jeudi 12 juillet 2007 - par piquecul

Une société sûre ?

Les derniers événements qui ont été médiatisés à Londres, les déclarations de la CNIL, la volonté de sécuriser à outrance, les « nouvelles dispositions » anti-récidivistes, les nouvelles lois pour les mineurs délinquants, tout cela concours à une société plus « sécuritaire », mais tout cela est aussi artificiel que faux.

Prenons par points successifs si vous le voulez bien :

- Londres des attentats ont échoués et les autorités ont interpellés un certain nombre de personnes mises en garde à vue. On se gargarise avec la cité la plus surveillée du monde où les caméras de télésurveillance sont innombrables et efficaces. Voire, car en analysant bien le situation, on peu aisément s’apercevoir qu’au départ de cette incroyable affaire, c’est le signalement de citoyens qui ont attirés l’attention des policiers sur un véhicule bien ciblé. De toute cette chaîne de surveillance, il en est résulté une solution rapide pour localiser les, encore supposés, coupables. Revenons-en au départ, en admettant que ces attentats n’aient pas échoués, il y aurait eu un nombre considérable de victimes. Sous l’œil des caméras impuissantes à prévenir. Ceci signifie donc une chose et une seule, ce n’est pas préventif, mais répressif et seulement répressif. Cette répression s’exerce surtout sur le citoyen lambda qui est directement placé sous l’œil inquisiteur de caméras pas toujours au service des autorités.

- La CNIL, cette magnifique commission à qui l’on s’est bien gardé de donner un moyen coercitif, attire l’attention dans son rapport, sur les dérives observées et pas seulement dans les services de l’Etat. Les sociétés privées sont aussi montrées du doigt. En clair la CNIL pousse un petit couinement qui n’est entendu de personne et surtout pas du même citoyen lambda cité plus haut. C’est un secret de polichinelle que notre nouveau président verrait bien une extension de la vidéosurveillance et une carte d’identité nationale informatisée et obligatoire. Rappelons-nous que le dernier gouvernement à l’avoir rendue obligatoire c’est Vichy qui l’a mise en place le 27 octobre 1940.

- La nouvelle loi sur la récidive et les peines plancher. Une idée bien présentée, enveloppée dans un beau paquet cadeau. Son seul défaut réside dans son inutilité et dans son vilain effet d’annonce. A moins de rectifier la Constitution, le gouvernement ne peu légiférer sur une loi qui gomme la notion « d’individualisation des sanctions » inscrite à la Constitution. De plus, l’automatisation d’une décision juridique n’a pas l’agrément de la magistrature qui verrait son « indépendance » battue en brèche.

- La nouvelle loi sur les mineurs délinquants, elle aussi bien enveloppée avec un beau ruban, est tout aussi inutile que la précédente. Il y a toujours eu, pour les juges, la possibilité de juger un mineur comme un majeur en raison de la gravité des faits reprochés. Il est vrai que dans l’optique sécuritaire, c’est utile pour flatter l’électeur à bon compte.

- Les prélèvements ADN, qui à l’origine ne devaient être pratiqués que dans des cas bien particuliers, sont devenus maintenant du domaine du systématique au point que même les victimes doivent s’y soumettre et pour des banalités. Ces fichiers s’enrichissent de données qui, en cas de besoin, seront disponibles rapidement. Pour quel besoins ? Pour qui ? Par qui ? Beaucoup de point d’interrogations n’est-ce pas ! Et n’allez pas croire que vous pouvez vous y soustraire sans dommage, la justice veille et est prête à vous sanctionner. Bien heureusement quelques jugements récents peuvent encore servir à la jurisprudence. Souhaitons, mes chers concitoyens, que la jurisprudence soit longtemps encore une possibilité qui nous soit disponible car « sait-on jamais ».

Si nous passons sur le blanc seing accordé aux autorités américaines qui pourrons garder quinze ans les informations collectées de manière obligatoire auprès des compagnies de transport. Il est vrai que dans cette affaire c’est l’Europe toute entière qui a baissé pavillon et sans réciprocité s’il vous plaît.

Insidieusement, à pas de loup, peu à peu nous nous introduisons dans un système déjà montré dans « Big brother ». Rien ne nous est assené avec fracas et les assurance de bons comportements sont lénifiantes à souhait. Pour le moment, rare sont les personnes qui entrevoient le plan d’ensemble qui se met en place. Je ne ferais pas l’injure de penser que c’est un plan concerté à l’avance, mais s’il n’est pas prévu, il est vu d’un œil complaisant par nos politiques.

Pour terminer, il serait souhaitable qu’à l’avenir, comme dans les vilains souvenirs d’une époque troublée, tous les gens circulant sur le territoire se voient gratifier d’un code barre bien visible. Un code détectable par informatique de manière automatique. Tiens mieux encore, comme nos chiens et chats, une puce sous la peau dès la naissance.

Imaginez, plus de problèmes de vol de papiers, de fausses identités, un dossier médical constamment disponible, votre banque rassurée sur la gestion de votre argent, votre patron qui saura exactement où vous êtes et ce que vous faite. La police aussi d’ailleurs. Pas de monnaie, paiement automatique aux caisses sans personnels. La surveillance de vos habitudes alimentaires pour mieux prévenir les maladies ou pour vous responsabiliser. Vos impôts sans retard. Enfin le rêve ; ou plutôt le cauchemar final !



9 réactions


  • Bulgroz 12 juillet 2007 17:16

    je ne retiens qu’une chose de votre article :

    Sur les lois récidive et excuse de minorité, je vous convie à lire ce texte en ligne du site du ministère de la justice qui explique très bien en quoi cela consiste.

    http://www.justice.gouv.fr/index.php?rubrique=10030&article=12836

    Vous n’êtes pas obligé de vous informer mais en même temps, il serait bon de ne pas désinformer les autres.


  • piquecul 12 juillet 2007 17:34

    Il me semble, cher Bulgroz, que vous n’avez pas bien lu mon texte. Je ne fais que citer la constitution et je fais référence au code pénal en cours à ce jour. Je vous invite donc à relire ce dont je parle à savoir la constitution de 1958 et le code pénal. Quand à supposer que le ministère de la justice soit le meilleur endroit pour y trouver une information objective sur un projet qui sort de ses cartons, je vous laisse la responsabilité de vos affirmations. Et puisque vous parler de désinformation, rien ne vous empèche de consulter les textes auquels je me réfère. A ma connaissance et si mes informations sont bonnes ils ont toujours court.


    • Bulgroz 12 juillet 2007 20:48

      Vous n’avez pas bien lu ou pas du tout lu ce texte du ministère de la justice (évidemment quand on pense que tout ce qui émane du gouvernement n’est que mensonge, je ne vois pas trop à quoi on peut se référer !!).

      Dans tous les cas de figure, le juge est libre de la décision qu’il prend. Si cette décision s’écarte de ce que prévoit la loi, il doit s’en justifier.

      Ca me parait de bon sens de demander à un juge de se justifier quand il déroge à la loi qu’il est sensé appliquer au nom de tous les Français. Le Conseil constitutionnel n’a rien trouvé à redire à cette loi, vous n’êtes quand même pas supérieur au Conseil Constitutionnel ?

      Votre remarque sur la fiabilité des informations du ministère de la justice est une insulte à la République et à la Démocratie.

      Vous êtes un anti sarkoziste primaire, grand bien vous fasse, il vous reste 5 ans pour être crédible.


  • Bobby Bobby 12 juillet 2007 19:16

    Un sujet bien épineux ! Le coût social de chaque condamnation n’est pas semble t’il évoqué et pourtant il est énorme ! ... rien qu’en frais de fonctionnements, chaque prisonnier coûte une bonne centaine d’euros par jour à la société ! sans compter les frais des bâtiments... et encore moins ceux engendrés en aval (famille, amis, coûts de travail perdu, etc...).

    Quand, au lieu de suivre une politique du « toujours plus » (appliquée ostensiblement aux plus démunis), que ne renierait vraissemblablement pas François de Clossets, la justice pourtant parfaitement capable d’évaluer les implications de sa politique, prendra t’elle les mesures pour endiguer la criminalité là où elle est la plus efficace ? (pour ceux que celà intéresse ; cf « Un monde sans loi », collectif de magistrats européens).

    Bien sûr, ceci aurait des effets... importants ! et aurait bien besoin d’une approche... fort différente !

    Les options politiques actuelles nous montrent au contraire que le discours démagogique augmente en intensité... malheur aux boucs-émissaires ! qui payeront le prix fort afin de cacher les vrais problèmes que la crise mondiale qui s’amorce ne voie pas chez monsieur tout-le-monde, la réalité très prosaique d’une réalité effarante de simplicité.

    la sûreté n’est que le produit phare cachant l’ensemble aux bénéfices plus juteux ! C’est l’arme dont se sont toujours servi les dirigeants pour aliéner le peuple lorsque celà leur apparaissait nécessaire. Les nazis ont très bien manoeuvré dans cette optique, notre monde dit ’moderne’ voit aujourd’hui une succession d’évènements qui nous indiquent que le même chemin se redessine sous nos pieds !

    Je ne chanterais pas « Amis entends-tu le bruit des canons dans la plaine... » mais, déjà, je me dis que les soubressauts que vont connaître nos sociétés... risquent bien de voir le jour avant que nous ayons terminé le cycle normal de notre vie (j’ai 60 ans)... si nous ne retroussons pas nos manches et ne trouvions pas très vite réponse en terme d’utilisation d’énergies renouvelables à plus ou moins brève échéance !

    A bon entendeur, bien cordialement.


    • Bulgroz 12 juillet 2007 20:55

      En 2007, le budget de l’état croit de 0,8% par rapport à 2006, celui du ministère de la justice de 5%.

      Budget du ministère de la Justice dont dépend l’administration pénitentiaire en 2002 : 4,5 milliards, 2007 : 6,3 milliards (+1,7 milliard)

      Le budget du ministère représentait 1,69% du budget de l’état en 2002 et 2.34% en 2007.

      L’administration pénitentiaire est 445 M€ de crédit de fonctionnement et 889 M€ de crédits immobiliers pour 2007 et pour 31 297 agents temps plein.

      On peut donc évaluer à 8000 euros/an le coût d’un prisonnier hors frais de structure (entretien des prisons et coût d’investissement de la prison).

      Ci joint, lien sur présentation du budget de la justice 2007

      http://www.justice.gouv.fr/art_pix/1_budget2007.pdf


    • JPL 16 juillet 2007 21:00

      à Bulgroz

      Comme souvent le principal coût dans le système pénitentiaire n’est pas la construction des prisons (la plupart a été construite il y a bien longtemps) ni les dépenses d’entretien (l’état serre toujours ses budgets) mais les dépenses liées au personnel qui surveille les prisonniers ou gère les prisons. Là on est dans les environs des 1,1 milliards d’euros annuels sauf erreur (calcul à partir des chiffres de l’INSEE).

      Par ailleurs il y a environ 64 000 prisonniers en France.

      Le total par prisonnier serait donc : (445000+889000+1100000)/64.

      Et le coût par prisonner est donc de l’ordre de 37 000 euros (ça fait bien dans les 100 euros par jour, le chiffre de Bobby était correct), 21 000 si on ne prend pas en compte les dépenses de personnel, pas 8 000.

      Aux Etats-Unis c’est dans les 22 000 dollars.


  • piquecul 13 juillet 2007 07:55

    Mon cher Bulgroz, j’ai pour principe de ne pas croire que tout ce qui brille est de l’or. A fortiori les déclarations de tous les gouvernements sont suspectes, à mes yeux, d’être mensongères, tendancieuses, partielles et partiales. Je tente d’avancer sans oeillères dans la vie ce qui n’a pas l’air d’être votre cas. D’autre part, la loi n’étant pas votée ni publiée le conseil constitutionnel n’a pas encore donné son avis. Mais patience que diable ! Par ailleurs, il faut être bien niais pour ne jamais douter de rien et c’est une insulte aux républicains et aux démocrates que de ne pas avoir le droit de dire ce que l’on pense. Je dirais même que cela sent comme une odeur nauséabonde de dictature et je sait de quoi je parle pour y avoir vécu. D’être anti sarkoziste primaire n’est pas condamné par la justice quand à me justifier je ne vois pas au nom de quoi ! Il ne faut pas compter sur moi pour courber l’échine devant l’ire ridicule des petits politicaillons de tous bords.


  • anny paule 13 juillet 2007 08:27

    Si je ne me trompe, il est écrit, au frontispice de nos mairies, trois « grands mots » : Liberté, Egalité, Fraternité. Ces lois sécuritaires, cette suspicion permanente dans notre beau pays de France foulent aux pieds ces trois valeurs fondamentales de notre RES PUBLICA. Nous sommes en grand danger... et « Big Brother » est presque un euphémisme aujourd’hui. Merci à l’auteur de « mettre le doigt là où ça fait mal », entre autres !


  • autrepseudo 13 juillet 2007 08:32

    Il n’y aura jamais de société plus sûre tant que les médias éduquerons les gens pour qu’ils soient violent. A force de présenter des scènes de violences dans les séries et films, il ne faut pas s’étonner que les plus jeunes les imitent. Avant de construire des prison, on devrait construire une télévision avec moins de violence...


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