lundi 3 avril 2017 - par alinea

Une petite chose...

 

...me turlupine.

Quand nous sommes passés du franc à l’euro, le salaire, la retraite, les minima sociaux ont été transposés, divisés par 6,665. Bien.

Moi qui vis au ras des pâquerettes, je vais parler au ras des pâquerettes.

J’achetais tous les ans mes plants sur le marché de Lunel, que je vous conseillerais s’il est toujours le même car, grâce à l’euro, je n’y suis plus jamais retournée. L’année franc, je payais mes plants 80 centimes pièce, treize, et plutôt quinze, à la douzaine. L’année euro suivante, ils coûtaient 80 centimes d’euro et il n’y en avait que douze ; je ne suis pas très douée en math, mais il m’a semblé que c’était 6,665 fois plus cher, pour le même revenu. J’ai fait alors comme les Russes, j’ai gardé mes graines, et si j’achetais quelques fois des graines parce que ce n’est pas évident de les conserver correctement, je n’ai plus jamais acheté de plans de ma vie depuis.

Au fil des ans, on s’est aperçu que, très vite quand même, tout suivait le chemin des plants.

Nous en sommes à 10 francs le litre d’essence, 233 francs la bouteille de gaz, qui coûtait alors autour de 75 francs. Et tout à l’avenant ; mon panier de ménagère qui n’a plus cinquante ans, qui me coûtait à peu près deux cents francs, et qui me permettait de manger deux fois par jour et d’inviter des amis, me coûte aujourd’hui à peu près quatre vingt euros, mais je ne mange qu’une fois par jour et je n’invite plus de copains, sans parler du fait que je suis devenue végétarienne entre temps. Plus de cinoche, plus de resto, plus de balade, pas de vacances va sans dire, plus de fringues , plus de bouquins, plus de disques ( sauf ceux qu’on m’offre ou me donne !).

Alors quoi ? À part moi, tout le monde a eu le salaire, la retraite, les minima sociaux qui ont suivi la côte ?

Et, pourquoi ces augmentations insensées ? Nos illustres économistes et politiques nient cette augmentation.

Alors, un euro= un franc ; OK ; pas de changement tout roule. Les économistes nous disent que pour relancer l’économie, on va pouvoir avoir recours à l’inflation ; j’ai compris, je trouve ça très bien, mais je ne vois pas bien le biais avec la production intérieure.

Donc, on pourra exporter mieux ( quoi ? nos cochons ?) mais on aura un petit blême à l’importation. Pas grave, a-t-on besoin de téléphone mobile, d’écrans géants et autres gadgets ? Pour ma part, je n’en ai pas, n’en aurai jamais, je m’en fous et vogue la galère pour les addicts. S’ils arrivaient à se désintoxiquer, je suis bien convaincue qu’ils n’y perdraient pas.

En ce qui concerne le pétrole, on arrivera, quand même à douze ou treize francs le litre ; il fut un temps où l’on disait que l’essence à cinq balles et ce serait la révolution.

Mais la production intérieure ? Ce qu’on achète pour survivre, vivoter ou vivre ?

Voilà, si quelqu’un peut m’éclairer. C’est juste par curiosité, je n’ai aucun crainte à ce sujet en ce qui concerne ma petite personne.

 

… m’interroge.

On va sur les réseaux sociaux pour s’instruire, aussi pour échanger ; mais on ne loupe pas les sondages ; les sondages, c’est comme la météo, non seulement on n’y échappe pas – toujours un gus dans la rue pour vous dire qu’il va pleuvoir demain, ou que le temps se lèvera-, même si on adore savoir par soi-même en observant la température ou le vent qui nous en disent autant, sans compter la marge d’erreur, mais on aime les surprises, et l’aventure d’une balade à cheval sous la pluie, ou un pique-nique en repli au garage, toujours des moments forts dont on se souvient longtemps.

Alors, en ce qui concerne les élections, on voit bien que tous les partisans sont contents de leurs chances, mais moi j’aime autant l’étonnement, la déception, que le « je vous l’avais bien dit ».

Donc ces sondages sont formels : la moitié des gens ne savent pas ce qu’ils veulent, ce qui n’augure rien de bon, et les autres sont à une quasi unanimité pour continuer comme ça, en durcissant un peu quand même les conditions de vie. Les travailleurs vont morfler, les fonctionnaires vont morfler, les élèves vont morfler, encore plus je veux dire. On paiera toujours un artichaut cinq balles, la répression routière fera toujours rentrer des devises et Bouygues aura encore quelques milliers d’hectares à bétonner. Sans compter le TAFTA, mais je crois que tout le monde a la tête dans le seau, et les gens ne savent même pas ce que c’est. Mais ce faisant, ils seront sûrs de rembourser La Dette.

Alors quoi ? Qu’est-ce qu’ils espèrent ces électeurs décidés à voter Fillon Macron Hamon ? Cela m’inquiète, oui, parce que quelque chose m’échappe. D’une part parce qu’on parle là d’une minorité, la majorité étant indécise ou s’abstiendra ou votera éparpillé. D’autre part parce qu’il semble bien qu’une minorité contente ou soumise mène la barque, c’est ce que l’on appelle « démocratie », et si on trouve quelque chose à redire, on nous agresse avec des : « comment, tu n’es pas démocrate ? » Et c’est ça qu’on veut exporter, à coups de canon.

 

… m’interroge donc.

Qu’est-ce qui pourra bien faire que nos concitoyens minoritaires et néanmoins majoritaires, prennent conscience de l’état de notre monde et apprennent que l’on peut y faire quelque chose ? Si nous ne pouvons pas tout réparer de ce que l’on a abîmé, redonner la vie à ceux que l’on a tués, on peut d’ores et déjà arrêter le saccage, le bétonnage, les pesticides,etc. Imaginent-ils que cela s’arrêtera par l’opération du St.Esprit ? Ou bien que non, ça ne risque rien ? Sont-ils si cons ? Égoïstes suicidaires ? Quoi ?

 

L’honnête homme

 

Et puis pour finir, puisque l’on nous a donné l’habitude sur ce site depuis quelques mois de nous regarder, nous autres paumés rêveurs, de haut avec suffisance, nous parler comme je ne parle pas à mes chiens, nous toiser de la lumière quasi divine, je vais énoncer une petite chose qui me titille.

Les petits gars de l’UPR se mobilisent au point de nous envahir d’autant plus que leurs assertions identiques sont répétées martelées comme jamais aucune propagande ne l’a jamais osé, néanmoins ça et là, quelques échappées. C’est ainsi que par le clavier d’untel, nous avons appris que le parti se finançait, n’empruntait pas pour ne pas jouer le jeu des banques et de la dette, mais que bon gestionnaire, le maître ne touchait pas au magot, qui se monte à plus d’un million d’euros quand même.

Étonnée qu’un inspecteur des finances agisse ainsi, j’y réfléchis. Bien sûr, c’est pure spéculation de ma part de penser que d’ici 2022 de l’eau aura coulé sous les ponts, la crise financière nous aura peut-être tous estourbis ou bien l’UE aura éclaté, ou peut-être les deux ; je n’envisage pas l’accident nucléaire ni une météorite, et tout sera peut-être bien comme aujourd’hui.

Mais voilà un homme qui ne peut pas dire trois phrases sans se plaindre de l’ostracisme qu’il subit de la part des médias ( il doit voir tous les jours Arthaud, Lassalle, Poutou, Cheminade déclamer devant des micros tendus en pagaille ou bien se pavaner sous les feux des projecteurs) et affirmer qu’à part lui tous sont pourris jusqu’à la moelle. Cet homme, bonhomme, pose les jalons d’un totalitarisme inconscient de lui-même, révélé par l’attitude de ses adeptes ; car quoi ? Quand on détient une vérité, que l’on tremble de ne pouvoir l’imposer, -ce qui rend cassant, étriqué, et qui fait parler comme un juge qui n’a pas encore le pouvoir de condamner mais dont le pouvoir qui veut se faire reconnaître consiste à harceler-, qu’en penser ?

Vouloir le bien des autres malgré eux, et pour ce faire, les incomprendre et les caser. Cela me fait penser à un type d’éducation, un ordre, que j’associe au protestantisme, cette droiture donnée en modèle et qui induit l’obéissance. Or rien de ce qui a fait évoluer les sociétés ne s’est réalisé par l’obéissance ; ce sont bien les audaces des pionniers qui désobéissaient au pouvoir, qui ont réussi à entraîner le peuple à s’émanciper. Aucune autre dynamique ne peut entraîner les foules, donner la force d’un combat inéluctable car on ne défie pas un pouvoir totalitaire, en lui obéissant. C’est un oxymore, un impossible, ou bien une hypocrisie, ou un infantilisme.

Il nous faut regarder aussi nos propositions politiques, selon qu’elles veulent satisfaire une élite, et ses soumis forcément puisque seule, l’élite ne peut être majoritaire, ou bien en créer une ; si Fillon est très clairement de la première catégorie, le FN et l’ UPR appartiennent à la seconde : adhérez et vous serez forts du nombre, aussi, pourrez-vous vous comporter en maîtres. Un maître au sens vulgaire du pouvoir, qui s’autorise les rejets, les brimades, les humiliations. Et c’est ce ton que l’on retrouve dans ces deux partis. Une haine contenue pour l’autre, qui peut éclater en violence.

Cette violence, virtuelle, psychique ou physique pour certains, est bien évidemment l’indice d’une frustration, d’une peur, étant si près du but, de ne pas l’atteindre. Cette manière d’être, très occidentale, qui ne connaît pas le lâcher-prise ni même l’action prise en tant que telle et qui garde son but sans s’y enfermer, par simple constat de la situation, provoque ces heurts qui me mettent mal à l’aise et me rendent pessimiste : comment voulez-vous que le peuple s’émancipe avec de pareilles méthodes ?

Ainsi, d’honnêtes gens qui posent l’honnêteté comme la vertu de leur groupement, agissent en politique d’une drôle de manière : ils font des procès d’intention, mettent en doute l’honnêteté de l’autre ( au singulier puisqu’ils n’ont qu’une cible), -pensent-ils vraiment être les seuls honnêtes , alors que, comme le dit Cicéron : « Plus on est honnête homme plus on a de peine à soupçonner les autres de ne l’être pas » ?- mentent à son propos, et, plus l’angoisse des parrainages les tenaillaient, plus ils mentaient, interprètent ce qui est dit, toujours dans le même sens calomnieux, fouillent et passent des heures à dénicher le faux pas qui n’est pas même faux, le montent en épingle, le jettent sur tous les fils, tout en se montrant incapables du moindre dialogue, répondant unanimement toujours leur mantra : ouvrons la porte avec la clé qu’on nous a octroyé le droit de posséder.

La bassesse est-elle un avatar de l’honnêteté ?

À force de fouiller la merde, ils ne voient plus la lumière.

Mais ce n’est pas initiative des militants, l’exemple est donné d’en haut !

Est-ce ainsi que l’honnête homme vit ? Qu’il fait de la politique ?

Cette honnêteté promue au rang de sainteté, j’attends de voir, jusqu’ici, elle ne m’a pas été prouvée. À moins qu’ils aient tous acquis que la seule corruption est malhonnêteté, et que si l’on n’est pas corrompu on est de fait honnête ; seulement la corruption n’est pas malhonnêteté seulement, elle est abus de pouvoir.

Est-ce cette habitude de tout passer au crible de la vérité, sans aucune nuance, et en disculpant par un silence assourdissant, les politiques français qui ont mis tout cela en œuvre. C’est la faute aux Américains, c’est la faute à l’UE, mais, nous sommes un grand pays ! Paradoxe. Une grande victime, que l’honnêteté va sauver.

 

Mais l’honnêteté c’est un tout. Où est passée sa noblesse ? Sa courtoisie ? Sa beauté morale ? Sa probité intellectuelle ?

 

Pour conclure, -et le hasard fait bien les choses-, en visant les électeurs des favoris, j’ai trouvé cet article de Hedges, dans Les Crises, très à propos :

 

http://www.les-crises.fr/quand-arrive-la-peur-par-chris-hedges/

 




Réagir