jeudi 14 novembre - par Krokodilo

Ukraine, Gaza, Liban, et autres : les civils sont-ils des cibles légitimes ?

Avec tous les drames survenus dans ces différents théâtres de conflit, une certaine confusion règne sur le droit de la guerre, le droit humanitaire et, d’une manière générale, sur la protection des civils.
On se croit à l’abri devant notre télé, mais non : à tout moment, le mur de notre chambre, le toit ou ou la porte d’entrée peuvent exploser, parce que notre voisin est (ou était) un terroriste. Pourquoi ? Parce nous étions, sans le soupçonner une seconde, ce qu’on appelle un bouclier humain ! C’est-à-dire un bouclier pour le terroriste, mais un paratonnerre pour le civil innocent, qui peut lui attirer la foudre. Notre monde est ainsi fait qu’il faudra bientôt exiger de tous les voisins un CV détaillé et certifié par la DGSI.

Nous avons donc demandé son éclairage non pas à un spécialiste de plateau télé, mais à un de ces conseillers de l’ombre impliqués dans tous les conflits, un homme de terrain (miné.) Il s’appelle Xavier, ce qui est assez pratique puisque nous avions décidé de l’appeler X, respectant son anonymat.

- M. X, Xavier, si vous me permettez cette familiarité, entrons dans le vif du sujet : tuer des civils, crime de guerre ou pas ?

- À l’évidence, non. Il n’y a pas de civils innocents.

- Quoi ? Comment ça ? Je veux dire - si pour éliminer, « neutraliser » un ennemi, on bombarde sa maison, tuant toute sa famille, sa femme, ses parents, ses enfants peut-être… n’est-ce pas un crime de guerre caractérisé ?

- Pas du tout. Ses parents lui ont donné naissance, et en plus ils l’ont mal éduqué. Sa femme, elle, le réconforte, le soutient, le remonte à bloc pour qu’il reparte au combat.

- Mais ses enfants, ils sont forcément innocents, non ?

- Ce sont les pires : une fois adultes, ils voudront se venger. Dans l’histoire des civilisations, pour cette raison, de nombreuses successions ont été de véritables bains de sang. Les mafias aussi le savent… J’ajoute que certains enfants commencent dès l’adolescence à jeter des cailloux sur les soldats.

- Mmm, alors élargissons la question à toute la rue, au quartier, à l’arrondissement : la plupart des gens ignoraient qu’il s’agissait d’un terroriste, d’un ennemi. Son dentiste, par exemple, n’est-il pas innocent ?

- Complice : un soldat ennemi pourvu d’une solide dentition peut causer une blessure mortelle à un des nôtres (ndt : dans les carotides).

- Son épicier alors ?

- Il le nourrit ! Sans lui, il serait affaibli.

- Bon, mais quand même - bombarder des hôpitaux…

- Les médecins s’occupent des ennemis blessés, qui reprennent le combat sitôt retapés, c’est inadmissible d’un point de vue stratégique.

- Mais… n’est-ce pas un peu barbare ?

- Je dirais plutôt traditionaliste, c’est un retour aux valeurs de nos ancêtres !

- Comment ça, quels ancêtres ? Que faites-vous de l’humanisme, des conventions sur la guerre, de l’interdiction de certaines armes ?

- Bullshit ! Du sentimentalisme dépassé, de la sensiblerie. Non, je parle des valeurs de la seconde guerre mondiale, celle qui a produit les grands hommes auxquels on se réfère encore : songez qu’on aura parlé de l’ex-président Zélensky comme d’un nouveau Churchill !

- Mais… je ne vois pas…

- Rappelez-vous : les alliés rasant Dresde en une nuit et deux jours de bombes incendiaires, et pour finir en apothéose, Hiroshima ! Ça c’était une guerre !


- Je doute que l’ONU approuve cette conception pour le moins radicale.

- Ah ! mais il faut agir, pas demander l’autorisation. Sinon, on échoue, comme en Géorgie : on n'a pas osé faire venir des snipers et des gâteaux, à l’instar du Maïdan de l’Ukraine, résultat - un lamentable échec. D’ailleurs, pour le Moyen-Orient, vous avez dû remarquer la mollesse des réactions officielles des Occidentaux devant la férocité de la vengeance israélienne ?

- Oui, mais l’UE reconnaît toujours le droit humanitaire.

- Pour l’instant… L’UE, dépourvue de politique extérieure et d’armée, n’est finalement qu’une puissance normative, qui détermine des normes européennes (NE) sur toute sorte de sujets. Eh bien, nous avons bon espoir que l'UE fixe ses nouvelles normes de la guerre et de l’humanitaire en se basant sur les chiffres des récents « évènements »... 

- Par exemple ?

- Le droit de vengeance. Comme à Gaza : ne pas dépasser trente morts pour une victime à venger, soit 3000 % NE.

- Mais dans les immeubles, le nombre de victimes collatérales n’est jamais facile à connaître...

- C’est prévu : on comptera en immeubles détruits, et la norme sera de 4 pour 1, ou 400 %, pas plus de quatre immeubles rasés pour atteindre un ennemi au troisième sous-sol. Cinq immeubles d’habitation, ce sera un crime de guerre, trois - simples dégâts collatéraux.

- Et les déplacements de population ?

- 90 % NE : il faut laisser intact 10 % du territoire et ne pas déplacer plus de 90 % des habitants.

- En somme, vous voulez revoir tout le droit humanitaire ?

- Oui : toute société ou tout civil qui a un lien de proximité géographique avec une cible militaire devient une cible légitime. Le Hamas et Israël nous ont montré la voie du retour aux valeurs traditionnelles. C’est la fin d’une certaine hypocrisie.

- Mais… tous ces massacres, c’est un peu inhumain, non ?

- Non, simplement humain.

- Et en ce qui concerne le droit d'ingérence, ce concept ambigü et controversé ? On a vu récemment Mme von der Leyen aller promettre 1,8 milliard d'aide à la Moldavie, peu avant le scrutin électoral, et des députés européens soutenir les manifestants georgiens qui contestaient les résultats des élections...

- Il n'y a aucune ambiguïté : l'ingérence russe est mauvaise, alors que la nôtre est bienveillante.

Notre reporter a profité d’avoir l’expertise de ce spécialiste pour qu’il nous parle de l’Ukraine, plus particulièrement la présence en Russie de soldats nord-coréens.

- Tout d’abord, leur présence est-elle confirmée ? D’où vient l’information ?

- Des USA, qui le tiennent des services sud-coréens, qui le tiennent de Kiev.

- Et Kiev ? Ont-ils fourni des photos, des preuves ?

- Ils disent que ça vient des services anglais.



- Une info confirmée par plusieurs pays, donc. On parle de combien de soldats ?

- De zéro à 15000.

- Est-ce qu’ils combattent sur le front ?

- Ils sont soit en formation à Moscou, soit à soutien à Koursk, soit, selon Zélensky, au front. Il y aurait déjà des pertes nord-coréennes. Une formation russe et nord-coréenne de 50.000 hommes s’apprêterait à une offensive imminente à Koursk, avec au moins un Nord-Coréen et 49999 Russes.

- L'information serait donc assez solide et recoupée pour justifier l’envoi de troupes occidentales ? La Maison Blanche vient d’annoncer l’envoi de techniciens de sociétés privées, pour la maintenance de matériel militaire en Ukraine...

- Tout le monde a le droit de travailler.

Dernière blague du front de l’Est et des forums russophones :
Un Ukrainien se plaint à Dieu :

- Seigneur, pourquoi n’avons-nous plus de ressources, de nourriture, de gaz, d’électricité, d’aviation, d’industrie spatiale, nucléaire, de mer, d’ingénieurs, de blé ?

- Mais vous aviez déjà tout cela…

- Quand ça ?

- Quand vous étiez Russes.

Économies budgétaires en France : pour suivre les élections américaines, on a envoyé plusieurs dizaines de journalistes et leurs équipes. Ces enquêteurs chevronnés ont fourni aux téléspectateurs deux informations : le scrutin s’annonçait serré, et soit K. Harris soit D. Trump devait être élu. Deux scoops. La qualité de l’information est à ce prix.

Quatre personnes débattent avant la date de commémoration du camp d’Auschwitz
L’Allemand :

- C’est nous qui devons célébrer Auschwitz, on a construit les bâtiments, les grillages !
Le Polonais :

- Auschwitz est sur notre sol, c’est notre cérémonie !
Le Juif :

- C’est quand même nous qui avons fourni presque tous les figurants, c'est notre cérémonie !
Le Russe :

- Et nous alors ?
Les trois autres se tournent vers lui et clament :

- Vous, vous êtes venus sans invitation pour gâcher la fête !

Cette blague est probablement née après l’exclusion de la Russie des commémorations de la libération du camp d’Auschwitz, camp d’extermination spécialement conçu pour des civils, avec chauffage intégré, écologique avant l’heure grâce au recyclage des chaussures, des vêtements et des dents en or. Gageons que le 21e siècle aura lui aussi son lot d’innovations.



19 réactions


  • amiaplacidus amiaplacidus 14 novembre 09:26

    Krokodilo, vos dents sont acérées, mais elles frappent juste.


  • Boaz Boaz 14 novembre 10:15

    Pour le Hamas il n’y a pas de victimes civiles, il y a des martyrs et c’est bien pour la cause.


  • Boaz Boaz 14 novembre 11:01

    La Palestine c’est vraiment la pire cause débile.

    Alliance de décérébrés, de racailles, d’islamistes, d’antisémites et d’étudiants avec 4 de QI.

      
    Un an à casser les couilles. En croyant faire un truc bien pour l’humanité.

    Alors qu’ils ne servent strictement à rien.
    Au final leurs seuls accomplissements c’est bloquer des facs, arracher des affiches avec un bébé otage du Hamas, appeler à l’intifada aux côtés de barbus qui geulent en arabe qu’il faut tuer des juifs, ratonner des juifs et … casser des McDo et des Starbucks donc..

      
    Je nourris l’espoir qu’on sorte de notre léthargie en France et qu’on applique rapidos le casseurs = payeurs. Tu casses : tu paies. Tu feras moins le malin.

    https://x.com/Margueritestern/status/1856652606526939570


  • xana 14 novembre 19:21

    Tiens, j’ai été censuré... encore une fois.

    Ah oui, j’ai dit à Boaz que j’espère qu’om ne le ratera pas cette fois encore.

    Il y a de quoi faire hurler tout Israël ! Quoi, une « menace de mort » et surtout contre un sioniste ! Quelle abomination ! Mais pourquoi ne venez-vous pas me chercher chez moi pour me lapider ?


  • Diviser pour mieux régner– De Machiavel à l’ingénierie sociale

    L’idée de diviser pour mieux régner, bien que vieille de plusieurs siècles, reste une stratégie centrale dans l’art de gouverner. Machiavel, dans « Le Prince », explique comment les dirigeants peuvent exploiter les divisions pour se maintenir au pouvoir, en instaurant des rivalités entre groupes pour éviter leur unité. Lucien Cerise actualise cette idée dans « Gouverner par le chaos », décrivant une ingénierie sociale moderne qui exploite la confusion et les divisions pour rendre la société plus manipulable. Quant à Gustave Le Bon, sociologue français, dans « Psychologie des foules », il explique comment les foules peuvent être manipulées par des leaders charismatiques.

    Le rôle des médias

    Noam Chomsky, avec « La Fabrique du consentement », approfondit cette idée en montrant que les médias sont essentiels dans cette dynamique de contrôle. Pour eux, la propagande et les médias de masse sont des instruments de manipulation qui créent un cadre narratif divisé, polarisant l’opinion publique. Les masses sont dirigées non pas par la coercition directe, mais par la diffusion d’idées qui façonnent leurs opinions et comportements. Chomsky va jusqu’à décrire les médias comme des « chiens de garde » des intérêts des élites, orientant l’information pour maintenir des groupes sociaux dans des débats clivants et souvent stériles.

    Le pouvoir des réseaux sociaux et l’exemple de TikTok

    Des analyses plus modernes, soulignent comment les plateformes numériques utilisent les données personnelles pour influencer les opinions et amplifier les divisions sociales. Des plateformes comme TikTok, par exemple, utilisent des algorithmes qui montrent aux utilisateurs des contenus correspondant à leurs préférences, créant des « bulles » d’opinions isolées. Cette personnalisation des contenus amplifie la division : les utilisateurs ne voient que des perspectives qui confirment leurs croyances, ce qui limite leur exposition à des opinions divergentes et renforce les divisions idéologiques et culturelles. Ces plateformes deviennent alors des outils puissants de contrôle, diffusant des contenus souvent superficiels ou polarisants, détournant l’attention des enjeux collectifs...


  • Jean Keim Jean Keim 15 novembre 08:59

    Autant se demander si la guerre (offensive ?) est légitime.

    Autant se demander si la guerre est une façon de résoudre les problèmes.

    Chaque guerre fait le lit de la suivante (... 1870,1914-18, 1939-45...).

    Et un jour on se réveille et on comprend que la guerre est une entreprise économique, de même que l’on vend du McDo, du Coca-Cola, du rock’n’roll, des films, on vend également des fusils, des tanks, des missiles..., qui ne doivent pas rester à rouiller dans des arsenaux.

    Ensuite on perçoit que la guerre ne peut avoir lieu que si et seulement si il se trouve des gens pour la faire.

    Enfin surgit une ultime perception, la guerre prend naissance dans un mode de penser qui lui est favorable, que ce soit celui du financier, du politique, des labos, du fabricant, du vendeur d’arme, du militaire et/ou des belligérants,..., des quidams, cela ne change rien à l’affaire.


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