jeudi 21 août 2014 - par Emin Bernar

Winter sleep : suprême Nuri Bilge Ceylan

Un film du metteur en scène turc Nuri Bilge Ceylan qui a commencé sa carrière en 1995 , depuis très souvent récompensé et souvent en France : "Winter sleep" a été élu Palme d’Or au Festival de Cannes cette année.

JPEG Un scénario qu’on peut résumer comme suit : Aydın, acteur de théâtre à la retraite et écrivain, dans un hôtel troglodyte de la Cappadoce dont avec sa sœur Necla, il a hérité ; il est confronté à l’hostilité de deux locataires Ismail et Hamdi, à la contestation de sa sœur et de sa jeune épouse Nihal…on n’en dira pas plus pour ne rien enlever du plaisir de la découverte aux spectateurs.

Un film à découvrir et un film à défendre car il s’est heurté à des critiques biaisées, sortes de verdicts rédigés à l’avance, de la part de certains journalistes peu enclins à faire l’effort inhérent à toute découverte ; voici deux exemples :

- «  Dialogues épais, intrigue lâche et réalisation ultra-esthétique, propos lent et ample, galerie de personnages ambigus auxquels il est difficile de s'identifier, si bien que Winter Sleep génère autant de fascination que de frustration  » (Le Monde)

- «  Académique, Winter Sleep ressemble à un film de Bergman où tout serait joué d’avance, toiletté à l’extrême, et désespérément anodin ; un pur produit cannois ; 3h16, il faut croire que ça vous pose une palme…Une sorte de Rolls, un objet ô combien maîtrisé, abouti et noble mais toutefois dénué d’une réelle audace si l’on excepte sa radicalité » (Nouvel Obs)

 

La suprématie du film Winter Sleep et de son metteur en scène Nuri Bilge Ceylan c’est qu’il retourne ces arguments de critiques arrogants :

Académique, toiletté à l’extrême ? Oui mais justement un cinéma d’auteur, de chercheur qui combine les images de la Cappadoce sous la neige, les dialogues écrits par le metteur en scène et son épouse, mis en valeur par trois grands acteurs, Haluk Bilginer, Demet Akbağ, Melisa Sözen et d’autres acteurs tout aussi fins, les scènes émouvantes et les scènes comiques, la musique… Le cinéma comme écriture.

Pur produit cannois ? bergmanien, tchekhovien, shakespearien …Oui, mais justement un film qui analyse des situations universelles de l’âme humaine et en même temps un film ancré en Anatolie, dans l’histoire actuelle de la Turquie.

Des personnages ambigus ? Un film frustrant ? Oui, plusieurs interprétations d’une scène, du film lui-même, sont possibles… mais justement dans ce film le spectateur est actif, il devient lui-même acteur. Il est fasciné, pris dans les amples scènes qui se jouent devant lui ; et le film restera dans son esprit, rappellera des souvenirs anciens, des lectures…

Un film à découvrir.



2 réactions


  • Fergus Fergus 21 août 2014 12:14

    Bonjour, Emin.

    « Winter sleep » est sans doute un grand film. Et je serais allé le voir avec intérêt si je n’avais appris qu’il dure... 3 h 16. Une durée rédhibitoire à mes yeux, moi qui trouve déjà les films de Kéchiche interminables, raison pour laquelle je ne suis pas allé voir « La vie d’Adèle » (3 h 07). Dommage ! Dans le cinéma de ma ville, il fait d’ailleurs peu d’entrées malgré la Palme d’Or, essentiellement du fait de cette durée, si j’en crois quelques commentaires entendus ici et là.


  • Emin Bernar Emin Bernar Paşa 28 août 2014 17:56

    le film est sorti le 6 août ; normalement il devrait rester à l’affiche jusqu’à fin septembre ; mais le cinéma Pathé Beaugrenelle à Paris 15ème ne l’a présenté que 2 semaines : honte à eux !


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