Projet No 1 : redistribuer les cartes
Alors que les Arabes font le grand ménage chez eux et qu’ils redistribuent les cartes du pouvoir et de l’accès aux richesses, en France, la distribution s’opère d’une bien étrange manière. Le FN et l’UMP se disputent l’auge du populisme. Ils se poussent du groin. Mais c’est encore le FN qui remporte le Cochon d’or et parade fièrement le groin bien gras tandis que l’autre devra se contenter d’un gros nez de clown.
Il faut dire que l’UMP n’est plus crédible sur les questions empruntées au Front : comment faire un débat sérieux sur la laïcité républicaine après avoir vanté le concept de “laïcité positive” du pape et avoir fait campagne pour le fond de commerce du Vatican ? Comment aborder sereinement la question de l’Islam après avoir parlé de croisade ?
Donc, c’est encore le Groin national qui gagne…
Mais la redistribution des cartes a peut-être commencé…Le jeu a été retiré des mains de l’UMPS. Il est - momentanément, je l’espère - entre des mains peu recommandables mais on est loin de 2012 et si, au final, l’UMPS en sort affaibli et la démocratie renforcée, on ne s’en plaindra pas. Je veux dire : si les électeurs se déploient sur des offres politiques plus diverses dont le MoDem de François Bayrou. A ce dernier de convaincre évidemment.
Nous sommes aujourd’hui confrontés à un double mur : l’UMPS (système de confiscation de places) et l’UMP-FN (système de captation des suffrages des mécontents). Un travail patient de crédibilité doit permettre d’affaiblir ces deux fronts.
De façon générale, redistribuer les cartes passe aussi par l’introduction d’une dose de vote à la proportionnelle dans les scrutins majoritaires afin de mieux représenter l’électorat qui sans cela continuera de s’abstenir, faute de représentation.
Mais peut-être aussi que le système de représentation n'est plus à la hauteur des aspirations des nombreux citoyens qui veulent prendre une part active dans la vie politique sans être obligés de passer par la case "parti". Il existerait ainsi comme sous l'Ancien Régime un Tiers-Etat qui n'est pas entendu, pas pris en compte. Soit que l'offre politique, si étendue soit-elle, ne lui convient plus, soit il veut s'exprimer directement, sans internmédaires. Il y a "crise de la représentation" comme on nous le dit souvent mais on ne propose rien pour y remédier. Rien ? Je suis de mauvaise foi, je l'avoue. Le MoDem est, en effet, ainsi que le parti socialiste, pour une réforme en profondeur des institutions, une VIème République qui donnera une place plus importante aux citoyens qui souhaitent s'investir dans le débat.
En attendant, on en est loin et les leaders politiques occupent toute la place, toute la tribune. Leurs petites querelles sont amplifiées, mises en scène, les primaires des uns et des autres sont là pour conforter encore le système représentatif. Il n'y a qu'eux qui existent médiatiquement et politiquement. Et ils n'ont de cesse de prétendre parler au nom des Français, foulant au pied la légitimité populaire.
Les Arabes ont acquis avec Internet des habitudes démocratiques. Ils ont gagné en maturité et, comme cela n'était pas entendu par leurs dirigeants, il les ont congédiés. Les Français ont aussi accédé à un palier supplémentaire de conscience démocratique avec le web et leurs dirigeants refusent de le voir, continuant d'étouffer toute expression directe. Préférant faire dans le populisme que de laisser le Peuple parler de sa propre voix. Les cartes ne sont pas redistribués.