour d’exploitation en France, ce Trois Mousquetaires[vii] à la sauce ladies totalise 1271 entrées sur 564 séances… Soit une moyenne de 2 spectateurs payants par séance. En cinq jours d’exploitation, il en est à 9 407 entrées pour 155 copies, soit 60 inconscients par salles.[viii] Pour un budget de production de 10 millions d’euros… En pesos, ça aurait été plus pardonnable ! 

Ce film donc n’est qu’un parmi tant d’autres : dans le Paris des boites de prod : de l’un qui refile un scénar pourri, mais écrit par la petite cousine de la nièce de… À ce weekend passé à Ibiza avec l’attachée de chez Machin truc qui connaît le mec de l’avance sur recette, dont BHL fut son président le temps de cinq mandatures. Du type qui fricote avec la déléguée du festival Tartempion, bref, toute une smalah qui se connait, bouffe ensemble, couche de conserve, font même des mômes qui deviendront des enfants de… Qui perpétuera la tradition des pistonnés incapables. On se refile les bons coups en se faisant des coups bas, tout cela dans les bureaux feutrés des Champs-Élysées, et voilà… Un projet qui va être mis en boite sans que personne ne s’intéresse à la qualité du scénario ou celle du casting. D’ailleurs, « nos » stars françaises, à part jouer elles-mêmes et interpréter encore et encore le même personnage depuis leurs débuts : pas de bout d’essais, pas de casting de concurrence. La seule présence de cet être de merveille est admise comme étant bancable, sur des films perdant de l’argent…

Au cas où : vous vouliez vérifier de près le montage financier de ce nanar ? Il existe une organisation, nommée cinéfinances.info annonçant : Grâce à Cinéfinances, vous pouvez rechercher le détail du devis, du plan de financement et de la répartition des recettes de tous les films français. Fort bien ! Sauf que, d’entrée, on demande de s’enregistrer et de créer un compte. Une fois la chose faite, tapez « Toutes pour une » et ? Passez à la caisse. Abonnement standard pour un an : 720,00 € TTC. En Premium, 1800. Comme aurait dit Jack Warner, « il n'y a pas meilleur business que le show business. » À la différence, c'est que ce sont des fonds publics investis et qu’il serait juste que nous puissions y mettre nos nez curieux, sans avoir à débourser deux bras !

Cette bande de gougnafiers têtes à clap a coulé une industrie créative qui pourtant fut reconnue par son style spécifique et allant bien au-delà des frontières. On en est réduit de nos jours à accoucher de ces « bébés » cyclopèdes comme : « Toutes pour une »… Avec « Le Jardinier ».

Georges ZETER/février 2025

Vidéo : l’écran fou


[iii]Écrit par Houda Benyamina, Juliette Sales et Fabien Suarez.

[iv]Produit par Easy Tiger en coproduction avec Versus films (Belgique).



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