« Venezuela Crisis »
L'image terrible qui illustre cet article est l'oeuvre du photojournaliste Ronaldo Schemidt de l'Agence France-Presse. Cette photographie intitulée "Venezuela Crisis" a été désignée photo de l'année par l'organisme World Press Photo. Le jeune homme en feu s'appelle José Víctor Salazar Balza, il a 28 ans et survivra. Nous oublions trop souvent, lorsque nous regardons ou publions une photographie prise sur une zone de conflits, le reporter d'images dont nous ignorons souvent le nom. Pourtant, pour prendre une photographie parfois plus parlante qu'un article, il prend des risques et peut même y laisser sa peau. Certes, le photojournalisme et son choix et la passion de cet homme de 46 ans de nationalité vénézuélienne qui travaille au bureau de l'AFP à Mexico. Mais il ne sortira pas indemne, surtout psychologiquement, de ce reportage réalisé lors d'une manifestation contre le président Nicolas Maduro, à Caracas, le 3 mai 2017.
Ronaldo Schemidt raconte... "la séquence du jeune qui brûlait a duré au plus dix secondes".
“J’ai senti la chaleur, le flash, et je me suis retourné. Je ne savais pas ce que c’était. J’ai juste vu une boule de feu qui m’arrivait dessus. Je l’ai suivi avec mon appareil, en prenant des photos en rafales, sans m’arrêter, j’ai entendu les hurlements, et là j’ai compris“.
Que s'est-il passé - Le malheureux Victor Salazar a été aspergé d'essence suite à l'explosion du réservoir d'une moto de police, "ainsi que semble-t-il par le contenu d’un cocktail molotov". La victime "s’en sortira avec des brûlures sur 70% du corps, et 42 opérations de greffe de peaux". Mais il y a plus grave encore, en quatre mois, d'après les chiffres données par Radio-Canada, les manifestations ont fait 125 morts.
Le photographe qui est resté deux mois sur place pendant les affrontements des manifestants contre le régime de Maduro, a sa famille qui vit toujours au pays. Alors que d'autres Vénézuéliens ont préféré l'exil plutôt que de subir l'hyperinflation, les pénuries alimentaires et de médicaments. La baisse des revenus pétroliers est la cause d'une crise économique extrêmement critique, à laquelle s'ajoute une crise politique. Le système de redistribution de la manne pétrolière à la population par Hugo Chavez est maintenant épuisée après la chute du prix de l'or noir. De plus, le manque d'investissement a provoqué une diminution de la production de 29%. Aujourd'hui, selon divers enquêtes universitaires, 87 % des familles vivraient sous le seuil de pauvreté.
D'après le FMI l'inflation serait de 13.000% en 2018. Mais le président Maduro a décidé de copier une idée du président Chavez en 2008...
"J'ai décidé d'ôter trois zéros à la monnaie, de retirer de la circulation les billets et pièces actuelles, et de mettre en circulation de nouveaux à partir du 4 juin".
Donc, à partir de cette date, le billet de 100.000 bolivars deviendra une coupure de 100 et le plus gros billet sera le 500 bolivars (11,3 dollars au taux de change officiel). Le journal à Caracas qui coûte actuellement 20 000 bolivars s'achètera pour seulement 20 bolivars. En 10 ans la monnaie aura donc perdu six zéros, mais les Vénézuéliens ne seront pas plus riches pour autant et l'inflation moins importante.
C'est maintenant une certitude, Nicolas Maduro n'ira pas au prochain Sommet des Amériques à Lima pour raisons de sécurité, selon Caracas. Mais Donald Trump sera également absent, "pour superviser la réponse américaine à la Syrie", selon la Maison Blanche. Dommage, les discussions entre Trump et les autres dirigeants du continent américain auraient certainement été animées ; car les sujets qui fâchent sont nombreux. Immigration, corruption, accord de libre-échange (Alena, avec aussi le Canada), situation politique au Venezuella...