lundi 1er avril 2019 - par VICTOR Ayoli

Tranche de vie et réflexions sur le « droit à vieillir »

 

Il y a quelques jours, une personne qui m’est très chère – relativement âgée, fatiguée et vivant seule - a fait une chute. Pompiers, hôpital, attente aux urgences et diagnostic : fracture de la hanche… Dimanche matin, le chirurgien et toute son équipe ont opéré. Oui, un dimanche. Et dimanche soir, cette personne pouvait déjà être assise. Bravo et merci au formidable système de santé français. Bravo et merci à la compétence, la disponibilité, l’efficacité de tous ces personnels pas assez nombreux, trop sollicités, mal payés. Et pourtant là, prêts à soigner, à sauver leurs prochains.

Bien Victor. Mais en quoi cette situation personnelle peut-elle intéresser les lecteurs ? En ce sens qu’il faut la comparer avec ce qui nous guette et qui se passe tout près de chez nous, chez nos voisins belges et surtout hollandais, ce pays où règne sans partage un ultralibéralisme basé sur le culte de l’efficacité à tout prix.

À tout prix. C’est le bon terme. Car en Hollande, cette personne qui m’est chère aurait été confrontée à la culture de mort qui gangrène les milieux de la « santé » de ce pays, où la mentalité euthanasique continue de croître comme un mauvais chancre inguérissable, où il y a une forte poussée pour limiter la possibilité des actes chirurgicaux pour les patients de plus de 70 ans en consentant aux gériatres hospitaliers de décider s’il faut opérer ou non et s’il faut continuer à pratiquer des soins ou non !

En d’autres termes, la volonté du patient de continuer à vivre et à combattre les maladies pourrait ne plus avoir aucune valeur déterminante, seule deviendraient fondamentales l’opinion du gériatre et ses prévisions sur « les expectatives concernant la qualité de vie de la personne âgée ». Et ces horreurs – comble de l’hypocrisie – selon la présidente de l’Association de Gériatrie clinique de Hollande, le docteur Hanna Willem, parce qu’« arrêter les traitements équivaudrait à ajouter de la qualité de vie au patient ». Ben voyons ! À la poubelle les vioques. On voit où ceci nous mène : une assistance médicale à deux niveaux, avec d’un côté les patients qui devront se contenter de la Sécurité sociale – avec le droit de vie et de mort délégué à des conseils de médecins et de gestionnaires financiers - et de l’autre côté ceux qui seront assez riches pour se payer des médicaments non remboursés et des opérations coûteuses.

C’est le refus au droit à vieillir. Lu dans le grand quotidien belge Le Soir : « dans les Pays-Bas les patients de plus de 75 ans ne reçoivent plus d’implants de pacemaker à cause de leur âge. Pareillement les opérations pour substituer une hanche après une fracture et la pose de stimulateurs cardiaques sont exécutées uniquement après une évaluation des conditions générales du patient, son espérance de vie, etc. Cette euthanasie déguisée devient ainsi un moyen pour gérer l’augmentation des coûts de l’assistance sanitaire ! »

Pour le fric, pour le profit, toujours le profit, on tue les vieux Hollandais qui coûtent « un fric de dingue » et, à la place, on fait rentrer des migrants jeunes, solides, taillables et corvéables à merci et ne coûtant pas un rond à la Sécu hollandaise. On comprend qu’en Hollande et en Belgique, les vieux ont une peur panique d’aller à l’hosto !

Il s’agit ni plus ni moins du rétablissement de la peine de mort mais décrétée non pas par un jury populaire et des juges professionnels, mais par un collège de toubibs et de personnes de l’entourage du « patient » ! La porte ouverte à toutes les magouilles ou les intérêts les plus sordides le disputeront à la vraie compassion.

Attali – l’un des mentors de Macron - a soulevé il y a quelques années (L’homme nomade) des réflexions sur l’avenir qui sont dans l’air :

« Dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte alors cher à la société ; il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement, plutôt qu’elle ne se détériore progressivement. »

« On pourrait accepter l’idée d’allongement de l’espérance de vie à condition de rendre les vieux solvables et de créer ainsi un marché. »

« Dans la logique même du système industriel dans lequel nous nous trouvons, l’allongement de la durée de la vie n’est plus un objectif souhaité par la logique du pouvoir. »

« L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figure… L’euthanasie deviendra un instrument essentiel de gouvernement. »

« Soleil vert », nous voilà…

On reconnaît la qualité d’une société à la façon dont elle traite ses Anciens.

 

Illustration X - Droits réservés

 



16 réactions


  • Gilbert Spagnolo dit P@py Gilbert Spagnolo dit P@py 1er avril 2019 16:14

    Si je comprend bien l’homme qui murmurait aux oreilles de tonton 1er, aujourd’hui agé de 75 balais, si il y un pépin de santé, ben allez zou ,...une petite piquouse !

    C’est ça la France actuelle , plus tu écris des sonnerie, plus les téloches ( aux ordres ) t’invitent par contre les clowns de la troubadoursphère qui regroupe tous les artistes du shows-biz éternels donneur de leçons à la con

    et leurs moralités ( cœur à gauche/portefeuile à droite ) eux la monopolisent ! !


    Affligeant, vraiment affligeant !


    T’in au fait comme la majorité des immigrés qui arrivent sont des mecs, ben question renouvellement de populations, comme disait notre regretté Fernand Raynaud, « y a comme un défaut » !



    Prompt rétablissement à cette personne.


    @+P@py


    • foufouille foufouille 1er avril 2019 16:30

      @Gilbert Spagnolo dit P@py
      ben oui et l’eugéniste fergus te dira que l’argent serait mieux utiliser pour soigner les enfants atteints de maladies orphelines.


    • Paul Leleu 1er avril 2019 18:56

      @Gilbert Spagnolo dit P@py

      au risque de paraitre scandaleux, je dirais que c’est bien fait pour la génération des baby-boomeurs... après tout, c’est bien eux qui ont inventé cette haine du vieux, et le jeunisme...

      et maintenant qu’ils sont vieux et décatis, alors ils se mettent à pleurnicher...

      jusqu’au bout, cette génération aura été d’un indécent égoïsme... et elle laissera derrière elle une dévastation épouvantable, tant morale que matérielle, et historique...


  • Arogavox Arogavox 1er avril 2019 17:10

    « Cette euthanasie déguisée devient ainsi un moyen pour gérer l’augmentation des coûts de l’assistance sanitaire ! »

    Question sous-jacente : est-il honnête d’admettre que des questions éthiques, engageant une population pour une durée dépassant a priori la décennie soient arbitrées voire même orientées par des zélus mandatés pour des durées inférieures à 10 ans ? 
     Est-il honnête que la technique du référendum prévue par notre Constitution passe à la trappe lorsque nos présumés ’serviteurs’ de l’Etat osent pérorer, pédagogiser et décider publiquement en la matière ?


  • L'enfoiré L’enfoiré 1er avril 2019 17:16

    "On comprend qu’en Hollande et en Belgique, les vieux ont une peur panique d’aller à l’hosto !

    "

    Exact.

    Comme je le dis dans mon dernier billet, mi-scientifique, mi-humoristique (1er avril oblige) : 

    je restreins mes envies en conservant la tête et les jambes

    et que ce qu’il y a entre les deux, je m’en occupe avec un peu plus d’humour.

    Je vais laisser donc parler les milliards de bactéries de mon ventre

    et décider de devenir ventriloque  smiley



  • Aimable 2 avril 2019 03:21

    Le droit de vieillir ; tant que la vie vaut la peine d’être vécue pour chaque individu , dans de bonnes ou pas trop mauvaises conditions , même si c’est grâce a la médecine .


  • colibri 2 avril 2019 06:51

    En même temps il y a le courant transhumanisme qui vise à prolonger la durée de vie.

    Les migrants sont souvent en mauvaise santé , ils ont connu des privations , de la malnutrition donc leur squelette est fragile , ont de mauvaises dents , surtout des problèmes psychologiques :ils coûtent cher en soins.Ils sont très peu résistants et au bout de 10 , 15 ans de travail prêt à se mettre en maladie , donc ils ne sont pas une bonne affaire .

    Et puis ils ne sont pas corvéables à merci :ils demandent des droits et ont des associations qui les défendent .La théorie des migrants qui seraient importés pour être exploités de tient pas .Ils sont fragiles et peu résistants .


  • eddofr eddofr 2 avril 2019 11:51

    Pour ma part, je préfère vivre, ne serait-ce que 10 minutes de plus, même au prix des pires souffrances des milles Enfers !

    Parce que souffrir c’est quand même exister.

    Alors que mort ...


  • Michael Gulaputih Michael Gulaputih 2 avril 2019 19:17

    Le problème n’est pas tant que les gens vivent plus vieux de nos jours (et donc consomment plus de soins de santé). Ce qui en soit sur le plan sociétal serait plutôt un mieux.

    Le problème est que de plus en plus de vieux vivent plus longtemps comme retraités que comme cotisants : par exemple un nonagénaire parti en retraite à 60 ans après 37,5 ans de travail (c’était le régime fonctionnaire il n’y a pas si longtemps...).

    Alors que le système basé sur la solidarité collective table sur le fait qu’un vieux « optimalement » devrait mourir à 72,3 ans !

    D’où la tendance à augmenter l’âge du départ à la retraite !

    L’autre tendance, beaucoup plus eugéniste celle-là (je sens que je vais me faire des amis), est que notre société est de moins en moins en bonne santé. Et le système de santé était basé sur une société en bien meilleure santé qu’actuellement. (souvenir perso : dans les petites classes j’étais le seul à porter des lunettes, maintenant celui qui a 10/10 c’est plutôt l’exception). Quelle classe n’a pas son élève autiste, celui allergique à tout, celui qui a de l’hypertension, son obèse chronique, son diabétique ?...Allez en cours de gym voir toutes les exemptions vous serez surpris.

    Je pense qu’on n’a plus du tout les moyens financiers de se permettre cette solidarité d’un autre temps. Cela se ressent bien via les tarifs des mutuelles sur les lunettes, prothèses...

    Droit de vieillir certes mais quid de son devoir associé, le devoir de mourir, ce devoir de laisser la place aux autres, une place qu’on aurait du contribuer à rendre plus belle, plus riante, plus vivable à nos successeurs humains ?


  • VICTOR Ayoli VICTOR Ayoli 4 avril 2019 16:50

    Vous souvenez-vous de la terrible scène de la mise à mort obligatoire du vieux dans « Soleil vert » ? C’est l’avenir vu par Macron et son gang, avec la complicité des thuriféraires de l’assassinat légal organisé travesti sous le nom plus « soft » d’euthanasie.


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