lundi 2 novembre 2009 - par Yohan

Vitabrill, sans doute !

- Saperlipopette ! ton frère va encore manquer l’office des vêpres. Et pourquoi dis ?

- Inutile de poser la question, tu connais déjà la réponse, Mémé...

- Pardi que je la connais ! A c’theure, notre Jeannot a encore l’oreille collée au poste à galène.

Et pour cause.... Jacques Anquetil, échappé très tôt dans le Galibier, pointe déjà à quelques encablures de la ligne d’arrivée. C’est l’heure où les fauves du braquet, qui ne roulent pas tous à l’eau claire, en sont aux regrets d’avoir gaspillé la bolée de sang de taureau, tout ça pour finir misérablement dans un groupetto, relégués à plus de trente minutes du vainqueur du jour.

- Il me fera toujours honte ce Jeannot, lâche Mémé, faussement dépitée

 Mais le vrai fautif, c’est Pépé. Depuis qu’il a emmené Jeannot voir la Polymultipliée, le Tour et lui ne font plus qu’un.

 - Jeannot ! mon Jeannot ! dépêche toi ! tu vas encore manquer les vêpres... crie Mémé, sans grande conviction.

 Pour Jeannot, les vêpres avaient tout d’une belle engeance. Le cul collé sur du bois dur, une heure durant, au côté des bigotes à respirer de la vapeur de beurre rance, mieux vaut - disait-il - être ici que là-bas, surtout un jour comme celui-ci.

A cette époque, le Tour était sacré, on pouvait bien lui sacrifier les vêpres, et les semonces de Mémé tenaient plus du théâtre de marionnettes...

Nos rois de la pédale en avaient sous la semelle, bien que les stimulants de l’époque avaient tout de la poudre de perlimpinpin. Du moins le croyait-on...

Tandis que certains misaient sur les vertus des testicules de félin, d’autres grimpaient les collines d’Anduze chargés aux amphétamines.

 Avoir le bon de sortie ou le "grand volant", n’était pas réservé qu’aux coureurs moyens, le Tour de France a toujours eu ses codes impénétrables....

 Jeannot lui ne savait rien des micmac du peloton.

Derrière la lumière bleutée du poste à galène, il devinait Anquetil dans son dernier effort.

 Son champion allait gagner, une fois de plus. Il était bien le plus fort, sans aucun doute.

 Gonflé d’orgueil, la ligne jaune approchant, Jeannot allait bientôt pouvoir s’adonner à sa version toute personnelle de "on refait le match !!!".

 Une cinquantaine de cyclistes en fer l’attendaient bien en ligne sur le bord de la toile cirée de la salle à manger, prêts pour sa première poussette.

 C’est bien à l’heure des vêpres que notre Antoine Blondin en herbe s’emparait de son micro virtuel pour commander et commenter le départ de son peloton de fer.

 Nul besoin d’attendre très longtemps pour l’entendre hurler comme un fou "Le Dissez, dit ’le facteur", vient de s’échapper ! ... une folie je vous dis,.mesdames et messieurs ! un grand jour peut-être pour l’équipe Mercier !!"

 Une nouvelle poussette d’un revers de main détache pour de bon le vaillant coureur du groupe de poursuivants.

 Tout en continuant de s’agiter comme un dément, Jeannot n’oublie pas de placer derrière son champion une voiture en fer, celle de son directeur sportif sans doute....

 C’était, je crois, une Simca 1000 ’Dinky Toy’ aux couleurs de la marque Vitabrill, la crème qui fait briller le poil des mâles....



9 réactions


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 2 novembre 2009 14:35

    Pareil que Papy .

    Plein de souvenirs .

    Bahamontès , Darrigade , Rivière ,Hassenforder et les autres ...

    Gomina et Vitabril la clé du succès pour qui veut nananer ..en 1963 .


  • LE CHAT LE CHAT 2 novembre 2009 14:44

    eh oui , pas de PS3 à l’époque , le foot c’était avec des figurines en carton et le ballon une capsule de bière !  smiley


    • LE CHAT LE CHAT 2 novembre 2009 16:18

      @philippe Reneve


      salut la chouette ,

      les vieux cons sont moins nocifs que les jeunes cons car ceux ci ont encore toute la vie devant eux !  smiley


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 2 novembre 2009 16:14

    Je panse que vous ià ....


  • ZEN ZEN 2 novembre 2009 18:06

    Ah !Bobet...
    A l’époque, les coureurs ressemblaient à des coureurs et non à tes robots roulants comme aujourd’hui dans la vaste foire commerciale qu’est devenu le Tour
    Même plus Yvette Horner, son accordéon et les pirouettes des motards de la gendarmerie
    Foi de cycliste !


  • Yohan Yohan 2 novembre 2009 19:25

    Salut tous,
    Du vécu. Moi j’étais pousseur, le rôle de speaker était tenu par mon frangin. On écoutait le Tour sur un vieux bouzin. Quand le transistor est sorti c’est mon pater qui l’a squatté. De temps à autre, il achetait Miroir sprint.


  • snoopy86 2 novembre 2009 23:52

    Salut Yohan

    Juste un coup de chablis avant de me coucher

    Je repasserai demain


  • Fergus Fergus 3 novembre 2009 09:16

    Salut, Yohan.

    Merci cette petite plongée dans la malle aux trésors.

    La mienne était une boîte de gâteaux en fer représentant sur toutes ses faces la libération de Strasbourg par la 2e DB de Leclerc. A l’intérieur, mes coureurs en métal, quelques petites voitures Dinky Toys ou Norev, des photos de footballeurs (Kopa, Piantoni, Penverne, Ujlaki, Remetter, etc.) et une lampe de poche de fortune bricolée avec du acrton, du fil de fer et une ampoule pour bouquiner en douce sous mes draps. J’arrête là pour ne pas écraser une petite larme de nostalgie...

    Bonne journée. 


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 3 novembre 2009 09:39

    Yohan en connait un rayon question étapes contre la morosité .

    Merci .


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