lundi 8 février 2016 - par Daniel MARTIN

Après l’avoir interprété à la COP 21, refus de Nicolas HULOT pour un nouveau rôle de « Mister BEAN »…

Lorsqu’en Décembre 2012, en vue de la préparation de la COP 21, François HOLLANDE lui avait proposé « une mission au long cours pour le climat », Nicolas Hulot l’avait « acceptée », car il y voyait « un grand intérêt, une occasion de déployer ses convictions »… La COP 21 avait pour l’objectif d’arriver à un accord qui nous mette sur la bonne trajectoire pour rester sous deux degrés de réchauffement d’ici la fin du siècle. Si l’objectif a été réaffirmé et même renforcé en mentionnant 1,5 degré, bien que le texte de l’accord ne donne absolument pas les moyens d’y parvenir et en  comparaison de ce qu’aurait dû être la COP 21, c’est pour le moins assez décevant, sinon désastreux pour l’avenir Mais jugeant toutefois qu’à ce stade « sa mission était accomplie », Nicolas HULOT avait demandé au chef de l'Etat d'y mettre fin le 30 janvier 2016.

Le rôle de « Mister. BEAN » qu’il jouait dans sa « mission climat » ne fut pas un long fleuve tranquille. Déjà en 2014, estimant que le programme du voyage de François Hollande aux Philippines dans le cadre de la conférence mondiale sur le climat n'était pas assez centré sur les questions environnementales, il avait menacé de mettre un terme à son rôle. Quand ces jours-ci, dans la perspective d’un remaniement Ministériel, François HOLLANDE lui offre un nouveau rôle de « Mister BEAN » dans l’équipe Gouvernementale, Nicolas HULOT, se rappelant probablement des difficultés qu’il avait connu dans son précédant rôle, il décline l’offre.

Près de 25 ans plus loin, un nouveau refus écologiste de participer au Gouvernement

Si les hiérarques Verts ou ex- hiérarques Verts, sous couvert « d’écologie », nous ont habitué à être prêts à avaler des boas pour un mauvais plat de lentilles à la cantine Ministérielle, fort heureusement il y a des écologistes qui ne se laissent pas aveugler par les « sunlights » du pouvoir et font preuve de réalisme. Que certains suspectent Nicolas HULOT, contrairement à l’image qu’il véhicule, d’être un politicien aguerri, on ne peut leur reprocher. Il n’en reste pas moins vrai que, vu les propositions faites d’un super-ministère de l’Écologie qui engloberait les Transports et l’Énergie pour être le plus polyvalent et le plus compétent possible, avec le titre de Ministre d’Etat, numéro deux du gouvernement, cela avait de quoi faire hésiter. D’autant que François HOLLANDE s’engageait à arrêter le projet de Notre Dame des Landes, à mettre fin aux rejets toxiques de l’entreprise ALTEO à Gardanne dans la Méditerranée, à interdire l’exploration et l’exploitation du Gaz de schiste. Incroyable ! Le Président de la République serait-il passé dans le camp des « Zadistes » ? Ou plutôt s’agit-il tout simplement d’une « promesse de gascon », dont François HOLLANDE semble si friand ?... Nicolas HULOT a refusé, très probablement parce qu’il connaît les limites des promesses que peut faire François HOLLANDE sous la pression des lobbys. Mais surtout parce qu’il savait que sa mission serait rendue difficile, voire impossible. Dès lors, il estimait ne pas avoir à brader ses convictions pour un rôle de « Mister BEAN » de l’écologie, aussi alléchant fut-il, ce qui l’honore. En 2002, pour les mêmes raisons il avait refusé de devenir le Ministre de l’écologie de Jacques CHIRAC. 

Déjà en 1991 des contacts avec l’Elysée et les Verts de l’époque débouchaient sur une proposition d’entée d’écologistes au Gouvernement de Pierre BEREGOVOY en 1992, dont un Ministère important à Antoine WAECHTER. Proposition qui fut rejetée. Comme j’ai souvent eu l’occasion de le rappeler : Pour un écologiste, la participation à un exécutif Gouvernemental doit répondre à deux conditions, la première : la question n’est pas de savoir avec qui on y va (en fixant toutefois un seuil) mais pourquoi ? C’est-à-dire ce que l’on va y faire et comment on va pouvoir le faire, la seconde : qui répond à « comment on va pouvoir le faire », implique un rapport de force à l’assemblée Nationale qui le permette. Sauf que le mode de scrutin majoritaire de circonscription, sans correctif qui permette une représentation équitable des minorités politiques, le compromet sérieusement, sinon l’interdit. Mais force est de constater que convictions et éthique politique sont incompatible avec la tambouille politicienne, il suffit, par exemple, de se référer à la « carrière politique » de WAECHTER.

Malgré les deux ou trois engagements importants faits par le Président de la République concernant Notre dame des Landes, les rejets de boues rouges en Méditerranée ou les Gaz de schiste, qu’aurait pu faire réellement Nicolas HULOT ?...

Je ne doute pas un instant que Nicolas HULOT aurait pris des dispositions pour arrêter le projet de Notre dame des landes, interdire les rejets de boues rouges en Méditerranée, ou interdire les autorisations de permis d’exploration et l’exploitation des gaz de schiste. Mais sans un rapport de force suffisant au Parlement, dans le meilleur des cas, cela n’aurait pris que la forme d’un moratoire. Et après 2017 qu’en serait-il ?

Qu’en serait-il des décisions abracadabrantesques prises par la Ministre de l’environnement Ségolène ROYAL concernant l’abattage du loup ou des bouquetins des Alpes, ou de sa politique irréaliste à l’égard de la voiture électrique, qui loin d’être une solution n’est qu’un problème de plus ?

Que dire également du Nucléaire, dont la fermeture de certaines centrales anciennes à problèmes est une urgence, mais dont la production d’électricité ne saurait être remplacée par des centrales thermiques au fioul ou au charbon. Les énergies dites renouvelables, Eolien, photovoltaïque de substitution ne peuvent que s’accompagner d’une baisse sensible de la consommation. Mais là encore il faut du temps pour y mettre en place et convaincre les populations…

Comment Nicolas HULOT, malgré tous les efforts qu’il aurait pu déployer aurait-il pu remettre en cause ces autres grands projets, notamment autoroutiers particulièrement contestés, mais qui ont le soutien des chambres de commerces et d’industries, de la majorité Parlementaire et d’élu(e)s locaux ? Ces projets sont très souvent aussi inutiles que dévoreurs de terres arables aux bilans financiers et rejets de gaz à effet de serre des plus désastreux : ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon - Turin, ou les 16 projets autoroutiers en attente de réalisation ou d’acceptation depuis début 2015… Parmi ces 16 projets autoroutiers, quatre sont acceptés et en attente de réalisation : A12 Trappes, A54 contournement D’Arles, A319 Longres - Vésoul 100km, A831 Fontenay le Comte - Rochefort. Douze sont en attente d’acceptation : A13 Caen - Cherbourg, A26 Troye - Auxerre - Bourges, A28 Barentin - Bourg-Achard, A30 Hayange - Longwy, A45 St. Etienne - Lyon, A48 Ambérieu en Bugey – Bourgoin- Jallieu, A51 St. Martin de la Cluze - Sisteron, A55 Martigues - Arles, A56 Salon de Provence - Fos/s/ Mer, A68 St. Etienne - Toulouse, A84 Rennes - Nantes, A110 Albi - Tours. Malgré le soutien évident des populations qui sont opposées à ces projets, avec des délais d’action aussi cours (moins d’un an), face aux puissances politiques, industrielles et financières, peu importe sa popularité, le Ministre HULOT, n’aurait pas pesé lourd…

 En un an, impossible également de stopper les dérives environnementales qui résultent des déboisements à outrance, ou de la dilapidation de terres arables et en plus, on ne pose pas la problématique démographique...

En 1960, la France comptait environ 45 millions d’habitants, contre plus de 65 millions aujourd’hui qu’il faut nourrir (la population de la planète ayant plus que doublé). Entre 1960 et 2010 la superficie agricole a baissé de 20 %, soit 7 millions d'hectares, souvent parmi les meilleures terres qui ont disparu sous le béton, l’asphalte des routes et des 5 000 km2 de parkings. Au début des années 1960, 40% de la population Française est encore rurale, contre 13% en 2010 et l’on passe de 2,3 millions d’exploitations agricoles à 514 800. On voit se créer de plus en plus de grandes entreprises sociétales agricoles, annexes des multinationales de « l’agro-business alimentaire ». Quand les plus petites exploitations agricoles disparaissent, celles qui subsistent augmentent en taille (de 45 ha à 55 ha en moyenne). La croissance démographique de la population Française, qui a pour conséquence la densification de l’habitat urbain, laquelle génère un étalement péri urbain qui s’accompagne actuellement d’une perte accélérée, jamais atteinte, des terres arables, à raison de 26 m2 par seconde, soit 224 hectares par jour et plus de 80 000 hectares par an. Les villes continuent de s'étaler, d’ailleurs, plus rapidement que leur population ne s'accroît.

Il est vrai que L’agro-business, soutenu par la FNSEA a trouvé la solution avec les fermes usines de type concentrationnaire inaugurées dans les dictatures Arabo - Pétrolière du Golfe et exportées en France avec l’exemple de celle des 1000 vaches… Pauvres bovins, décidément, pour eux ils ne connaitront jamais le bonheur dans le près… Et que dire des gigantesques élevages concentrationnaire de poulets en batterie. Il est évident que malgré tous les efforts déployés et avec le soutien du parlement, ce qui n’est pas le cas, Nicolas HULOT n’aurait pu stopper toutes ces dérives environnementales. Il n'aurait pas davantage pu contribuer à mettre un terme au scandaleux et désastreux projet économique Euro-Américain TAFTA. Ce qui est vrai pour Nicolas HULOT le serait également pour Emmanuelle COSSE, sur laquelle François HOLLANDE envisagerait de se rabattre, ainsi que pour d’autres prétendants…

Malgré des promesses d’action pour lutter contre les dérives climatiques, que pouvait réellement faire Nicolas HULOT en si peu de temps ?...

Nul doute que pour une personnalité de sensibilité écologique, sauf à servir de caution « environnementaliste », accepter une entrée au Gouvernement dans les conditions ainsi définies pour une durée d’un an, c’est une mission impossible pour inverser la courbe. Sans un rapport de force suffisant à l’assemblée Nationale, il est évident que la popularité de Nicolas HULOT ne pouvait que servir les intérêts politiques de François HOLLANDE, mais non l’écologie. A aucun moment, l’extrême gravité de la situation écologique et les défis du XXIe siècle qu’elle suppose n'ont été et ne sont placés au coeur des préoccupations du Président de la République, et pas davantage de celles des dirigeants politiques de Droite comme de Gauche. A aucun moment les difficultés financières et économiques de la France ou de l’Europe, mais également celles de l’ensemble des pays occidentaux, n’ont et ne sont reliées aux difficultés d’approvisionnement en énergie. Ce n’est pas l’embellie provisoire du coût très bas du baril de pétrole, liée à la concurrence économique des USA et des ses alliés Arabes contre la Russie qui changera à terme la situation. A aucun moment la menace du réchauffement climatique, le décalage entre les ressources disponibles et la croissance démographique, la faiblesse des stocks alimentaires ou l’effondrement de la biodiversité n’ont et ne trouvent leur juste place dans leurs discours et à fortiori dans leurs actions politiques. Mais comment pourrait-il en être autrement quand ces responsables politiques, à l’instar des dirigeants Américains estiment que le mode de vie de notre pays n’est pas négociable… Il suffit d’écouter Nicolas SARKOZY et tant d’autres, c’est édifiant !…

Depuis de trop nombreuses années, en quelques mois, nous dépassons largement le niveau des ressources naturelles que peut générer la Terre en un an. Comme les découverts écologiques se sont ajoutés d’une année sur l’autre (comme les déficits publics se cumulent dans la dette), la dilapidation du capital naturel commence de plus en plus tôt. Nous vivons depuis trop longtemps écologiquement « à découvert » et il n’y aura pas une autre planète à laquelle on pourra faire appel pour « recapitaliser » les ressources naturelle de notre bonne vieille terre nourricière.

La stratégie du très politicien François HOLLANDE s’est heurtée à une autre stratégie tout aussi politicienne qui a l’apparence, plus de l’éthique que de l’ambition politique

Sachant qu’en un an, malgré tous les engagements ou promesses qu’il peut prendre ou faire, il serait impossible de les satisfaire, François HOLLANDE n’a qu’un objectif : sa réélection. En fin stratège politicien, il souhaite éviter une candidature de la sensibilité écologiste, pour éviter de vivre la même situation que Lionel JOSPIN en 2002. Il a donc décidé créer un super-ministère de l’Écologie qui engloberait les Transports et l’énergie. Si Nicolas Hulot avait accepté ce poste, il serait devenu le numéro 2 du gouvernement. Le président de la République espérait sans aucun doute pouvoir bénéficier de la popularité de Nicolas HULOT, pour remonter un peu dans les sondages, tout en éliminant un candidat aux Présidentielles et en mettant en difficulté les Verts qui n’aurait pu faire moins que d’accepter également un Ministère croupion. François HOLLANDE comptait aussi qu’en étant Ministre, Nicolas HULOT perdrait de son aura et de sa crédibilité et que cela rejaillirait bien au-delà des Verts, sur toute la sensibilité écologiste qui serait ainsi sérieusement affaibli politiquement… Et électoralement…

Ce qui s’appelle prendre une claque en pleine figure

Conscient de la situation dans laquelle il allait se trouver et peu enclin à affronter des difficultés Ministérielles, voila que Nicolas HULOT, comme le personnage de son grand père qui inspira le film de Jacques TATI, a décidé de poursuivre ses vacances politiques. Pauvre François HOLLANDE qui, une fois de plus, prend une claque en pleine figure, fût-elle assenée avec courtoisie. Pour son remaniement Ministériel, si certains doivent en ce moment se soucier davantage de se recaser plutôt que de participer à un gouvernement qui s’achemine inexorablement vers un naufrage, le Président de la République peut toujours compter sur certain(e)s hiérarques d’EELV, Député(e)s ou Sénateurs ex Verts qui piaffent d’impatience… Problème, loin de toucher le Graal, François HOLLANDE risque de toucher le fond encore plus vite…



9 réactions


  • colere48 colere48 8 février 2016 11:14

    Pantalonnade.... 
    Ce président est la plus grande erreur de casting depuis la précédente....
    L’instinct de préservation chez Hulot....


  • Homme de Boutx Homme de Boutx 8 février 2016 13:46

    petit message subliminale par-ci, par-là ...

    « Que dire également du Nucléaire, dont la fermeture de certaines centrales anciennes à problèmes est une urgence, mais dont la production d’électricité ne saurait être remplacée par des centrales thermiques au fioul ou au charbon. »

    Il vaut cent fois mieux une centrale à charbon près de la ville (on y a bien des incinérateurs à cogénération) qui produirait à la fois de l’électricité et du chauffage qu’une centrale nucléaire loin de tout qui se déleste de 75 % de l’énergie dans la nature sans la chauffer car évidemment c’est le CO2 qui chauffe et pas le nucléaire !

    une centrale au charbon de 250 MW en co-generation peut remplacer une centrale nucléaire et les lignes à haute tension inévitables, sans les pertes en ligne !

    Fortiche, le CO2 qui chauffe encore même lorsqu’il a été entièrement oxydé !!!

    peut-être qu’Hulot a fini par comprendre qu’il a été totalement manipulé !

    Si vous n’êtes pas convaincus : http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/rechauffement-climatique-pour-les-177182


  • SPQR audacieux complotiste chasseur de complot stux 8 février 2016 15:39

    Bravo M.Hulot ....rien à dire de plus ..

     


  • Clocel Clocel 8 février 2016 15:58

    C’est vraiment un étron collé sous la godasse ce mec, pas moyen de se débarrasser des vertes pestilences du CAC40, on y coupera pas aux délires du Tartuffe...


  • fcpgismo fcpgismo 8 février 2016 18:24

    Plus on avance et plus on a le sentiment qu’on est loin de toucher un fond abyssale,notre emblème n’a jamais été aussi bien porté.


  • JBL1960 JBL1960 9 février 2016 17:10

    En tout cas, y’en a un qui lui mettra pas de vent mauvais cette fois-ci au Maréchal, hein ? Le Jean-Vincent est près à tout pour se Placé ; https://jbl1960blog.wordpress.com/2015/12/31/jean-vincent-et-ses-propos-mal-place/ smiley


  • JBL1960 JBL1960 9 février 2016 17:11

    La correction n’a pas marché ; est prêt à tout...


  • zygzornifle zygzornifle 9 février 2016 21:10

    Il a eu raison de refuser car Hollande se serait torcher le cul avec et l’aurait complètement discrédité ......


  • JC_Lavau JC_Lavau 12 février 2016 13:01

    Crédulité inoxydable envers les climastrologues et hélicologistes : « pour rester sous deux degrés de réchauffement d’ici la fin du siècle ».


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