samedi 15 juin 2013 - par GdeBell

Trop longues vacances

Les vacances d’été approchent, leur début ayant été fixé au 6 juillet après la classe. Sur le site www.education.gouv.fr, on apprend de plus que « ce calendrier n’inclut pas les dates de fin de session des examens scolaires ». Cette phrase équivoque peut signifier que les vacances scolaires commenceront plus tard pour les élèves devant passer les épreuves du rattrapage du bac (à l’oral), plus tôt pour les candidats plus brillants ou plus malheureux ou encore que la date des derniers cours pour les élèves passant des examens (ceux de Troisième, Terminale ou même Première) n’est pas arrêtée. 

La volonté d’introduire une certaine souplesse pour permettre aux établissements d’organiser sereinement les examens de fin d’année ne signifie pas néanmoins que cela les dispense d’assurer des cours aux élèves qui ne sont pas concernés par les épreuves du Brevet au collège ou du Bac au lycée. Ces élèves sont d’ailleurs majoritaires dans le secondaire et constituent le trois quarts des effectifs des collèges ! On peut même s’interroger sur le caractère légal d’une disposition qui priverait ces élèves de cours pendant la période scolaire officielle.

 

L'arrêt des classes cette année le 21 juin 2013 dans les collèges et le 13 juin 2013 dans les lycées est toutefois une pratique qui semble généralisée. L'organisation du brevet ou du bac n’excuse aucunement ce manquement des établissements scolaires à leur devoir d'enseignement pendant le temps scolaire tel qu'il est défini par le ministère de l'Education Nationale.

Pour se justifier, l’administration des établissements scolaires invoque souvent deux raisons : la première est la difficulté d’organiser les examens de fin d’année pour les uns tout en maintenant les horaires habituels pour les autres. Deux jours d’examen au collège et quatre jours au lycée nécessiteraient donc un bouleversement des établissements deux ou trois semaines. De qui se moque-t-on ? La seconde raison est plus perverse et symptomatique du délitement de notre système éducatif : les élèves ne voudraient plus travailler une fois le conseil de classe du troisième trimestre passé et les dernières notes consignées. Un tel argument, avancé par le corps enseignant est inacceptable : un professeur doit toujours se faire respecter et imposer la discipline nécessaire au déroulement normal des cours. Le fait que ce ne soit pas naturellement le cas est déjà préoccupant. Les professeurs ont quoi qu’il en soit accès aux livrets scolaires jusqu’au dernier jour de classe et peuvent, le cas échéant, y dénoncer le mauvais comportement d’un élève. Si cela est insuffisant, on peut attribuer aux élèves des notes de fin d’année à reporter sur le premier bulletin de l’année suivante. A l’heure de l’informatique, un tel dispositif est simple à mettre en place. Les explications pour écourter l’année scolaire d’une grande partie des élèves du secondaire sont donc fallacieuses. 

Et cette habitude est d’autant plus déplorable qu’elle accentue un problème bien connu des spécialistes des rythmes scolaires : les élèves français fréquentent les établissements scolaires un trop petit nombre de jours (et ont par conséquent des journées trop denses en période scolaire). 

Le « classement » PISA fait apparaître que nos élèves ont de médiocres résultats parmi ceux des pays développés. Cette étude internationale aux résultats certes discutables souligne une réalité irréfutable : les vacances scolaires en France sont plus longues qu’ailleurs.

Le tableau suivant convaincra les plus dubitatifs. La première colonne représente le nombre total de semaines pleines de vacances scolaires pour l’année 2012/2013, la seconde le nombre de semaines des vacances d’été.

 

Pays

Total vacances (en semaines)

Vacances estivales (en semaines)

Allemagne

13

6

Chine

9/13

5/6

Espagne

14

11

Royaume Uni

12

6

Finlande

13

10

Pays Bas

10

6

Italie

15/16

11/12

Suède

14

11

France *

16/18/19

8/10/11

 

* : un rapide calcul donne 18 semaines de vacances pour un élève de Sixième, Cinquième ou Quatrième et même 19 semaines pour les élèves de Seconde, un record ! Par ailleurs, si on incluait les jours fériés, l’écart de la France avec la moyenne n’en serait que plus important...

Certains pays étalent les vacances scolaires tout le long de l'année (RU, Allemagne), d'autres les concentrent l'été (Suède, Finlande, Espagne ou Italie). La France cumule les deux systèmes.

Le manque de courage des ministres successifs de l’Education Nationale, le lobbyisme des professionnels du tourisme, la réticence de certains syndicats d’enseignants sont probablement les causes de cette situation. Vincent Peillon, l’actuel ministre de L’Education Nationale, s’est prononcé en 2012 pour une réduction des vacances scolaires d’été à six semaines (contre huit actuellement). Les associations des parents d’élèves, FCPE et PEEP, l’ont soutenu, et les sondages donnent les parents d’élèves majoritairement favorables à la réduction des vacances d’été. Ces derniers ont en effet le problème supplémentaire d’occuper intelligemment leurs enfants pendant ces longues périodes sans classe.

La diminution de deux semaines des congés estivaux est certainement souhaitable (même si elle a été repoussée) mais la première préoccupation des uns comme des autres devraient tout simplement être de faire respecter le temps scolaire légal par les collèges et les lycées et ne plus priver nos enfants de deux ou trois semaines de classe.



8 réactions


  • Xtf17 Xtf17 15 juin 2013 09:46

    Réduire les vacances scolaires ? Mais pour quoi faire ? Que souhaitez-vous montrer ? Quelle est votre thèse ? A part aligner les poncifs sur les enseignants, les ministres, les lobbyistes, les syndicalistes, que voulez-vous démontrer ?
    Je vous cite : « la diminution de deux semaines des congés estivaux est certainement souhaitable ». Certainement ? Et pourquoi deux ? Sur quels critères ? Pourquoi pas trois, douze, mille ?
    Je vous cite encore : « les parents d’élèves [...] ont en effet le problème [...] d’occuper intelligemment leurs enfants pendant ces longues périodes ». Y arrivent-ils en dehors de ces périodes ? Alors ils devraient y arriver aussi pendant, non ? Et s’ils n’y arrivent pas, alors c’est que le problème ne doit pas être celui-là. Un conseil : jetez votre télévision.


  • Bilou32 Bilou32 15 juin 2013 13:24

    Et pourquoi pas raccourcir les vacances de Toussaint ou de Février ? Des périodes ou il fait souvent mauvais, et dont très peu profitent (les plus fortunés qui peuvent se payer les sports d’hiver en Février). Des vacances souvent passées en jeux vidéos ou vadrouile en ville...
    En ce moment il faut près de 30 ici, et il est temps que les cours se terminent. C’est la même chose fin Août !!! A moins de climatiser les établissements scolaires...


  • Alain Qroviste Alain Proviste 15 juin 2013 18:35

    Déjà que les oligarches, nos maîtres, ont décidé tout seul entre eux la semaine des 4,5 jours, un véritable scandale qu’on nous présente en plus dans les merdias de masse comme une décision faisant l’unanimité des français (les « partenaires sociaux » ne sont pas représentatifs, il n’y a que le référendum qui permet de savoir ça, et certainement pas un sondage stupide) on va pas en plus raccourcir les vacances...

    Le but c’est quoi finalement, de préparer le plus tôt possible nos enfants à rentrer dans le moule de cette société désastreuse ? A être de parfaits petits travailleurs dociles au lieu de leur épanouissement ?
    Les vacances elles ne sont vraiment pas de trop, surtout quand on voit la tartine de devoir que les enfants ont en général régulièrement, avec un sac de 10 kilos dans le dos chaque jour.


  • ghjuvanpaulu 15 juin 2013 22:46

    Qu’on m’explique : je suis enseignant (donc cadre A), dans la salle où je fais cours il y a 27 élèves (+ moi = 28). en juin et en septembre dans l’extrême sud de la France où je travaille il fait des températures avoisinant le 30 °C ; aucune salle de classe n’est climatisée et tous les bureaux de n’importe quelle administration le sont... et vous voudriez raccourcir les vacances estivale ?!
    Soit on peut travailler l’été, mais climatisez les salles de classe SVP !


  • Marco07 16 juin 2013 10:13

    C’est quoi ce beau tableau. Non classé par ordre alphabétique mais Allemagne en tête.... Pitié, vous aimez l’Allemagne, merveilleux.
    Déménagez et arrêtez de cracher sur un système qui ne vous a pas déplu étant môme.

    Cette volonté de raccourcir les vacances scolaire est de plus en plus présente, au motif que maintenant les 2 parents travaillent (belle évolution), que « il y a de la marge » etc...
    Raz-le-bol de cette mentalité, à vouloir faire subir à sa descendance de la « rigueur » au motif que les autres pays font autrement, tout en oubliant au passage que vous en avez largement profité.

    Dernière chose, arrêtez de travestir le mot « courage ». Actuellement employé à tors et à travers.
    Le « courage » n’est pas de faire subir aux autres ce que vous n’avez et ne vouliez pas subir.
    A la limite remplacez ce mot par « lâcheté », « couardise » ou autre, plus adapté à votre texte.

    En fait c’est pas du courage, mais de la simplicité de planning... Pas de vacances à aller demander, pas à s’en occuper... Faites-les adopter par le système scolaire à la limite, la gestion n’en sera que plus simplifié.

    Mes enfants termineront fin juin, elle n’iront pas à l’école début juillet...
    J’estime qu’elles ont toutes les 2 une belle longueur d’avance sur les autres camarades (pourtant un peu d’absentéisme cette année), et j’estime que juillet = vacances.

    Le vrai courage serait de se pencher sur les différences de résultats entre professeurs, du pourquoi certains arrivent à appliquer un programme alors que d’autres non... Pourquoi certains ne savent pas lire arrivé au collège.... Et peut-être aussi remettre en cause les couples travailleurs qui laissent les mômes autonomes à 6 ans en s’imaginant que sans soutient les devoirs serviront à quelque chose (largement vu alors que mes enfants ne sont qu’au primaire), et que les lacunes seront forcément comblées dans des classes de 30 gamins...


  • lcm1789 17 juin 2013 01:36

    Les enseignants vont encore passer pour des donneurs de leçons mais le rédacteur de cet article montre encore une fois qu’il ne sait pas de quoi il parle !


    1) Je suis enseignant dans l’académie d’Amiens et je suis « à disposition du rectorat jusqu’au 10 juillet » (je suis prof en collège)
    2) Le DNB dure deux jours en collège, auxquels il faut ajouter le temps de préparation des salles (êtes-vous volontaire pour venir coller les étiquettes sur les tables pendant que les élèves sont en cours ?)
    3) certains établissement pour être agréables aux parents de troisième organisent des révisions pour les troisièmes, et sont alors contraints d’alléger les heures de cours pour les autres classes...
    3bis) Ensuite pour les centres de correction il y a trois jours pendant lesquels les établissements sont fermés puisqu’il accueillent les correcteurs et les copies.
    On arrive ainsi pour les centres de corrections à 5 jours de fermetures ce qui n’a rien de choquant.

    Pour ce qui est des Lycées, les épreuves sont multiples et mobilisent aussi les locaux.

    Quand aux élèves absentéistes, le problème est le même que ce soit en début ou en fin d’année, je vous rappelle que cela relève de la responsabilité des responsables légaux (comme le nom l’indique) de faire respecter l’obligation scolaire.
    Je rappelle aussi que le fait d’avoir à faire à des services d’ASE débordés, à des administrations permissives, ou tout simplement dépourvues de moyens juridiques n’ a que peu de rapport avec le travail des enseignants et la longueur des vacances scolaires. 
    Quand à votre couplet sur le livret scolaire il est d’une naïveté qui confine à la bêtise.

    Quand à savoir si ce sont les fédérations de parents qui doivent décider du calendrier scolaire... c’est discutable.

    Quand aux enquêtes PISA, les avez vous seulement consultées ?
    Ce qui est très mauvais en France, c’est le taux élevé de Non-réponse...
    Cela montre une incapacité de l’Ecole à motiver, à relier peut être avec l’abstention aux élections diverses, avec le chomâge et la précarité galopante dans la jeunesse...

    Maintenant pour le dire tout net je suis près à travailler (un peu plus) en été à deux conditions
    1) que cela ne soit pas de la garderie.
    2) Que cela se traduise par une augmentation en proportion de mon salaire.

    Je vous rappelle qu’un enseignant est un salarié comme un autre et qu’il fait ce pourquoi on le paie...Je doute que soyez pour une augmentation sans contre-partie de votre temps de travail !

    (La dernière fois que mon chauffe eau a lâché, mon plombier m’a facturé les réparations et est venu quand il a pu...pourtant j’avais besoin qu’il vienne vite ! et c’est tout à fait normal, tout travail mérite salaire ! quand bien même c’est un service.)

    Pour résumer lorsque :
    1) on crache fiel et venin en dénigrant les enseignants de ses enfants,
    2) qu’on a de cesse de réclamer le raccourcissement des vacances au prétexte que l’on confond école et garderie,
    3) que l’on reproche aux enseignants de n’avoir pas l’autorité que l’on aimerait avoir soit même sur sa propre progéniture sans y parvenir.

    Il ne faut pas s’étonner d’avoir une Ecole qui va mal.

    Pour reprendre un mot célèbre : ne vous demander pas ce que l’Ecole peut faire pour vos enfants, mais demander vous ce que vous pouvez faire pour l’Ecole de vos enfants.

    • GdeBell 17 juin 2013 07:31

      Merci pour votre réponse. Je ne parviens pas à avoir une explication cohérente de la part de l’administration du collège dans lequel mes enfants sont scolarisés. Une espèce de panique générale règne à l’approche du brevet ! ( c’est assez cocasse)


      Effectivement je ne suis pas spécialiste et j’accepte volontiers toute leçon mais :
      L’étiquetage des tables ne semble pas un travail insurmontable et pourrait prendre une demi- heure, de 7h à 7h 30 le matin des épreuves ( ou de 18h à 18h 30 la veille au soir). 
      Mobiliser un établissement parcequ’on y corrige des copies est une autre preuve de mauvaise organisation.
      Qu’on prévienne les parents dès le début de l’année de l’arrêt prématuré des cours, je l’ai appris ( avec consternation) il y a trois semaines par voie non officielle !
      Bien d’accord avec vous au sujet des garderies. Les parents doivent aussi mettre dans la tête de leurs enfants que l’école ne se termine pas le 13 ou le 21 juin. Les mentalités doivent évoluer.
      Le nombre annuel d’heures de cours est suffisant. Il ne s’agit pas de « travailler plus » mais d’allonger l’année scolaire pour alléger les journées.
      J’ai cité Pisa uniquement en référence à la durée des vacances, les résultats de l’étude sont en effet discutables.
      Des professeurs m’ont eux aussi expliqué qu’ils n’étaient pas en vacances à partir du 21 /06. Je le sais, raison de plus pour qu’ils appuient ma position.
      Non un enseignant n’est pas un salairié comme un autre, ce qui lui donne droits et devoirs supplémentaires. Son traitement doit bien sûr correspondre au travail fourni. Je ne suis pas de ceux qui pensent que les professeurs sont trop payés ou qu’ils ne travaillent pas suffisamment.
      Enfin, la FCPE vient de se prononcer, pour une diminution de deux semaines de la durée des vacances d’été pour les écoles primaires et pour les collèges ( il paraît qu’il faut laisser aux lycéens 8 semaines pour leur permettre de « faire un job d’été », là je suis perplexe...). 
      C’est peut- être une bonne idée que la diminution des vacances d’été. La mienne est seulement de récupérer au moins une semaine en organisant un peu mieux la période des examens ! 



  • Karol Karol 17 juin 2013 22:03

    Tout à fait d’accord avec vous. Il n’est pas normal qu’un élève de collège ne soit plus accueilli dans son établissement à partir du 12 juin à cause des examens. J’ai écris un article à ce sujet sur l’organisation du bac. « Mon très cher bac, un vrai gachis »
    Comme les vacances, l’année scolaire est aussi trop longue au niveau des objectifs à atteindre. On pourrait la décomposer en 3 cycles de 13 semaines : 2 fois 6 semaines séparées par 1 semaine de vacances. Le cycle se terminant par 1 semaine d’évaluation. Chaque cycle commenceraient 3 semaines après le précédent. L’été l’interruption serait de 4 semaines. Soit au total 52 semaines. Chaque cycle pourrait avoir des enseignements différents, les enjeux et les objectifs à atteindre de chaque cycle seraient plus facilement appréhendés par les élèves mais je rêve....
     J’ai connu cette organisation en quatrimestres dans les IUT au Mexique. IL y avait ainsi trois promotions par an : une en septembre, une en janvier, une en Mai.


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