Vésubie, séquence érosion : assassins et collabos (suite)
En Vésubie on assiste à un épisode intense d'érosion naturelle. On avait oublié que ce n'est pas seulement un schéma dans un livre de classe. C'est aussi dans la vraie vie.
L’érosion naturelle des montagnes n’est pas une catastrophe en soi, sauf bien sûr si l’on construit dans le lit des rivières. Mais quel humain raisonnable irait construire sa maisona dans le lit d’une rivière de montagne ? Il faut être insensé, aveugle et amnésique.
Alors on reste sidéré devant les infos. On regarde cette maison qui tombe dans le torrent, avec ses deux habitants, emportés dans un courant d’une puissance hallucinante. Les rochers charriés par la Vésubie les auront assommés avant qu’ils se noient.
Sidéré par ce pont emporté, brisé net, un petit pont moderne incapable de contenir la pression de tonnes d’eau déboulant à la vitesse d’un train, alors que de vieux ponts romains supportent sans se fendre les éléments déchaînés.
Mais la sidération de circonstance ne cache plus le péché originel des autorités. La montagne bouge et les autorités restent immobiles. Elles n’ont pas prévu, pas anticipé. Il y a pourtant des lois, depuis 25 ans, et des plans qui localisent très précisément les risques naturels majeurs.
Comme ailleurs, on a délivré des autorisations de construire qui niaient la mémoire collective, celle des anciennes catastrophes. Sans passé et sans mémoire : comment les absoudre de cette cécité volontaire ? Comment leur faire encore confiance ?
Il y a une autre manière de voir les choses, que je suggère pour le débat. Une manière brûlante et douloureuse. Elle est la suivante : les maires qui ont semé des droits de construire en zone vulnérable récoltent maintenant les cadavres.
Ils savaient. Ils ne pouvaient pas ne pas savoir. On ne peut pas dire : « C’est le réchauffement, on ne pouvait pas prévoir ». Pas d’accord. Il est de moins en moins possible de se défausser sur le réchauffement. Ces épisodes ont toujours existé. Les anciens savaient.
De son côté une partie de la presse s’est transformée en gardienne de la nouvelle religion climatiste mais elle omet de faire les rappels historiques nécessaires sur le climat. Elle collabore avec les idéologues du Giec, sans plus aucune réflexion ni vérification. Elle encourage à la peur et à l’angoisse. À tort.
Parfois pourtant, une autre parole tente de se faire une petite place. Il y a deux ou trois jours, sur Soir Info de la chaîne CNews, à 22'15'', un architecte spécialiste des risques majeurs , Boris Weliachew (image 2, clic pour agrandir) fait d’abord ce constat incontournable pour qui cherche des causes :
« Il faut savoir qu’on est dans une zone avec un climat agréable. Depuis l’après-guerre, elle s’est urbanisée énormément, plein de gens sont venus vivre dans cette région. Si les cœurs du village étaient perchés sur des monticules, bien au-delà du niveau de l’eau, ces villages sont progressivement descendus avec leurs infrastructures au bord de l’eau. Cela a mis en danger certaines constructions. »
Trop de mairies, soucieuses d’augmenter le nombre de leurs administrés et donc les rentrés fiscales, n’ont pas respecté les plans et les zones à risque précises. Ils ont donné des autorisations dangereuses en connaissance de cause.
C’est-à-dire qu’ils ont envoyés des gens au casse-pipe pour défendre la bonne cause de la ruralité, du développement, et de la croissance du tissus local. Sans cela, pour certains villages, c’était la mort programmée, l’exclusion socio-économique.
Soit, admettons que c’est une bonne cause. Mais ne peut-on aussi y voir de l’homicide par négligence ? Car il suffisait de s’intéresser à l’histoire du climat pour savoir que les drames dus à l’érosion surviennent régulièrement dans cette région, partout, n’importe quand. Seule la date de ces hécatombes et le nombre de morts étaient inconnus.
Et ma foi, du point de vue de la nature, la crue de la Vésubie et des autres petites rivières proches est une magnifique séquence érosion, digne des livres de classe.
Maires et habitants (on le suppose) espéraient, contre toute raison, que les crues du passé ne reviendraient pas, ou alors à faible intensité. Car des crues, ils en ont forcément vues dans leur village, sur la durée d’une vie. Mais il n’y avait pas la télé, alors les anciennes grandes crues ont moins marqué les esprits.
De la terrible crue de juin 1957 dans la Maurienne. il reste cette image d’une maison dont seule la façade tient encore debout comme par miracle (image 3).
Des crues, il y en aura d’autres, là ou ailleurs, avec encore des lamentations et une bonne couverture médiatique pour en grossir chaque détail. Mais on les oubliera aussi, comme on a déjà oublié Vaison-la-Romaine (images 4, 5 et 6) et les autres, 1940, 1891, 1820, etc, etc. Et les journalistes collabos du Giec continueront à incriminer le réchauffement et à nous culpabiliser.
J’y vois, sous-jacente, une volonté de nous éduquer et de diriger nos vie. Le temps de la police morale et des collabos est revenu. L’ADN autoritariste reprend du poil de la bête. Il y a trop d’imprégnation gauchiste dans la grande panique climatique.
Ensuite le journaliste enchaîne :
« Les scientifiques nous disent que ce sont des phénomènes qui vont se reproduire plus souvent avec le temps qui passe. »
En effet, ils se reproduisent même déjà, des Alpes provençales aux Pyrénées en passant par les Cévennes. Cela dure depuis des siècles et davantage. C’est documenté. Tout le monde le sait sauf nos climatologues modernes et nos collabos, qui pensent que le monde vient de naître avec eux.
« On parle là de morceaux du village qui ont été emportés. »
Comme ailleurs avant. Ô peuple sans mémoire, peuple déconnecté qui vit dans la bulle des salles de rédaction et leurs petites coteries, tu as tout oublié devant les sirènes du modernisme.
En effet, cela s’est déjà produit dans le passé, dans d’autres villages comme je l’ai relaté ici. Je peux même ajouter la crue de Saint-Michel-de-Maurienne en juin 1957 (image 3 et courte vidéo en fin de billet). Rien de nouveau sous le soleil… ou sous le déluge. Le pire a déjà eu lieu, et il se répète.
Le journaliste reprend la loi scientifique : à chaque degré supplémentaire dans l’atmosphère, l’air se charge de 7 % de plus d’humidité. Donc le réchauffement ferait pleuvoir davantage.
Pourtant on est bien plus en situation de sécheresse chronique que d’excès d’eau. Ce n’est pas logique. Ensuite on sait qu’il y a toujours eu des extrêmes dans le midi à cette période. Si l’on avait respecté la loi et les traditions des anciens, qui construisaient des ponts solides comme à Vaison-la-Romaine contrairement à celui qui a été englouti à l’écran, et si l’on avait fait de la prévention, on n’aurait jamais construit en zone inondable.
Le réchauffement est une excuse facile mais insuffisante. Il fallait penser avant, prévenir. Car on savait. Les maires qui n’ont pas anticipé ont mis en danger des vies. Ce n’est plus la peine de pleurnicher chaque année sur les morts, on sait qui est le coupable et comment il a commis son crime.
Le terme assassin est certes trop fort, provocateur, mais il donne un coup de projecteur sur les carences humaines derrière le rideau de pluie. Car les petites rivières ont depuis toujours creusé de grandes vallées.
Pour enfoncer le clou le site des Alpes-Maritimes donne cette information :
« Jusqu’au XIXe siècle les nécessités de l’autosubsistance ont entraîné une surexploitation des pentes et un déboisement intensif des zones de montagne qui ont accru l'érosion et le ravinement.
L’histoire du département des Alpes-Maritimes est jalonnée d’innombrables crues plus dramatiques les unes que les autres.
Non seulement la torrentialité des cours d’eau s’était amplifiée avec la prolifération des sols dénudés, mais un autre phénomène, l’urbanisation, augmentait l’ampleur des dommages sur la zone côtière à la fin du XIXe siècle.
Près du littoral, les conséquences des crues se sont nettement aggravées au XXe siècle en raison de l’occupation des secteurs inondables par des zones urbanisées et des lotissements industriels et par le manque d’entretien et de curage des cours d’eau.
Aucune vallée n’est totalement à l’abri. »
« …jalonnée d’innombrables crues plus dramatiques les unes que les autres » : difficile d’être plus clair. Et si ce texte concerne le département des Alpes-Maritimes, il est applicable aux autres zones vulnérables du sud de la France. C’est l’érosion naturelle.
Bon, j’ai oublié de mentionner la grande crue de Noël 1919 en Alsace (image 7) et dans le nord-est de la France. Crue extrême suivie d’une seconde deux semaines plus tard, le 12 janvier 1920. Il y a 100 ans.
C’est la faute à pas de chance.
Il faut refuser la panique. C’est elle qui nous précipitera dans le mur.
Au nord du Mont Ventoux, le Toulourenc en crue, lame d'eau impressionnante et rapide :
Inondation de 1957 :