mercredi 25 avril 2018 - par

Une société parfaitement amorale

Ce qui cloche dans notre si belle société, ce qui ne va pas profondément, personne n'ose jamais le dire clairement et nettement sans l'excuser, le justifier, le légitimer, à quelques exceptions notables près. Il n'y a pas de crise du politique, pas de crise du sociétal ou de l'économique, nous traversons juste la pire crise morale de notre histoire. Parler de morale c'est pire qu’essayer de faire lire « Histoire de l’œil » de Georges Bataille à une élève de maternelle en 2018, c'est d'une obscénité rare, c'est insupportable. C'est un mot plus que grossier.

 

Il sous-entend que l'individu aurait des devoirs envers l'autre, des obligations, dont au moins celles de se tenir avec retenue, avec décence pour son semblable, son frère.

 

(NB : Si tu es un des nombreux bénéficiaires des mirifiques réformes de l'enseignement des Lettres, et donc que tu ne sais pas qui est Georges Bataille, va si cela te chante bien entendu regarder à ce lien ami lecteur ce qu'est « Histoire de l’œil »)

 

C'est normal, plus rien ne nous rassemble vraiment en dehors de la loi de la jungle, la prédominance de l'argent. Ce n'est juste qu'une toute petite constatation c'est comme ça. Et la morale commune naissait d'un sens collectif de la décence et voire auparavant de la foi catholique. Vous savez sous cet atroce Ancien Régime quand les rois mangeaient les enfants et quand les prêtres buvaient la sueur des pauvres sur leur dos...

 

Et puis il faut quand même avouer que ce qui nous rassemblait auparavant gênait considérablement la dynamique de consommation docile, la servilité des citoyens usagers consommateurs. Il est préférable pour que la mainmise économique dure de se baser sur un individu totalement coupé des autres, persuadé pour cette raison d'être beaucoup libre que ses ancêtres alors qu'il est largement plus entravé que nous par divers liens et chaînes...

 

Et il est normal que peu le dénonce réellement ou bien mollement, ou tellement intellectualisé que la démonstration n'a plus de sens, car tout le monde ou presque en profite, vit selon ses normes parfaitement amorales en toute inconscience ou non, tels des porcs se vautrant dans leur bauge non sans délices. Les porcs ignorent toujours qu'ils finissent à un moment ou un autre à l'abattoir. Et s'ils le savaient cela leur indifférerait totalement.

 

Tant que la bauge est agréable...Et pas la bauge mousse et pampre de la décadence romaine ou du «  Satiricon  » de Pétrone, non une bauge bien vulgaire, une débauche égoïste, sans retenue. Attention, ami lecteur, je ne suis pas pour autant un purotin, je ne suis pas contre la jouissance de la chair et de la chère, mais pas celle, fausse, cachée, égocentrique, fade et tellement triste de l'époque.

 

Certains à droite ou à gauche ayant encore quelques idéaux feignent de ne pas le voir. Pour beaucoup, à les entendre, nous vivons encore dans une société chrétienne soumis aux valeurs de l’Évangile, pour d'autres la République glorieuse une et indivisible est toujours une réalité. Ils râlent beaucoup sur le net, sur les réseaux mais s'en contentent, s'en satisfont largement dans leur vie quotidienne. Et puisque tout le monde le fait pourquoi se gêner mon bon monsieur ?

 

Ils ne sont pas nombreux ceux comprenant que la canaille domine, ainsi que ses idéaux (enfin façon de parler) : l'avidité, le tout pour moi rien pour les autres, l'atomisation de la société en communautés et groupuscules divers tous convaincus de leur légitimité car eux en sont persuadés...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration empruntée ici




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