mercredi 25 octobre 2017 - par Laconique

Un épisode mystérieux de la vie de Fiodor Dostoïevski

J’ai découvert l’œuvre de Dostoïevski à l’âge de seize ans. Dès cette époque, un épisode secondaire et extrêmement macabre de Crime et châtiment avait attiré mon attention, d’autant plus que cet épisode, d’après les notes de l’ouvrage, n’était pas sans lien, apparemment, avec un épisode réel de la vie de l'auteur. On trouve des échos plus ou moins voilés de cette affaire dans plusieurs textes. Tout d’abord, dans la retranscription d’une conférence sur Dostoïevski qu'André Gide a donnée en 1922. Je cite ici l’extrait en question dans son intégralité : 

   

   « Il y a, dans la vie de Dostoïevski, certains faits extrêmement troubles. Un, en particulier, auquel il est déjà fait allusion dans Crime et châtiment (t. II, p. 23) et qui semble avoir servi de thème à certain chapitre des Possédés, qui ne figure pas dans le livre, qui est resté inédit, même en russe, qui n’a été, je crois, publié jusqu’à présent qu’en Allemagne, dans une édition hors commerce. Il y est question du viol d’une petite fille. L’enfant souillée se pend dans une pièce, tandis que dans la pièce voisine, le coupable, Stavroguine, qui sait qu’elle se pend, attend qu’elle ait fini de vivre. Quelle est dans cette sinistre histoire la part de la réalité ? C’est ce qu’il ne m’importe pas ici de savoir. Toujours est-il que Dostoïevski, après une aventure de ce genre, éprouva ce que l’on est bien forcé d’appeler des remords. Ses remords le tourmentèrent quelque temps, et sans doute se dit-il à lui-même ce que Sonia disait à Raskolnikov. Le besoin le prit de se confesser, mais point seulement à un prêtre. Il cherche celui devant qui cette confession devait lui être le plus pénible ; c’était incontestablement Tourgueniev. Dostoïevski n’avait pas revu Tourgueniev depuis longtemps, et était avec lui en fort mauvais termes. M. Tourgueniev était un homme rangé, riche, célèbre, universellement honoré. Dostoïevski s’arma de tout son courage, ou peut-être céda-t-il à une sorte de vertige, à un mystérieux et terrible attrait. Figurons-nous le confortable cabinet de travail de Tourgueniev. Celui-ci à sa table de travail. – On sonne. – Un laquais annonce Theodor Dostoïevski. – Que veut-il ? – On le fait entrer, et tout aussitôt, le voici qui commence à raconter son histoire. – Tourgueniev l’écoute avec stupeur. Qu’a-t-il à faire avec tout cela ? Sûrement, l’autre est fou ! Après qu’il a raconté, grand silence. Dostoïevski attend de la part de Tourgueniev un mot, un signe… Sans doute croit-il que, comme dans ses romans à lui, Tourgueniev va le prendre dans ses bras, l’embrasser en pleurant, se réconcilier avec lui… mais comme rien ne vient :

   « Monsieur Tourgueniev, il faut que je vous dise : je me méprise profondément… »

   Il attend encore. Toujours le silence. Alors Dostoïevski n’y tient plus et furieusement il ajoute :

   « Mais je vous méprise encore davantage. C’est tout ce que j’avais à vous dire… » et il sort en claquant la porte. Tourgueniev était décidément trop européanisé pour le bien comprendre. »

 

   André Gide, Dostoïevski, dans Essais critiques, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1999, p. 583-584. 

 

   Le second texte est une lettre du premier biographe de Dostoïevski, Nicolaï Strakhov, adressée à Léon Tolstoï. Elle est reproduite dans l’ouvrage de Léon Chestov, Sur la balance de Job. Strakhov écrit :

 

   « Tout le temps que j'écrivais, je devais lutter contre un sentiment de dégoût qui se levait en moi, je tâchais d'étouffer mes mauvais sentiments. Aidez-moi à m'en débarrasser. Je ne peux considérer Dostoïevsky comme un homme bon et heureux. Il était méchant, envieux, débauché. Toute sa vie, il fut en proie à des passions qui l'auraient rendu ridicule et misérable s'il n'avait pas été aussi intelligent et aussi méchant. Je me suis vivement souvenu de ces sentiments à l'occasion de cette biographie. Devant moi, en Suisse, il traitait si mal son domestique que celui-ci s'en offensa et lui dit : « Mais moi aussi je suis un homme ! » (…) De telles scènes se reproduisaient constamment, et il ne pouvait contenir sa méchanceté. (…) Les vilenies l'attiraient et il s'en glorifiait. Viskovatov (le professeur de l'université de Yourieff) m'a raconté comment il se vantait d'avoir mis à mal, au bain, une petite fille que lui avait amenée la gouvernante. Parmi ses personnages, ceux qui lui ressemblent le plus, c'est le héros de La Voix souterraine, c'est Svirdrigaïlov, Stravoguine. Katkov refusa de publier une des scènes de Stravroguine (le viol, etc.), mais Dostoïevsky l'a lue ici à un grand nombre de gens. (…) Voici un petit commentaire à ma biographie ; je pourrais décrire ce côté du caractère de Dostoïevsky, je me souviens de nombreux cas encore plus frappants que ceux que je viens de citer ; mon récit aurait été plus véridique. Mais que périsse cette vérité ; continuons à étaler le beau côté de l'existence, comme nous le faisons toujours, dans toutes les occasions. »

 

   Cité dans Léon Chestov, Sur la balance de Job, Flammarion, 1971, p. 103.

 

   Il sera sans doute à jamais impossible de faire la pleine lumière sur ces troublantes allégations de viol d’une petite fille commis par Dostoïevski. Néanmoins, deux faits sont avérés : 1° Dostoïevski a reconnu être l’auteur d’un tel acte devant plusieurs interlocuteurs différents. 2° Des allusions explicites à un épisode de cette nature figurent à deux reprises dans son œuvre, dans Crime et châtiment et dans un chapitre censuré des Possédés.

 

   Toutes ces informations étaient là, transparentes, depuis plus d’un siècle. Si des soupçons de cet ordre pesaient de nos jours sur un homme politique, un sportif, une personnalité quelconque, la conséquence immédiate serait un discrédit total et sans rémission. En ce qui concerne Dostoïevski, avant même sa mort, il a été considéré en Russie comme un écrivain national. Son convoi funèbre, en février 1881, a été suivi par plus de trente mille personnes. Son buste figure dans les rues de Saint-Pétersbourg, Moscou, Dresde, etc. Son portrait a orné des timbres, des stations de métro.

 

   Pour ma part, je continuerai à lire Dostoïevski. On peut néanmoins mesurer, à la faveur de cette mystérieuse affaire, à quel point les artistes jouissent d’un privilège d’extra-moralité. Le caractère, la conduite privée ou publique d’un créateur, d’un romancier en l’occurrence, n’affectent en aucune façon la réception qui est faite de son œuvre. Ce qui démontre une fois de plus, si besoin en était, que l’art n’a décidément rien à faire avec la morale.



22 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 octobre 2017 12:00

    Comme pour Rimbaud ou Aragon et tant d’autres.


    • alkoussekousse alkoussekousse 25 octobre 2017 20:52

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      « Comme pour Rimbaud ou Aragon et tant d’autres. »


      Il semblerait que, contrairement à la plupart des artistes ou écrivains pédophiles, Dostoïevski soit parvenu à... transcender ses démons ça ne veut rien dire, disons à s’en exorciser grâce au christianisme, ce qui lui a permis d’écrire tous cette série de chefs d’oeuvre à partir de Crime et Châtiment.

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 octobre 2017 13:42

    Longtemps je me suis demandée s’il fallait séparer l’oeuvre du créateur. En psychologie, cela s’appelle le clivage (Docteur Jekyll et Mister Hyde). Les plus belles oeuvres ont souvent poussé sur le charnier. Caravage, Céllini. je trouve que la position est un peu hypocrite. Si nous avons apprécié une oeuvre, je ne vois pourquoi il faudrait agir comme Tartuffe : couvrez ce sein que je ne saurais voir. Le créateur ne saurait être entièrement mauvais puiqu’il a procuré du plaisir au lecteur. Long débat philosophique,....


    • Laconique Laconique 25 octobre 2017 20:32

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Tout créateur de mimesis est forcément immoral, puisque la mimesis, pour fonctionner, doit obligatoirement être la représentation de sentiments exacerbés ou criminels (cf. Platon, La République, livre X).


    • velosolex velosolex 25 octobre 2017 20:48

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Stevenson semble t’il était PMD. Bi polaire comme on dit maintenant, et il n’a sans doute eu besoin de puiser son matériel que dans son vécu Il suffit finalement de poursuivre la ligne droite, disons plutôt courbe de ses troubles pour susciter l’émoi.....Car la toute puissance du désir, le coté ludique et injurieux de mister Hyde, fait bien penser dans sa clinique, à un patient atteint de ce trouble, dans sa phase tonique. 


      Les troubles mentaux ou leur approche donne sans doute une capacité émotionnelle inédite par rapport à la normalité. Un bon trauma fera de vous un artiste, à moins qu’elle ne vous fasse passer la corde au coup. Mais les deux ne sont pas incompatibles. Van Gogh, pour citer le premier qui me vient en tête. 

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 octobre 2017 22:25

      @Laconique

      J’avoue qu’il s’agit là d’une évolution personnelle très riche d’enseignement. Bien décrite dans le livre que le je lis actuellementnt : A la découverte de l’Alchime de Bernard Roger. Jardinnet sacré :
      Une énergie impérissabke résidesans les sels :
      Il est démontré par l’art,
      que les arcanes du sel ont quelque chose de divin.
      La fin de toute chose paraît être la cendre,
      Mais il est dit que la fin de la cendre est le verre,
      L’art fait cela : pourquoi pas le Créateur de la Nature et de l’Art ?
      Une terre vile l’a donné : que donneront les astres ?"



    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 octobre 2017 22:29

      @Mélusine ou la Robe de Saphir. corrigé :@Laconique

      J’avoue qu’il s’agit là d’une évolution personnelle très riche d’enseignement. Bien décrite dans le livre que le je lis actuellement : A la découverte de l’Alchime de Bernard Roger. Jardinet sacré :
      Une énergie impérissable réside dans les sels :
      Il est démontré par l’Art,
      que les arcanes du sel ont quelque chose de divin.
      La fin de toute chose paraît être la cendre,
      Mais il est dit que la fin de la cendre est le verre,
      L’art fait cela : pourquoi pas le Créateur de la Nature et de l’Art ?
      Une terre vile l’a donné : que donneront les astres ?"


  • attis attis 25 octobre 2017 15:11

    Je me souviens bien de Stavroguine dans Les démons, mais je ne me souviens pas du tout d’une éventuelle scène de viol d’une gamine dans Crime et châtiment (faut dire que ça remonte). Un petit rappel svp ?

    Et il faut se méfier comme de la peste de Gide sur tous ces sujets. Gide était un homosexuel qui aimait les très jeunes garçons, voyez-vous... Je n’ai plus en tête la référence, mais j’ai en mémoire un article (ou essai) de Gide où ce dernier fait très clairement l’apologie de Gilles de Rais, l’idole des pédophiles. 
     
    1° Dostoïevski a reconnu être l’auteur d’un tel acte devant plusieurs interlocuteurs différents
    Il ressort de votre article que Dostoïevski ne l’aurait reconnu que devant Tourgueniev, et ce d’après Gide. Ce récit d’une éventuelle entrevue entre Tourgueniev et Dostoïevski me semble plus que douteux, et devrait être recoupé par d’autres sources, si elles existent.

    • Gollum Gollum 25 octobre 2017 16:48

      @attis



       mais je ne me souviens pas du tout d’une éventuelle scène de viol d’une gamine dans Crime et châtiment 

      Idem. Franchement je m’en souviendrai s’il y avait eu cela. Donc il y a comme un bug là.


    • Laconique Laconique 25 octobre 2017 20:33

      @Gollum

      Eh Gollum, ça fait plaisir de vous revoir. Y a Pacôme Thiellement qui a sorti un livre sur le gnosticisme, ça pourrait vous intéresser.


    • alkoussekousse alkoussekousse 25 octobre 2017 21:02

      @Gollum

      C’est dans Les possédés.

    • Gollum Gollum 26 octobre 2017 16:36

      @Laconique

      Bah je ne fais que passer… smiley Merci quand même. smiley

      Pour Thiellement merci du tuyau. 

    • Gollum Gollum 26 octobre 2017 16:36

      @alkoussekousse

      Ah ok. Merci.

  • bob de lyon 25 octobre 2017 20:08

    Dans une préface des frères Karamazov, il est relaté les faits et ce qu’en pensait Stefan Zweig (1926).

    Dostoïesvski était un personnage complexe et névrosé : joueur compulsif, atteint d’épilepsie, habité de tendances sado-masochistes. Il ne s’aimait pas, se considérait comme un criminel et luttait contre ses pulsions suicidaires et ses sentiments de culpabilité.

    Il avait aussi du talent.


  • Laconique Laconique 25 octobre 2017 20:37

    En fait, cette histoire n’est pas évoquée une fois, dans Crime et châtiment, mais deux. Tout d’abord dans un dialogue entre Loujine et Dounia, quatrième partie, chapitre 2 :

    « (…) une fille d’une quinzaine d’années, même de quatorze ans. (…) Un jour, on l’a trouvée au grenier pendue. (…) Dans la suite est arrivée malgré tout une dénonciation : la jeune fille avait été… cruellement offensée par Svidrigaïlov. » (Classiques Garnier, 1961, p. 413).

    Puis dans les rêves du coupable, juste avant son suicide, sixième partie, chapitre 6 :

    « Elle n’avait que quatorze ans, mais c’était déjà un cœur brisé, et elle s’était donné la mort, blessée par une offense qui avait épouvanté et stupéfait cette jeune, cette enfantine conscience, qui avait inondé d’une honte imméritée cette âme d’une angélique pureté, qui lui avait arraché un dernier cri de désespoir, non entendu, mais insolemment bafoué dans une nuit obscure, dans les ténèbres, dans le froid, dans le dégel humide, alors que hurlait le vent… » (p. 704).


  • velosolex velosolex 25 octobre 2017 20:39

    Fait en effets atroces. Ceci dit il faut restituer l’époque. Les enfants du peuple sont considérés à alors comme des queues de cerise. Il faut lire les souvenirs de Sakhaline d’Anton Tchekov, où le grand écrivain, doublé d’un médecin humaniste parle du régime concentrationnaire de cette ile, une prison à ciel ouvert de ce qui deviendra le goulag stalinien. Tchekhov parle à un moment du sort des enfants, et des exactions que les autorités exercent de préférence sur les enfants des prévenus. Je me souviens d’une page où il relatait ainsi la mort d’une petite fille, accrochée au plafond, battue à coups de knout, ( le fouet traditionnel), avec les parents assistants à la scène. Quelque chose d’assez classique alors....

    La Russie avait pris un retard certain à la France. De choses pareilles n’auraient pas été envisageables au dix neuvième siècle. Elle l’était 150 ans plus tôt quand Louis 15 faisait grande consommation de petite filles. Le père de l’une de ces fillettes violées, un certain Damien, en pris ombrage, et porta un léger coup de canif au roi. Son supplice fut exemplaire dans le durée et la cruauté ; sa famille fut chassée de la ville, sans pouvoir emporter le moindre effet. L’histoire ne dit pas ce que devint la petite fille. 
    De Dostoïesvski je garderai le mieux, la lecture éblouie de « crimes et châtiments » quand j’avais 16 ans. Il me semble que toute sa vie est dans ce titre. Emprisonné à la suite d’une conspiration contre le star, il faut condamné à la peine capitale, et fusillé.....Du moins pour de rire, avec des balles à blanc, sauf qu’il ne le savait pas. 
    Il me semble qu’on ne doit plus jamais être tout à fait vivant de la même manière que les autres....Libéré après un long séjour au bagne, qui lui inspireront « souvenirs de la maison des morts », il deviendra partisan du tsar, reconnaissant peut être d’être toujours en vie. Parfois la psychologie des hommes ressemble à celle des chiens. Ou à celle des porcs.
    Pauvres cochons sur lesquels on greffe notre part d’ombre.
     Mieux vaut le soleil des sangliers libres. 

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 octobre 2017 22:36

    Concernant la cruauté de certains personnages légendaires, je ne peux m’empêcher aussi de penser aux dégâts causés sur le cerveau par le forceps au moment de l’accouchement. https://www.google.be/search?q=forceps&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwi39dTNz4zXAhWPyRoKHZPJB8UQ_AUICigB&biw=1280&bih=675#imgrc=xvbnMn-ovEnjJM : Dostoïesvki était épileptique.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 25 octobre 2017 22:53

    j’ai habité dans un immeuble début de siècle de 1977 à 1986 entre une pianiste bulgare et un artiste peintre qui faisait de l’anti Trémois (dessinateur dont il était l’ami). Le personnage était incroyable. Son appartement : le musée Sptizner et il était aussi doué qu’ Albrecht Dürer. Il est sûrement décédé à ce jour donc, je me permets de le citer.https://www.google.be/search?q=Ren%C3%A9+knappen&tbm=isch&source=iu&pf=m&ictx=1&fir=Rm49T-4ktK8gqM%253A%252CPXwjWyyudV9G1M%252C_&usg=__MOxZOt08EcoFYnUByBmeo-WM7Sk%3D&sa=X&ved=0ahUKEwi4h9C30YzXAhXHtBoKHd9mDyYQ9QEIQDAE#imgrc=Rm49T-4ktK8gqM. si je mets un exemple de ses dessins sur le commentaire, je risque de ne pas passer (visible sur Google). Il pendait d’ailleurs tous ses desssins dans la cage d’escalier et devant ma porte, il avait mit un homme qui se ma...t en regardant par une serrure. Il vivait comme le plus simple des bourgeois (un peu comme Magritte). Fermant le serrure d’entrée pile à 11 heures du soir. quelqu’un a écrit sur une autre Blog plus haut. On ne chosit pas ses voisins, c’est dieu qui nous les envoie. smiley. Et je ne vous raconte pas le reste parce que cela relève d’un vrai canular surréaliste.


  • mursili mursili 26 octobre 2017 11:50

    @Laconique

     Pour ma part, je continuerai à lire Dostoïevski. On peut néanmoins mesurer, à la faveur de cette mystérieuse affaire, à quel point les artistes jouissent d’un privilège d’extra-moralité. Le caractère, la conduite privée ou publique d’un créateur, d’un romancier en l’occurrence, n’affectent en aucune façon la réception qui est faite de son œuvre. Ce qui démontre une fois de plus, si besoin en était, que l’art n’a décidément rien à faire avec la morale.

    J’ai envie de rapprocher cet extrait de votre article de cette citation de Marcel Proust, critiquant Sainte-Beuve :

    « L’œuvre de Sainte-Beuve n’est pas une œuvre profonde [...] cette méthode méconnaît ce qu’une fréquentation un peu profonde avec nous-mêmes nous apprend : qu’un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. [...] En aucun temps, Sainte-Beuve ne semble avoir compris ce qu’il y a de particulier dans l’inspiration et le travail littéraire, et ce qui le différencie entièrement des occupations des autres hommes et des autres occupations de l’écrivain. »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Contre_Sainte-Beuve

    En d’autres termes, l’épisode que vous relatez apporte un éclairage sur l’homme Dostoïevski, pas sur ses romans. Habent sua fata libelli... 


    • Grosse Burne 11 novembre 2017 00:20

      Si je peux me permettre, je ne suis pas un fin lettré, j’ai lu à peine Dostoïevski, mais concernant la possible implication de Dostoïevski dans une affaire de viol de fillette, je voudrais faire une remarque.

      Dans sa nouvelle « La douce » (Krotkaya) l’héroïne est une fille qui a 16 ans se marrie avec un homme de 50 ans, le personnage principale, autre temps autre mœurs (personnellement ça ne me choque pas), et à la fin la fille de 16 ans se suicide.
      Dans le Wikipédia anglophone, il est noté que Dostoïevski a assisté au viol d’une fillette par un ivrogne et que ça l’a traumatisé à vie :
      Some of his childhood experiences found their way into his writings. When a nine-year-old girl had been raped by a drunk, he was asked to fetch his father to attend to her. The incident haunted him, and the theme of the desire of a mature man for a young girl appears in The DevilsThe Brothers Karamazov, and other writings.[17] An incident involving a family servant, or serf, in the estate in Darovoye, is described in « The Peasant Marey » : when the young Dostoyevsky imagines hearing a wolf in the forest, Marey, who is working nearby, comforts him.[18]
      Il n’y a rien dans le Wikipédia français.
      Donc à mon avis vous faites erreur à prendre des rumeurs comme point de départ de votre réflexion. Il faudrait creuser un peu plus avant de salir cet écrivain 






  • Grosse Burne 11 novembre 2017 00:22

    Si je peux me permettre, je ne suis pas un fin lettré, j’ai lu à peine Dostoïevski, mais concernant la possible implication de Dostoïevski dans une affaire de viol de fillette, je voudrais faire une remarque.

    Dans sa nouvelle « La douce » (Krotkaya) l’héroïne est une fille qui a 16 ans se marrie avec un homme de 50 ans, le personnage principale, autre temps autre mœurs (personnellement ça ne me choque pas), et à la fin la fille de 16 ans se suicide.
    Dans le Wikipédia anglophone, il est noté que Dostoïevski a assisté au viol d’une fillette par un ivrogne et que ça l’a traumatisé à vie :
    Some of his childhood experiences found their way into his writings. When a nine-year-old girl had been raped by a drunk, he was asked to fetch his father to attend to her. The incident haunted him, and the theme of the desire of a mature man for a young girl appears in The DevilsThe Brothers Karamazov, and other writings.[17] An incident involving a family servant, or serf, in the estate in Darovoye, is described in « The Peasant Marey » : when the young Dostoyevsky imagines hearing a wolf in the forest, Marey, who is working nearby, comforts him.[18]
    Il n’y a rien dans le Wikipédia français.
    Donc à mon avis vous faites erreur à prendre des rumeurs comme point de départ de votre réflexion. Il faudrait creuser un peu plus avant de salir cet écrivain.
    Gide et consorts avaient peut-être des raisons inavouables de médire à son sujet 

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