mardi 28 novembre 2006 - par Denis COLLIN

Vers une refondation de la gauche ?

A propos du célèbre stratège Phocion, Plutarque cite cette anecdote : "Une autre fois, il lui advint de dire une opinion devant l’assemblée du peuple, laquelle fut universellement approuvée et reçue de tout le monde, et voyant que toute l’assistance se trouvait ainsi toute de son avis, il retourna devers ses amis, en leur demandant : « Hélas ! mes amis, ne m’est-il point échappé de dire quelque mauvaise chose en n’y pensant pas ? » (Vie de Phocion, chap. XII) L’enthousiasme suspect qui a saisi les médias à la nouvelle de l’investiture de Mme Royal aurait suscité chez tous les socialistes qui se croient encore socialistes une semblable interrogation.

Ce n’est malheureusement pas le cas. Les ralliements plus ou moins ostentatoires se sont multipliés, à la notable exception du sénateur Mélenchon. Les sondages sont une drogue dure qui atteint les aptitudes au raisonnement de ceux qui sont en leur dépendance. Les socialistes ont voté pour Mme Royal parce qu’ils ont cru qu’elle seule pouvait gagner. Les très nombreuses expériences depuis un quart de siècle ne suffisent pas. En fin 1980, Giscard devait écraser Mitterrand. Balladur devait l’emporter haut la main en 1995 et le TCE six mois avant le scrutin était crédité de 65 à 70% des suffrages... Il y a fort à parier que la faveur sondagière désertera bientôt Mme Royal comme elle semble abandonner ces jours-ci le ministre de l’intérieur. En vérité, les socialistes ne pensent plus comme des militants politiques mais comme des vendeurs de lessive fort heureux d’avoir trouvé un sympathique produit d’appel.

La politique cependant va se rappeler à leurs bons souvenirs. Les dernières élections hollandaises ont montré que le non au TCE était une donnée durable. En votant pour les partis "extrêmes", au détriment des "raisonnables" centre-gauche et centre-droit, ils ont manifesté une nouvelle fois leur refus de la politique du laisser-faire et leur attachement à la souveraineté nationale, et ceci alors même que le gouvernement démocrate-chrétien sortant pouvait se targuer de bons résultats économiques - bien meilleurs en tout cas que ceux du gouvernement français tant en matière de croissance, d’emploi que de recul de la pauvreté.

Les mêmes données fondamentales structurent la vie politique française. Contre l’immense majorité des médias, contre l’immense majorité des élus de tous bords, les partisans du non l’ont emporté largement, laissant de profondes fractures dans tous les partis "de gouvernement", et principalement dans le Parti socialiste, dont les électeurs populaires se sont massivement prononcés contre le TCE, d’autant que le PS s’est ainsi durablement opposé à ses alliés potentiels, suscitant des rancunes et des méfiances que des accords d’avant deuxième tour auront du mal à dissiper. Les dirigeants socialistes en sont sûrement conscients. Il y a quelques années, Dominique Strauss-Kahn avait émis l’idée que l’électorat populaire allait structurellement délaisser la vie politique, et qu’il fallait se concentrer sur les classes moyennes. Il éventait ainsi le secret des transformations internes au PS : ce parti devait cesser de se réclamer même formellement de la tradition socialiste, c’est-à-dire d’une politique orientée vers la transformations de la société capitaliste en un autre type de société, pour devenir un parti de gestion de l’organisation sociale existante, c’est-à-dire un parti dont la seule fonction est de rendre le capitalisme un peu plus "sexy" et de ménager les intérêts de la classe moyenne supérieure dans le grand chambardement en cours. Le vote massif en faveur de Mme Royal consacre cette transformation, dans des proportions que M. Strauss-Kahn n’avait certainement pas souhaitées. La doctrine Royal reprend des éléments de la doctrine sociale de l’Eglise catholique, de thèmes récurrents du libéralisme économique (le contrat contre la loi) mâtiné d’un peu de corporatisme (le syndicalisme à cotisation obligatoire) et d’un goût prononcé pour les obsessions sécuritaires à la mode. Mais dans tout cela, il ne reste pas pierre sur pierre de ce qu’était le socialisme réformisme à l’ancienne.

Il est possible que l’opération Royal fonctionne. Les classes dirigeantes et les faiseurs d’opinion sont moins enthousiastes qu’ils ne l’étaient hier pour M. Sarkozy. Le traitement de choc ("la rupture") qu’il promet pourrait entraîner une crise sociale aux conséquences imprévisibles. Mme Royal pourrait donc bénéficier de soutiens inattendus - inattendus pour ceux qui pensent qu’elle est encore une candidate de gauche. Elle pourrait, mutatis mutandis, se trouver dans la situation de M. Blair, longtemps soutenu par la City et la presse du groupe néoconservateur de M. Ruppert Murdoch.

Nous devons donc nous attendre à une profonde restructuration de la vie politique française. L’espace laissé à gauche par la droitisation accélérée du PS et le déclin irrémédiable du PCF a, pour l’instant, été occupé par une galaxie de groupes et de comités tout aussi divisés entre eux qu’ils se disent tous farouchement "antilibéraux". Une partie de l’électorat populaire et protestataire de la gauche s’est également réfugiée dans l’abstention et parfois même dans le vote Front national. Nul doute que ces phénomènes vont s’amplifier dans les mois qui viennent, en raison de la méfiance toute particulière que Mme Royal suscite chez les militants, syndicaux ou politiques, issus de la tradition socialiste ou communiste.

Le condominium UMP/PS peut toutefois compter sur l’incapacité des diverses fractions de la "gauche de gauche" à s’entendre sur une stratégie et un candidat en vue des prochaines élections. Les collectifs "antilibéraux" issus de la bataille du référendum de 2005 ont mis au point un programme à la fois très long et très incomplet, proposant des solutions technocratiques en diable où l’on retrouve bien la patte de la Fondation Copernic, un programme souvent peu différent des propositions des divers courants de la gauche du PS, et parfois bien confus quand il s’agit des questions qui fâchent : la laïcité et l’école divisent incontestablement les militants qui viennent de la gauche traditionnelle et ceux qui font les yeux doux à toutes les formes de communautarisme. A cela s’ajoutent les ambitions et rivalités des petits appareils qui veulent préserver leur identité, leurs journaux et leurs locaux et craignent plus que tout l’émergence d’un mouvement qui les emporterait.

Cependant les lignes pourraient se déplacer au cours des semaines à venir. Après le coup de massue pris sur la tête, les responsables des divers groupes de la gauche socialiste sont face à un dilemme : soit ils se rallient et se mettent en campagne aux côtés de Mme Royal sous le mot d’ordre "tout faire pour battre la droite" et ils signent ainsi leur défaite politique définitive, suivant les traces déjà empruntées par Julien Dray ou Arnaud Montebourg. Soit ils refusent de se renier, de soutenir aujourd’hui ce qu’ils n’hésitaient pas à fustiger hier comme une politique de droite, voire néo-corporatiste, et alors il leur faut mener une bataille politique indépendante de la direction du PS. Si un candidat issu du PS prenait la tête de la lutte pour contester le leadership du PS royaliste à gauche, il pourrait entraîner un véritable mouvement de masse, comme pour le 29 mai. Si les "antilibéraux" ont l’intelligence de la situation, ils verront que le soutien à un candidat indiscutablement laïque et républicain, indiscutablement héritier de la tradition populaire et militante du socialisme, capable de parler à tous les citoyens, et pas seulement dans les blogs des "happy few", pourrait vraiment faire "turbuler le système", ainsi qu’en avait rêvé Jean-Pierre Chevènement en 2002, Chevènement qui échoua faute d’une stratégie claire et en raison de sa propension toute particulière à brouiller les cartes.

La voie pour une refondation de la gauche serait ouverte et pèserait lourd sur les prochaines échéances électorales. On se retrouverait avec une situation que connaissent déjà de nombreux pays, et pas seulement en Amérique latine, un PS social-démocrate au centre droit ou franchement à droite (comme au Brésil, au Vénézuela et dans plusieurs pays d’Europe centrale) opposé à une nouvelle force de gauche appuyée sur les classes populaires et les exclus des ripailles de la mondialisation.

On pourrait faire remarquer que la gauche radicale française a toujours eu pour tradition de cultiver l’impuissance, que l’attrait des feux de la rampe et la tentation de faire un petit numéro de "candidat de témoignage" seront plus forts que la volonté de bousculer sérieusement un système politique complètement bloqué où les citoyens doivent choisir, pour les choses sérieuses, entre le pareil et le même. C’est possible, mais pas absolument certain.

Denis Collin
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NOTE : Je mets entre guillemets le terme "antilibéraux". Cette terminologie me semble en effet très révélatrice des confusions terribles qui règnent même dans les meilleurs esprits. D’abord parce qu’il est très mauvais de définir un nouveau mouvement par un terme purement réactif : les "anti" sont dépendants de ce qu’ils combattent ! Ensuite, parce que personne ne donne un sens précis au terme libéralisme, dont il y a plusieurs usages honorables. Et enfin parce qu’à quelque sens que ce soit, il est bien difficile de caractériser MM. Bush, Blair, Chirac ou Barroso de "libéraux". Mais ceci est une autre discussion.



36 réactions


  • Marsupilami Marsupilami 28 novembre 2006 11:41

    Très bonne analyse. Le côté positif de la candidature de Sainte Pimprenelle, la maldonne des speed-dating, c’est qu’elle va faire tant de dégâts que les socialistes seront obligés de faire un sérieux aggiornamento sous peine de disparaître. Lire aussi sur ce sujet l’excellente analyse de la situation de Marcel Gauchet.


  • ZEN zen 28 novembre 2006 11:53

    On y voit plus clair aprés cette analyse sans concession. Revenez plus souvent pour nous donner votre point de vue sur le PPF (paysage politique français)...


    • ZEN zen 28 novembre 2006 12:00

      @ L’auteur

      J’avoue ne pas avoir compris ce à quoi vous faites allusion dans ce passage :

      « Si un candidat issu du PS prenait la tête de la lutte pour contester le leadership du PS royaliste à gauche, il pourrait entraîner un véritable mouvement de masse, comme pour le 29 mai. Si les »antilibéraux« ont l’intelligence de la situation, ils verront que le soutien à un candidat indiscutablement laïque et républicain, indiscutablement héritier de la tradition populaire et militante du socialisme, capable de parler à tous les citoyens et pas seulement des les blogs des »happy few« pourrait vraiment faire »turbuler le système« , ainsi qu’en avait rêvé Jean-Pierre Chevènement en 2002 »


    • Marsupilami Marsupilami 28 novembre 2006 12:02

      @ Zen

      Il fait très probablement allusion à Fabius...


    • reinette (---.---.121.130) 28 novembre 2006 15:21

      pas Fafa, Mélancho !


    • le furtif (---.---.110.223) 28 novembre 2006 18:26

      @ Zen et les suivants...Marsu et ...

      Mais si, ; Zen tu as parfaitement compris à quoi...

      Il reste Néanmoins à poser la question à qui.. ?

      Fafa mal barré...alors ?.....?

      Bonsoir.


  • JB Robert 28 novembre 2006 12:22

    Bravo. 1000% d’accord.


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 28 novembre 2006 12:57

    «  »« Si un candidat issu du PS prenait la tête de la lutte pour contester le leadership du PS royaliste à gauche, il pourrait entraîner un véritable mouvement de masse, comme pour le 29 mai. Si les »antilibéraux« ont l’intelligence de la situation, ils verront que le soutien à un candidat indiscutablement laïque et républicain, indiscutablement héritier de la tradition populaire et militante du socialisme, capable de parler à tous les citoyens et pas seulement des les blogs des »happy few« pourrait vraiment faire »turbuler le système« , »«  »

    tout à fait Denis, je médite moi aussi sur cette hypothèse, le plan F comme Fabius évidemment. Mais je pense qu’il faut que le Net se bouge, et rapidement pour rendre possible cet improbable destin d’une gauche qui se meurt

    Rebonds Les organisations politiques radicales, dont la médiation est indispensable, sont dans l’impasse. La Gauche en danger de mort Par Jacques BIDET QUOTIDIEN : lundi 27 novembre 2006

    http://www.liberation.fr/rebonds/219493.FR.php


    • FredSud37 (---.---.234.116) 29 novembre 2006 20:38

      Si vous ne l’avez pas encore vue, je vous invite vivement à regarder la vidéo du discours tenu par Jean-Luc Mélenchon le 17 novembre dernier à Montpellier et qui est disponible : ICI.


  • Voltaire Voltaire 28 novembre 2006 13:57

    Analyse intéressante.

    Il me semble cependant que l’idéologie « Royaliste » (si idéologie il y a) n’est pas équivalente au Blairisme, mais, mis à part quelques éléments cosmétiques et communicants, plutôt assez « Jospinienne ». On ne retrouve pas en effet de divergences majeures avec la politique de Lionnel Jospin dans les grandes lignes, qui sont somme toute en cohérence avec le socialisme « à la Française » des années 90, qui est en fait une espèce de consensus mou et pragmatique réalisé entre étatisme socialiste traditionnel et réalité politique mondiale.

    La gauche démocrate sociale de Strauss-Kahn et Kouchner a subit une défaite cuisante contre S. Royal, ce qui exclue toute possibilité de rapprochement avec l’UDF, et donc de recomposition réelle du paysage politique avec un vrai mouvement social démocrate, alliant une partie du PS et l’UDF, et un parti de gauche nouveau.

    La possibilité d’apparition de cette gauche plus « dure », issue d’un mouvement anti-libéral/altermondialiste apparu lors du débat sur le TCE, semble donc difficile. Laurent Fabius est aussi mal placé pour le porter, portant les sitgmates de ses positions précédentes.

    Faute d’avoir su s’organiser, la gauche de la gauche, déjà affaiblie par le traditionnel (et prehistorique) cavalier seul d’A. Laguiller se retrouve verrouillée par les bonnes vieilles méthodes du parti communiste, qui ont bien entendu provoqué en réaction la fuite de la LCR, ennemi historique. C. Autain en étant restée à un discours idéologique (voir son interview par N. Voisin sur ce site), et J. Bové ne pouvant rassembler sur son nom, l’altermondialisme en a pris un coup dans l’aile, ce qui arrange bien la gauche traditionnelle, et empêche l’apparition de cette nouvelle gauche.

    JP Chevènement n’a pas renouvelé son discours nationaliste, et ne sera donc pas en mesure d’obtenir grand chose contre son retrait de la course à la présidence.

    En cas de victoire de Mme Royal, on se retrouvera donc dans la configuration d’un PS classique, archi dominant mais idéologiquement flou, et des faire-valoirs verts (D. Voynet ne pouvant percer faute de soutiens écologiques à l’extérieur de son parti), PC et PRG (qui a déjà négocié ses places en échange du retrait de sa candidature).

    Une « gauche plurielle » bis.

    Lorsque la nouveauté S. Royal aura disparue (avant ou après l’élection, c’est bien là la question), l’électeur de gauche moyen risque une belle déception, car la politique menée par cette alliance ne sera que conventionnelle et ne répondra pas aux défis actuels, malgré une communication rajeunie. Le Pen père ne sera plus là en 2012, Le Pen fille si...


  • joë (---.---.121.130) 28 novembre 2006 15:19

    Montredon, le 23 novembre 2006

    Chers ami(e)s, cher(e)s camarades,

    Il y a six mois, j’ai fait savoir que j’étais disponible pour incarner, sur le bulletin de vote de l’élection présidentielle, notre rassemblement unitaire de la gauche anti-libérale.

    J’ai immédiatement précisé que, pour créer les conditions d’une dynamique populaire et électorale autour d’une stratégie et d’un programme communs, il convenait de mener une campagne collective rassemblant, sur une même tribune, toutes les forces qui avaient contribué au succès du « non de gauche », le 29 mai 2005, de la Lcr aux socialistes anti-libéraux. Et j’ai ajouté aussitôt que ma démarche n’était pas personnelle mais que, pour garantir l’unité la plus large possible, il ne pouvait être question de se ranger derrière le porte-parole de telle ou telle composante de notre rassemblement. Comme d’autres, en tant que syndicaliste et acteur du mouvement social anti-libéral, je pense pouvoir servir d’accélérateur à une dynamique de rassemblement qui a un objectif plus ambitieux que de faire un simple score de témoignage.

    Six mois plus tard, force est de constater que les forces de la division l’ont provisoirement emporté sur les forces de l’unité.

    Le Parti communiste veut imposer Marie-George Buffet comme candidate et ne lésine pas sur les moyens pour parvenir à ses fins. Il a multiplié la création de collectifs qui ne représentent, localement, que la sensibilité communiste. Il mène campagne de manière autonome, en parallèle de quelques grands meetings unitaires. Il se livre à des pratiques d’un autre âge en refusant, par exemple, de valider le procès-verbal d’une réunion de notre collectif national au cours de laquelle l’écrasante majorité des participants a fait savoir que Marie-George Buffet ne pouvait pas incarner, sur le bulletin de vote, la richesse de notre rassemblement.

    La Lcr, de son côté, vient de confirmer son engagement dans une campagne autonome avec Olivier Besancenot comme candidat. Elle multiplie les arguments pour justifier un prétendu désaccord de fond sur notre orientation commune. Elle pratique l’unité à la carte, un pied dedans, un pied dehors, sans rechercher les voies et les moyens d’une campagne réellement unitaire. Elle préfère se mesurer électoralement au Parti communiste plutôt que de répondre, de manière collective, à l’espérance née de notre succès commun victorieux dans le combat contre le projet libéral de Constitution européenne.

    Le Parti communiste et la Lcr ont pris la responsabilité de casser la dynamique unitaire et, par voie de conséquence, de renoncer à répondre aux attentes des couches populaires les plus frappées par les dégâts de la mondialisation libérale.

    Je le regrette profondément. Acteur du mouvement social et du combat altermondialiste depuis de longues années, je considère qu’il est temps de traduire nos mobilisations dans l’espace politique et électoral. Notre responsabilité fondamentale reste en effet de ramener dans la camp de la gauche les millions d’électeurs et d’électrices qui, déboussolés par vingt-cinq ans d’alternance sans changement fondamental de leurs conditions d’existence, ont progressivement choisi de déserté les urnes ou de disperser leurs voix jusqu’à l’extrême droite. Le 21 avril 2002, la gauche a perdu parce qu’elle n’avait pas su répondre aux attentes des citoyens et citoyennes les plus touchés par la précarisation sociale généralisée.

    Toutes celles et ceux qui souffrent socialement n’attendent pourtant qu’une seule chose : une perspective crédible de changement qui ne se résume pas à quelques aménagements du système économique. Sans remise en cause radicale des logiques économiques libérales qui, des décisions de l’Omc jusque dans la vie quotidienne, conduisent à la marchandisation des services publics, au dumping social, à la croissance vertigineuse des inégalités, il n’y a d’autre issue que le renoncement à changer vraiment la vie. Entre la simple alternance et la véritable alternative anti-libérale, il existe un fossé qui nous sépare d’une gauche plus encline à gérer le pouvoir qu’à engager la transformation sociale.

    Pour donner sens à ce combat pour une alternative anti-libérale, il nous faut impérativement créer les conditions d’une dynamique populaire et électorale. C’est mal parti.

    Les difficultés pour rassembler des courants, des sensibilités, des personnalités engagés dans notre combat commun sont compréhensibles. L’unité est un combat. Mais force est de constater que le processus engagé débouche aujourd’hui sur une impasse. La multiplication des candidatures aboutit à brouiller plutôt qu’à clarifier notre perspective, prêtant le flanc à des critiques ironiques de la part de celles et de ceux qui ont parié depuis longtemps sur notre échec. En s’enfermant dans la méthode dite du « double consensus », le collectif national a pris le risque de donner une image plus groupusculaire que populaire de notre rassemblement. Il a beaucoup trop tardé à dire ouvertement que la candidature de Marie-George Buffet était incompatible avec une logique unitaire.

    J’ai proposé, sans succès, que nous mobilisions toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans notre démarche pour choisir le candidat ou la candidate la mieux à même de porter notre message dans le cadre d’une campagne collective. Il ne s’agissait nullement de désigner des vainqueurs ou des vaincus mais de faire participer activement les citoyens et les citoyennes à la dynamique unitaire. C’était, aussi, une manière de construire un rapport de forces populaire. La résistance à cette proposition - qui prend pourtant d’autant plus de sens après que le Parti socialiste a su désigner, à sa manière, sa propre candidate - témoigne d’une incompréhension des attentes citoyennes en matière de participation active aux choix politiques.

    Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,

    Pour l’heure, et sous réserve d’événements qui changeraient profondément la situation actuelle, j’ai donc décidé de retirer ma proposition d’incarner notre rassemblement sur le bulletin de vote de l’élection présidentielle.

    Je n’entends pas, en effet, continuer de servir d’alibi unitaire à d’autres desseins, partidaires ou personnels. Je n’entends pas non plus semer des illusions auprès des amis et des camarades qui viennent, toujours très nombreux, soutenir la démarche de rassemblement dans les meetings. Je n’entends pas m’engager pour autre chose qu’une démarche unitaire et populaire visant à modifier durablement, à l’occasion de l’élection présidentielle, la donne électorale à gauche.

    Je poursuivrai naturellement le combat avec vous toutes et tous, sur les bases stratégiques et programmatiques qui sont les nôtres. La création des collectifs unitaires est le signe d’une volonté de construire un espace politique nouveau, après la victoire des collectifs du « non », il y a dix-huit mois. Nous trouverons ensemble, j’en suis sûr, les voies les plus adéquates pour participer activement aux prochaines échéances électorales législatives, municipales et cantonales, à l’occasion desquelles nous espérons bien porter haut et fort le message de la gauche anti-libérale.

    Fraternellement,

    José


  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 28 novembre 2006 17:53

    Brillante démonstration que vos espoirs d’une révolution républicaine idéale sont sans avenir immédiat, si ce n’est futur.

    Une révolution non-violente par le truchement d’élections ? Quelle révolution, avec qui, avec quelles forces ou partis unis, pour instaurer quel système économique libéral et (donc) juste ?

    Je suis plus modeste que vous et moins idéaliste : si la PS arrive avec SR à revitaliser la vie démocratique de ce pays et de la gauche, je suis pour le moment preneur. Et je n’ai guère le choix, mais je me demande si, vous, vous l’avez.

    PS : curieux que vous puissiez affirmer que l’extrême droite et l’extrême gauche sont l’expression d’un peuple enfin uni dans le non au TCE... Il me semble que là vous poussez un peu loin le bouchon de l’unité ; certains s’y sont déjà essayés et ont mis fin à la république de Weimar


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 28 novembre 2006 18:26

      Il s’agit d’une unité purement négative contre la social-démocratie et la démocratie dite bourgeoise qui a conduit à la répresssion de toute la gauche et au nazisme.


    • Denis COLLIN (---.---.18.60) 30 novembre 2006 17:42

      Une précision. Peut-être me suis-je exprimé trop rapidement. Je ne propose évidemment pas une « unité » entre la gauche et l’extrême-droite ! Je voulais seulement attirer l’attention sur le fait qu’une partie des électeurs de l’extrême-droite ne le sont pas nécessairement parce qu’ils adhèrent aux thèses du FN ou des autres « populistes » (quel terme impropre !) qui semblent avoir le vent en poupe en Europe.

      Comme la gauche officielle, en France ou ailleurs, est devenue résolument « mondialiste » (et non plus internationaliste) elle a abandonné de fait la question de la nation à l’extrême-droite. Le Pen s’est permis de faire un de ses numéros habituels à Valmy.

      Mais dans cette affaire, aujourd’hui comme hier, la montée de cette extrême-droite est le prix des fautes des chefs de la gauche. La revendication de la souveraineté populaire, être « maître chez soi », est tout simplement la forme classique sous laquelle les peuples revendiquent leur liberté. Que cette revendication soit ensuite manipulée à des fins liberticides, c’est une autre affaire.

      Si la refondation de la gauche n’est pas une utopie (je vous concède que c’est peut-être un pari irréaliste), elle ne pourra pas faire l’impasse sur cette question. La liberté s’exerce dans le cadre d’une communauté politique déterminée et non dans les abstractions mondialistes. Kant faisait remarquer qu’un Etat mondial serait ou anarchique ou tyrannique. Les citoyens le savent. Et c’est pourquoi, en dépit des annonces un peu prématurées de son décès, l’Etat-nation a la vie dure. Le socialisme d’avant-hier, celui de Jaurès par exemple, combinait précisément le patriotisme et l’internationalisme : un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre ! Repenser la souveraineté, c’est précisément le défi auquel nous sommes confrontés. Sinon ce sera l’extrême-droite raflera la mise.


  • Souris verte (---.---.123.118) 28 novembre 2006 22:06

    De bonnes informations et analyses sont une priorité avant toute refondation.

    Les militants manquent souvent de certaines informations et analyses précises et incontestables pour convaincre dans leur lutte contre le libéralisme économique.

    Quelques fausses évidences sont réfutées sur ce site

    http://travail-chomage.site.voila.fr/index2.htm

    Voici deux exemples.

    Durée du travail : apparences et réalités - France et autres pays

    Pour une durée légale du travail de 35 heures par semaine en France, la durée effective moyenne est de 39 heures pour les emplois à temps plein et de 36,3 heures pour l’ensemble des emplois (temps plein et temps partiel). Par comparaison, ces durées sont inférieures en Grande-Bretagne : 37,2 heures pour les emplois à temps complet et 31,7 heures pour l’ensemble des emplois. Elles sont aussi inférieures aux Etats-Unis et dans plusieurs pays en Europe.

    La durée hebdomadaire moyenne du travail pour l’ensemble des personnes ayant un emploi (salarié ou non, temps plein / temps partiel) est de :
    36,3 h en France
    - 36,2 h en Italie (12,7% de temps partiel)
    - 35,1 h au Danemark (21,6% de temps partiel - durée officielle du temps de travail : 37H)
    33,8 h aux Etats-Unis
    - 33,6 h en Allemagne
    - 33,2 h en Espagne (35,5 h pour le temps plein - 16,4 h pour le temps partiel avec un taux de 12,4%)
    31,7 h en Grande-Bretagne (37,2 h pour le temps plein - 15,7 h pour le temps partiel avec un taux de 25,5%)
    - 30,1 h en Suède (36,1 h pour ceux « au travail » - taux de temps partiel à 20,3%)
    29,2 h aux Pays-Bas (36,9 h pour le temps plein - 18,9 h pour le temps partiel avec un taux de 44% - durée officielle du temps de travail : 38H)

    Un article très documenté à voir sur écran :

    http://travail-chomage.site.voila.fr/emploi/duree_travail.htm ou à imprimer (version word)

    et

    Danemark et chômage : le modèle danois n’a aucun mérite

    Un des arguments pour faire accepter plus de flexibilité et de précarité du travail est le taux de chômage en France, prétendu plus important que dans d’autres pays « qui réussissent » en suivant le modèle britannique ou un modèle nordique. Chacun de nous sait, de façon plus ou moins précise, que les chiffres du chômage sont encore plus trafiqués dans ces pays que chez nous. Les emplois à temps très partiel sont une partie du trucage, et l’on en connait la contrepartie au niveau de la pauvreté (les travailleurs pauvres).

    L’essentiel de la contrefaçon sur l’emploi se trouve dans l’abondance des « invalides » en Grande-Bretagne et surtout aux Pays-Bas. Une autre méthode est celle des « malades de longue durée » en Suéde ou des préretraités au Danemark. Bien évidemment, ces différentes combines peuvent être utilisées dans différentes proportions.

    Ainsi, en 2004, le Danemark a plus de préretraités (187 200) que la France (139 700) pour une population active dix fois plus faible. Avec les autres mesures de marché du travail, le nombre réel de chômeurs est 2,52 fois le nombre officiel. Le taux de chômage réel devient 14,65 % au lieu d’un taux officiel de 6,38 %. Avec une évolution de sa population active identique à celle du Danemark depuis quinze ans, non seulement la France n’aurait plus aucun chômeur officiel, mais le chômage réel serait résorbé pour l’essentiel. Et cela sans introduire une plus grande flexibilité des contrats de travail.

    Si de plus la France avait eu recours à la même proportion de préretraites que le Danemark (6,78 % de sa population active), le chômage réel aurait entièrement disparu et beaucoup d’emplois à temps partiel seraient redevenus des emplois à temps plein. Inversement, si la population active du Danemark avait augmenté dans la même proportion qu’en France (+12,1%), tout en créant aussi peu d’emplois (43 600 en quinze ans), le nombre de chômeurs aurait augmenté de 372 500 et le taux de chômage réel serait devenu 24,0 % de la nouvelle population active (après son augmentation).

    A voir ici http://travail-chomage.site.voila.fr/danois/dk_merite.htm

    D’autres documents d’information et d’analyse sont à lire, tous disponibles en version pour l’impression.


  • ares (---.---.183.193) 28 novembre 2006 23:53

    A ceux qui consciemment ou non se raccrochent au vote contre le TCE il faut peut être rappeler que ce vote n’impliquait aucune conséquence politique automatique, à peine pouvait-il donner à penser que certains partis gagneraient une meilleure image, celle les faisant apparaître comme les plus proches du peuple. Il est bien évident qu’actuellement la situation a changé, l’enjeu n’est plus le même et les partis ont repris leur liberté ou sont en voie de l’avoir totalement récupérée au grand DAM des utopistes « pseudo » révolutionnaires. Quel parti prendrait en toute légereté une décision suicidaire ? Vous voudrez bien observer que ce ne sont que ceux qui n’ont pas de parti derrière eux qui se battent pour recoller les morceau pendant que ceux qui en ont se battent pour passer devant tout le monde et renforcer leur parti ! La LCR est partie ! le PCF reste mais veut imposer ses choix à tous et les pseudos « révolutionnaires » socialistes du « NON » au TCE mesurent le risque d’un comportement pouvant déboucher sur des sanctions lourdes ! Tout ceci est logique...restent quelques rêveurs ou pseudos « rêveurs » qui savent bien que c’est « foutu » !!! Courage camarades prenez aussi vite votre carte du PCF comme ça vous n’aurez plus d’état d’âme ou alors, tous seuls comme des « grands » rassemblez vos collectifs « antilibéraux » et jetez-vous dans la bataille ....un peu de courage encore ! Quand à refonder la gauche !!! Si déjà son « corpus d’idées » était débattu ?


  • bright nantes michel naud 29 novembre 2006 05:34

    Bonjour Denis,

    Que je suis content de retrouver le « Denis Collin » de « l’illusion plurielle » (éditions Jean-Claude Lattès 2001). Bien sûr ton papier est dense et balaye des champs assez larges néanmoins je partage très largement, si ce n’est totalement, ton décryptage des fondements idéologiques du « royalisme », ta caractérisation de l’impitoyable déclin du PCF (le lynchage en cours de ce parti sur le site d’ultragauche bellaciao est pathétique), celle de l’impuissance congénitale de la « gauche de gauche », et enfin ta pour le moins grande méfiance relative à la pertinence du concept d’ « antilibéralisme » se substituant peu ou prou au tout aussi peu pertinent « altermondialisme » (les prochaines variations lexicales « alterlibéralisme » et « antimondialisme » smiley ?).

    Oui, tu as raison : il manque « un candidat indiscutablement laïque et républicain, indiscutablement héritier de la tradition populaire et militante du socialisme, capable de parler à tous les citoyens, et pas seulement dans les blogs » ; malheureusement je ne suis pas certain ni qu’il en existe avec le charisme nécessaire ni que cela se révèle suffisant.

    Oui, tu as raison aussi quand tu relèves que « une partie de l’électorat populaire et protestataire de la gauche s’est également réfugiée dans l’abstention et parfois même dans le vote Front national. Nul doute que ces phénomènes vont s’amplifier dans les mois qui viennent, en raison de la méfiance toute particulière que Mme Royal suscite chez les militants, syndicaux ou politiques, issus de la tradition socialiste ou communiste. » Ce n’est pas par hasard que le Front National prospère sur la réthorique républicaine quand la fraction républicaine de la droite (Debré, Villepin, Alliot-Marie, etc.) est scotchée par l’appareil Sarkosiste comme par un effet miroir de ce que on a vu se dérouler au sein du Parti Socialiste.

    Oui, tu as raison aussi, même si tu joues davantage par la suggestion (en évoquant le vote néerlandais) que par l’affirmation explicite, de souligner l’« attachement à la souveraineté nationale », et de suggérer en conséquence - comme tu l’as déjà écrit par ailleurs - qu’il n’est pas démocratie possible dans un collectif d’être humains si ce collectif n’est pas souverain (c’est à dire maître des décisions qu’il prend) ; on pourrait d’ailleurs tirer le fil de ce concept assez moisi, par delà les apparences médiatiques, de « démocratie participative » (même tu évoques déjà les filiations dans ton article même si tu ne les pointes pas explicitement).

    Il me semble bien peu probable qu’une candidature allant dans le sens de celle à laquelle tu aspires, avec le charisme nécessaire, puisse émerger mais les seules batailles qu’on est sûr de perdre sont celles qu’on n’engage pas. Je suis d’accord avec toi que cela mérite, qu’il est nécessaire, de l’essayer.

    j’arrête avant de lasser définitivement les lecteurs pour jouer au petit jeu des premiers commentateurs ; oui j’ai bien vu que Fabius n’est pas écorné dans tes propos (et tu as eu raison) mais je ne pense pas que tu puisses penser qu’il puisse désormais remplir ce rôle ; à mon sens tu penses au « sénateur Mélenchon » (ce n’est pas pour rien que tu le cites en entrée ... tu ne fais jamais rien par hasard smiley ...) et, même si ce brave sénateur n’est pas très communiquant, il me semble capable effectivement, dans ce champs de ruines à gauche, à la gauche de la gauche, mais aussi (et oui) dans la droite républicaine, de recréer la perspective d’un « pôle républicain » ...

    Amicalement à toi,

    Michel


  • axion (---.---.174.250) 29 novembre 2006 07:37

    Comme dirait l’autre, le futur est incertain, mais il a déjà un avenir.

    Je suis déçu qu’une campagne « anti » donne d’aussi bons résultats. (Que bâtir sur de l’anti ?). Mais après tout, l’effet lessive est assez évident.

    Ségolène, le meilleur produit « anti-poux » du marché politique ?

    J’ai parfois l’impression que le citoyen fait de la politique comme il va au supermarché, et qu’il vote comme il achète (plus vite que son ombre smiley.

    Axion.


  • ZEN zen 29 novembre 2006 08:33

    Selon une expression qui me paraît juste, le PS est devenu depuis longtemps un parti « hors-sol », déconnecté des réalités économiques de fond, de la détresse sociale et de la précarisation de plus en plus généralisée qui résulte des marchés financiers débridés et mondialisés


  • (---.---.37.70) 29 novembre 2006 08:57

    Le socialiste est mort, si des gens ne l’on pas encore compris alors que l’URSS s’est effondré (1992 pourtant !), c’est qu’il ont un petit pois à la place du cerveau.


  • bernard29 candidat 007 29 novembre 2006 11:42

    A « la gauche de la gauche », nous assistons à un poker menteur. Le PC et la ligue ne peuvent accepter la venue d’un nouvel acteur à la gauche. Ces partis jouent leur survie. Et tout le monde le sait. le PC a d’ailleurs plus a perdre que la Ligue.

    Pour que la « gauche de la gauche » (si on peut appeler la mouvance PS la gauche !) existe il faudra prendre un risque. Il faudra oser une candidature non encartée, soutenue par une équipe déterminée, et quelque soient les réactions de ces organisations (PC et Ligue)qui seront ainsi renvoyées à leurs contradictions. C’est ce qui fera turbuler la gauche. Si Mélenchon veut avoir une chance, il devra démissionner du PS.

    Et cela on le saura le 10 décembre. S’il y a échec, nous irons tout droit vers le bi-partisme. La ligue sera renvoyée à ces amours extrêmes (Arlette et Glucsstein), le PC affaibli et en voie d’extinction a des accords de circonscriptions avec le PS. Et les tous les autres dans un « ailleurs » de frustration politique.


  • René Job (---.---.131.47) 29 novembre 2006 13:25

    Cher Denis,

    Votre article est un espoir exprimé. C’est un souhait. Toutefois, en dehors du plaisir de vous lire, il n’arrivera rien d’autre que la très probable élection de Ségolène.

    J’aimerais que le sénateur de la république Mélanchon se désolidarise des autres, mais il n’aura que peu de forces à réunir.

    Les Verts de Voynet sont corrompus et achetables par Ségolène. Il suffit pour le savoir de les écouter. Je ne parle même pas du fait qu’ils n’ont rien à dire d’intéressant.

    Les Communistes de Buffet sont dans le même cas que les Verts : achetables et inintéressants au possible.

    Ces deux formations n’ont rien d’anti-libérales, elles se sont alliées à toutes les politiques pro-monétaristes qui ont été menées. Car pour être précis le libéralisme dont nous parlons est la version de Friedman. Cette version est extrémiste au sens où il pousse l’application de la théorie micro-économique à toutes les fonctions « régaliennes » de l’Etat. D’après le principe que les marchés feront toujours mieux que n’importe quel Etat. Il entrera dans l’histoire de la pensée économique pour cela (et rien d’autre). Evidemment son succès était assuré puisque la dérégulation (la fin de l’action de l’Etat) servait intrinsèquement les intérêts privés ; lesquels, d’ailleurs, n’ont pas manqué de s’emparer de sa pensée pour l’imposer aux décideurs afin de la mettre généralement en oeuvre. Le reste relève du panurgisme. Pour exemple, quelques manifestations de la mise en œuvre de cette pensée : les privatisations d’entreprises publiques (fondées avec l’argent des contribuables), la généralisation de la gestion des services publics en mode privé (les marchés publics), l’application des concepts entrepreneriaux aux services non-marchands, la construction d’un marché monétaire mondial complètement privé avec quelques opérateurs-arbitres indépendants du politique (expression de la main invisible), l’exploitation des « meilleurs terrains » en priorité d’où la mondialisation (« terrain » au sens sociologique), une logique de recherche systématique de la production à moindre coût en prétextant l’intérêt des consommateurs (la demande) tout en oubliant de signaler que les consommateurs correspondraient non à toutes les CSP des marchés nationaux mais à des segments de CSP dans le cadre de marchés internationalisés. Un marché d’un bien X étant alors la réunion des segments de marchés nationaux formés par l’ensemble des CSP équivalentes dans chacun des dits pays. La notion de marché passant alors du « vertical » au « transversal ». Ce qui fait qu’on se fiche de savoir si l’ouvrier achètera ou non la voiture qu’il produit, c’est-à-dire qu’on ne se demande plus s’il est suffisamment payé pour produire (fin du fordisme). Ce qui suppose la désolvabilisation des classes populaires voire moyennes dans de nombreux pays développés. Ce qui entraîne un autre mouvement, à savoir la fin de tout protectionnisme sous quelque forme que ce soit (taxe ou norme ou subvention) au nom du principe de la concurrence non faussée.

    Il y a même une psychologie monétarisante. Les rapports hommes/femmes se comprendraient très bien en employant cette grille d’analyse. Il n’y a plus alors que l’égoïsme transformé en intérêt. L’intérêt permettant de calculer qu’elle est l’utilité marginale d’un acte conjugal quelconque ou parental. C’est-à-dire à quel moment l’insatisfaction ressentie à l’égard de l’autre est telle qu’on n’a plus de raison (= intérêt) de poursuivre provisoirement ou définitivement la relation. L’autre : un objet de calculs avec retour sur investissement obligatoire. Bref l’orgasme obligatoire, un corps parfait, des revenus élevés et « jamais d’accident de la vie ». Défaillance interdite sous peine de demande de remboursement immédiat. L’argent comme le disent les psychnalistes étant la mesure commune entre les individus. Bizarre. Il me semble qu’effectivement cette théorie a gagné du terrain...au quotidien.

    Sur le plan sociétal, ce sont alors des idées de répression des désordres sociaux engendrés qui deviennent à la mode. L’action répressive étant bien alors la seule vertu qu’on reconnaisse à l’Etat. Les élites se reconnaissent entre elles d’un pays à l’autre étant donné qu’elles sont toujours dans les segments de marchés visées. Elles profitent pendant que le reste de leurs populations respectives sombrent dans la misère sous leurs regards compatissants. Après tout, comme tout le monde le sait, il suffit de faire une grande école pour bénéficier de ce nouvel ordre des choses.

    Là-dessus, LO et la LCR restent finalement assez cohérentes et repliées sur elles-mêmes. Néanmoins aucune de ces deux formations n’a une pensée économique sérieuse et structurée. Ce qui les disqualifient l’une comme l’autre à toute prétention gouvernementale.

    Les autres mouvements sont ou bien trop minoritaires et discrets ou bien trop « mondialistes ».

    Il n’y a donc pas d’offre sérieuse à côté de celle de Ségolène Royal. De fait, cette candidate va aller, paraît-il, aux USA pour rencontrer des membres du Parti Démocrate. Le PS est donc entrain de se convertir au monétarisme ambiant (néo-libéralisme). En ce qui concerne le libéralisme au sens classique du terme, nous en sommes tous imprégnés. Les pensée « socialisantes » sont apparues après sa venue. Elles se sont construites avec. La liberté individuelle n’est pas en soi un mal. Les libertés publiques non plus. Mais la solidarité est nécessaire. C’est donc à la loi d‘organiser des conditions de vie justes et dignes pour tous. Or le monétarisme rompt avec ce consensus.

    D’un côté, nous aurons une société « traditionnelle », moralisant et répressive et, de l’autre, des multimilliardaires qui mettront à sac la planète, impunément. Le tout enrobé par de la charity business pour faire croire à une « justice humaine ». C’est l’avenir. Et Ségolène est une de leurs nombreuses créatures chargées d’accomplir leur programme (=leur projet de domination absolue).

    Comme les électeurs veulent une femme à la Présidence. On aura Ségolène. Elle nous fera un programme social-néolibéral tendance répressive (l’ordre juste. On se demande pour qui ?). Sarkozy, lui nous fera un programme néolibéral tendance loterie (la méritocratie). Les deux se valent. Reste Le Pen, dans le rôle du vieil épouvantail de service.

    Ségolène : une victoire à 70% au second tour. + 5 années de « crypto franquisme » (alliance du néo-libéralisme et du catholicisme traditionnel).

    Résultats :

    1/ plus de gauche française. Le PS tiendra lieu de référent pour la gauche comme aux USA alors que le parti est néo-libéral. Sans que l’esprit moyen de l’électeur soit choqué ou interpellé par les faits.

    2/ L’UDF fera et défera les majorités en s’alliant tantôt aux ultras néo libéraux soit aux néo-libéraux (qui apparaîtront, dans cette configuration, plus modérés que les autres).

    3/ La société sera globalement et euphémiquement répressive (on aura du mal à assumer. Alors on aura tout un vocabulaire « soft » ad hoc, façon « col blanc »).

    4/ Fusion partielle de l’extrême droite avec l’UMP.

    5/ Peoplisation complète de la vie publique toujours sur fond de moralisme publicitaire.

    6/ Montée de la criminalité internationale avec prise de contrôle possible de certains Etats.

    Voilà quelques idées qu’on peu déjà esquissée. Donc point de gauche dans ce mouvement. On aura le choix entre un néo-libéralisme « dur » et un néo-libéralisme « soft ». Les détails faisant la différence. On choisira entre deux produits ayant les mêmes fonctions dans deux emballages différents. Un peu comme dans une grande surface : Coca ou Pepsi ?

    Je ne suis pas optimiste. J’ai un peu forcis le trait. Je pense que l’avenir de notre république va vers un comportement électoral indifférent comme aux USA où, en ce moment, presque 2 électeurs sur 3 ne vont plus voter.

    La gauche ? un bruit à contrôler !

    Au fait, comme prévu, Ségolène est entrain de faire sa formation accélérée à l’international, façon Science Po (lecture en diagonale, transformant de facto le lecteur en « spécialiste » car capable de photographier et restituer à la demande, concepts et plans relativement à une question donnée). Une fois fait, elle s’occupera d’économie. Elle apparaîtra « compétente » à l’électeur moyen vers février 2007. Tout va bien.

    D’un point de vue « monétariste », combien vaut mon commentaire, selon vous ?


    • Denis COLLIN (---.---.7.233) 29 novembre 2006 14:53

      Que dire ? Sinon vous pouvez fort bien avoir raison. L’intelligence est pessimiste, mais peut-être laisserons-nous un peu de place à l’optimisme de la volonté ?

      DC


    • René Job (---.---.132.239) 29 novembre 2006 16:00

      Oui, d’accord pour faire de la place à « l’optimisme ». smiley

      ...mais, quand même, je ne peux m’empêcher de m’évoquer Cassandre au moment où son frère s’est présenté à la Cour de Priam en compagnie d’Hélène.

      La bipolarisation du paysage politique français me semble une tendance lourde. Je pense même que nous sommes à un point critique,une sorte de moment charnière où tout se décide.

      Si une vie bipolaire l’emporte sans nuance, j’ai peur que les pensées suivent. Nous aurons une résurgence du manichéisme.

      Attendons de voir. En Février 2007, toutes les forces en présence seront déclarées et déployées. Nous verrons alors quel sera notre avenir.

      A vous relire.


    • bright nantes michel naud 29 novembre 2006 18:52

      @ René et @ Denis,

      J’ai l’impression diffuse que vous n’êtes pas tous les deux tout à fait sur la même longueur d’onde. Certes en apparence ton « optimisme de la volonté », Denis, entend répondre au « pessimisme » du résultat évoqué par René et sur lequel je pense que nous sommes tous les trois pareillement désabusés sur ce que pourrait être la politique royaliste après son élection, et les dommages collatéraux.

      Ceci dit, René : tu me sembles regretter prioritairement la non émergence d’une candidature antilibérale (et néanmoins crédible sur le plan économique) et anti-autoritaire, je me risquerais presque à me dire que tu t’inscris un peu dans la logique « anti-systémique » de Wallerstein.

      Quant à toi, Denis : ta posture me semble plus empreinte de républicanisme (la théorie de la justice + la laïcité et l’indivisibilité de la république + la « sociale » au sens marxien).

      Cette perception me saute surtout aux yeux quand on arrive à la fin des papiers respectifs et qu’on s’interroge : « et alors ? » ...

      Denis, ton aspiration - qui se veut appel à l’action - est limpide : c’est à des nuances près celle qui courrait de « l’illusion plurielle » à « revive la république ! », c’est celle de l’émergence d’un regroupement « indiscutablement laïque et républicain, indiscutablement héritier de la tradition populaire et militante du socialisme », se traduisant si possible par une présence dans le débat politique présidentiel et donc un candidat.

      Par contre ta conclusion, René, me paraît prendre figure de celle d’un spectateur (plus qu’acteur), désabusé si ce n’est déprimé, de ce qui nous arrive : je n’ai pas identifié de réponse possible au « et alors ? » si ce n’est le « qui vivra ... verra ».

      En fait, au bout du bout, quel est l’enjeu ? de « refonder la gauche » comme nous y invite la contribution de Denis ? ou de faire « revivre la république », « une république, indivisible, laïque et sociale » ?

      Où est la ligne de clivage principale aujourd’hui ? sur le « libéralisme » ou sur la démocratie ?

      Le fait que je pose la question indique ce vers quoi penche préférentiellement ma réponse smiley


    • Denis COLLIN (---.---.18.60) 29 novembre 2006 19:57

      Cher Michel,

      Je ne suis pas certain que le clivage soit sur « la démocratie », car c’est un mot aux sens multiples dont on use et abuse. Je préfère la république. Mon républicanisme tient en deux idées : 1° la liberté, c’est de n’être pas dominé, ce qui distingue le républicanisme du libéralisme qui, lui, définit la liberté comme la non-ingérence (sur ce point, lire Skinner, Spitz ...)

      2° la liberté suppose la loi qui précisément protège l’individu contre la domination. Ce qui oppose encore le républicanisme au libéralisme, puisque ce dernier considère que la liberté est limitée par la loi, même si à la différence de l’anarchisme, il admet que cette une limitation nécessaire.

      C’est bien pourquoi, comme tu le sais, je n’ai pas grande considération pour le discours « antilibéral » parce qu’on occulte ainsi les questions essentielles. On donne aux libéralisme le monopole de la liberté alors que la question porte sur la nature de la liberté.

      Quittons une minute les abstractions : les lois sociales et le code de travail, en dépit de leurs imperfections protègent l’individu contre la domination. Le contrat de travail est un contrat asymétrique et un contrat de soumission. Seule la loi peut corriger cette asymétrie et empêche que la condition du salarié ne s’approche dangereusement de celle de l’esclave.Or sur ce point, nous pouvons noter une convergence intéressante entre M.Sarkozy, Mme Royal (et même ex-concurrent M.Strauss-Kahn) : plus de contrat, moins de loi, clament-ils en choeur !

      On pourrait prolonger ces distinctions. Les libéraux sont tolérants, mais nous, républicains nous sommes laïques et ce n’est pas du tout la même chose. Les lois laïques et la stricte séparation de l’Etat et des églises (toutes les églises !) protègent la liberté de tous les citoyens, y compris les croyants hérétiques et les incroyants.

      On pourrait ainsi continuer longuement. J’ai développé tout cela dans mon Revive la République, que tu as eu la gentillesse de citer.


    • René Job (---.---.132.43) 29 novembre 2006 20:01

      Cher Michel,

      « Ceci dit, René : tu me sembles regretter prioritairement la non émergence d’une candidature antilibérale (et néanmoins crédible sur le plan économique) et anti-autoritaire, je me risquerais presque à me dire que tu t’inscris un peu dans la logique « anti-systémique » de Wallerstein. »

      Oui, c’est un regret profond et un non regret. Un regret profond car ça ne nous laisse que les produits prêt-à-consommer qu’on nous sert. Aucun n’est à mon goût. Mais aussi un non-regret car étant donné les acteurs de la « gauche anti-libérale » mieux vaut rien que quelque chose. Au moins, on reste tranquillement avec ses rêveries.

      En ce qui concerne la pensée de Wallerstein, j’y suis sensible.

      *******************************************

      « « et alors ? » ... »

      Rien. Sinon le triste spectacle auquel nous assistons depuis trop longtemps. En un sens rien de neuf.

      *******************************************

      « Par contre ta conclusion, René, me paraît prendre figure de celle d’un spectateur (plus qu’acteur), désabusé si ce n’est déprimé, de ce qui nous arrive : je n’ai pas identifié de réponse possible au « et alors ? » si ce n’est le « qui vivra ... verra ».

      Oui, en effet, je suis une sorte de solitaire de gauche. Car des « gens de gauche », j’en connais. Oui oui, un tas. Affolant ce qu’ils ont l’air d’être convertis au néo-libéralisme dès qu’il est question de leur vie personnelle (revoir ma schématique dans mon premier commentaire). Je m’abstiens de tout commentaire avec eux. Ça casse le lien social. Donc, je suis assez voltairien dans mes conclusions de vie personnelle.

      En ce qui concerne le collectif, je trouve qu’une des petites phrases de Mélanchon est très appropriée pourvu qu’on lui donne de l’extension : « descendez de vos arbres ! ».

      *******************************************

      « En fait, au bout du bout, quel est l’enjeu ? de « refonder la gauche » comme nous y invite la contribution de Denis ? ou de faire « revivre la république », « une république, indivisible, laïque et sociale » ? Où est la ligne de clivage principale aujourd’hui ? sur le « libéralisme » ou sur la démocratie ? »

      Beaucoup de questions. Peu de réponses à disposition.

      Toutefois, mon leitmotiv est que la république est un régime oligarchique et aristocratique qu’il ne faut pas confondre avec la Démocratie qui est bien le pouvoir de tous en direct. La Démocratie suppose donc une organisation institutionnelle finement réfléchie.

      Modèle Romain contre modèle Grec Athénien.

      Donc la refondation de cette République m’intéresse fort peu. Je la trouve dans son évolution conforme à elle-même.

      Rien de franchement troublant dans ce que nous vivons. Que de bonnes analogies à bien goûter comme il se doit.

      La « gauche » n’est finalement qu’un positionnement dans un hémicycle et une façon condensée de désigner les pseudo-idées des gens assis conventionnellement à cet emplacement. La dérive étant qu’à la fin « être de gauche » ne signifie plus rien en soi. Le fond de réflexion a disparu dans l’opération. On ne sait même pas s’il y en a eu un, un jour.

      On peut dire la même chose des gens assis à droite. Les vrais libéraux ont été obligés eux aussi de s’inventer des noms pour se distinguer : les libertariens (par exemple).

      Les électeurs-citoyens se fichent des doctrines. Ils veulent du manifeste dans leur vie. De l’imaginaire puissant et de la jouissance matérielle. Ou des promesses telles que la déclaration de reconnaissance de l’existence de la fracture sociale et sa réduction. C’est tout.

      Je penche aussi vers la démocratie.

      Mais je n’espère rien de l’avenir. Ça fera au mieux de bonnes surprises et au pire, rien qui change.


    • nadie (---.---.18.60) 30 novembre 2006 00:44

      Monsieur Denis Collin,

      REFONDER LA GAUCHE ? j’aimerais aborder deux « petites choses » de « La vie moderne » : L’esprit des lois, ce qui doit relever du domaine de La loi et les Lettres de cachets ? SERA-CE HORS SUJET DE LA REFONDATION DE LA MAISON COMMUNE ?

      1/ pourriez-vous donc ausi écrire un article au sujet de l’euthanasie et de ceux qui veulent ou souhaitent que l’état légifère sur ce point en l’autorisant et chose aggravante sans accord de l’intéressé s’il est estimé par la « science » en devenir ou en état de « non vie ou d’inutilité. » J’ai pu avoir connaissance d’une famille en souffrance qui en a fait les frais, et les géniteurs en désaccord ont été niés et le fait s’est fait en dehors de toute logique ou morale, géniteurs de plus interdits lors de La cérémonie des adieux ! De vieux temps noirs resurgiraient donc ? et le rôle assigné à l’état serait de légiférer en tous domaines ? de ce monde là néo-moderne, on en souffre et c’est « de n’y comprendre rien, est-ce ainsi que les Hommes vivent ?! »

      Sens de la vie ou instinct de mort ? et euthanasie à appliquer par décret envers un ou une autre de notre Espèce humaine ! et l’application à qui et à partir de quelles critères ou observations dites rationalistes ou sensées ou raisonnables ou incompréhensibles ?

      Bien sûr ce n’est pas vous dont je connais la sagesse, la morale, la raison, la philosophie,les écrits et votre sens de l’éthique. Mais je vous sollicite car pour mon goût, ce débat de société aurait aussi grand besoin d’être mené, trop de confusions ou de convictions inébranlables règnent dans certains esprits.

      MORALE ET JUSTICE SOCIALE, RE-Vive la République à Vivre :

      2/ Et donc pas de lettres cachées ou envoyées à d’autres sans que le nominé ait pu au moins en prendre connaissance, cela pour tenter de se défendre, c’est bien la moidre des choses, le plus petit dénominateur commun à tous les Républicains ? sinon cela se nomme lettres de cachets, volonté du prince, délation anonyme ou je connais mal le vocabulaire à employer ?

      Donc, aurez-vous le temps de lire sur la place de l’Agora une information gravissime parue ce jour à propos d’un jugement rendu ? Le bénéfice du doute a profité à qui ? A celui qui a écrit la lettre secrète, à l’accusateur ! Un Homme juste et villipendé a perdu ! il est donc nié ! le poursuivant devient le poursuivi et l’accusé ! Il est le grand perdant ! Qui pour s’en inquiéter de l’état de la France ?

      Vous bien sûr et d’autres encore je le sais , citoyens républicains s’en étonneront et feront ce qu’il faudra pour répondre à l’injustice sociale dont celle que vous trouverez ci-dessous en lien de la place de l’Agora. MORALE ET JUSTICE SOCIALE, RE VIVE LA REPUBLIQUE vous avez bien fait d’écrire ces livres pendant qu’il en est encore temps.

      Et que revivent de même l’Instruction publique et tant d’autres choses de la VIE si importantes POUR SAUVER LA REPUBLIQUE et demander ou ordonner à la gauche de se refonder sur des bases solides dont celles numérotées 1 et 2, catalogue bien incomplet, je le sais.

      Voici l’info à propos d’une lettre secrète de cachet sous sceau royal ? acte administratif loyal ! La République sociale a besoin de tous pour tender de se refonder.

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=16036


    • bright nantes michel naud 30 novembre 2006 10:13

      Mon cher Denis,

      Le choix des termes « démocratie » ou « république » n’est pas évident. Quand on traite du thème de la souveraineté (un peuple qui n’est pas souverain est assujetti) on retrouve ton thème de la domination, mais il me semble plus pertinent de le traiter en termes de démocratie politique ; cela me semble de même si on entend traiter du thème de la subsidiarité ou du néocorporatisme que tu évoques dans ton article. Par contre il me paraît clair que pour traiter du communautarisme ou de l’exigence de laïcité institutionnelle et scolaire, il est bien plus pertinent de parler en terme de « république ». Pour parler une langue simple, parlons donc de république : je te rejoins sur ce point.

      Je ne suis pas certain de te suivre dans ton opposition entre libéralisme et république. Je sais depuis longtemps que je n’ai pas ton érudition et je suis donc contraint de me contenter de mon regard d’ « honnête homme ». Tu cites, à titre d’illustration de l’opposition que tu argumentes, la question de la laïcité : « les libéraux sont tolérants, mais nous, républicains nous sommes laïques et ce n’est pas du tout la même chose ». Nous sommes bien d’accord que tolérance et laïcité ne sont pas du même registre mais je me demande quand même si ce n’est pas simpliste de coller l’étiquette de la tolérance aux libéraux et celle de la laïcité aux républicains. Je pense que sur ce point précis, nombre de libertariens nord-américains conjuguent sans contradiction une exigence de laïcité (le « mur de séparation » de Jefferson) qui n’a rien à envier avec la nôtre et la revendication de liberté la plus grande ; dans le champ de la liberté d’expression (et de la presse) il n’y a pas beaucoup mieux que le pourtant très basique premier amendement de la constitution (républicaine) américaine.

      Ceci dit, ce n’est pas sur Agora, dont les textes sont quasiment « à consommer sur place » qu’on avancera dans une telle discussion ... mais p’tit bout par p’tit bout smiley

      Pour revenir aux échéances concrètes il me semble assez clair et légitime qu’une solution à l’équation que tu poses ne peut déboucher désormais que par une convergence entre les « socialistes maintenus » du style Mélenchon et le Parti Communiste Français. C’est le sens de l’analyse que l’on trouve développée dans Marianne : http://www.marianne2007.info/L-hypothese-Melenchon-est-posee-au-PCF_a295.html

      (oui, je sais, cela a été aussi repris sur Bellaciao mais tu me connais assez pour savoir que ce site me sort par les yeux smiley )


    • nadie (---.---.18.60) 30 novembre 2006 12:22

      A Monsieur l’honnête homme de Lumière MN

      IMPORTANT

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=16036

      Le plus important est le lien ci-dessus à lire de toute urgence, il se retrouvera aussi plus bas.

      Préambule non important, écrire dans le dos ou pas ? intitulé d’un vieux mail reçu pendant une convalescence. Important : 1 an ou 2 ans après, les letttres de cachet continuent et sont là bien plus graves, procès et poursuite en justice : voir le lien de la place de l’Agora en haut et bas.

      aussi IMPORTANT : auriez-vous par hasard un petit mot à dire à propos de l’euthanasie, du droit d’ingérence de l’état à légiférer sur ce point, Droit et décret demandés à l’état en sa « justice » par certains citoyens se proclamant moraux, scientifiques et raisonnables ?

      Et à propos des lettres secrètes échangées où l’accusé est nommé à son insu auprès d’autres pour tenter de le dénaturer ou dénigrer : un prof de maths en retraite a su à temps m’en avertir pour le cas d’une amie proche et une Etrangère ? cousine québecoise a confirmé des échanges transversaux à propos de cette autre nommée et non informée, bien sûr c’est une femme banale, les femmes et les banales n’ont aucun droit de savoir, de droit de réponse ou de pensée pour certains petits patrons ou employés ou gauchers ou gouvernants ou citoyens, etc..., c’est bien normal, relire les textes anciens ou pas à propos des diaboliques femmes. A cet ami, soutien lors d’une disparition je suis reconnaissante, il reste un honnête Homme face aux dérives d’idées et le plus important et récent est là ci-dessous, SI BAS et que je vous DEMANDE pourtant INSTAMMENT DE LIRE : UN HOMME,un Honnête Homme UNE LETTRE de cachet, lettre secrète QUI A VALU AU PLAIGNANT DE DEVENIR L’ACCUSE et plus gravissime de perdre, et les attendus sont édifiants ! LE MONDE MARCHERAIT DONC SUR LA TETE, et qui pour le voir ou vouloir le savoir ET S’INQUIETER ET RIPOSTER ? Selon que vous serez puissant ou misérable ? Les Faits, rien que les FAITS :

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=16036


    • Denis COLLIN (---.---.170.192) 30 novembre 2006 18:27

      La deuxième question me semble aller de soi. Les libertés publiques et les droits individuels sont aujourd’hui gravement menacés. La dénonciation anonyme est pratiquement légalisée et rappelle évidemment d’autres époques.

      En ce qui concerne la première question, les choses sont plus compliquées. Il me semble qu’un certain nombre de normes morales ou juridiques ne relèvent pas du clivage droite/gauche. Il existe une droite très « libertaire » favorable à la disparition de toutes les normes morales ou juridiques tradtionnelles, le libre marché étant censé régler tout cela au mieux. Milton Friedman, par exemple, l’inspirateur des politiques économiques de la droite conservatrice était un partisan de la légalisation de la vente de drogue. En ce qui concerne les questions liées à l’éthique du début et de la fin de vie, on constate que les clivages droite-gauche sont souvent bousculés. Daniel Ortega, le leader sandiniste récemment élu au Nicaragua est favorable à l’interdiction absolue de l’avortement même quand la vie de la mère est en cause ...

      En ce qui concerne l’euthanasie, il me semble qu’il faut distinguer nettement l’euthanasie elle-même et sa légalisation. On peut comprendre que quelqu’un puisse aider un proche à mourir. Mais c’est une décision individuelle qu’on doit assumer. La légalisation en revanche tendrait nécessairement à faire de cette exception « hors la loi » une norme. Au fond il ne resterait plus qu’à trier les vies qui « valent d’être vécues » et celles qui ne valent pas d’être vécues. En outre, cette légalisation serait en même temps sa transformation en acte médical. Ce qui est, selon moi, une grave évolution de la déontologie. La législation actuelle condamne l’acharnement thérapeutique et autorise l’arrêt de traitement avec des dispositifs d’accompagnement des mourants. Cela suffit amplement. Demander au médecin de donner la mort, ce serait franchir un pas aux conséquences morales considérables.

      Il n’est rien de plus facile « techniquement » que de donner la mort. Celui qui le fait doit en rendre compte devant la justice, quitte à ce que la justice renonce à la condamner au vu des circonstances — il y a plusieurs exemples récents qui vont dans ce sens. Mais le dernier appartient toujours à la justice.

      On parle du « droit à mourir dans la dignité ». Cette expression est selon moi dépourvue de sens. On invoque parfois la volonté du malade. Mais d’une part, personne ne peut vouloir à l’avance ce qu’il voudra au moment décisif. D’autre part, ce n’est pas parce que quelqu’un vous demande de mourir que vous devez obtempérer à cette demande.

      Mes positions ne sont pas dictées par des considérations religieuses — mes rapports avec Dieu sont très distants : quand nous nous croisons, nous nous saluons ! — mais par une réflexion morale rationnelle. Je sais bien que je m’éloigne ainsi de nombreux amis de gauche ou libres penseurs. J’en suis désolé. Mais je ne crois pas que tout doive obéir à une logique purement politique ou à idéologie du progrès qui fait eaux de toutes parts.


  • FredSud37 (---.---.234.116) 29 novembre 2006 20:14

    Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite vivement à lire l’article intitulé « L’hypothèse Mélenchon est posée au PCF » qui est disponible : ICI.


    • René Job (---.---.132.7) 1er décembre 2006 02:15

      @ FredSud37

      Je suis allé sur ton lien. J’ai regardé le PRS. J’ai bien peur que Mélanchon joue un jeu trouble. Il essaie de rallier les formations de gauche et les nonistes dans l’intérêt du PS.

      Il appellera à voter Ségolène au dernier moment pour contrer le Sarkozy ou le Le Pen de service.

      C’est presque évident en lisant la présentation du PRS. Il y est expressément dit qu’il cherche à être utile à la gauche, c’est-à-dire à son parti. Ça explique aussi pourquoi, il joue la partie en franc tireur sans que le PS ne bronche de trop. Il fait ce que Ségolène ne peut pas faire. Fabius ne le peut plus étant donné qu’il est mort. Le rabatteur de service, c’est donc lui. Il est crédible.

      S’il démissionne du PS et fonde une nouveau courant indépendant. Je le prendrai un peu plus au sérieux. Mais je pense que mon interprétation est correcte. Il ne le fera pas.

      Les atavismes sont trop forts. C’est comme ça.


    • FredSud37 (---.---.129.89) 1er décembre 2006 19:58

      Peut-être bien que je me trompe, mais je pense très sincèrement que Jean-Luc Mélenchon est à deux doigts de franchir le pas en quittant définitivement le Parti qui n’a plus de « Socialiste » que le nom. Toujours est-il que la balle est aujourd’hui dans son camps...


    • René Job (---.---.131.63) 1er décembre 2006 20:12

      Salut FredSud37,

      J’espère aussi qu’il le fera. Les autres crypto-gauchistes sont des rigolos surannés. Il nous faut un vrai discours socialiste-démocrate. Il nous faut démonter tous ceux qui ont accaparés cette appellation ici et en Europe.

      Leurs reniements et leur adhésion au monétarisme les rend indignes d’une Rosa Luxembourg, d’un Jaurès ou d’un Blum.

      Il faut mettre fin à la mascarade des soi-disants sociaux-démocrates.

      Ils sont d’abord « indivudalistes » et « libéraux » avant d’être « socialistes ». « Oligarques » avant d’être « démocrates ».

      Je me sens plus proche d’un Socialiste-libertaire que de ces gens là.

      La social-démocratie, ce n’est pas le social-libéralisme ou pire le libéralisme-socialisant.

      Il va falloir mettre de l’ordre dans les appellations et les contrôlées. Au moins, ça créera du repère.

      Bonne continuation.


  • Antonio Pereira (---.---.231.174) 9 décembre 2006 11:58

    Bonjour la compagnie. Je glisse ici deux mots, plus dans le but de vous saluer tous qu’autre chose car pour l’instant ma vie perso m’accapare assez. C’est avec plaisir que je viens de lire vos lignes. Cela m’a pris du temps ce fut un réel plaisir. On se croyrait au temps du Réseau Citoyens. Je compte bien continuer à vous lire. Je ne manquerai pas de glisser quelques mots quand je les trouverait siffisament intéressants à partager avec vous. Je serai peut-être le prolo de sevice,(eh oui il en reste encore quelques-uns, pour combien de temps ? Réponse au MEDEF and Co) le chômeur en sursis,un de ceux qui se demande s’il sera dans la prochaine charette ou la suivante. Je compte d’ores et déjà sur votre compréension envers moi et votre ténacité dans le débat. Antonio


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