mardi 17 août 2010 - par Paul Villach

Une émission de France Culture falsifie les raisons du « canular Émile Ajar » monté par Romain Gary

France Culture a rediffusé, samedi matin 14 août,  l’émission « Concordance des temps » du 20 mars 2010 animée par Jean-Noël Jeanneney, sur « Le canular littéraire », avec pour invité un certain Laurent Theis (4). Celui de Romain Gary, l’un des plus réussis, ne pouvait pas ne pas être abordé. Auteur reconnu  qui avait obtenu en 1958 le prix Goncourt pour « Les racines du ciel  », il a signé sous le pseudonyme d’Émile Ajar un livre  intitulé « La vie devant soi  » qui lui a valu d’obtenir en 1975 un second prix Goncourt, en violation des règles de ce jury littéraire qui ne l’a pas reconnu. Mais à qui la faute ?

Une version partiale par mise hors-contexte et leurre de diversion
 
On a vainement attendu la réponse à cette question en cours d’émission. Au contraire, MM. Jeanneney et Theis ont paru veiller à ne surtout pas évoquer le problème. On reste stupéfait par les leurres de diversion qu’ils ont avancés, et la mise hors-contexte qu’ils ont opérée.
 
- Selon M. Jeanneney, Romain Gary aurait été « accablé par sa propre gloire et (aurait eu) envie de faire la démonstration que ce n’est plus elle qui (justifiait) son succès  » ; ou encore il aurait été « un homme très célèbrequi (aurait recherché) étrangementl’obscurité… »
 
- Laurent Theis, lui, entrevoit une des raisons qui ont conduit Romain Gary à user d’un leurre en se cachant derrière un pseudonyme : il souffrait qu’on lui « (reprochât) d’écrire au fond toujours le même livre et de suivre avec succès la même veine. » Mais il ne précise pas davantage. Il prête alors à Gary la volonté de « disparaître des librairies, des critiques, des gazettes, et (de) réapparaître sous une autre forme où personne ne le reconnaîtrait ». Et il aurait, selon lui, « réussi à trouver un ton totalement différent, une écriture totalement différenciée » au point que « la supercherie n’a véritablement été découverte qu’après (sa) mort par suicide  ».
 
Les motifs du leurre de Romain Gary 
 
Voilà qui s’appelle reconstruire l’Histoire. Les deux historiens paraissent soucieux d’offrir une version partiale et édulcorée qui ménage les véritables cibles et victimes de cette opération où la mystification est l’instrument d’une démystification. Et pourtant, Romain Gary a laissé après son suicide un opuscule de 43 pages qui explique tout, « Vie et mort d’Émile Ajar  » (1). Il suffit de le lire ! On ne peut croire que ces historiens n’aient pas pris soin de le faire.
 
1- Romain Gary énonce ainsi clairement les mobiles de son entreprise. Sans doute, comme le dit Laurent Theis, lui reprochait-on« d’écrire au fond toujours le même livre et de suivre avec succès la même veine. » Mais ce grief infondé provenait d’une lecture en diagonale des critiques qui l’avait définivement catalogué : « Gary est un écrivain en fin de parcours  », se murmurait-il dans le milieu (page 17). Romain Gary en a eu assez de « la gueule qu’on lui (avait) faite (…), qui (n’avait) aucun rapport ni avec son œuvre ni avec lui-même  » et dont il était « prisonnier » (p.16). « J’étais un auteur classé, écrit-il, catalogué, acquis, ce qui dispensait les professionnels de se pencher vraiment sur mon œuvre et de la connaître. Vous pensez bien, pour cela, il faudrait relire ! Et encore quoi ?  » (page 17).
 
2- Voici montrée du doigt la responsable, « la critique parisienne  » ! « D’autres que moi, fulmine-t-il, ont parlé de la « terreur dans les lettres », des coteries et des cliques à claques, copinages, renvois d’ascenseur, dettes remboursées ou comptes réglés…  » (page 25).
 
3- Lucien Theis prétend, pour sauver la mise de cette critique partiale, que Gary avait « réussi à trouver un ton totalement différent, une écriture totalement différenciée. » Mais Romain Gary soutient exactement le contraire : « Pendant toute la durée de l’aventure Ajar, déplore-t-il, (…) aucun critique (n’a) reconnu ma voix. (…) Pas un dans « La Vie devant soi ». C’était pourtant exactement la même sensibilité que dans « Éducation européenne », « Le Grand Vestiaire », « La promesse de l’Aube », et souvent les mêmes phrases, les mêmes tournures, les mêmes humains. Il eût suffi de lire. » (page 18). Quelques personnes qui, elles, avaient pris soin de le faire l’ont reconnu sans peine sous le masque d’Émile Ajar : il s’agit de deux jeunes femmes, une journaliste et une professeur de Français et d’un professeur de Français à la retraite (pages 36, 37, 38).
 
Une méthode d’accès à l’information extorquée
 
Dans ces conditions, l’attribution burlesque du prix Goncourt pour la seconde fois au même auteur signe l’incompétence et la nocivité du milieu professionnel des lettres parisien. Imbécile prisonnier de ses préjugés et de ses modes, il s’est laissé prendre au leurre que Romain Gary lui a tendu. Le seul nom d’un auteur inconnu, Émile Ajar, sur un livre écrit par Romain Gary, a suffi à métamorphoser un livre qui aurait été catalogué comme nul, en chef d’œuvre digne du prix Goncourt.
 
On reconnaît dans cette dissimulation d’identité une des méthodes d’accès à l’information extorquée qui est plus fiable que l’information donnée parce qu’elle échappe à l’autocensure de l’émetteur et qu’elle est obtenue à l’insu et/ou contre son gré. Comme les journalistes Günter Wallraff ou Florence Aubenas qui se sont déguisés, l’un en Turc et l’autre en chômeuse (2), Romain Gary a déguisé l’auteur de son roman en lui attribuant un autre nom que le sien. Non prévenus contre cet inconnu comme ils l’étaient contre lui, les critiques ont encensé le livre et lui ont même attribué la récompense suprême française, le prix Goncourt ! CQFD ! Preuve était faite que ces critiques étaient partiaux, malveillants et incompétents puisqu’ils avaient été incapables de reconnaître Romain Gary sous le masque d’Émile Ajar.
On ne peut s’empêcher de rapprocher le canular de Romain Gary d’un autre réalisé plus récemment en 2000, non évoqué par l’émission de France-Culture. L’expérience, semblable mais en sens contraire, a confirmé cette partialité et cette incompétence du monde parisien des lettres. Le magazine Voici s’est amusé à soumettre à dix éditeurs dont Plon qui l’avait publié, un livre de Mme Claire Chazal, « L’institutrice » (3). Le manuscrit présenté était signé d’un auteur inconnu, avait pour titre « La maîtresse d’école  » et les premières pages du livre avaient été omises. Tous les éditeurs l’ont refusé, y compris Plon qui n’a pas reconnu le livre qu’il avait édité ! La conclusion est claire : un auteur inconnu a peu de chances d’être publié par ce microcosme parisien et ce n’est pas la qualité du livre de Mme Chazal qui lui a valu de l’être mais la notoriété de son auteur, gagnée à présenter en fin de semaine « le 20 heures » sur TF1 depuis des années, et promesse de ventes nombreuses auprès de ses fans.
 
Prendre des historiens en flagrant délit de mise hors-contexte et de leurre de diversion ne manque pas de sel. Pourquoi ont-ils choisi de dissimuler à leurs auditeurs la salubre entreprise de Romain Gary et ses mobiles ? Ce n’est sûrement pas faute d’informations disponibles : l’intéressé a pris soin de tout expliquer avant de se suicider le 2 décembre 2002. Comme il le dit lui-même, « Il faudrait lire  » ! Mais ces deux historiens peuvent-ils méconnaître son opuscule posthume de 43 pages seulement ? C’est impossible. On est donc conduit à se demander s’ils n’ont pas agi justement par crainte du milieu des lettres parisien, qui, selon Romain Gary, fait règner « la terreur  » avec « (ses) coteries et (ses) cliques à claques, copinages, renvois d’ascenseur, dettes remboursées ou comptes réglés…  ». À l’écoute de cette émission, on devine que Romain Gary aurait lancé, comme il a conclu son opuscule à l’adresse de ses victimes à jamais discréditées : « Je me suis bien amusé. Au revoir et merci ». Paul Villach 
 
(1) Romain Gary, « Vie et mort d’Émile Ajar  », Éditions Gallimard, 1981.
(2) Paul Villach, « « Le quai de Ouistreham » de Florence Aubenas : le courage de "l’information extorquée"  », AgoraVox, 24 février 2010.
(3) Voici, 15-21 mai 2000.
(4) Jean-Joël Jeanneney, Émission « Concordance des temps  », samedi 14 août 2010,
(rediffusion du 20 mars 2010) – Invité Laurent Theis : « Le canular littéraire  ». Extraits.
 
« Jean-Noël Jeanneney .- Le cas tout à fait exceptionnel de Romain Gary et d’Émile Ajar, au moment où un auteur paraît accablé par sa propre gloire et ayant envie de faire la démonstration que ce n’est plus elle qui justifie son succès
 
Laurent Theis . – Oui, c’est l’histoire, en effet, mais beaucoup plus que littéraire puisque d’une certaine manière il en est mort, de Romain Gary qui a écrit sous trois identités : la sienne propre d’abord, Roman Kacew, des romans publiés avant la guerre sont signés Roman Kacew, il y en a trois ou quatre.
 
JN J .- Il raconte dans ces souvenirs qu’il rencontre le nom de Charles de Gaulle. Il se dit « Zut ! C’est exactement celui que je cherchais ! Trop tard ! »
 
L. T .- Ensuite Romain Gary qui était son nom de guerre, avec lequel il rencontre d’immenses succès, en particulier « Les racines du ciel  » qui obtiennent le prix Goncourt en 1958.
 
JN J .- Il était compagnon de la Libération.
 
L T .- Compagnon de la Libération, c’est un héros de la France Libre. Mais il avait obtenu tant de succès entre les années 1945 et les années 1970 qu’on lui reprochait d’écrire au fond toujours le même livre et de suivre avec succès la même veine. D’une certaine manière il a voulu disparaître des librairies, des critiques, des gazettes et réapparaître sous une autre forme où personne ne le reconnaîtrait. Et c’est ainsi qu’on a vu apparaître un certain Émile Ajar avec des livres dont le plus important est « La vie devant soi  » qui obtient le prix Goncourt en 1975, ce qui fait que le même auteur pour deux textes et deux identités différentes a obtenu deux fois le prix Goncourt, ce qui est interdit par les statuts de ce jury.
 
Ce qui est très intéressant c’est que la supercherie n’ a véritablement été découverte qu’après la mort par suicide de Romain Gary, qu’il s’est trouvé une personne pour incarner physiquement et recevoir physiquement le prix Goncourt, c’est Paul Pawlovitch, le petit neveu de Romain Gary qui a usurpé à la demande de son grand oncle l’identité d’Émile Ajar.
 
On a là un phénomène d’une complexité rare qui je crois n’a jamais été ni précédemment ni postérieurement imité ou égalé : le dédoublement non seulement littéraire mais physique, social, intellectuel d’un seul auteur qui lui-même a réussi a trouver un ton totalement différent, une écriture totalement différenciée, de sorte que d’une certaine manière Émile Ajar a réellement existé car ce n’était pas le Romain Gary des « Racines du ciel  ».
 
JN J .- La réaction d’ailleurs du cousin, du petit-neveu a été intéressante. Il a d’abord acquis quelque chose comme une gloire usurpée. Il en a peut-être tiré de la satisfaction. C’est l’époque où il disait : « Si Romain m’avait demandé d’aller poser un poisson d’avril dans le dos de de Gaulle, je l’aurais fait. »
 
J T .- Oui, mais…
 
JN J .- Et puis après, il en a souffert, lorsque Romain Gary notamment a publié un livre qui s’appelait « Pseudo ».
 
J T .- Et lorsque Romain Gary et son éditeur qui était au courant, ont tenté de dissuader Émile Ajar/Pavlowitch d’aller recevoir le prix Goncourt, eh bien ! Paul Pavlowitch a décidé qu’il irait quand même car il était bel et bien Émile Ajar quoi qu’en pense Romain Gary.
 
JN J .- Dans le cas de Gary, c’est un homme très célèbre qui recherche étrangement l’obscurité… »


14 réactions


  • Yaltanne 17 août 2010 10:12

    Merci de mise au point :)


  • antonio 17 août 2010 10:20

    Merci pour cet article qui apporte des précisions intéressantes et indispensables sur Romain Gary/Emile Ajar, un des écrivains que j’admire.
    L’anecdote sur C Chazal et son « livre » ne m’étonne absolument pas ; quand on pense qu’en plus, il a été adapté en téléfilm !
    « Milieu des Lettres parisien » : une bande d’écri----vains ! ! !


    • L'enfoiré L’enfoiré 17 août 2010 13:17

      Demian,
       Bien fait de revenir. En plus, c’est bien plus clair, plus facile et plus enrichissant à lire qu’avant. smiley
       Si pour la forme, Villach est irréprochable, mais toujours avec le même squelette, pour le fond et l’analyse, cela manque de profondeur.
       Aucune recherches du pourquoi des choses.
       Comme vous disiez hier, « Au fond, vous ne déduisez pas, vous présupposez »


  • Jordi Grau J. GRAU 17 août 2010 12:11

    Merci pour cet article très intéressant.

    Juste une petite réserve : je ne suis pas du tout sûr que Jeannenay et son invité aient déformé sciemment la vérité. Vous dites qu’il n’est pas possible qu’ils n’aient pas lu le fameux opuscule de 43 pages de Romain Gary. Je ne vois pas, pour ma part, en quoi cela est impossible. La négligence est la chose du monde la mieux partagée. Certains (dont l’inénarrable BHL, pour ne pas le nommer) sont d’ailleurs négligents à leurs dépens, ce qui montre que leurs inexactitudes ne sont pas toutes volontaires.


  • Ann O’Nymous 17 août 2010 15:56

    « Il reste et par ailleurs, que les historiens ont tout droit de spéculer sur les raisons du canular, c’est ce qu’on nomme la recherche. Car même si l’auteur s’est expliqué dans un ouvrage, on est en droit de supposer qu’il est d’autres raisons cachées que tout historien est en droit de déterminer même vaguement ou sur le mode de l’hypothèse. »

    Sans doute, mais il aurait été de leur devoir d’historien au moins de mentionner l’explication fournie par l’auteur lui-même, ce qui n’a semble-t-il pas été le cas.

    • Tall 17 août 2010 17:19

      Villach a surtout commis l’erreur de tenter de jouer à « l’expert » dans un domaine où il ne l’est pas ( l’art )

      et donc quand il tombe sur un pro du dit domaine, c’est la foire aux baffes...
      ce qui est normal, et je dirais même salutaire

      et il en va ainsi de tous les domaines, tels la cybernétique, ou même la violence, tiens ...

      dubeauf s’abstenir

  • Vipère Vipère 17 août 2010 19:37

    Bonjour Paul

    Romain GARRY confessait volontiers : « j’éprouve parfois le besoin impérieux de changer d’identité, l’espace d’un livre ».

    L’ immense Gérard DEPARDIEU est lui aussi atteint de ce syndrome de dédoublement de personnalité, pour le plus grand bonheur de ses admirateurs et c’est presque à mon insu que je juxtapose les deux personnalités, tout deux d’un charisme peu ordinaire, crevant pour l’un l’écran avec une rare capacité à se métamorphoser, à paraître parfois plus vrai que le personnage qu’il interprète et auquel il redonne vie, le temps d’un film.

    L’autre,« homme à plumes multiples » tantôt Fosco De Siribaldi, Shantan BOGAT, Emile AJAR.
    Des identités usurpées pour camoufler à ses lecteurs, à ses pairs, sa nature borderline, facétieuse, mais d’ un talent diabolique. (Shatan veut dire satan en arabe)

    Le talon d’achille de Gérard DEPARDIEU et de Romain GARRY est ce singulier égo, surdimentionné, ce besoin impérieux et boulimique de consécration de leurs pairs respectifs, et de leurs admirateurs.


  • Ann O’Nymous 17 août 2010 23:43

    « Rien ne dit qu’ils ne l’ont pas fait. Villach dit simplement qu’ils ont tenté d’autres explications et qu’il s’agit donc de falsification pour lui. Ce qui est, pour le coup, une falsification de l’événement radiophonique. »

    L’utilisation du conditionnel aurait été plus judicieux. Vous prenez le risque de passer pour un menteur.

  • Z Z 18 août 2010 09:12

    Gary s’est suicidé le 2 décembre 1980 et non 2002, car il est de mauvais ton de se suicider à 88 ans.


  • Vipère Vipère 20 août 2010 18:09

    Bonjour Paul

    Que Padou vaille le détour, je n’en doute pas !

    Et la Toscane ? C’est un coin d’Italie que j’aimerai beaucoup visiter... que je ne connais pas, à l’instar de Venise, célèbre et trop visitée dont j’ai gardé un souvenir mitigé.

    La place San Marco envahie de pigeons, bordée de magasins de luxe, de trattorias où les couverts se paient en sus de l’addition. Le vaporetto pour circuler dans la ville, où se dressent de somptueux palais vénitiens. Et les récurrentes difficultés pour les habitants à maintenir leur ville en état, tant elle s’enfonce dans les eaux un peu plus chaque année. Nombreux sont les vénitiens vivant aux étages supérieurs de leurs demeures ne pouvant faire face aux dépenses de réfection de tels édifices.

    Bonne vacances !


  • Coralie 1er septembre 2010 11:32

    Ce matin voyant cette nouvelle : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20100831.OBS9248/une-prof-suspendue-pour-avoir-emmene-ses-eleves-a-auschwitz.html, j’ai tout de suite pensé à mon cher professeur. J’ai pris le temps d’une recherche sur google et je vois que n’avez pas changé depuis 20 ans : j’ai « Vie et mort d’Emile Ajar » dans ma bibliothèque depuis les années passées à Jules Verne.

    Je tacherai, cette fois, de suivre votre actualité dans les médias comme on dit.
    Salutations affectueuses,
    Coralie

    • Paul Villach Paul Villach 4 septembre 2010 10:54

      @ Chère Coralie,

      Pour que nous puissions communiquer en privé, si vous le souhaitez comme je le souhaite, demandez mon adresse courriel à la rédaction d’AGORAVOX.
      Précisez que c’est moi qui vous le suggère.
      J’aimerais savoir ce que vous devenez. Paul Villach


    • Coralie 7 septembre 2010 15:49

      @Paul Villach

      J’ai fait la demande, mais elle reste sans réponse. Le plus simple est que vous m’écriviez via le lien « contactez l’auteur » de ce blog : http://anati.canalblog.com/
      A bientôt,
      Coralie

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