jeudi 1er juin 2017 - par Christophe Bugeau

Vers la plus grande Chine

La Chine est devenue ces dernières années, la première puissance économique, industrielle et commerciale mondiale, dépassant ainsi les Etats-Unis. Elle souhaite transformer l’essai en montant en puissance militairement et politique en Asie du Sud-Est mais son grand projet mondial, ce sont les nouvelles routes de la soie qui doivent lui permettre de mettre en place en Eurasie une nouvelle sphère de coprospérité. Quelles sont les conséquences en France ?

Nul ne peut ignorer que notre pays a une balance fortement déficitaire avec la Chine : selon l’ambassade de France en Chine, en 2015 nous progressons ! En effet, la France exporte 17,9 Milliards d’Euros vers la Chine et nous importons : 46,6 milliards d’euros : le déficit est donc de 28,7 milliards d’euros. En bon français, ce déficit représente 1,5 % de notre PIB et nos exportations vers la Chine ne représentent que 38,4 % de nos importations. Un léger déficit, quoi !

Or, non seulement ce déficit représente 1,5 % de notre PIB, mais en plus le niveau de vie en Chine est 3 fois inférieur au notre (donc le rattrapage est rapide) et le yuan (la monnaie chinoise) est fortement sous-évaluée, sans compter que les conditions et les horaires de travail sont sans commune mesure : on peut estimer que le coût du travail exporté vers chez nous est au minimum 7-8 fois inférieur à notre coût du travail, c’est donc bien de la concurrence déloyale ! 

En résumé, après le Japon, la Corée et Taïwan, la concurrence chinoise a fini de détruire notre industrie. ! Sans compter que la Chine désormais investit de manière importante en Europe et en France, car il faut bien qu’elle place ses excédents commerciaux quelque part ! Après l’achat des ports du Pirée et de Thessalonique en Grèce les investisseurs chinois se tournent vers chez nous.

Ainsi, ce sont une centaine de château dans le bordelais qui appartiennent désormais à des chinois. De même, l’aéroport de Toulouse a été cédé pour 49,9 % à un consortium chinois (c’était auparavant une entreprise publique) qui souhaiterait bien « rapatrier » une partie de son trésor de guerre ! Entre autres projets : l’investissement dans le groupe hôtelier Accor ou la création d’une zone pour l’implantation d’entreprise chinoise à Chateauroux qui ne seront sûrement que des usines tournevis servant à terminer les productions et utilisant des salariés chinois, mais bénéficiant du Made in France !

En résumé, la Chine est face à un paradoxe, elle se rend bien compte que ses exportations marquent le pas car les Etats-Unis et l’Europe ne sont plus solvables et ne peuvent plus acheter en masse ses produits : d’où une augmentation réelle des salaires qui vont de pair avec la hausse du niveau de vie, pour écouler en Chine une partie des produits fabriqués sur place.

Mais ses excédents restent énormes et elle doit bien les réinvestir quelque part : d’où l’idée des nouvelles routes de la soie entre Europe et Chine, par terre et par mer : la Chine envisage de créer des infrastructures de transport et d’investir dans les pays traversés ce qui augmente aussi son influence mondiale.

Il nous faut donc être attentif à ne pas passer d’une forte influence américaine en France à une forte influence chinoise. Un rééquilibrage des échanges est impérieux et une limitation des prises de contrôle de nos entreprises ou de nos terroirs est aussi nécessaire.  



2 réactions


  • Rincevent Rincevent 1er juin 2017 17:06

    une limitation des prises de contrôle de nos entreprises ou de nos terroirs est aussi nécessaire. Oui bien sûr, et avec les règles de l’OMC vous comptez vous y prendre comment ?


    • Alren Alren 1er juin 2017 18:39

      @Rincevent

      avec les règles de l’OMC vous comptez vous y prendre comment ?

      Une solution (la seule en vérité) est d’appliquer le programme économique de l’Avenir en commun.
      Les Chinois préféreront négocier que de rompre avec nous. Au fond d’eux-mêmes, ils pensent que nous sommes bien bêtes de nous faire ainsi dépouiller. Et jugeraient normale une réaction qu’ils auraient à notre place.


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