Un pays sous Occupation
Fille et petite-fille de Résistants, petite-nièce du fondateur d'un des premiers réseaux de Résistants, une dizaine de proches morts en camp de concentration (Bukenwald), certains fusillés à la Libération ou tombé sous les bombes au mois d'août sur des lieux stratégiques (Gaz de Paris), je vis au cœur d'un quartier dit populaire dans lequel un petit nombre oeuvre et ont oeuvré pour le respect de l'autre, de sa différence, pour la diversité des religions et de leur expression dans une ville où se côtoient cathédrale, mosquée, temple bouddhiste, protestant, synagogue.
Il ne nous est pas possible d'imaginer l'espionnage généralisé autrement que comme une véritable OCCUPATION d'un pays libre, une Occupation bien plus pernicieuse que celle qui permit aux mouvements de la Résistance finalement de libérer notre pays.
Un pays libre, capable d'évaluer les dangers, de les combattre librement par ses positions, ses proximités et ses actions, par son éducation, par sa culture, parfois au sacrifice de leur vie et non pas sous le joug d'un petit nombre de personnes dont la profession leur donnerait des prérogatives exorbitantes pour servir sans discernement les intérêts d'une classe politique bien souvent décadente.
C'est une facilité. Une facilité qui va coûter très cher à notre Nation.
Dans notre quartier, nous vivons la délation encouragée, la destruction d'oeuvres artistiques repères dans une ville encore jeune, l'humiliation dans des réunions dites de concertation alors que les dés sont pipés pour des intérêts souvent bien éloignés de ce que souhaite la population, la mise sous la coupe des associations les plus vivantes.
Nous vivons les vidéosurveillances jusque dans nos maisons, souvent même celle des militants.
Certains élus prétendent nous donner l'heure et le tempo, alors qu'ils les lisent sur nos montres.
Occupation, dépossession de nos libertés, de nos succès, de nos échecs.
Soumission, démission, nous devenons des animaux domestiques, faits pour le labeur et la renommée de ceux qui ont pris possession de nos vies et prétendent en faire la renommée d'un « grand pays ». Nos maîtres savent ce qui est bon pour nous. Ils sauront nous mener au concours qui les fera gagner les médailles qu'ils afficheront dans leurs petites boutiques commerciales.
Impossible de célébrer ce 8 mai 2015 au nom des familles de Résistants quelques jours après le vote de cette loi scélérate nous replaçant sous une Occupation sans retour.
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savent-ils de quoi ils parlent, comment les survivants recherchés par la Gestapo ont vécu de cauchemars en cauchemars, comment ces « gueules cassées 39 - 45 » ont pu transmettre leurs angoisses, mais également leurs exigences et la force de leurs témoignages -
On prétend qu'il n'y avait qu'un petit nombre de vrais Résistants (ça arrange dans certains cas), tout comme est petit le nombre de députés à s'être opposés à la loi sur le renseignement.