mardi 4 août 2009 - par Jean-Michel Arberet

Quel Tour ?

"Le tour a retrouvé son public après les années noires du dopage" a déclaré Rama Yade lors de l’émission Les 4 vérités, relativisant son propos tout aussi tôt "Ce serait faux de croire que tout a changé".
Il semble bien que le Tour ait été rattrapé par le dopage. L’Espagnol Astarloza, vainqueur de la 16ème étape à Bourg-Saint-Maurice contrôlé positif à l’EPO a été suspendu par l’Union Cycliste Internationale.
Rama Yade dans la même interview évoquait déjà, peut-être à titre préventif, "l’esprit du vélo trahi par des méthodes de ce type-là". Ce type de poncif, hélas largement partagé par l’ensemble de la classe politique, est couplé à un bel optimisme dont Rama Yade nous fait une belle démonstration : "Il faut faire confiance aux dirigeants du Tour".
 
Mais avant de faire confiance aux dirigeants du Tour, ne faudrait-il pas s’interroger d’abord sur leurs objectifs. Le Tour est certes une épreuve sportive de renommée internationale, mais c’est aussi le fleuron d’une entreprise privée Amaury sport Organisation.
En d’autres termes le Tour n’est pas organisé par une fédération sportive, organisme à but non lucratif, mais par une société commerciale. La différence n’est pas anodine, une fédération a pour but d’organiser des compétitions sportives, même si elle cherche à dégager des excédents ceux-là seront utilisés pour organiser des futures compétitions sportives. Par contre une société privée à pour objectif de dégager des bénéfices, en l’occurrence en organisant une compétition sportive et ces bénéfices-là seront distribués aux actionnaires, même si les collectivités locales sont largement mises à contribution pour l’organisation du Tour.
 
Dans ces conditions, l’audience reste l’objectif principal des organisateurs.
 "Nul ne peut servir deux maîtres à la fois : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent" selon l’évangile de Saint Matthieu. Amaury Sport Organisation a dû choisir et pour ce millésime 2009 l’audience a résulté d’un savant mélange de performance sportive avec des coureurs toujours aussi rapides même en ne buvant que de l’eau fraîche et avec le grand retour d’Armstrong.
Ce grand tour médiatique a réussi à merveille, les journalistes s’intéressant plus à ce retour qu’à la course elle-même, jusqu’à Rama Yade commentant ainsi le résultat  : "On a un podium qui est à l’image des exploits sportifs de ce tour avec Contador, en numéro un sur le papier l’ordre est respecté avec Amstrong qui est numéro trois." Belle réussite médiatique, la performance sportive du second est éclipsée par la performance médiatique.
 
Le tour a retrouvé son public mais à quel prix ?
 


11 réactions


  • Fergus fergus 4 août 2009 11:01

    Le Tour n’a pas « retrouvé » son public, mais fidélisé un public fait de gogos et de cyniques, les premiers gobant les sornettes officielles et les seconds se fichant du dopage comme de leur première tétouille.

    Remarquable résultat quand on sait à quel point cette compétition fut ennuyeuse et avare en coups d’éclats.


  • kitamissa kitamissa 4 août 2009 13:35

    c’est bien simple,tous les vrais amateurs de cyclisme ( dont je fais partie étant moi même pratiquant !!) ne reconnaissent plus le VRAI CYCLISME ,celui de l’initiative du gars sur son vélo,sans oreillettes,sans casque..........
    pas comme actuellement qui fait ressembler le coureur à une mouche à m.......,ou à un robot dirigé par une tireur de ficelle qu’est le directeur sportif,aux ordres du sponsor et avac l’aide des médecins et laboratoires qui vous concoctent un cocktail pratiquement indécelable,et qui donne des ailes à des gens se tapant leurs 200KMs / jour à une moyenne approchant les 50 km/h ....

    c’est bien simple,depuis qu’Armstrong est arrivé sur la grande boucle,le tour a été tué !

    au sujet des absorbsions de produits illicites ,quelle hypocrisie...depuis que le sport de compétition existe,l’athléte a toujours cherché le petit truc en plus qui efface la fatigue,la douleur et donne des ailes ,aux premiers tours des années 1900,c’était le pinard ! et puis au fur et à mesure des progrés de la pharmacie,les amphétamines,les anabolisants,l’aspirine,la cortisone etc....

    et tout le monde en prenait ,surtout qu’autrefois,c’était un véritable Tour de France,avec des étapes de 500 Kms ,et des tours de 5000kms en moyenne,avec des vélos plus lourds et sans dérailleurs ....

    puis au fur et à mesure des annéeset de l’amélioration du matériel,les dopages nouveaux sont apparus ,et ce n’est qu’au milieu des années 60 que l’on a commencé à parler de contrôle,notamment lors de la tentative de record de l’heure d’Anquetil au Vigorelli,Anquetil ayant refusé le contrôle son record ne fut pas homologué alors que ce record avait été battu ! ( établi par Coppi en 1942 ! ).....

    je ne parlerai pas des commentateurs sportifs qui n’en avaient que pour Armstrong ,comme si le messie était là à nouveau ,faussant le déroulement du direct par les passages de brosse à reluire sur le dos de l’Américain,alors que le vrai maillot jaune était relégué au second plan !....

    cette année,je ne suis pas allé assister au passage de la derniére étape qui passe dans ma région ( Ile de France ) tellement ce tour était sans intérêt et même chiant !....


  • Papybom Papybom 4 août 2009 14:33

    Amaury sport Organisation nous joue un tour de cochon, tous les ans.

    Qu’importe l’étique sportive, l’argent arrive dans le nourrin.

    Ils ont lard de nous faire prendre des lanternes pour des vessies sans OPO.


  • monbula 4 août 2009 15:20

    Quoi.. ! Le Tour de France se drogue .. Mon Dieu.. !


  • norbert gabriel norbert gabriel 4 août 2009 15:20

    oui il faut être très naîf pour croire que tout est réglé dans le plus beau des mondes sportifs.
    et pour France 2 le commentateur était dans un style Voicigala indigne d’un service des sports. Même Fignon avait du à rattraper les effets incongrus...
    Le bouquet, ce fut quand ce zigoto, Thierry Adam, s’est mis à hululer, machin est définitivement lâché, et 10 mn après machin était en tête, le plus beau c’était avec Brice Feillu, le jour où il a gagné. On a eu droit plusieurs fois à ces commentaires de bateleur de foire.
    En revanche, les commentaires de Fignon sur la façon de courir des jeunes pros, sur l’incidence des oreillettes étaient pertinents.


  • norbert gabriel norbert gabriel 4 août 2009 15:21

    «  »"Anquetil ayant refusé le contrôle son record ne fut pas homologué alors que ce record avait été battu ! ( établi par Coppi en 1942 ! )....«  »

    il n’y avait pas eu Roger Rivière en 1957 ou 58 ?


  • norbert gabriel norbert gabriel 4 août 2009 15:24
    j’en ai oublié un ou deux...


    Fausto Coppi  Italie 45,848 km (Milan) Jacques Anquetil  France 46,159 km (Milan) Ercole Baldini  Italie 46,393 km (Milan) Roger Rivière  France 46,923 km (Milan) Roger Rivière  France 47,346 km (Milan)

    • kitamissa kitamissa 4 août 2009 17:23

      oui exact ,j’aurais dû me relire ...

      c’est au milieu des années 50 pour Anquetil,alors qu’il était militaire,il avait obtenu une permission ...en 1956 exactement 1er record ,ensuite Riviére l’a amélioré en 1958,puis Anquetil en 1967 toujours au Vigorelli fait un 47,775 KM .....

      pour Baldini ,c’était en 1956 également pour battre le record d’Anquetil.....

      effectivement Rivière est passé 2 fois ,en 1957 et 1958 ,et pour revenir sur le dopage,c’est celui d’Anquetil en 1967 qui ne fut pas homologué pour cause de refus de contrôle anti doping ,en fait c’est Géminiani son directeur sportif qui a refusé en donnant comme argument « vous n’allez quand même pas demander à Jacques Anquetil de pisser dans un flacon devant tout le monde !... » Anquetil étant déjà un mythe du cyclisme mondial !...

      ensuite ce record fut battu par Ferdinand Brackeà Rome en 1967 48,03 KMs ,puis par Oll Ritter en 1968 à Mexico 48,653 kms,puis enfin par Eddy Merckx à Mexico en 1972 49,431kms ....


  • jakback jakback 4 août 2009 15:30

    Tout cela n’est qu’un combat d’arrière garde, tout le monde est dopé, du gamin bourré de ritaline, au senior sous viagra, en passant par le trou de la SS.
     Le monde change, avance, aujourd’hui est déjà demain. La thérapie cellulaire est en marche, les nanotechnologies se développent a un rythme effréné, et , vous, vous nous parler d’EPO, transfusion sanguines, de dopage.
    Rien de surprenant que vous soyez partenaire du groupe communiste, cette idéologie assassine du XXe siècle, qui en matière de dopage était pionnière au temps bannis de ses colonie


  • Stalker 4 août 2009 20:35

    Les deux dernières éditions furent d’un ennui mortel : coureurs peu offensifs, parcours complètement ratés (surtout le 2009). Il n’y eut que quelques étapes avec un peu de spectacle. Par contre, j’ai l’impression que la nullité du spectacle n’a pas nui paradoxalement au succès public.

    Quant au dopage, il a semblé plus présent que jamais. On a plus l’impression de voir des humains, mais des espèces de robots qui grimpent les cols comme des mobylettes. Le dopage aux amphétamines des années Coppi ou Anquetil, c’est de la rigolade à côté.


  • Plus robert que Redford 4 août 2009 23:37

    Le Tour ?
    « Une bande d’ivrognes qui regarde passer une bande de drogués »
     Michel Colucci


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