samedi 27 janvier 2018 - par Abdelkarim Chankou

Un monde déboussolé en mode marche arrière

Les partis xénophobes et liberticides avancent inexorablement sur le terrain où reculent les partis démocrates et humanistes, et dans le meilleur des cas où l’ordre établi parvient à vendre une impression de démocratie maitrisée, la réalité cachée est celle malheureusement d’une mosaïque de petits partis prosaïques que rien n’unit sauf la passion du pouvoir. En somme un parti unique déguisé en démocratie plurielle.

Le monde va droit dans le mur. Un grand mur.

Au moment où la planète tremble de voir les Cassandre de l'Université de Chicago ajuster pour la énième fois depuis 1947 les aiguilles de leur horloge de l’apocalypse pour les placer à deux minutes de minuit à cause notamment de l’imprévisibilité du président américain Donald Trump qui semble prendre un malin plaisir à jouer au chat et à la souris avec Kim Jong-un encore plus imprévisible que lui, un autre monde recule de 70 années. Incroyable ! Pas tout à fait. En fait cette remontée dans le temps passe inaperçue à cause justement de ce monde où rien ne surprend, rien n’étonne. Un monde pris en otage par la déperdition exponentielle des valeurs humaines universelles, nées de l’après chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, et le tsunami informationnel à jet continu où le faux le dispute au vrai dans un désordre indescriptible total, combinés à l’idée fataliste que le lendemain ne sera que pire, terrible « vérité » qui s’est emparée des esprits. Pourtant il suffit d’ouvrir un peu plus les yeux en choisissant le bon angle de vue pour constater qu’on est déjà en 1947 sinon bien avant. Le mur de Berlin politique et idéologique est tombé en Allemagne le 9 novembre 1989 pour que d’autres voient le jour. Un en Israël construit en 2002 et bientôt un deuxième beaucoup plus grand , 1600 km, séparera le Mexique des Etats-Unis. Coût de ce projet aussi séparatiste que raciste cher à Trump & Co. : 25 milliards de dollars. Soit 6 fois le budget annuel de l’Organisation mondiale de la santé ! Dans un contexte ou l’homme continue à succomber à la grippe saisonnière et la rougeole… Dans le même ordre d’idée et le même sillage le mur de Berlin du protectionnisme commercial est tombé avec l’entrée en application début 1989 du traité de libre-échange abolissant les frontières douanières entre deux géants du commerce mondial que sont le Canada et les États-Unis entrait, et scellant la libéralisation des de leurs échanges commerciaux.

MONDIALISATION HEUREUSE

Mais ce traité qui sera couronné en avril 1994 à Marrakech par la création de l’Organisation mondiale du commerce n’attendra pas beaucoup, lui non plus, pour être battu en brèche par ces craintes et incertitudes de ce monde en détresse. On assiste alors au retour de la grande muraille du protectionnisme commercial pur et dur. Un retour en arrière qui s’est accéléré à partir de 2007 avec la crise des subprimes et que les vociférations actuelles de Donald Trump qui ne jure plus que par « I will put America first » vont renvoyer à l’époque d’avant la naissance en 1947 des accords du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), instituant un début du libre-échangisme économique (*). De même qu’on assiste à la résurgence de hauts et solides remparts frontaliers entre pays pauvres et pays riches mais aussi entre pays riches eux-mêmes dont le Brexit n’est qu’un début. Elle est bien loin cette mondialisation heureuse chantée par un certain Alain Minc . La Mare Nostrum devenue un cimentière d’immigrés clandestins mériterait bien le surnom de le Mort Nostrum. Et last but not least, des alliances contre natures entre des régimes médiévaux et des démocraties modernes mais surtout une méga chape de plomb qui est tombe droit sur la tête de la déesse Libertas. Tantôt cette enveloppe prend la forme d’un voile tantôt, tantôt un tchador, tantôt une camisole en soie ou en velours. C’est selon. Les partis xénophobes et liberticides avancent inexorablement sur le terrain où reculent les partis démocrates et humanistes, et dans le meilleur des cas où l’ordre établi parvient à vendre une impression de démocratie maitrisée, la réalité cachée est celle malheureusement d’une mosaïque de petits partis prosaïques que rien n’unit sauf la passion du pouvoir. En somme un parti unique déguisé en démocratie plurielle. Le monde va droit dans le mur. Un grand mur. Pauvre de lui ! 


(*)Libre-échange et protectionnisme, Serge d’Agostino, Bréal, 2003.

http://chankou.over-blog.com/2018/01/un-monde-deboussole-en-mode-marche-arriere.html



4 réactions


  • mmbbb 27 janvier 2018 10:37

    rappel la Suede n ayant pas de passe colonial et s ’étant ouvert à une certaine immigration a désormais de sérieux problème Que passe t il en Europe la résurgence du nationaliste et des partis extrème Poutine parlant sans ambages l a dit le multiculturalisme est un echec en Europe La Pologne a retenu la lecon Si certains etats construisent des murs , ce n est par simple protection D ailleurs l auteur devrait plutot decrire la condition humaine des travailleurs immigres dans les riches pays arabes avant de jeter son opprobre sur les pays occidentaux


  • Cateaufoncel 27 janvier 2018 11:48

    « Coût de ce projet aussi séparatiste que raciste.... »

    Auriez-vous l’obligeance de nous expliquer en quoi il est raciste, dans un Etat où prévaut encore une mentalité et une vision de la société anglo-saxonnes, de vouloir se protéger d’une immigration clandestine, de tempérament et de culture hispaniques, qui modifierait en profondeur le caractère de la nation* par l’introduction d’habitudes et de mœurs propres à des populations qui ne se distinguent pas par leur esprit d’initiative et par le niveau élevé de leurs performances économiques ?

    * C’est déjà le cas dans de nombreux comtés de Californie, d’Arizona, du Nouveau Mexique - ça a l’air d’un gag - du Texas et de Floride, où les Latinos peuvent vivre normalement sans savoir un mot de langue anglaise.


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