mercredi 8 août 2012 - par IrreverSEAble

Les manigances du programme CHARC d’étude des requins à la Réunion....

Une 3ème attaque mortelle de requin sur un surfeur est survenue ce 22 juillet à la Réunion, et aujourd’hui un surfeur s’est fait arracher la main et le mollet. Tous ces morts et blessés en moins de 18 mois place l’île intense en première position des destinations les plus dangereuses du monde pour les attaques de requins. Les requins tigres et les requins bouledogues sont en cause, et si des millions de requins sont tués tous les ans pour leurs ailerons, ces 2 espèces ne sont en revanche pas protégées.

Combien y a-t-il de requins tigres et bouledogues dans les eaux réunionnaises ? Pourquoi y a-t-il plus d’attaque ces derniers temps ? Les interprétations vont bon train, et les scientifiques, ayant pourtant touché 700.000 depuis 1 an de l’Etat pour répondre à ces questions, ne fournissent toujours pas le moindre début d’explication… 

Les pêcheurs traditionnels réunionnais, à qui l’on donne rarement la parole, ont cependant leur idée. Selon eux, les requins tigre et bouledogue ne sont plus péchés à la Réunion depuis plus de 30 ans par risque potentiel (et non avéré) de la maladie Ciguatera. Les populations de ces 2 espèces seraient donc en forte augmentation (un calcul rapide et très approximatif de 1 requin péché tous les 2 jours à l’époque conduirait à une augmentation de la population de 900 requins en 5 ans). De nouveaux individus de requins tigres et bouledogue pourraient même être arrivés en suivant des bateaux senneurs, et attirés par les déchets de la ferme aquacole et les ravines, protégés par la réserve naturelle, se seraient sédentarisés près des côtes. Un petit groupe d’environ 5 requins a été observé à plusieurs reprises. Les apnéistes corroborent ces savoirs et ont filmé une population tout près des côtes. Toujours selon les pêcheurs traditionnels, ce serait le même requin, la même bête, qui aurait causé les 3 attaques mortelles… Peut-on décemment, en ayant connaissance de telles informations, faire autre chose que prélever ces quelques individus sédentarisés ?

Les scientifiques de l’Institut de Recherche et de Développement (IRD) essaient pourtant de nous convaincre jusqu’à s’en contredire que contrairement à ce qu’annoncent tous les ouvrages de biologie, les recherches dans l’atlantique et le pacifique, ces requins ne seraient pas complètement sédentaires, mais « de passage régulièrement », et une autre fois, ils « iraient vers le Sud »… Sur quelles références, quelle méthodologie, quels chiffres et quelles analyses statistiques s’appuient-ils pour arriver à ces conclusions ? Mystère, désinformation et manque de transparence…

Car il n’a jamais été question « d’éradiquer » ou « d’exterminer » les requins. Les usagers de la mer demandent bien au contraire une gestion globale, raisonnée et respectueuse de l’écosystème marin, duquel l’Homme et ses activités sont partie prenante. Mais est-il pertinent d’avoir constitué une réserve naturelle en pleine station balnéaire ? Pourquoi cette réserve marine et surtout le programme CHARC de l’IRD dont Marc Soria est le responsable, refusent de considérer dans leur étude à 700.000 euros les possibles effets de la pêche industrielle et des déchets relâchés par la ferme aquacole gérée par l’ARDA ? Serait-ce parce que l’Institut de Recherche et de Développement (IRD) est justement en contrat avec cette même ferme aquacole (qui ne fonctionne que grâce à des subventions), qui fait également partie du comité scientifique de la réserve naturelle ?

Tout au long de cette crise requin à la Réunion, les surfeurs et les usagers de la mer ont cristallisé les haines et les rancœurs, laissant le champ libre aux manigances de CHARC et de l’ARDA. Il serait maintenant temps que journalistes, politiques et associations écologiques s’intéressent aux conflits d’intérêt et au clientélisme de ces institutions…



13 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 8 août 2012 11:15

    interessant cette piste des déchets de la ferme aquacole , il y a un cas similaire au Brésil ou le sang s’écoulant d’un abattoir proche d’une rivière à 10 km de la mer avait attiré de nombreux squales et multiplié les attaques .......


  • alinea Alinea 8 août 2012 11:34

    Bonne idée de donner d’autres sons de cloches, d’autres pistes..


  • Scuba 8 août 2012 13:36

    L’auteur parle de la multiplication des requins dû selon lui à la fin de la pèche.

    Mais qu’en est-il de la multiplications des surfeurs ? Peut-on fournir des chiffres ?


  • CHIMERE 8 août 2012 16:44
    @ l’auteur,

    Alors,allez y,massacrez pendant disons,un mois,tous les requins pélagiques de La Réunion...

    Puis,mettez vous à l’eau avec un sourire colgate...

    Moi,en ce qui me concerne,je vous laisse la place..les bouledogues vont revenir en permanence à La Réunion,et pour une raison bien simple,c’est qu’ils ne sont pas originaires de La Réunion,mais très probablement de Madagascar ou Mozambique,Afrique du Sud ou ailleurs...

    Chasser et massacrer les requins ne sera efficace au maximum que quelques semaines,tout au plus !

    Si on veut réellement être « efficace » contre le risque requin,il faut le décimer en permanence et sans relâche !

    De plus,le requin bouledogue est très difficile à pécher,donc il faudrait des équipes en permanence pour faire ce sale boulot !!

    Enfin,la viande de tigre ou de bouledogue n’a pas beaucoup de valeur commerciale. 

    Le requin commercialisé en Australie dans les fish and ships ( appelée « flake ») est une sorte de « peau bleue » appelée « school shark » dont la chair est bonne,voire très bonne,mais c’est un petit requin d’eaux froides pêché en Tasmanie..

    Les autres requins,si vous voulez les manger,doivent être tués immédiatement et vidés dans les minutes qui viennent..sinon l’odeur est irrespirable !

    Donc si une chasse aux requins nécessite d’être permanente pour répondre au risque et que le produit de la pêche est invendable,qui va financer les pêcheurs.... ?? 

    De plus,ce qui risque d’arriver,c’est qu’en massacrant les requins pélagiques de taille « moyenne »,on fasse un boulevard à l’arrivée ou au passage de très grands pélagiques !

    Il existe au large des requins marteau de plus de cinq mètres de long !

    Le grand blanc,même si ça va en choquer beaucoup,croise au large de La Réunion,lors de ses voyages entre l’Afrique du sud et l’Australie !

    Il arrive régulièrement d’en retrouver en « hiver » austral ,dans le lagon de Nouvelle Calédonie (ou bien dans la grande barrière en Australie, au nord de Townsville par exemple !)

     Si des attaques de grands blancs sont identifiées à La Réunion,les « surfers » de La Réunion risquent de salir le fond de leur body suit...

    Et là,adieu veaux,vaches marines et cochons...pour l’industrie touristique comme pour le surf... !!


    • Mycroft 9 août 2012 10:16

      Le requin tigre est de taille comparable à celle du grand blanc (ils montent jusqu’à 7m et fait en moyenne 4m). Le bouledogue n’est pas mal non plus, et potentiellement plus dangereux encore, de part sa capacité à s’adapter à tout milieux (et reste de taille très respectable, dans les 3m).

      Bref, le grand blanc (en moyenne 4m) peut venir, ça ne fera pas une grande différence. Il y a déjà de très belle bête.

      D’accord avec vous sur le reste cependant.


  • Zangao Zangao 8 août 2012 17:51

    Pour la limitation des surfeurs ;)


  • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 8 août 2012 21:01

    Le cerveau de l’homme est considérable, quasi sans limite.

    Il se sent l’animal ontologiquement supérieur.

    Il a tous les droits. Il est le droit.

    Les animaux, la nature, la terre, les eaux, sont à sa merci, à son contrôle.

    Un animal le menace ? Il l’élimine.

    Une espèce est dangereuse ? Il la supprime.

    Ainsi, depuis le début de la suprématie de l’homo sapiens, tous les grands mamifères ont disparu ou sont en train de disparaître.

    Et plus la pression démographique, industrielle, et touristique augmente, plus le phénomène s’amplifie.

    Jusqu’où irons-nous ? Faut-il que le film « soleil vert » soit prémonitoire et que nous finissions par nous manger nous-mêmes, ou bien aurons-nous la sagesse d’arrêter à temps.

    S’il n’y a plus de poisson, grâce à notre activité débordante, que font les prédateurs naturels ? Il se rapprochent des zones humaines, car leurs rejets, voire leur zone protégée pour touristes, restent leur dernière pitance.

    Cette histoire n’est pas un signe de prolifération, mais de désespoir.

    La mer est en train de mourir, voilà la vraie nouvelle sous-jacente à ces faits divers.

    C’est un signal faible de la situation dramatique de la planète, situation à laquelle contribuent ces divins surfeurs.


  • gonz gonz 9 août 2012 05:02

    Les conflits d’intérêt...

    Ils sont partout dans notre société du chacun pour soi. C’est logique de les chercher, et la question de qui finance une étude aussi onéreuse mérite d’être posée, au moins par les journalistes, mais bon...
    Ceci étant, cette étude CHARC est ambitieuse et s’inscrit dans la durée, ne pas avoir de résultats aujourd’hui n’est pas nécessairement un signe d’échec. Le risque de l’attente de ces résultats est celui de notre courte mémoire : qui se souviendra, au moment de l’énoncé des conclusions de l’étude, que je pressens modestes, de ce qu’elle nous a coûté ?
    Quant à l’influence réelle du pars à poissons de la Baie de Saint Paul, elle a été évoquée fortement lors du passage pendant 3mois de Fred Buyle, qui cherchait à marquer les requins en apnée. Et curieusement, c’est au pourtour des cages à poissons... qu’il y en avait le moins ! Pas besoin d’études à 700000 euros pour en déduire que ça pue, ce truc... et repousse l’ensemble de la faune sauvage plutôt que de l’attirer.
    Salutations, et merci pour votre travail d’investigation.


  • Mycroft 9 août 2012 09:58

    "Sur quelles références, quelle méthodologie, quels chiffres et quelles analyses statistiques s’appuient-ils pour arriver à ces conclusions ? Mystère, désinformation et manque de transparence…"

    Vous êtes allé lire leur article, nécessairement publié quelque part puisque c’est là la base du métier de chercheur ?

    Vous verrez alors des explications détaillées sur leur méthodologie et leurs chiffres. Mais peut être seront elles hors de votre porté.


  • MoRnInG974 9 août 2012 10:38

    Bonjour !

    Mais arrêtez un peu de parler sans savoir...
    Est ce qu’on vient vous donner des leçons ou des explications sur la prolifération des méduses sur les côtes de la France ? 
    Non mais franchement ! Je suis réunionnais, je vis à la Réunion j’ai passé une grande partie de ma jeunesse dans l’eau, pour nager, plonger,faire du bodyboard, et ce jusqu’au coucher du soleil sans JAMAIS avoir aperçu même de loin l’ombre d’un aileron de bouledogue ou de tigre. Par contre des dauphins, des tortues, des baleines, des barracudas (c’est ça qui nous faisait peu à l’époque !), des anguilles, des poissons pierres, des petits requins de récifs, oui !
    Stop à la stigmatisation des « surfeurs ». Énormément de gens sont dans l’eau à la Réunion et pratiquent une activité proche du surf, c’est culturel. Si vous habitiez sur une île à plages, étape des championnats du monde de bodyboard votre vision serait différente.
    La réalité c’est que jusqu’à il y a 2 ans, les attaques de requins (environ 1 par an) avaient lieu à des endroits dangereux (st denis, st benoit..) sur des véliplanchistes touristes qui ne savaient pas lire les panneaux « danger de mort » qui constellent le littoral Nord et Est. Très peu de surfeurs ont été confrontés aux requins prês de la côte sur les derniers lieux d’attaque de la côte ouest, sauf effectivement dans une mer dégueulasse suite à un cyclone ou de fortes pluies. Et encore de mémoire ce sont des observations et pas des attaques.

    La réalité est très simple : CE N’EST PAS UN PHÉNOMÈNE NATUREL MAIS UNE SITUATION CRÉE PAR L’HOMME  ! 
    Les pouvoirs publics ont décidé, à l’inverse de ce qui se pratique dans le reste du monde, de créer une réserve naturelle autours de plages publiques qui étaient là avant. Beaucoup de gens ont pas l’air de comprendre qu’il ne s’agit pas surfeurs ou baigneurs qui envahissent un espace naturel protégé, mais l’inverse ! Ces plages sont fréquentées depuis toujours ! 
    Parallèlement la ferme aquacole doit jouer un rôle aussi : je travaille dans l’import/export de poissons, et j’ai visité des fermes similaires posées dans le lagon mauricien. Et bien figurez vous qu’il fait des équipes de plongeurs 24h/24 pour réparer les filets qui sont attaqués en permanence par les requins. Ça parait évident vu le garde manger.. d’ailleurs la bas les cages sont très très loin des premières plages publiques ou d’hôtels !
    Bon de toute façon la ferme aquacole de St Paul est en faillite est va surement fermer des les mois qui viennent.

    Bref pour faire simple : on crée la réserve marine et la population de requins bouledogues prêt de la côte bondit ...c’est bizarre non ? Savez-vous que depuis 2 ans les requins de récifs (type pointe noire) qui ont toujours vécu là disparaissent ? Il n’y aurait pas un léger déséquilibre du milieu naturel là ?
    Pour le moment les attaques n’ont lieu que sur les surfeurs ou des kayaks (ce qui ressemble de dessous à une otarie ou une tortue) et on stigmatise les surfeurs en les faisant passer pour une bande d’ados abrutis...mais les surfeurs sont principalement réunionnais, connaissent très bien et respectent la mer (bon comme partout il y a des cons) et surtout ont tout les âges ! Le patron de Canal + à la Réunion est à l’eau toutes les semaines ! Il a pas vraiment le profil de Brice de Nice !

    Le jour ou un baigneur va se faire attaquer et que le tourisme va en prendre un méchant coup je suis certain que votre discours changera. (sauf évidemment pour les supers écoles qui pour qui l’homme ne mérite pas de vivre genre « Sea Shepard.. » )

    Pour moi il s’agit ici d’une question de sécurité publique. les pouvoirs publiques ne peuvent pas laisser les plages ouvertes et ne pas garantir la sécurité des usagers. c’est contraire à leur mission, et c’est pourtant ce qui se passe aujourd’hui, et pour moi c’est inacceptable.

    Bref, j’en ai marre de voir des gens se faire bouffer autours de moi à cause d’une situation créé par des autorités incompétentes, contre l’avis des scientifiques du monde entier.
    Bientôt je perdrai un ami et la je risque de déraper vers des actions violentes à l’égard des politiques si rien est fait.


  • pinault 9 août 2012 11:06

    Cette crise requin a mis en relief les dis-fonctionnements de gestions de nos décideurs.

    Je pense bien sure à la gestion de la réserve, gestion aquacole, gestion station d’épuration etc..
    Cette article pointe également un phénomène récurent qui sont les conflits d’intérêt dans cette crise requin. elle apparait plutôt comme un levier pour les scientifiques (700000 euro). Merci a l’auteur de le rappeler.
    Concernant la surpopulation de requin bouledogue, si les scientifiques ne se prononcent pas, d’autres le font. Je vous renvois a la déclaration du président des comité des pêches. "ces requins ne sont pas péché depuis 20 ans, sans prédateur, cette espèce de requin prolifère. l’exemple du sanglier s’en rapproche. Je constate que l’Etat et les élus se retournent sur les savoirs locaux (pro de la mer) face a l’inertie des scientifiques, qui pense plus a sauvé leurs petit cul dans ce cyclone requin. Qui aurait imaginé une attaque a saint leu et 3bass en si peu de temps. Malheureusement la prochaine étape sera un baigneur même dans le lagon. 


  • carolucem 10 août 2012 15:35
    ces « surfeurs » de la Réunion ont un côté « bobo » hypocrite, souhaitant privilégier leur confort à n’importe quel prix écologique

    a Australsurf : 

    Excellente description du néo-surfeur. Helas c’est valable aussi pour les néo-skieurs et toutes les activitées « nature » soumises au tourisme de masse... 
    D’abors ils pourrissent le lieu par leur nombre, ensuite l’environnement est dégradé par les infrastructures qu’ils génèrent, (hotels, structures d’acceuils, remontés mécaniques, locations diverses). A l’étape suivante ils enrichissent les professionnels du tourisme qui deviennent influents et créent des lobby. Derniere étape : les politicars prennent des mesures pour la sacro-sainte sécurité publique et leur interet electoral, voir financier.
    On n’a pas le cul sorti des ronces ! 
     


  • Oresias 18 septembre 2012 11:45

    1. Les squales n’aiment pas la chair humaine. La preuve, il n’y a eu que des membres arrachés, pas de victime entièrement mangées.

    2. Les squales voient mal.
    3. L’homme sait nager mais sa coordination des mouvements est inhabituelle et considérée comme un animal blessé ou mourrant par le squale.
    4. Rien ne ressemble plus à un surfeur qui bat des bras sur sa planche pour remonter les vagues qu’une tortue marine, proie appréciée des squales. Les surfeurs attaqués l’ont été dans cette position et pas lorsqu’ils étaient debout sur la planche. Et si les surfeurs apprenaient d’autres techniques que d’imiter la tortue ?
    5. Le requin est craintif et n’attaque généralement que si 3 + 4 sont réunis ou bien s’il est harcelé ou se sent menacé par des plongeurs (attaques qu’on rencontre plus souvent sur les spots de plongée, genre Mer Rouge, tiens donc...). Preuve en est votre article qui évoque des apnéistes ayant observé des requins. Visiblement ils en sont ressortis indemnes car les seules victimes à déplorer sont des surfeurs.
    6. L’odeur du sang ne rend pas hystériques les requins mais les attire vers une proie potentielle qu’ils vont identifier alors avec 3 + 4.
    7. On s’attarde sur les requins car c’est vrai que comme type d’attaque c’est terrorisant. Que dire des méduses ou simplement des nageurs imprudents qui se font piéger par les courants ? Que dire du reste de la faune, maritime ou terrestre qui fait plus de victimes ?
    8. Arrêtez de regarder Les Dents de la Mer, ce vieux film de 35 ans est un ramassis de conneries.

Réagir