Vaccin contre le coronavirus : Nouveau test pour le monde
L’apparition de la pandémie du nouveau coronavirus a mis à nu la fragilité de l’ordre mondial actuel. Un leadership absent. Des institutions internationales vulnérables.Ou encore un manque de conviction de la mondialisation et son cortège d’idées telles que la coopération internationale et la liberté de faire circuler l’information. La majorité des experts et des spécialistes s’accordent à parler d’un grave échec international face à une pandémie.
Mais ce qui est plus grave, à mon avis, se produira si la communauté internationale ne parvient pas à fournir des vaccins contre le virus aux pays plus pauvres. Un récent rapport de Reuters a noté que le programme mondial de fourniture de vaccins contre le MERS-CoV aux pays moins avancés présentait un risque « très élevé » d’échec, affectant des milliards de personnes dans le monde entier.
L’agence a indiqué qu’elle avait été informée de documents internes dans lesquels les organisateurs du programme Covax de l’OMS reconnaissaient les difficultés liées au sous-financement, aux risques d’approvisionnement et aux complications des accords contractuels.
Cela ferait qu’il serait impossible d’atteindre les objectifs du programme et qu’il serait dur pour les pays dont la population totale se chiffre en milliards de personnes d’obtenir un vaccin avant 2024.
Covax, le premier programme mondial de vaccination contre le MERS-CoV pour les habitants des pays en développement, vise à fournir au moins 2 milliards de doses de vaccin d’ici à la fin 2021. Il couvre 20 % des populations les plus à risque dans 91 pays, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Selon les rapports officiels publiés, ce chiffre est discutable.
Le contenu de ce rapport est basé sur les conclusions de scientifiques américains et chinois, qui ont déclaré que près d’un quart de la population mondiale pourrait ne pas être en mesure d’obtenir un vaccin contre le Covid-19.
Ces scientifiques ont attribué cette hypothèse, dans deux articles publiés dans une revue médicale britannique, à « une capacité de production limitée, des difficultés logistiques et un manque de fonds pour acheter des vaccins dans les pays pauvres. »
Des rapports spécialisés indiquent qu’environ la moitié des vaccins seront livrés aux pays à haut revenu, qui regroupent environ 14% de la population mondiale. Ainsi, 85 % de la population mondiale recevra l’autre moitié des doses. Les pays peu développés n’ayant pas les moyens d’acheter des vaccins, on peut supposer que la plupart d’entre eux ne pourront pas les collecter.
Si tous les vaccins sont déclarés efficaces, le coût ne sera pas le seul obstacle à la vaccination de millions de personnes. Il y a encore d’autres contraintes réelles, telles que les limites de production.
On estime que la capacité de production totale prévue sera de 5,96 milliards de vaccins d’ici à la fin de 2021. Même si tous les fabricants de vaccins parviennent à maximiser leur activité productive, et si les pays développés et en développement partagent la charge, au moins un quart de la population mondiale ne sera pas en mesure de se procurer des vaccins d’ici à 2022. Cela ne fait qu’aggraver les choses pour les pays et les communautés les plus défavorisés en matière de collecte de vaccins.
En fait, près d’un an après que les premiers cas de nouveau coronavirus aient été enregistrés dans la ville chinoise de Wuhan, quelque 72 millions de personnes ont été infectées dans le monde. Plus de 1,6 million sont mortes. De ce fait, le monde n’a pas encore réussi à tirer les leçons de ce drame unique dans l’ère moderne.
Le résultat de ce test mondial a été un échec cuisant pour tous les organismes internationaux de l’après-guerre qui l’on croyait capables de mettre en place des mécanismes institutionnels efficaces répondant à de tels défis. Ma propre opinion est que le coronavirus a, depuis sa découverte, toujours dépassé les capacités de chaque pays.
Non seulement le virus est sans précédent, mais il a également mis en évidence les lacunes des systèmes et des politiques de santé dans les pays touchés, avant tout en Europe et aux États-Unis. Ces derniers sont les principales victimes de l’épidémie avec plus de 300 000 décès, chiffres de l’Université Johns Hopkins.
La plus grande erreur revient à politiser la crise, ce qui a entraîné une perte de temps énorme, quand tout le monde a dû se consacrer à élaborer une stratégie internationale collective pour combattre l’épidémie et atténuer ses retombées et pertes humaines et économiques. Tout ça pour dire qu’il serait naïf de répéter les erreurs de l’année dernière face à la pandémie.
Le monde doit relancer la coopération, partager les leçons et les expériences et coordonner les efforts, tant face à la prolongation de l’épidémie que pour la distribution des vaccins. Il importe de relever un défi commun dans un esprit qui privilégie les valeurs humaines et civilisationnelles. Plus que cela, des leçons doivent être tirées de cette tourmente afin de ne pas reproduire les échecs et d’éviter les séquelles de tels problèmes à l’avenir.