mardi 31 janvier 2006 - par LESCAUDRON Didier

Violences juvéniles et troubles des conduites

Violences juvéniles et troubles des conduites, une question d’actualité. Leurs prises en charge, un enjeu de société

Les incivilités et les violences de certains jeunes, qu’elles soient individuelles ou collectives, ponctuent l’actualité de façon inquiétante. Leurs prises en charge nécessitent la définition de repères et de stratégies qui font débat. Les enquêtes de l’ODAS permettent, par exemple, de saisir l’ampleur des maltraitances sur les enfants et de supposer leurs séquelles. C’est aussi en ce sens que l’INSERM a rendu récemment un rapport sur le trouble des conduites. Ce rapport est contesté car, à côté d’une guidance familiale justifiée, il préconise des psychothérapies comportementalistes et des traitements médicamenteux, là où les aléas des histoires familiales, les intrications relationnelles conflictuelles et les difficultés psychologiques des jeunes nécessitent des accompagnements pluridisciplinaires patients et durables. Il l’est aussi parce que ses recommandations se limitent à une clinique adaptative à la vie sociale qui, dans son orientation préventive, s’illusionne en oubliant que le processus de développement des subjectivités est conflictuel. Ces considérations expertes divergentes devront donc être arbitrées par des choix politiques car ces symptômes, au-delà des cas particuliers, témoignent de l’état de notre société et de son évolution.

1) Des troubles et des violences qui questionnent : quelques exemples indicatifs.

 

Lundi matin, B., 7 ans, arrive dans son institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (anciennement institut de rééducation), le visage renfrogné. Les professionnels présents lui souhaitent le bonjour auquel il répond en balançant son cartable et en frappant les portes et les meubles à coups de pied. Le directeur en prend aussi pour son grade, obligé d’esquiver les shoots et les insultes que l’enfant lui décoche avec un plaisir teinté d’angoisse. Un éducateur finit par l’attraper fermement et l’accompagne, afin qu’il s’apaise, dans une salle aménagée avec de gros coussins. Le temps passe et, une fois de plus, la poussée de violence de B. se dégonfle, fragile processus psychique qui se réactive selon son humeur et selon les événements.

 

Jeudi, dans le même établissement, les enfants jouent sous la surveillance du personnel qui, lui aussi, se détend après avoir dirigé les multiples ateliers du début d’après-midi. Ce temps libre laisse souvent cours aux pulsions destructrices. Quelques pigeons se posent à proximité du regard des enfants. En une fraction de seconde, des pierres sont saisies et lancées en direction des volatiles. Les adultes présents interviennent, mais trop tard. Dans l’emportement, les jets ont franchi le mur d’enceinte de la cour et dégradé plusieurs véhicules en stationnement. Des passants s’affolent, des cris fusent, les gestes s’arrêtent et les interrogations accusatrices viennent augmenter le climat d’inquiétude.

 

Vendredi après-midi dans le même établissement, X., 11 ans, est en classe avec deux de ses camarades de son âge et de son niveau. Le cours de mathématiques commencent avec un rappel des opérations connues : calculs de sommes, de différences et de produits simples. Le professeur leur demande ensuite de trouver la solution d’un problème de niveau cours élémentaire 2e année (classe d’âge 9 ans) : Yann est malade. Le médecin lui demande de se soigner avec 7 comprimés chaque jour, pendant 10 jours. Combien de comprimés Yann doit-il prendre en tout ? Ce problème banal, comme ceux faisant appel aux notions d’argent ou de réalité courante, suscitent chez les enfants troublés des réactions bien inquiétantes. Malgré une lecture attentive et partagée de l’énoncé par le groupe, X. ne supporte pas de se retrouver seul face à cette question. Il est pourtant capable de dessiner le schéma des 70 comprimés cumulés. Il peut aussi faire une addition et même la simple multiplication 7 x 10 = 70. Le professeur insiste peut-être trop lourdement, essayant de rassurer X, qui finit par s’énerver et hurle : Je ne sais pas ! Je ne veux pas chercher ! C’est à vous de me donner la solution, vous êtes le professeur ! De toute façon, ici c’est une école de merde, vous n’aidez pas bien les enfants ! Pendant ce temps-là, son camarade de table trouve la solution, ce qui fragilise un peu plus X., qui finit par faire voler son cahier et sa trousse à travers la classe et qui sort de la pièce en claquant la porte. X. n’aime pas réfléchir et résoudre les problèmes mathématiques. Son histoire familiale serait-elle une suite de problèmes non résolus qui lui pèsent trop pour pouvoir en affronter d’autres ? Sa peur de l’échec est aussi patente et dramatique, suite d’une scolarisation désastreuse dans son école de quartier. X. cumule les stigmates d’un développement déséquilibré, que seule une prise en charge pluridisciplinaire et concertée pourra atténuer, voire effacer.

 

Des affaires semblables ponctuent le quotidien des établissements spécialisés dans les troubles du comportement. Ils sont aussi de plus en plus répertoriés dans les écoles ou dans les structures extra-scolaires classiques. Ces enfants ou ces adolescents sont aussi des élèves qui, pour la plupart, ont un retard scolaire et qui éprouvent des difficultés d’attention, de concentration et souvent d’ordre orthophonique ou psychomoteur. Ce sont pourtant des enfants à l’intelligence normale ou quasi normale, qui peuvent communiquer et comprendre les particularités ou la gravité des situations. Mais ils semblent bien souvent dépassés par l’étrangeté ou l’inadaptation de leurs paroles et de leurs actes. Mus par des intentions qui leur échappent partiellement, ils sont, en y regardant de plus près, victimes de leur propre histoire.

 

 

2) Des phénomènes qui se développent, l’actualité et l’ODAS en témoignent.

 

Ces observations seraient utiles, mais toutes relatives, si elles ne suscitaient pas quelques liens avec les drames individuels ou collectifs qui entachent l’actualité : des préadolescents volent une voiture et percutent des passants, des jeunes de banlieue se laissent emporter dans une révolte sauvage et gratuite, un mineur blesse son camarade avec une arme blanche, des enfants de 10 ans vandalisent une école maternelle, etc., etc. Les journaux rapportent régulièrement des faits similaires et des statistiques étatiques signalent leur augmentation (1)

Des questions et des pistes de réflexion en découlent nécessairement : comment comprendre ces comportements antisociaux et la genèse de ceux-ci ? Peut-on déceler préventivement des troubles significatifs chez ces jeunes ? Ces enfants et ces adolescents seraient-ils possédés par quelques démons qui les écarteraient du chemin d’une socialisation équilibrée ? Seraient-ils atteints par quelques désordres génotypiques ?

 

Une première piste de réflexion vient des études et statistiques de l’Observatoire décentralisé de l’action sociale (ODAS). Dans son rapport concernant 2004, cet organisme qualifie d’inquiétante la forte augmentation des enfants en danger. Plus de 95 000 enfants ont été recensés comme maltraités ou « en risque », situations en augmentation de plus de 7 % par rapport à 2003. De plus, durant cette période, les nouveaux signalements effectués auprès des conseils généraux ont explosé. Des négligences éducatives lourdes, des violences physiques, psychologiques ou sexuelles, d’une part, et des situations familiales déstabilisées, d’autre part, en sont, d’après cet organisme, les raisons.

 

Le rapport de l’ODAS note aussi que « cette évolution traduirait une progression de la violence dans les rapports sociaux. On a le sentiment d’une société de plus en plus déstabilisée dans les règles élémentaires du vivre ensemble  » (2). A l’encontre des idées reçues, la précarité économique et des troubles psychopathologiques des parents ne seraient pas les facteurs essentiels de ces maltraitances. Par contre, l’ODAS explique les signalements par « le déficit relationnel entre parents et enfants, d’une part, entre les familles et leur environnement, d’autre part... Le facteur le plus fréquemment cité est celui des carences éducatives des parents, qui renvoie souvent à une immaturité des ceux-ci, à une absence de repères et à un repli sur soi. Cela permet de relever à nouveau l’importance de l’isolement social, bien souvent à l’origine de la dégradation du comportement des familles  » (2).

La dégradation du comportement des familles se traduit donc dans des paroles et des actes dramatiques qui laissent souvent des traces néfastes et durables sur leurs enfants. Il n’est pas étonnant qu’un rapport de l’INSERM indique, en février 2003, qu’un enfant sur huit souffrirait d’un trouble mental, et qu’un adolescent sur cinq en serait atteint, ces troubles étant majoritairement d’ordre émotionnel (troubles anxieux et de l’humeur) et comportemental (hyperactivité, troubles oppositionnels).

 

C’est ici aussi qu’il serait souhaitable de se rappeler la trajectoire extrême du meurtrier psychopathe, Guy George (né en 1962), qui a souffert de négligences éducatives graves, de troubles affectifs importants et qui, bien entendu, a été en échec scolaire, trajectoire dont le guidage a été mené avec irréflexion par les autorités tutélaires.

 

Si l’on constate que les modes de relation et de communication de certains parents sont violents ou inappropriés, on peut donc supposer que leurs enfants peuvent, en conséquence, souffrir de troubles comportementaux plus ou moins significatifs. Les violences ou les conduites antisociales de certains jeunes seraient l’expression réactionnelle à des manques et à des affects résultant de ce qu’ils vivent dans leur environnement familial ou social. La question est donc de mieux comprendre les degrés de gravité de ces troubles, et de séparer ceux qui nécessitent des stratégies thérapeutiques étoffées de ceux qui, par des aménagements éducatifs et familiaux, peuvent s’estomper et disparaître.

 

 

3) Des experts qui s’y intéressent : le rapport 2005 de l’INSERM.

 

Ce n’est donc pas un hasard si, le 22 septembre 2005, l’INSERM, a aussi rendu public un rapport à propos des troubles des conduites. Ces experts médicaux les caractérisent « par la répétition et la persistance de conduites au travers desquelles sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui et les règles sociales  » (3). Concrètement, ces enfants ou ces adolescents présentent divers signes, des crises répétées de colère et de désobéissance aux agressions graves comme le viol, les coups et blessures et le vol.

 

Des études internationales, aux USA en particulier, montreraient le risque important d’évolution vers une personnalité antisociale à l’âge adulte, si l’apparition de ces troubles est précoce. Attachée à son approche neurobiologique de la psychiatrie, centrée sur les symptômes, l’INSERM souhaite voir développer « le repérage des perturbations du comportement dès la crèche et l’école maternelle  », afin de prévenir le développement des comportements antisociaux et délinquants. Une large information du public et des divers professionnels du champ de l’éducation devrait aussi permettre l’établissement d’enquêtes épidémiologiques utiles à la compréhension des phénomènes et de leur évolution. Une seule étude de ce type a été réalisée en France. Elle confirme la prévalence de 5 à 9 % dans une population d’enfants ou d’adolescents.

 

Les événements décrits plus haut trouveraient donc un cadre conceptuel approprié. Si les propositions des experts sont retenues, le dépistage précoce faciliterait l’organisation de prises en charge et des soins ciblés : programmes psychosociaux de guidance parentale en s’inspirant d’exemples canadiens ou américains, thérapies individuelles de type comportementaliste et si nécessaire, traitements psychotropes à « l’action anti-agressive. » (3)

4) Des avis qui divergent : des spécialistes contestent les propositions de l’INSERM.

 

Bien que les experts de l’INSERM reconnaissent le caractère complexe et plurifactoriel de ces troubles et de leur genèse, d’autres spécialistes de l’enfance et de l’adolescence jugent leur rapport confus et réducteur. En effet, les premiers écrivent que « le trouble des conduites est le produit d’interactions complexes entre des facteurs individuels (facteurs génétiques, tempérament, personnalité) et des facteurs environnementaux (relations familiales, environnement social) ». Mais, leurs préconisations semblent occulter le sens profond des souffrances exprimées par les jeunes au travers de leurs comportements antisociaux, et minimisent le travail psychique nécessaire à leur traitement.

 

Pour les seconds, réunir sous un même syndrome dénommé « le trouble des conduites », des troubles comportementaux dont les étiologies sont très différentes, est une erreur. Cette systématisation simplificatrice viserait en fait le traitement des troubles d’adaptation à la vie sociale, « à l’intersection des champs de la psychiatrie, de l’éducation nationale et de la justice ». En conséquence, « un risque grave se profile : celui de dérive des pratiques, sous couvert de médecine, vers des fins normatives, voire totalitaires...  » écrit un collectif de pédopsychiatres, car « l’expertise de l’INSERM se réfère à un seul choix de lecture de la clinique basé sur une définition statistique de ce que seraient une conduite « normale » et un comportement humain « pathologique » » (4) .

 

Une telle approche épidémiologique aurait du mal à rendre compte de la diversité des situations individuelles et familiales. Elle éluderait la subjectivité qui sous-tend chaque acte conduit par un enfant ou un adolescent. Elle minimiserait la nécessité de la construction de rencontres où la parole et les aides permettent aux jeunes de se rééquilibrer de façon durable.

 

Si les modèles comportementaux permettent de se repérer globalement face à un enfant ou un adolescent perturbé, on ne peut, d’après ce collectif de spécialistes, faire l’économie ni d’une écoute particulière de l’individu et de son environnement, ni d’une compréhension partagée des facteurs historiques, culturels et/ou familiaux qui ont présidé à ses troubles. Et c’est la qualité de ces rencontres, de leurs conséquences pratiques au quotidien qui font la pérennité des rétablissements.

 

Ce collectif regrette aussi la stricte application d’un schéma classique de santé publique (repérage, dépistage, programme de prévention) sans une consultation sérieuse des professionnels du champ des troubles mentaux, l’INSERM « insinuant même qu’ils seraient à sensibiliser et à former sur cette nouvelle entité clinique : les troubles oppositionnels avec provocation. » Après les TOC (troubles obsessionnels compulsifs), nous aurions les TOP !

5) Des arguments cliniques qui s’imposent, car représentatifs de la complexité humaine.

Depuis longtemps, de nombreux professionnels des secteurs de la santé, du médico-social ou du scolaire travaillent sur les troubles du comportement. Ils savent que les passages à l’acte traduisent un dysfonctionnement du mode d’expression habituel qu’est la parole, parce qu’elle est soit inaccessible, soit insuffisamment structurée ou même refusée.

 

Ils constatent aussi que la violence de l’affrontement à l’autre résulte de l’absence ou de l’insuffisance de la présence de tiers symbolique car il y a « nécessité pour l’enfant comme pour l’adolescent de s’affirmer par l’opposition : l’autonomie, l’individualisation passent inévitablement par le « non »  » (4). Le malaise social actuel ne facilite pas ce processus car les problèmes d’autorité au sein des familles et la déstabilisation de l’institution scolaire laissent certains jeunes seuls face à leurs angoisses et à leur destructivité.

 

Une prévention telle que l’INSERM l’a proposée, risque de déboucher sur un dressage des comportements des jeunes, dressage qui fait fi du processus de constitution de leur subjectivité. En conséquence, le collectif de médecins cité plus haut conteste les choix de l’INSERM qui « stigmatise comme pathologiques des colères et des actes de désobéissance et qui les présente comme « prédictifs » d’une future délinquance... », alors que l’institut devrait plutôt nous inciter à discerner ce qui relève de troubles réactionnels à un environnement défaillant et ce qui appartient à un individu ayant du mal à surmonter les contraintes et les frustrations qui s’imposent dans sa vie quotidienne et à son psychisme.

 

Enfin, si ce rapport souhaite anticiper l’évolution comportementale des moins de 13 ans, dont les statistiques les plus récentes montrent que leur délinquance augmente significativement, il tend à confondre deux types de délinquance :

 

- le premier renvoie à des troubles pathologiques qui nécessitent à la fois des stratégies thérapeutiques esquissées plus haut et d’éventuelles actions préventives relevant de mesures sociétales beaucoup plus larges que celles proposées par l’INSERM.

- le second est occasionnel et à but initiatique. Les jeunes l’instituent comme une étape au sein de leur groupe, palliant ainsi les manques organisationnels et éducatifs de leur environnement social. Cette délinquance relève alors de la Justice, et surtout de mesures socio-éducatives adaptées relevant, elles-aussi, de choix politiques beaucoup plus vastes.

 

En fin de compte, dans ce rapport officiel, avec la confusion entre «  le malaise singulier de la subjectivité de l’enfant, la question de l’autorité -qu’elle soit parentale ou scolaire - et l’élision de la dimension symbolique dans la vie sociale », nous sommes donc invités à nous inquiéter d’une dérive idéologique de l’expertise de l’INSERM qui prétend pourtant à la rigueur scientifique. Ces propos nous incitent aussi à réfléchir doublement sur les processus institutionnels et thérapeutiques qui sont mis en place pour aider les générations montantes dans leur accession à l’autonomie et à la dignité humaine.

 

6) Des enjeux qui nous concernent tous : intérêts politiques et économiques et devenir sociétal.

La souffrance psychique et les troubles comportementaux qu’elle induit ne sont pas des épiphénomènes, et la manière dont une société les considère et les prend en charge n’est pas neutre. Il serait tout d’abord utile de faire un lien entre le pourcentage des jeunes troublés qui sortent du système scolaire sans ou avec peu de qualification professionnelle, et celui des jeunes chômeurs dont les difficultés d’insertion sont dramatiques. Rappelons, selon l’INSERM, qu’un enfant sur huit souffrirait d’un trouble mental et qu’un adolescent sur cinq en serait atteint. Il serait peut-être aussi utile de faire un lien entre l’évolution du nombre de cas d’enfants troublés et celle de leur dégradation vers des comportements antisociaux d’adulte, faute de structures spécialisées et des stratégies sociétales adaptées. En ce sens, l’évolution du nombre de mineurs condamnés ou incarcérés pose aussi questions : par exemple, le nombre de leurs condamnations pour délits est passé de 9 404 en 1995 à 37 266 en 2000 (5).

 

Pour nous résumer, les ratés de l’enfance ont de bonnes chances de faire les désastres de l’âge adulte. Bon nombre de jeunes présentant des troubles psychiques et comportementaux deviendraient des adultes à charge de la société, qu’ils soient chômeurs ou malades psychiatriques ou délinquants incarcérés. C’est un tableau pessimiste du futur car, à côté de l’évolution positive d’une minorité résiliente, le poids de ces jeunes en souffrance semble augmenter et ne pas être pris en compte à sa juste mesure.

 

Si le rapport de l’INSERM a l’intérêt de médiatiser un peu plus ces problèmes, c’est malheureusement de façon partielle et partiale. Il dit peu de choses, par exemple, sur les conséquences des bouleversements économiques et des contraintes budgétaires actuels qui pèsent dans les choix sociétaux en ces domaines, et qui laissent deviner de sérieux enjeux financiers. Ainsi, ces experts critiquent les centres éducatifs fermés au nom de leurs effets contagieux vers la délinquance sur les jeunes regroupés (ce que les professionnels démentent). Quand on sait le coût de tels établissements (entre 500 € et 700 € par jour et par adolescent pris en charge), les enjeux de pouvoir et les intérêts financiers qu’ils représentent peuvent susciter bien des convoitises.

 

Le lobby de l’industrie pharmaceutique n’est pas non plus absent d’une démarche épidémiologique et d’une approche neurobiologique des troubles. La France est un grand consommateur de psychotropes et la médiatisation internationale du concept d’hyperactivité n’a pas été sans effet sur la surconsommation de certains médicaments. Le poids reconnu de ces laboratoires dans la politique de certains États américains en matière de santé publique est aussi criant, et augure des éventuelles orientations qui pourraient être prises en France, ce que le rapport de l’INSERM ne dément pas (6).

 

Les violences répertoriées dans les établissements scolaires, le taux de suicide ou des comportements addictifs de certains jeunes, leurs incivilités, leurs actes délictueux ou criminels progressent, et deviennent nécessairement l’objet de préoccupations politiques et économiques. Chacun doit donc comprendre la complexité et la durabilité de ces faits pour pouvoir peser sur les choix sociétaux à venir.

 

Les souffrances psychiques cumulées trouvent des exutoires ou entraînent des passages impulsifs à l’acte qui entretiennent le cercle vicieux des violences. A côté des douleurs inéluctables, il est dommageable que les savoirs accumulés en médecine ou en sciences humaines, dont la littérature témoignent, n’invitent pas plus les décideurs sociétaux à agir sur les maux réductibles. Serait-ce parce que leur logique tient souvent pour de simples variables les comportements socioculturels de ceux qui n’appartiennent pas à leur sphère ? Serait-ce parce qu’ils se contentent de gérer au mieux les risques, et de tirer profit des scénarios du moment en conduisant leur déroulement ? Serait-ce enfin, comme l’écrit l’auteur de cyberfiction William Gibson, parce qu’ils se bornent à identifier des schémas dont l’incertitude anticipe difficilement les flux matériels et humains, ainsi que leurs dysfonctionnements ? Que les grandes utopies généreuses d’une part, et les forces inconscientes relevant plus d’Eros que de Thanatos d’autre part, puissent ne pas nous laisser enfermer dans des scénarios sclérosants et improductifs, voire tragiques !

Didier LESCAUDRON

(1) Rapport de l’Office nationale de la délinquance et entretien avec J.P. Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny dans l’Humanité du 11/02/05

(2) Article d’Anne Chemin dans Le Monde du 3 novembre 2005

(3) Article de Cécile Prieur dans Le Monde du 23 septembre 2005

(4) Courrier de E. Lenoble, M. Berges-Bounes, S. Calmettes et J.M. Forget

dans Le Monde du 3 novembre 2005

(5) J’ESSAIME - Journal du syndicat de la magistrature n° 7 - mai 2003

(6) Article d’Alain Salles dans Le Monde du 23 septembre 2005



16 réactions


  • julialix (---.---.48.234) 31 janvier 2006 15:43

    Les décideurs de notre vie quotidienne n’ont pas une vision globale et surtout à long terme de notre société. Le déséquilibre est flagrant sur le pouvoir que nous avons sur les composantes de notre vie. Par exemple quand une perte d’emploi se couple avec un accident, une longue maladie ou un procès, les surcoùts ne peuvent etre absorbés par le povoir d’achat fortement diminué.

    Et que dire des artisans et libéraux qui après un dépot de bilans se retrouvent au chomage non indemnisé avec les huissiers pour l URSSAF,les cotisations maladie, vieillesse etc... Toutes ces violences envers le citoyen, qui n’est pas un délinquant mais est traité comme tel, impliquent de lourdes conséquences dans l’équilibre familial.

    De plus les exemples de personnes aux commandes de certains organismes publics, coupables de graves malversations mais non ou peu sanctionnés mettent à mal la vision que les ados ou jeunes adultes peuvent avoir de notre société.


  • Didier Lescaudron (---.---.14.239) 3 février 2006 19:25

    Je ne suis pas aussi sûr que Julialix à propos de son commentaire sur le manque de vision à long terme des décideurs.

    Il est vrai que, comme pour tout un chacun, une part d’irrationalité existent chez les décideurs, irrationalité qui limite la cohérence de leurs analyses, de leur jugement et de leurs décisions. Pour ceux qui souhaitent des éclaircissements sur cette remarque, allez sur le site de « Gérard Pavy » en passant par Google. c’est un sociologue, psychanalyste, spécialisé dans le conseil en entreprise. Ces constats sont assez réalistes et pertinents...

    Ceci étant dit, il me semble par contre que des rencontres, comme celle de Davos rassemblement des élites mondiales, leur permettent d’anticiper les mutations en cours, au moins partiellement. N’oublions pas non plus les multitudes d’organismes nationaux ou internationaux, connus ou inconnus, qui font de la prospective (type OCDE, FMI, ODAS, ANCREIA, INSEE, commissions parlementaires, études universitaires, etc, etc...)

    La grande question n’est-elle pas plutôt : quelle utilisation est faite de tous ces savoirs qui pour certains d’entre eux sont -il ne faut pas avoir peur de le dire- quelque peu dérangeants ?

    Mieux comprendre l’origine des violences juvéniles, c’est discerner précisément ce qui relèvent de mesures socio-éducatives d’accompagnement des jeunes ou de leur famille, de ce qui appartient au domaine judicière ou au secteur médico-psychiatrique. C’est aussi définir des stratégies qui ont un coût.

    Les décideurs publics ou privés mais aussi leurs électeurs ou leurs collaborateurs, ont tout intérêt à comprendre les enjeux de ce problème si nous voulons le surmonter dans une perspective à long terme, avec des coûts moindres.

    Prenons l’exemple des violences juvéniles de novembre dans les banlieues. Coût total minimum déclaré 360 millions d’euros : dégats privés = 300 millions d’euros (les voitures brûlées par exemple)(voir les chiffres des compagnies d’assurance) + dégats du secteur public ( gymnase détruit par exemple) = 60 millions d’euros (déclarés ce jour à la radio).

    Les économies que les décideurs politiques ont réalisées en supprimant les subventions aux associations, la police de proximité et les aides-éducateurs, vont donc être annihilées par les dépenses présentes et futures pour réparer les destructions chiffrées plus haut.

    Ces décideurs avaient pourtant été avertis des conséquences néfastes de ces suppressions, par un certain nombre de responsables du terrain ou par des chercheurs universitaires.

    J’ai malheureusement l’impression que la gestion effectuée par les élites sont des paris sur le futur, car les moyens disponibles ne sont pas illimités et car leurs intérêts ont du mal à se dégager de choix idéologiques qui les favorisent plus particulièrement.

    Ainsi va le monde ! A chacun donc, de s’approprier la sagesse et les savoirs pour défendre et faire partager une vision du monde plus juste et plus respectueuse de la dignité de tout être humain. On peut ne pas être d’accord avec cet objectif mais il est , me semble-t-il, le seul qui sous-entend que la tyrannie, même douce, est inacceptable.


  • nadja (---.---.69.95) 9 février 2006 21:32

    Bonjour, je voudrai témoigner de mon expérience toute récente de violences entre enfants mineurs dont j’ai la garde. Je suis famille d’accueil. Assitante familiale. hier j’avais 3 enfants : 2 à titre permanent (une fratrie de 7 & 9 ans) 1 à titre provisoire âgé de 13 ans pour les 2 premiers l’accueil débuta il y a un an pour le 3ème, il y a à peine 4 mois les 2 premiers sont scolarisés dans une école de village et reçoivent des aides thérapeutiques à l’extérieur de l’école (orthophonie, psychotérapie, psychomotrocien ...) l’autre est en IME, interne et n’arrive que le vendredi soir pour un accueil morcelé : le samedi 12 h il va chez ses parents et retourne en fammille d’accueil le dimanche soir. il y eut d’abord de sa part de la violence physique et morale (coups et peur) puis - je viens de l’apprendre de la violence sexuelle : viol, sodomie, fellation envers les 2 autres enfants (fillette de 9 ans et son frère de 7 ans) bien entendu ce jeune qui a déjà une peine (tribunal pénal ) et une réparation ne vient plus à mon domicile qu’encourt-il comme suite ? que faire de tout ce traumatisme ? cette histoire dure depuis octobre je ne l’ai appris que parce que le psy du jeune garçon a bien voulu me le faire comprendre, et ainsi j’ai pu faire mettre des mots et pas encore des maux sur ce qui leur est arrivé la fillette me dit (et je vais le vérifier) qu’elle en a averti son psy(ils ont tous 2 des thérapeutes différents) et celui ne m’en a rien dit ces actes se sont passés à mon domicile ils se sont répétés chaque vendredi la petite fille récite son histoire moi je ne sais pas vraiment quoi faire avec tout ca tout le système administratif qui entoure un placement est au courant HELP ME PLEASE violence entre mineur peur imitation

    oui

    oui

    mais que faire ?


  • (---.---.14.239) 10 février 2006 12:14

    Dur travail que celui de famille d’accueil ! Prendre en charge des enfants qui souffrent (silencieusement ou de façon visible) de la séparation de leurs parents ou pour une multitude d’autres raisons, n’est pas de tout repos. Ce n’est déjà pas facile avec nos propres enfants, alors imaginez avec ceux des autres !!!

    Certaines de ces familles font ce travail pour des raisons pécuniaires, ce qui se conçoit : toute peine mérite salaire. Cependant, lorsque l’on s’occupe d’enfants dans un cadre professionnel, il faut bien comprendre que l’on prend en charge une meute de chiens. Les familles d’accueil et les autorités administratives qui les encadrent, doivent avoir à cœur d’agir au mieux :
    -  les enfants placés doivent se sentir en sécurité et pouvoir grandir malgré les aléas de leur histoire,
    -  les familles d’accueil doivent être aussi accompagnées par les autorités quand la situation difficile des enfants crée chez elles des inquiétudes. Ces familles sont en droit d’être éclairées d’un point de vue psychologique ou comportemental car le malaise ou les troubles de ces enfants induisent aussi chez les adultes qui s’occupent d’eux, des phénomènes conscients et inconscients : interrogations angoissantes, culpabilité, rejet ou au contraire, surinvestissement affectif, etc.

    Heureusement, tous les enfants placés ne posent pas des problèmes ! Cependant, la situation décrite par Nadja dans le commentaire précédent est bien sûr inquiétante et ce jeune de 13 ans mérite une prise en charge à la fois judiciaire, psychologique et médicale. Il s’agit de comprendre les raisons de ses actes inacceptables et de mettre en place les mesures appropriées d’encadrement, avec l’espoir qu’il surmonte ses troubles et ne reproduise plus ses actes condamnables. Pour les deux autres enfants victimes, ils ont une prise en charge psychologique qui devrait les aider à surmonter les abus qu’ils ont subis.

    Par contre, les événements ayant eu lieu au sein de la famille de Nadja, il me semble que ces événements devraient être parlés ensemble et individuellement avec l’aide d’un psychologue afin de « dégonfler les angoisses » qu’ils ont pu créer et permettre ainsi d’anticiper des situations similaires, lors de la prise en charge de nouveaux enfants. Les autorités administratives sont normalement attentives à ce genre de situation. Ne parle-t-on pas de mise en place de cellule psychologique en cas d’événements traumatiques diverss. Les faits décrits et la demande d’aide de Nadja prouvent bien que nous sommes dans ce cas de figure.

    Il ne faut donc pas avoir peur de demander des explications aux autorités qui existent grâce à nos impôts. Ces autorités sont au service de notre collectivité comme les familles d’accueil le sont pour pallier, par exemple, aux défaillances des parents géniteurs. Les savoirs en psychologie ou en psychiatrie ou le droit en matière de justice pour les mineurs existent. Ils ne doivent pas rester la propriété de quelques experts et doivent être partagés par le plus grand nombre. C’est à cette seule condition que notre société évoluera positivement.

    Bon courage à Nadja

    Didier LESCAUDRON


  • isabelle (---.---.96.220) 21 février 2006 08:45

    j’écris un mémoire sur la violence à l’adolescence, je fais une recherche sur les processus psychologiques mis en jeu pour tenter d’apporter une « solution » au moins une relexion ; je m’intesse donc à la violence à son message et à l’adolescence d’un point de vue psychodynamique ; merci pour toutes les info et idées à venir isabelle guyot en maitrise de psychologie clinique à ParisV


    • Gil (---.---.93.79) 24 juin 2006 10:54

      Vous rechercher des infos pour un mémoire sur Agoravox ????

      Je vous conseillerais plutôt de commencer par une solide bibliographie sur le sujet, ce ne sont pas les ouvrages qui manquent sur ce thème dans les 50 dernières années...

      Bon courage !


  • Didier Lescaudron (---.---.14.239) 22 février 2006 23:35

    Isabelle,

    il est dommage que vous réduisez votre message à une demande d’infos. Ecrire un mémoire c’est, me semble-t-il, avoir un minimum d’idées, voire d’hypothèses, que l’on confronte aux réalités idéelles et matérielles. Quelles sont les vôtres ? Ce n’est qu’en les proposant à la lecture des autres, par exemple sur ce site, que vous obtiendrez des échanges informationnels et d’éventuelles nouvelles pistes de réflexion qui vous enrichirons.

    Bien sincèrement

    Didier LESCAUDRON


  • sep (---.---.196.120) 2 mars 2006 22:18

    effectivement,

    en tant que soignante,je constate un nombre croissant d’enfants ingérables dans l’école ;

    cet après midi encore, une directrice d’école maternelle demandait : « que pouvons-nous faire quand un enfant de 5 ans ne veut rien faire, courre dans tous les sens, refuse toute autorité, insulte sa maitresse, et n’en fait qu’à sa tête toute la journée ? » au passage, un rendez-vous a déjà été pris en cmpp ; ce qui ne règlera pas le problème.

    ma réponse a été ; "que mangent-ils eux , actuellement, et leurs parents auparavant pour qu’ils soient aussi enragés ?

    ceci par rapport à notre génération d’il y a 50 ans qui ne mangions que des produits naturels, non chimiques, non hormonisés, non modifiés, et des animaux non vaccinés ...

    car nous retrouvons ces mêmes enfants en CM2 et en collège en 6è dans le même état, hyper allergiques à tout, on comprend pourquoi ...et en prime tout le temps malades, et ne pouvant plus résister aux moindres petits microbes, qui eux face à toute cette chimie devienne de plus en plus résistants ;

    il ne faut pas oublier que nous devenons ce que nous mangeons, et en dehors de se poser des questions sur la psychologie ou les différentes drogues qu’on peut leur donner, il serait intéressant de faire comme le font certains américains, certains canadiens, suisses, et autres populations indiennes , c’est à dire de leur donner une nourriture naturelle , des fruits et légumes sains poussant dans des terres saines, non nitratées etc... Pour avoir de la famille en pays africain, je peux attester, qu’ils n’ont pas ce genre de problème ; les gens meurent d’autre chose, certes, mais pas empoisonnés dès la naissance par toute cette asepsie qui n’a plus ni goût ni odeur, ni saveur ni éléments véritablement nutritifs.

    malheureusement, à ce rythme, il n’y aura plus grand monde à psychanalyser dans 30 ans, enfants ou adultes ...


    • Gil (---.---.93.79) 24 juin 2006 11:02

      Vu le nombre d’heures passés par les enfants devant la tv ou les jeux vidéos, dans un contexte de délitement des repères familiaux et sociaux, il n’y a là rien d’étonnant. Même leurs rythmes biologiques de base (temps de sommeil, équilibre alimentaire...) ne sont trop souvent pas respectés...

      Et le fait de recourir à des médications ne risque pas d’améliorer les choses. C’est pas parce qu’on foutra des gosses sous camisole chimique que leurs besoins élémentaires seront satisfaits !

      Quant à l’école, on lui demande là de gèrer des choses qui ne relèvent pas de sa compétence, qui est, rappelons-le, l’instruction et la transmission du savoir, et pas la gestion des troubles du comportement !


  • Dunand (---.---.18.96) 5 mars 2006 19:20

    Je viens de suivre l’émission Riposte sur la 5. Là j’ai pris conscience de l’importance de ce rapport sur les enjeux de notre société. J’ai 63 ans, étant dans ma prim enfance classé comme enfant difficile. A 18 ans j’ai trouvé sur ma route un adulte qui s’est penché sur moi, le déclic j’ai fini à 35 ans ingénieur au CNAM. Aujourd’hui mis a la « ritaline », avec une pression du chômage, je serais en maison des « vieux » sous psychotrope. Est-ce que ce parcours est enviable ???? Merci mais là je pense que la révolution est nécessaire. Est-ce que nos anciens sont morts pour arriver à çaaaaaa.


  • mayako (---.---.61.109) 24 juin 2006 09:36

    Je ne vois pas le rapport entre la Ritaline et la « maison des vieux ». Mais peut-être est-ce parce que je n’ai pas vu l’émission à laquelle vous faites référence. J’imagine donc les raccourcis qu’elle devait présenter...

    La Ritaline n’est pas prescrite pour les « enfants difficiles », quoi que les médias, psychanalystes freudiens et scientologues aiment à le faire croire. Elle est prescrite, par l’hôpital uniquement, pour les enfants et adultes souffrant d’un trouble de l’attention (et éventuellement d’une hyperactivité associée) diagnostiqué de manière rigoureuse et suffisamment grave pour constituer un obstacle aux apprentissages scolaires et/ou à la socialisation. Malheureusement, nombres de malades n’auront jamais accès à cette aide dont ils ont besoin en raison des fausses vérités qui circulent et font gonfler l’audimat. Un certain nombre d’entre eux se tourneront alors vers d’autres moyens de soulager leurs souffrances : drogues, alcool, etc ;, et connaîtront éventuellement le chomage et la « maison des vieux ».

    Maya


  • mayako (---.---.61.109) 24 juin 2006 09:48

    Je crois réêver en trouvant de la pub pour la Scientologie et autres Dale Carnegie sur un site comme Agora Vox !!! Franchement décevant et carrèment aberrant. La rédaction en est-elle consciente ?

    Maya


  • LESCAUDRON Didier (---.---.20.158) 24 juin 2006 10:46

    Bonjour Maya,

    Pourriez-vous nous indiquer à quel endroit ou dans quel article, trouvons-nous de la pub pour la Scientologie ?

    Quant à la Ritaline, il semblerait que certains médecins américains la prescrivent de façon abusive. Par ailleurs, des procès sont même en cours là-bas contre des parents qui auraient négligé ce traitement médicamenteux de leur enfant. N’est-ce pas inquiétant ? Dunand a peu-être réagi maladroitement et passionnément . Il a, en tout cas, le mérite de s’intéresser à cette question politique insidieuse càd celle du « contrôle des individus », en particulier par les sciences médicales ( Voir Michel Foucault) ...

    D’après vous, les généralistes français n’auraient donc pas accès à ce type de médicament. Tant mieux, car ce type de médicament n’a-t-il pas des effets secondaires sur le moyen et long terme ?

    Bien sincèrement D L


  • mayako (---.---.61.109) 24 juin 2006 16:18

    Je ne saisis pas ce que vous voulez dire par « des parents qui auraient négligé ce traitement médicamenteux de leur enfant. » Manque-t-il une négation ?

    D’après ce que je sais (je ne suis pas médecin !, la prescription initiale de Ritaline doit être faite par un médecin en service hospitalier, après amamnèse et investigations complètes, psychologiques, psychométriques, comportementales (avec questionnaires aux parents et enseignants) comprenant aussi le plus souvent un EEC (certaines formes d’épilepsie provoquent des absences si brèves qu’elles peuvent passer pour un problème d’attention) et un électrocardiogramme. L’ordonnance est à renouveller tous les 28 jours et elle est sécurisée. Le généraliste peut renouveller, mais le patient doit faire l’objet d’un suivi régulier par le service hospitalier. Par ailleurs, le médicament ne doit être que l’un des éléments de la prise en charge, qui doit aussi comporter une psychothérapie, éventuellement des rééducations en orhtophonie,psychomotricité, etc. La Ritaline est donc un médicament dangereux, s’il faut toutes ces précautions ? Je ne suis pas médecin, mais je sais que ce médicament existe depuis très longtemps et qu’une personne qui souffre du déséquilibre neurobiologique équilibré par la Ritaline a besoin de ce médicament pour commencer à regagner le terrain perdu. Refuseriez-vous l’insuline aux diabétiques qui en ont besoin ? J’ai ma petite théorie sur les difficultés que rencontraient sans doute ceux que l’on qualifiat autrefois de « cancres », les rêveurs du fond de la classe, qui étaient en échec scolaire avant que cette expression voit le jour. Que de souffrances dans ces petites têtes, dont on s’est lacheemnt moqué pendant des siècles !

    Des effets secondaires à la prise de Ritaline sont possibles mais pas certains et ils sont connus depuis fort longtemps (je pense à la perte d’appétit, d’où les pauses thérapeutiques hors périodes scolaires lorsque cela est possible). Comme pour n’importe quelle autre substance médicamenteuse, le risque d’effets secondaires et leur éventuelle apparition fait bien entendu l’objet d’une évaluation avant et pendant la prescription. On pèse le pour et le contre, comme pour toute autre substance.

    Bien sûr qu’il y a des abus aux Etats unis. Mais de là à refuser ce traitement à ceux qui en ont besoin en France, c’est absurde et inhumain. Il faut cotoyer des familles concernées pour savoir de quoi il en retourne.

    Le traitement médicamenteux est décrié essentiellement par les psychanalistes, qui ont néanmoins réussi à convaincre un certains nombre de bobos bien pensants, politiquement corrects mais... dans l’ignorance totale des vrais enjeux à signer une pétition où l’on mélange allègrement les soins dûs aux malades et les velléités sécuritaires du gouvernement. Pourtant, jamais une psychanalyse, qui se déroule sur plusieurs années et reste aléatoire, ne réussirait à améliorer le quotidien des patients, surtout s’ils sont jeunes et s’ils ratent leurs scolarité car indisponibles aux apprentissages du fait de ce syndrome. Par contre, on pourrait aussi, plutôt que de fantasmer sur le contrôle des individus par le monde médical, s’interroger sur le contrôle des individus et de leur poorte-monnaie par les psychanalystes... On commence une « cure » psychanalytique sans savoir quels seront les critères de réussite ou d’échec, ceux d’évaluation des effets secondaires, ni la durée du « traitement » (qui est, soit dit en passant uniquement réservé à ceux qui peuvent sortir un sacré nombre de billets de leur poche de manière régulière).

    Pour ce qui est de la pub que je qualifierais de « déviante », il s’agit d’Annonces Google, qui, même si elles ne relèvent pas directement d’Agora Vox, apparaissent sur son site, sur cette page même ce matin (celle sur la scientologie n’y est plus à présent, elle apparaissait sous le sigle de la CCDH), je suppose que les annonces tournent, mais il reste celle de Dale Carnegie).

    Pour info, la CCDH est un des alias de la Scientologie. Voir http://ccdh.critique.free.fr/

    Au fait, savez-vous que la Scientologie est la première à décrier la Ritaline ? Dissimulée sous diverses dénominations, associations, fondations, etc., elle appâte insidieusement les malades adultes ou les parents qui sont au bout du rouleau parce que confrontés trop longtemps aux difficultés psychiques de leurs proches (et pas juste au trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité). Elle promet monts et merveilles grâce à je ne sais quels bla bla fumeux, où les traitements médicaux sont vilipendés. Parfois les naïfs et les faibles tombent dans le panneau.

    Pardon pour la longueur de ce commentaire.

    Cordialement,

    Maya


  • Lescaudron D (---.---.20.158) 25 juin 2006 09:44

    V

    Bonjour Maya,

    Merci pour ce long commentaire.

    Tout d’abord, le moins que l’on puisse dire est que votre mordant contre les théories et pratiques psychanalytiques est clair. Personnellement je serai plus prudent dans mes propos.

    Remarques préliminaires : Vous n’êtes pas médecin et je ne suis pas psychanalyste ! Mais nous pouvons causer de ces professions et de leur domaine.

    Il y a d’abord des personnes qui ont profité d’une psychanalyse et qui ne vont pas le crier sur les toits. C’est leur droit. Il est vrai que les critères d’évaluation de la réussite de la cure sont une vraie question mais elle est personnelle. C’est sans doute quand on a découvert et compris son histoire personnelle, quand on supporte les aléas de son existence et quand on s’est débarrassé des conduites pathogènes inutiles. Les thérapies cognitivo-comportementalistes visent ce dernier objectif mais par des stratégies différentes, et moins pertinentes à long terme (c’est ce que pensent certains psys).

    Il est vrai aussi que d’autres analysés pataugent au contraire dans la semoule car leur thérapeute n’est peut-être pas à la hauteur d’une mission qui est peut-être impossible. Nous savons bien que certaines personnes s’enferment malheureusement dans leurs erreurs malgré les conseils et soins qui leur sont prodigués. Regardez notre premier ministre !!!

    Certains groupement psychanalytiques ont peut-être un fonctionnement sectaire mais si la psychanalyse perdure, c’est parce que elle soulève tout de même des questions qui taraudent l’humanité.

    Quant aux traitements médicamenteux ou aux thérapies non psychanalytiques, tant mieux s’ils allègent la souffrance des individus de façon durable. Je crois savoir que certains psychiatres, des pédopsychiatres ou des psychologues cliniciens reconnaissent l’intérêt des différentes thérapeutiques. Ce qui importe, c’est leurs utilisations à bon escient.

    Quant au « racket des psychanalystes », que pensez-vous de celui des dépassements d’honoraires des médecins (à la tête du client) ? Cela existe aussi ! Le libéralisme devient la règle et chacun est « libre » de choisir ce qui lui convient. Ainsi, va le monde !

    Bien sincèrement DL


  • mayako (---.---.38.53) 29 juin 2006 09:53

    Bonjour, Nous sommes tout à fait d’accord. Je ne tiens en rien les médecins pour sacrés, et je suis révoltée par la désinvolture et les abus financiers de certains.

    Par ailleurs, j’ai moi même déjà eu recours, avec plus ou moins de bonheur, aux services de psys, cela me semble parfois très sain. Si j’en avais les moyens, je me pencherais volontiers sur mon psyché avec l’aide d’un psychanalyste (sélectionné avec soin, si tant est que cela soit possible). Ce serait surement passionnant. Les psys de tout poil ont leur place dans les soins à apporter.

    Mais ce que je reproche aux psychanalystes, c’est de prêcher qu’hors de leurs ministères, point de salut. Cf. la pétition « Pas de Zéro de conduite » dont on reconnaîtra les instigateurs.

    Or la psychanalyse est longue, coûteuse, aléatoire, et au dire de certains, impossible avec les enfants. En outre, un enfant qui souffre de certains troubles psychiques qui font obstacle aux apprentissages (sans qu’il y ait retard intellectuel) a le droit de recevoir immédiatement, pour ne pas rester amarré au quai de l’échec scolaire, l’attention, entre autre médicale, dont il a besoin. Et c’est loin d’être le cas aujourd’hui, pour cause d’obstruction philosophique dans certains cercles médicaux eux-mêmes, et surtout par manque dramatique de moyens dans les lieux de consultation (un an ou plus d’attente dans les hôpitaux, CMP, CMPP, etc.). Quant aux réseaux d’aide scolaire (RASED), savez-vous qu’il est des écoles où ils ne sont tout simplement pas disponibles ? Parmi les écoliers de France, certains sont plus égaux que d’autres.

    A ce propos, je signale à l’attention des lecteurs d’Agora Vox que la médecine scolaire est menacée par la politique budgétaire actuelle. La loi sur l’école et la loi sur le handicap se gargarisent de mots, promettent monts et merveilles, mais dans les faits, les moyens se retrécissent comme peau de chagrin. Voir http://www.medscol.com/

    J’encourage tout un chacun à apposer sa signature en bas de cette pétition, qu’il ou elle soit parent, grand-parent, enseignant ou simple citoyen écoeuré par l’hypocrisie politico-budgétaire qui règne (des promesses jamais suivies de versements d’espèces, l’anti-téléthon en quelque sorte).

    Cordialement,

    Maya


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