mardi 13 septembre 2011 - par
La spéculation !
Attisée par l'imprévoyance, l'inconséquence… in fine, l'incrédibilité des décideurs en place, la spéculation a beau jeu de jouer contre une Europe, voire même contre une planète qui ne sait pas vraiment où est son intérêt, en dehors de la réélection réussie de ses chefs politiques. La plupart des choses ont été dites sur eux, et le contribuable qui les subit n'ayant à sa disposition que son bulletin de vote tous les 4 ans... entrons dans notre sujet : la spéculation.
La spéculation, c'est l'idée de faire un profit grâce à l'évolution anticipée du prix d'un actif, dans un futur proche (*).
Spéculer (du latin speculari, observer avant d'agir) consiste, pour le spéculateur, à penser que le cours d'un actif va évoluer dans un sens qui devrait lui permettre de faire un profit pour autant qu'il effectue aujourd'hui une opération d'achat ou de vente suivie quelques temps plus tard (*) d'une opération inverse. Ainsi, en misant − c'est un pari, une prise de risque − sur la :
- hausse d'un actif, le spéculateur passe un ordre d'achat, généralement à terme, au prix de "x" euros. Si son anticipation à la hausse réussie, il vendra plus tard (à l'échéance de son contrat) à "x+n" euros, empochant la différence de cours, c'est-à-dire "n"… moins les frais liés à ses 2 opérations ;
- baisse d'un actif, le spéculateur passe un ordre de vente à terme, au prix de "x" euros. Si son anticipation à la baisse réussie, il achètera plus tard (à l'échéance de son contrat) à "x-n" euros pour livrer ce qu'il a vendu, en empochant la différence de cours, c'est-à-dire "n"... moins les frais liés à ses 2 opérations.
A notre sens, la spéculation ne crée pas la hausse, ni la baisse d'un prix, mais elle l'accentue plus ou moins rapidement et dans des proportions plus ou moins élevées, notamment grâce aux montants qu'elle peut engager du simple fait que la quasi totalité de ses opérations se font à découvert (Cf. : vente / achat à découvert (**)). Acheter à terme un actif, alors que son marché est haussier, renforcera sa tendance à la hausse. Idem pour une vente à terme sur un marché baissier qui sera renforcé à la baisse.
La spéculation est auto-réalisatrice, c'est-à-dire qu'elle se nourrit de la tendance sur laquelle elle s'est construite, et elle la nourrit en même temps. Elle est donc créatrice de bulles. Cependant, tout ayant une fin, les derniers spéculateurs en seront pour leurs frais… au profit d'autres spéculateurs ayant eux, anticipé un retournement du marché. Tout est connu, sauf la date de ce retournement. Il attend seulement, aujourd'hui, que les politiques qui gouvernent deviennent enfin crédibles, et redonnent confiance aux investisseurs ! Mais là encore, la date nous fait défaut.
La spéculation est opportuniste. Et, depuis le milieu des années 1980, les marchés étant décloisonnés et mondialisés, elle se déplace d'autant plus facilement d'un marché à un autre (financier, monétaire, immobilier, matières premières alimentaires ou non...) et d'un continent à un autre que, sous l'impulsion des NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) et de l'Internet, la planète est désormais réduite à la taille d'un village virtuel… en libre service 24 h / 24.
En règle générale, la transparence d'un marché devrait limiter les effets de la spéculation. Cependant, compte tenu de la complexité actuelle des marchés de capitaux… la transparence ne profite qu'à quelques agents économiques avertis, privilégiés, qui savent construire sur elle, voire l'utiliser… pour spéculer. Les autres ne peuvent que subir les conséquences de cette spéculation. Même si pour la littérature économique, les plus gros risques seraient assumés par la spéculation elle-même. Tout est cependant bien relatif ! Le yo-yo spéculatif des marchés durant la crise de 2008 à aujourd'hui, a fait fuir de la Bourse de Paris, pour ne citer qu'elle, 2 ou 3 millions de petits porteurs (sur 7 millions en 2007), épargnants de base. Les autres, 4 ou 5 millions, qui sont collés à des étiages inimaginables, n'y reviendront pas de si tôt dès qu'ils auront retrouvé − quand la spéculation s'inversera. Et elle le fera obligatoirement un jour... − leurs fonds d'avant, c'est-à-dire leur épargne initiale. Patience donc, si vous n'avez pas besoin de trésorerie !
La spéculation ! Voilà un bon sujet de réflexion et d'action, pour celles − Ségolène et Aubry − et ceux − Hollande, Montebourg et Walls − qui prétendent demain mettre fin à l'incurie, l'impuissance et l'incrédibilité de leurs consœurs et confrères politiques actuellement en place, tous quasiment issus de l'UMP et en premier leur chef et leur sous-chef.
(*) Le futur proche lors d'une opération spéculative, peut être de l'ordre de quelques minutes, voire même de quelques secondes (un simple aller-retour via un robot-trader HF, prend quelques millisecondes), à plusieurs mois, selon divers éléments inhérents à l'actif et / ou à son marché, dont notamment la fébrilité, la volatilité, l'incertitude… entretenues ou non par la ou les rumeurs, positives ou négatives.
(**) en bref, très bref : vendre sans avoir l'actif ; acheter un actif sans le payer... en dehors d'un dépôt de garantie de 5 % de l'opération, et empocher la différence... si tout se passe bien... sinon, la payer.
Photo : Pamphlet néerlandais critiquant la tulipomania, c'est-à-dire l'une des 1ères spéculations connues de l'histoire, celle sur quelques bulbes de tulipes hollandaises, de septembre 1636 à février 1637. Le prix d'un bulbe aurait dépassé 20 fois le salaire annuel d'un artisan spécialisé (Source : "Manias, panics and crashes. A history of financial crises", Charles P. Kindleberger, 5ème édition Wiley investment classics, p. 9, 16 et 115).