vendredi 12 mai 2017 - par Stratediplo

Le dernier président

Lassé de la fausse démocratie, l’électorat français se retire de la politique. En acceptant l'administration par décrets plutôt que le gouvernement par referenda, le peuple souverain a signifié son abdication.

L'électorat français vient d'élire le dernier président de la République n° 5.

Le beau monde de la communication jubile en déclarant que l'investiture suprême d'un technocrate qui n'avait jamais sollicité de mandat élu de sa courte carrière est une victoire éclatante de la mercatique. On objectera que celle-ci s'attache plutôt à mettre sur le marché des produits existants qu'à construire des mythes à base de vent. A l'époque où les écoles de commerce françaises proposaient leurs premiers cours de marketing social et politique, le ponte de la publicité politique Séguéla prétendait faire croire à sa mère qu'il était pianiste dans un bordel. Le succès magistral qui le rendit aussi célèbre que son simple mais génial slogan de la "force tranquille" s'appuyait cependant sur la stature d'une personnalité vétérane de la politique française sous trois républiques, ancien ministre de premier rang sous la n° 4, l'homme qui avait mis en ballotage électoral l'ancien officer félon auteur de quatre coups d'état. Cette fois-ci il a fallu utiliser des procédés déloyaux et même illégaux jusqu'après l'entrée en vigueur du couvre-feu électoral, utiliser à outrance la propagande mensongère jouant sur la propension à l'amnésie des foules afin de faire passer un ancien ministre empartidé pour un puceau de la politique et forcer la réclame pour repeindre à la grosse louche un oligarque politico-financier membre de tous les directorats apatrides en électron libre antisystémique. Faute de produit on ne peut pas parler de publicité commerciale, et vu l'ampleur vraisemblable de la fraude en l'absence d'observateurs étrangers de la transparence du scrutin il est abusif de parler de succès commercial d'un achat imposé sans alternative autorisée.

Le monde patriote, lui, jubile moins en se rappelant que l'ordre "en avant, marche !" ne peut produire que le désordre s'il n'est pas précédé de l'ordre préparatoire "garde-à-vous !". Celui-ci, même non incorporé au slogan, a été d'ailleurs largement dicté par tous les meneurs d'opinion et toutes les autorités intellectuelles et même politiques, en infraction à la neutralité supra-partisane théoriquement imposée à l'Etat et à ses serviteurs soldés sur les impôts des citoyens de toutes les orientations.

Le monde opaque de la finance, pour sa part, déjà choyé deux mandats plus tôt par le premier président de la République issu de l'immigration (et élu sous un faux nom) qui avait clamé haut et fort vouloir gouverner pour les agences de notation (du "risque pays" attaché à la dette souveraine), puis plus récemment par son continuateur en dérégulation, n'aurait pu rêver mieux qu'un poulain issu de son propre sérail (bancaire) aussi confirmé que pantouflé, et intronisé dauphin de l'exécuteur en fin de mandat de liquidation pourtant adoubé par un parti abusivement associé à un passé marxiste.

L'empire uniopéen, pour sa part, ne se gêne plus pour dicter, dans les prises de position officielles de ses plus hautes autorités, le bon choix auquel les électeurs doivent se conformer. Le multipartisme est encore toléré pour l'image démocratique dans le monde, mais rien ne garantit qu'il le restera. En Union Soviétique un candidat unique par poste à pourvoir était sélectionné par le parti unique et présenté à l'approbation de l'électorat. Dans l'Eglise romaine, où autrefois votaient tous les évêques comme dans les autres patriarcats, les papes choisissent les évêques autorisés à voter (cardinaux) et parmi lesquels sera élu leur successeur. Dans l'Union Européenne, la formalité finale se réduit à une alternative binaire entre le bon bulletin et le mauvais bulletin, et les peuples déjà uniopéanisés depuis quelque temps savent que si en dépit des sommations claires et unanimes ils effectuent le mauvais choix ils seront de nouveau appelés aux urnes jusqu'à l'obtention du résultat qui convient aux pouvoirs qui organisent la consultation.

Finalement, plus rien ne leurre plus personne et on comprend que l'électorat se lasse de l'électoralisme démagogique, tandis que le peuple voit le qualificatif de "populiste" dévoyé en injure disqualifiante par une caste politique endogamique qui méprise de plus en plus ouvertement la population. Vu l'inutilité du processus les citoyens se détournent de plus en plus de l'élection, et les dirigeants pour sauver les apparences du dogme démocratique devront soit baisser ou abolir le quorum dans les pays où il existe afin qu'on puisse proclamer un vainqueur même en cas de 90% d'abstention, soit rendre le vote obligatoire comme c'est le cas dans certains pays et comme ça l'était même dans des pays à parti unique. Dans un cas comme dans l'autre, l'élection n'est plus qu'un alibi dispensable et dispendieux. La France a déjà connu cela, lorsque l'empire qu'elle avait fondé se mit progressivement à prendre note de l'élection du roi, puis la valider, puis finalement la dicter. Il fallut élire, il y a 1030 ans, un roi apparemment docile mais secrètement souverainiste pour rétablir la pleine liberté de la France et quitter l'empire occidental. Faute de renouveler l'opération, il ne faudra pas longtemps pour que l'intérimaire du palais de l'Elysée finisse par être désigné comme un vulgaire préfet, ou que la désignation déjà non élective du chef du gouvernement (premier ministre) soit confiée au Conseil Européen, par cooptation, ou à la Commission, par mandat. Après la suppression (par la Révolution) des parlements provinciaux, autrefois pouvoirs législatifs, puis la transformation (plus récente) du parlement national en chambre de transcription locale des directives approuvées par le Parlement Européen (qui n'a lui-même pas de pouvoir de proposition mais seulement d'acceptation), cette fonctionnarisation, à son tour, du pouvoir exécutif semblerait logique.

Les peuples de France ont bien compris que le régime n'est pas (ou plus) démocratique, et que leur sélection des parlementaires sur des programmes précis n'empêche pas ces représentants, une fois élus, de mépriser leur mandat et de faire le contraire. Pour mémoire, bien que le 29 mai 2005 les Français aient largement exprimé leur opposition au traité dissolvant la France dans l'Union Européenne, un abandon majeur qui requérait leur approbation par referendum, leurs élus au parlement ont accepté le 4 février 2008 de modifier la constitution française pour retirer aux Français la prérogative de décider de leur avenir commun, puis ratifièrent quatre jours plus tard une nouvelle version de ce traité déjà rejeté qu'ils avaient pour mandat de refuser.

Lassé de la fausse démocratie, l'électorat français en a tiré les conséquences et se retire de la politique. En apparence il a plébiscité, sur ordre, le dauphin et continuateur d'un président auquel seulement 4% de cet électorat accorde une opinion favorable. Sur le fond il a écarté une candidate qui proposait un programme clair mais promettait surtout un referendum sur chaque question importante, et préféré un candidat au programme incertain qui annonçait vouloir gouverner par ordonnances, sans consultation même parlementaire, et transférer à l'Union Européenne un nouveau pan de gouvernement (le ministère de l'Economie). En acceptant l'administration par décrets au lieu du gouvernement par referenda, le peuple souverain a signifié son abdication.

Ce président sera donc le dernier. Si la France existe encore dans cinq ans, et si elle a encore un organe de gestion national, il y aura bien sûr un fonctionnaire désigné pour siéger au premier rang, c'est-à-dire pour présider au sens étymologique du terme, voire pour inaugurer les chrysanthèmes sur fond d'hymne européen. Quant à la République n° 5, cette parenthèse de soixante ans d'apparente stabilité (et de tourbillon de modifications) dans la valse de la vingtaine de constitutions qui ont régi la France depuis l'abrogation des Lois Fondamentales, il est vraisemblable qu'elle aura disparu, et même pas forcément dans un coup d'état comme celui dont elle est née.

On a certainement élu le dernier président de cette république.



8 réactions


  • Durand Durand 12 mai 2017 11:55


     Pour info...


     Déclaration de Marion Maréchal Le Pen en Russie à la fin de l’année dernière :





    • devphil devphil 12 mai 2017 17:12

      @Durand

      Excellente vidéo qui est simplement factuelle et totalement vrai.

      Elle ira loin cette petite , patience encore 5 ans de souffrance peut être en 2022

      Philippe


  • Daniel Roux Daniel Roux 12 mai 2017 12:13

    Il ne vient pas à l’idée de l’auteur que les électeurs qui se sont exprimés l’ont fait en connaissance de cause.

    Toujours ce mépris pour les gens qui ne pensent pas comme il faudrait.

    « Ils n’ont rien compris » « Ils se sont laissés manipuler » « A cause d’eux, la France est foutue. »

    Si Macron a été élu et pas Le Pen, ni Mélenchon, ni Fillon, ni aucun autre, c’est parce que son programme a semblé le moins mauvais pour la majorité des électeurs.

    Cela ne veut pas dire que ces électeurs approuvent tout le programme comme l’affirmait Sarkozy avec cynisme, ni que les décisions qui seront prises seront soutenues, cela veut dire qu’il fallait faire un choix responsable plutôt qu’irresponsable.

    Si le PS a sombré, c’est parce que les députés investis par ce parti ont trahis leurs électeurs au profit de leur parti.

    Ces députés ont oublié qu’à l’arrivée, ce sont les électeurs qui décident de renouveler leur mandat.

    Peut-être que cette faillite servira de leçon aux autres.


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 12 mai 2017 14:09

    Le prochain président sera un Sim.
    Les amateurs de simulation de démocratie y prendront beaucoup de plaisir et pourront recommencer la partie si ça ne leur plait pas.La vraie vie du pays continuera à être organisée par les vrais lobbys qui ont le vrai pouvoir à Bruxelles.On pourrait commencer par licencier tous les élus, ça ferait des économies, et demander à pôle-emploi de les recaser. C’est ça le plus difficile, en fait !


  • xana 12 mai 2017 15:50

    Je soutiens l’article, voire le commentaire désabusé de Jeussey de Sourcesûre.

    Je suis certain que Daniel roux se trompe.
    Ce n’est pas une majorité de français qui ont voté Micron, loin de là.
    A peine un petit tiers des électeurs potentiels.
    Dont une bonne moitié ont surtout voulu barrer la route au FN.
    Donc non, les Français en majorité ne voient pas Micron comme leur président.
    Beaucoup ont refusé de voter (ou comme moi refusent depuis longtemps de voter) Ceux-là ne trouvent pas que le programme de Micron est « moins pire » que celui des autres. Ils trouvent surtout que ce régime n’est pas une vraie démocratie, et qu’il est inutile de jouer une partie qu’on sait truquée. Une élection tous les cinq ans (où on ne propose que deux pourris à vos suffrages), c’est cela que vous appelez la démocratie ? C’est se foutre la gueule du peuple, et le peuple commence à s’en apercevoir....


  • zygzornifle zygzornifle 12 mai 2017 18:17

    Macron n’est pas un président mais un responsable de rayon de l’UE comme dans un hyper , il est la pour distribuer les ordres de la vrai patronne Merkel , il a son collier étrangleur comme tous ses autres toutous qui se prennent une châtaigne quand la patronne est mécontente ....


  • Ouallonsnous ? 12 mai 2017 21:18
    Le coup d’état contre la République française de l’oligarchie finançière de l’UE/OTAN/USA sous faux drapeau électoral, suicide collectif sous hypnose médiatique !

    A tous ceux qui se sont fait duper parce qu’ils ont préféré ne pas réfléchir et utiliser leur simple bon sens et leur esprit critique

    A ceux qui trouvent que les salaires, les conditions de travail, les retraites, les prestations sociales, le service public,  le prix de la santé, le prix de la vie, l’Education nationale, le maintien de l’ordre, la considération portée aux citoyens n’ont jamais été aussi bons, vous avez voté pour le psychopathe Macron, mais ca ne va pas durer ;

    "Macron n’a pas l’intention de se conduire en président ; Il n’a rien caché de ses projets mortifères : pas de consultations des assemblées, mais des ordonnances, du 49-3, adoration pour l’Europe telle qu’elle est ,alignement en tout sur les Atlantistes, gouvernement Européen sous tutelle germano-yankee, guerres partout avec l’OTAN contre les non alignés sur l’Empire US sans se soucier de l’ONU, casse complète des maigres acquis du peuple .  

    « L’horreur »

    Ne comptez pas rééquilibrer les forces avec les législatives, ils les manipuleront avec l’aide de l’étranger – pas les Russes, les ordinateurs du département d’état  yankees — comme ils l’ont fait lors du 1er tour et du second tour

    Emmanuel Macron est l’incarnation absolue du système et des intérêts financiers, mais des intérêts financiers qui se sont dit que finalement, la classe politique et les partis politiques étaient cramés, qu’il n’y avait plus aucun intérêt à les soutenir et qu’il fallait mieux faire le boulot soi même, c’est-à-dire reprendre la main et décider directement de la politique qui devait être menée en dehors de l’avis des peuples

    Autrement dit, vous vous êtes tiré une balle dans le pied, en vous imaginant que votre avis et vos choix avaient une importance ; en ayant cru écarter le fascisme partiellement fabriqué « merdiatiquement »  de l’une, vous avez donné le pouvoir à l’autre, le « gauleiter » de tous les fascismes, le fascisme financier de l’UE/OTAN/USA, nous conduisant tout droit à une situation à la « grecque » !

    NB : Le programme d’E Macron

    Inutile de rappeler aux lecteurs correctement informés que le projet d’Emmanuel Macron, c’est l’ubérisation de la France par ordonnances et 49-3 sans consultation de la représentation nationale,

    1/ la fin des CDI,

    2/ la baisse des prestations sociales,

    3/ le démantèlement du droit du travail,

    4/ la remise en cause du smic et de la retraite par répartition,

    5/ la braderie des industries stratégiques françaises aux yankees,

    6/ l’atlantisme sous tutelle germano-yankee qui amène la guerre,

    7/ l’activation des lobbys communautaristes et religieux et ONG à la solde de puissances étrangéres, contre la laïcité pour mieux diviser la population.

    8/ la confiscation de la souveraineté du peuple par des institutions d’essence monarchique et la continuité du productivisme acharné qui tyrannise le vivant et détruit notre écosystème,

    tout cela au profit d’une augmentation toujours plus grande du profit des capitaux concentrés dans les mains de quelques uns, 0,01% de la population, au détriment de la planification écologique pilotée par la satisfaction des besoins du plus grand nombre !

    De toute évidence, Macron a été imposé par l’oligarchie pour parachever le travail de dissolution de la République française dans l’UE/OTAN entamé au cours des quinquennats de Sarkozy et François Hollande !


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