Ukraine, ce mois de trêve… Sentant l’arnaque !
Ah, ce mois de trêve que voudraient faire signer Trump et l’OTAN. Poutine n’étant pas né de la dernière averse, il risque fort de la repousser. Cela il est vrai le mettra dans une situation inconfortable, car il passera pour être celui qui refuse la paix et veut la continuité du conflit, mais s’il acceptait, il prendrait le risque que durant ce mois les forces ukrainiennes se refassent une santé, se réorganisent et stockent de l’armement toujours envoyé par les États-Unis. Ces envois d’armements sont le reliquat d’accords signés par Biden, et il faut souligner que l’administration Trump jusqu’à ce jour n’a rien expédié vers le pays en guerre. Il n’empêche, pour un observateur, de voir un président négocier la paix alors que son pays continue d’envoyer des munitions pour alimenter le conflit. Cela fait désordre.
Chat échaudé craint l'eau froide. Poutine n’oublie pas les deux accords de Minsk. D’abord, le protocole Minsk I : accord du 5 septembre 2014 en quinze points, signé par la représentante de l'OSCE,[i] le représentant de l'Ukraine, le représentant de la fédération de Russie et les dirigeants de la république populaire de Donetsk (RPD) et de la république populaire de Lougansk (RPL). Au cours des deux semaines qui suivent la signature du protocole, des violations du cessez-le-feu ont lieu fréquemment, de la part des deux parties. À la suite de l'échec manifeste du protocole de Minsk I après des regains de tensions avec une guerre qui repart dès décembre 2014, de nouveaux accords sont prévus. Les accords de Minsk II, du 12 février 2015, sont signés selon le format Normandie : François Hollande, Angela Merkel, Petro Porochenko, Vladimir Poutine, et les représentants des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (sécessionistes de l'Ukraine) et mettent en place un nouveau cessez-le-feu.[ii] Il faudra attendre décembre 2022, dans le magasine allemand Die Zeit pour que Merkel confie : « Les accords de Minsk de 2014 ont servi à donner du temps à l’Ukraine […] Un temps qu’elle a utilisé pour se renforcer, comme on peut le constater aujourd’hui. L’Ukraine de 2014-2015 n’était pas l’Ukraine d’aujourd’hui. Comme nous avons pu l’observer début 2015 lors des combats autour de Debaltsevo [ville du Donbass, dans l’oblast de Donetsk], Poutine aurait pu alors facilement gagner. Et je doute fortement qu’à l’époque l’OTAN aurait été en capacité d’aider l’Ukraine comme elle le fait aujourd’hui… Il était évident pour nous tous que le conflit allait être gelé, que le problème n’était pas réglé, mais cela a justement donné un temps précieux à l’Ukraine. »[iii] Il est certain que tous les médias à la botte vont hurler à ce que Poutine est un va-t-en-guerre et veut continuer le massacre et qu’il veut envahir toute l’Europe et patin couffin : mais géopolitiquement parlant, en se basant sur l’expérience passée de comment l’OTAN et les représentants de l’Europe ont pu agir récemment, il va de soi que Poutine va se montrer retissant, prudent et méfiant envers eux.
Alors trêve ou pas trêve ? Réunion en Arabie saoudite à Riyad entre Zelensky et Marco Rubio le secrétaire d'État, où on est arrivé à un accord provisoire entre les Américains et les Ukrainiens sur le thème d’installer une trêve d’un mois. Il aurait été acté que l’Ukraine faisait son deuil de récupérer la Crimée et le Donbass, mais c’est à préciser. Il y a eu cependant la réaction du ministre des Affaires étrangères russes, Lavrov qui a déclaré en substance : en fait vous nous demandez une trêve d'un mois, alors que notre armée est en train de gagner sur tous les fronts, par exemple à Koursk (cette petite partie du territoire russe qu’occupe actuellement l’armée ukrainienne) où les forces d’occupations sont en pleine débâcle et donc, durant cette trêve d'un mois cela vous donnera le temps de vous réorganiser pendant que nous, attendrons les bras croisés en regardant l'envoi de munitions américaines. Ce projet « d’accord » qui exclut la Russie, a été monté en épingle par tous les médias, chacun y est allé de son petit narratif comme bien entendu Macron et von der Leyen en tête, suivis par tous les « dirigeants » qui auraient l’heur de suivre un plan de marche édité par l’oligarchie transatlantique comme étant la solution au problème, sauf que : C’est évidemment inacceptable par la Russie pour différentes raisons.
La Russie a les cartes en main. Depuis le début, la Russie a répété sur tous les tons que son but était de porter secours aux populations russophones de l’est de l’Ukraine et de Crimée. Qu’il est hors de question que le reste de l’Ukraine, soit environ 80% du territoire, devienne la chasse gardée de l’OTAN et installe des bases militaires. S’agissant de l’architecture de sécurité, il serait possible qu’il y ait des forces d’interpositions étrangères qui pourraient servir de casques bleus comme ceux de l’ONU, mais en précisant qu’en aucun cas des forces de l’OTAN ou sous drapeaux de pays européens ne seront admises. La Russie a certifié que si les occidentaux voulaient installer de toute force des troupes au sol, elle les considérerait comme belligérantes et donc à détruire. Parallèlement, des émissaires américains viennent de partir pour Moscou. Trump a bien compris que ceux qui ont le plus de cartes en main sont les Russes et a compris que la stratégie de certains membres de l’Europe avec cette trêve d'un mois sent le guet-apens. Ses émissaires sont certainement porteurs de négociations pour que ce mois de trêve devienne une trêve solide et définitive, avec bien sûr les demandes de Poutine acceptées pour les Ukrainiens et le camp occidental. Ce qui reviendrait à dire que Macron et compagnie devront manger leur chapeau.
Quant aux « excités ». Ils/elles devront en rabattre, car côté camp européen, c’est le tohubohu. Le Parlement hollandais[iv] vient de refuser le crédit de 800 milliards pour l’hypothétique construction de la défense européenne, sachant qu’il faut l’unanimité des 27, c’est donc mal parti, d’autant que Meloni l’italienne se pose en supportrice de Trump, que le Hongrois Orban rue dans les brancards ainsi que son homologue slovaque Fico.[v] Ça tire à dia coté polonais,[vi] lorsque le président demande aux États-Unis de déployer des armes nucléaires dans son pays ; on voit bien là que ça part dans tous les sens dans la pétaudière en surchauffe, qu’en fait il n’y a que 11 pays sur 27 qui se sentent concernés par ces 800 milliards. Alors, on se demande ce que viennent faire là-dedans le Canada, l’Australie, la Turquie et surtout l’Angleterre qui a quitté la communauté…
Nous devons admettre un grand talent à Macron, sa capacité à mouliner dans le vide, à effrayer son populo, à créer de la réunionite et des « sommets » pour rien, pour tout, pour exister et mettre le bazar partout où il passe, pour qu'au final, tout tourne en eau de boudin… Tiens, Manu, voilà du boudin, voilà du boudin pour les Alsaciens, les Suisses et les Lorrains…
Georges ZETER/mars 2025
Vidéo : UKRAINE : C'est la FIN ? Et merci à François Asselineau.
[i] Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe
[iii] https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-moscou-apres-l-interview-de-merkel-la-russie-denonce-la-tromperie-des-europeens-lors-des-accords-de-minsk
[iv] https://fr.businessam.be/la-chambre-des-representants-neerlandaise-vote-contre-les-plans-de-rearmement-de-lue/