mardi 28 février 2017 - par Lucchesi Jacques

Vers un nouveau centre ?

Dans un paysage politique complètement bouleversé, le Centre veut croire à sa chance. Mais Bayrou le béarnais peut-il influencer Macron le mondialiste ?

Il est désormais derrière nous le temps où les élections présidentielles ne proposaient aux électeurs qu’une donne bi-partisane. Ou bien la droite (post)gaulliste, ou bien la Gauche plurielle à dominante socialiste. Avec la montée en puissance du Front National, ces dernières années, on a cru – hâtivement - que le tripartisme allait s’imposer dans la vie politique française. Mais à l’examen des différents courants en lice, on voit vite que les choses sont devenues plus compliquées. Quelles sont les principales formations en présence ? Sur le côté gauche du spectre de cette prochaine élection, c’est la division entre les deux courants majoritaires, le socialisme progressiste de Benoit Hamon et le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Ces deux là auraient pourtant tout intérêt à s’allier mais leurs égos de leaders revendiqués les empêcheront sans doute de le faire. Et c’est sans parler des dissensions qui agitent le parti socialiste depuis le résultat des récentes primaires citoyennes. Du côté droit ce n’est pas moins aigu, avec des oppositions marquées chez les Républicains ; oppositions ravivées par les « affaires » mettant en cause la probité – sinon la légitimité – de François Fillon. Quant à la droite extrême incarnée par Marine Le Pen, elle reste, malgré quelques valeurs partagées, incompatible avec l’européisme convaincu de la droite républicaine.

Reste le Centre : l’UDI de Jean-Christophe Lagarde et le pâle Modem de François Bayrou. Si le premier soutient globalement Fillon, malgré de nombreuses velléités « macronistes » dans son parti, le second s’est rallié, contre toute attente, au jeune leader d’En Marche. Le maire de Pau ne sera donc pas candidat, pour la quatrième fois, à une élection présidentielle et s’il le regrette peut-être, il sait parfaitement qu’il n’aurait eu aucune chance d’être à nouveau le « troisième homme », comme il le fut dix ans plus tôt. Autant essayer, pour lui, d’infiltrer le programme - maintenant révélé – d’Emmanuel Macron pour lui apporter la pondération de son expérience politique et assouplir son libéralisme affirmé. Bayrou dit ne rien attendre en retour de ce rapprochement stratégique mais il est permis d’en douter. Dans cette alliance (qui ressemble à une forme de commensalité), il n’est d’ailleurs pas certain que ce soit le plus vieux qui influence le plus jeune. C’est même tout le sel de cette aventure qui a pour but déclaré de faire du courant centriste la quatrième force de cette campagne. Parviendra-t’il à tenir durablement cette difficile ligne médiane entre deux exigences contradictoires ? Ou donnera-t’il, une nouvelle fois, raison à François Mitterrand lorsqu’il insinuait que le centre n’est ni à gauche ni à gauche  ? 

 

  Jacques LUCCHESI



4 réactions


  • Harry Stotte Harry Stotte 28 février 2017 12:47

    « ...leurs égos de leaders revendiqués les empêcheront sans doute de le faire. »



    C’est vrai que la place de l’U.E. dans le projet des candidats, est une considération tout à fait subalterne.


    On peut être pour, contre, ni pour ni contre bien au contraire, tout le monde s’en tape, n’est-ce pas ?


    Dans le fond, les électeurs, les commentateurs et même certains politiciens, sont comme les généraux, ils ont une guerre de retard !

    • Le421... Refuznik !! Le421 1er mars 2017 09:42

      @Harry Stotte
      Je rajouterais à cette histoire que quand on se dit « ni de droite, ni de gauche », c’est juste pour racoler ceux qui ne prennent pas de décision ferme.
      On veut bien se soigner, mais sans médicaments forts !!
      Et « ni de droite, ni de gauche », ça veut dire systématiquement « de droite »...


  • baldis30 1er mars 2017 08:51

    bonjour,

    Un nouveau centre ... certes la politique est un grand cercle, très fermé., mais à ma connaissance un cercle n’a qu’un centre .

    En restant dans le domaine des coniques ( pas des comiques, ou seulement des tristes ....) bien que ce soit au deuxième degré ( ce qui est normal pour des coniques) par déformation continue on arrive à des discours elliptiques dont le cumul des distances aux problèmes réels est constant et le plus grand possible. En renvoyant à l’infini de la stupidité le problème le plus réel, celui du revenu, on est assommé de paraboles dont le foyer est celui de l’intérêt direct du rhéteur. Ne troublons pas ce dernier qui par une hyperbole prendra la tengente plutôt deux fois qu’une.

    Le nouveau centre ? il est situé sur l’ensemble des nombrils du manque de classe des politiques


  • CN46400 CN46400 2 mars 2017 08:23

    Fillon c’est fini, il ne servira plus qu’à fixer un électorat de la droite traditionnelle afin d’éviter un glissement vers LePen.
     La bourgeoisie, qui n’a plus qu’une solution viable, soutient désormais massivement Macron. Les chevaux légers, qui ont lancé la manoeuvre il y a six mois, sont désormais rejoints par la cavalerie lourde des arrivistes de droite comme de gauche.
     On va enfin revenir à la « grande coalition » qui vit ses derniers moments en Allemagne, et que De Gaulle avait éliminé en 58 en France. Alors plombée par la décolonisation (Indochine et Algérie), cette « combinazione » a, désormais, une autre objectif : améliorer le taux de profit du capital, et c’est, évidemment, les prolos qui vont être conduits vers le bassinet pour y cracher leurs petites économies et à allonger, pour ceux qui ont un emploi, le temps du « chagrin ».


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