samedi 13 juillet 2013 - par kergen

VIVE LA MONDIALISATION !!!

Merci Veau d'Or pour tes bienfaits.

Le monde était triste et gris. Les gueux, enhardis, d’un côté par la force du plein emploi et de l’autre par l’effroyable menace de l’abomination soviétique, nous avaient imposé, couteau sous la gorge, des politiciens attentifs à leurs exigences, veillant à satisfaire des caprices insensés. Le manant tapait le poing sur la table de son maître et lui arrachait des sommets d’iniquité tels des assurances sociales, un code du travail, un droit à la retraite, tout un tas de futilités ruineuses. Tout ce petit monde décidait que des pans entiers de nos privilèges devaient nous être arrachés et confiés à un machin ignoble appelé « service public ». Et pire que tout, le gueux regardait droit dans les yeux, le verbe fort et la lippe plébéienne arrogante.

Veau d’Or merci, dans ces ténèbres de grisaille, la flamme brillait encore dans quelques sanctuaires ou des Grands Prêtres héroïques, raillés , méprisés de tous entretenaient la lueur de la Vraie Foi. Ha Saint Von Hayek, Saint Friedman, sans vous et quelques soutiens des catacombes, nos dogmes, seuls à même de vraiment diriger le monde vers sa destinée naturelle, seraient peut-être morts, comme en leur temps des dieux pourtant illustres tels Jupiter, Wothan, Bélénos ou Mitra. Heureusement, notre message est fort simple même si la duplicité de cette horripilante gueule puante et hurlante appelée humanité, nous oblige à toujours la revêtir du masque de la complexité :

« Posséder, jouir, détruire,

 Heureux soient les puissants,

La seule vraie loi est celle du plus fort, 

L’homme est fait pour servir l’homme,

Il n’y a pas de limite au pouvoir »

Et ça marche depuis la nuit des temps.

Mais depuis 1945 les nuées gluantes de l’équité et la grisaille visqueuse du progrès risquait de nous figer dans le glacis de la médiocrité.

Puis les prophètes sont arrivés. Par deux. Comme ceux de l’Imposteur (qui d’ailleurs n’existe pas) qui tente d’imposer sa répugnante loi faite de contraintes et d’interdits depuis si longtemps. Abraham –Jacob, Moïse-Josué, David-Salomon, Jean le Baptiste-Jésus, Calvin-Luther(quoique ces deux-là étaient plutôt le masque vertueux de notre grande entreprise). Nos deux prophètes, que le Veau d’Or les abreuve à jamais à la Corne d’Abondance, Thatcher et Reagan, nous soumirent enfin à la tentation et délivrèrent le Mal.

Leur action fut simple, on ne peut plus simple : casser toutes les lois et règlementations qui nous entravaient. Il suffisait d’y penser. Notre argent permis de les seconder efficacement en soudoyant la plupart des vecteurs de pensée, des hommes politiques, et en reprenant les travaux de l’excellent Docteur Goebbels. D’ailleurs, une des premières idées de génie fut de remplacer ce mot sec, sans âme pour le commun(et pourtant divin à nos cœurs) de « dérèglementation » en ce mot merveilleux, porteur de cet internationalisme fraternel et généreux révéré de nos gueux : « mondialisation ».

Nos prophètes, suivis de nombreuses émules, en moins de trente ans, fracassèrent avec allégresse et délectation toutes les digues s’opposant à notre appétit, tous les systèmes d’irrigation et de répartition de la richesse. Ils allèrent plus loin, la Carthage Russe détruite, ils abolirent les frontières, pour notre argent, et nous pûmes aller fabriquer chez les plus pauvres du globe de quoi nous enrichir démesurément en privant d’emploi ces gueux insolents qui osaient nous tenir la dragée haute depuis des décennies. Puis ils allèrent encore plus loin. Non content de soumettre les états, ils décidèrent de les saborder.

A l’heure où j’écris ces lignes, le monde est bien plus heureux. Pour nous. Ce n’est pas tant l’accroissement de notre richesse qui nous ravit, celle-ci était déjà colossale avant. Le vrai plaisir, c’est qu’enfin le gueux réapprend à ôter son bonnet et à le mettre sur la poitrine pour s’adresser à son maître. Fini l’insolence. La justice est enfin de retour.

Chaque jour, nous sacrifions au Veau d’Or des populations entières afin qu’il continue à nous couvrir de ses bontés.

Et les Cassandres peuvent bien criailler, que les ressources ne sont pas éternelles et autres billevesées. Les naïfs. Nous en aurons encore quand plus personne n’aura rien. Et l’avenir de cette planète ? Allons, nous avons fait notre travail, que nos enfants fassent le leur. Ceci ne nous concerne pas, jouissons tant que le bal est ouvert. Jouissons ….sans entrave.



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