mercredi 15 mars 2017 - par Fergus

Quand le clan Fillon répand d’immondes rumeurs

Alors que le navire Les Républicains prend l’eau de toutes parts pour avoir choisi comme candidat un imposteur doublé d’un « présumé » multi-délinquant – 3 chefs de mise en examen ont été prononcés le 14 mars –, Fillon et son entourage en sont réduits à propager les rumeurs les plus abjectes pour tenter d’éviter le naufrage annoncé...

Lors de la « primaire de la droite et du centre », c’est principalement sur son image de probité et sa sérénité de bourgeois provincial rassurant que Fillon a convaincu une large majorité des électeurs de ce scrutin interne. Une image qui, depuis, a volé en éclats avec les révélations médiatiques portant sur l’impossibilité pour les enquêteurs de trouver le moindre justificatif de la réalité des emplois d’assistants parlementaires de Penelope Fillon et de deux de leurs enfants. Sans compter le versement illégal de chèques sur fonds publics du Sénat* et un possible trafic d’influence ayant pour enjeu l’attribution de la Grand-Croix** de la Légion d’honneur à Marc Ladreit de Lacharrière, le très généreux employeur de Penelope à la Revue des Deux mondes.

Et encore ne savions-nous rien de ces 48 500 euros de vêtements de luxe payés à Fillon par un « ami ». Quel ami ? Et dans quel but ? Qui peut croire en effet qu’il n’y a pas là matière à un renvoi d’ascenseur de la part de ce généreux mécène dont, circonstance aggravante, les deux tiers des sommes ont été versées en liquide, au mépris de la loi, et qui n’ont fait l’objet d’aucune déclaration, là encore au mépris de la loi ? Nul doute que les magistrats instructeurs du dossier Fillon vont avoir de nouvelles investigations à conduire, le soupçon de trafic d’influence étant d’autant plus insidieux dans ce nouveau volet que Fillon est ami avec des personnalités de l’oligarchie comme l’ex-pédégé d’AXA Henri de Castries, l’homme qui, depuis de longues années, rêve d’une privatisation de la Sécurité Sociale.

Au-delà de toutes ces nauséabondes affaires – auxquelles se sont ajoutés hier d’étranges rétro-paiements à Fillon d’une large part des salaires d’assistants parlementaires perçus par ses enfants Marie et Charles –, une autre pratique pose également problème dans la campagne du candidat Les Républicains : la diffusion d’immondes rumeurs visant, d’une part, à victimiser le Sarthois aux yeux de l’opinion ; d’autre part, à désigner implicitement des boucs émissaires pour rallier à sa cause les Français animés de sentiments xénophobes et tentés par le vote Front National. 

Le « suicide » de Penelope

Invité du journal télévisé de France 2 par Laurent Delahousse le dimanche 5 mars, Fillon a affirmé ceci pour illustrer la « violence des commentaires » à son encontre : « On a annoncé le suicide de ma femme mercredi matin sur des chaînes de télévision ».

Une pure invention de la part du candidat LR, aucune chaîne de télévision n’ayant évoqué un quelconque « suicide  » de Penelope Fillon. Le Sarthois aurait-il été victime d’une rumeur malveillante propagée sur les réseaux sociaux ? Pour s’en assurer, des journalistes appartenant à différents médias (entre autres Europe 1, France-Inter, Huffington post, Médiapart) ont enquêté et fini par découvrir... quelques tweets émis entre le 1er et le 5 mars, jour du rassemblement du Trocadéro. Tous faisaient allusion non pas au « suicide » de Penelope Fillon, mais à... une prétendue rumeur colportant ce prétendu suicide !

Encore les journalistes n’étaient-ils pas au bout de leurs surprises : tous ces tweets émanaient, non d’un parti adverse ou d’une officine en charge de déstabiliser le candidat LR, mais du propre entourage de Fillon. Le premier de ces tweets, émis le 1er mars, a même été l’œuvre de Madeleine Bazin de Jessay, la très fillonniste porte-parole du très droitier mouvement Sens commun, organisateur du meeting du Trocadéro et rassembleur en cette occasion des plus intégristes militants catholiques de la Manif pour tous.

Instrumentaliser un « suicide » imaginaire de sa propre épouse pour faire oublier les casseroles judiciaires, il fallait oser le faire tant le procédé est indigne et suscite le mépris. Encore faudrait-il aux yeux du candidat et des membres son clan que le cynisme ne l’emporte pas sur l’éthique et le respect de soi pour qu’ils en éprouvent une once de gêne. Ce n’est manifestement pas le cas. Dès lors, comment s’étonner que l’on puisse lire sur les réseaux sociaux ce détournement d’un célèbre aphorisme*** tiré du film Les tontons flingueurs : « Les Fillon, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ! »

Les « lames de rasoir » du Vaucluse

Lors d’un discours prononcé le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Fillon a affirmé ceci : « Je me souviens, lorsque j'étais Premier ministre, avoir un jour reçu une lettre d'une jeune fille qui habitait dans le Vaucluse. Elle m'expliquait que chez les garçons de son entourage, le jeu qui faisait fureur, c'était d'envoyer des lames de rasoir au lance-pierres dans les jambes des filles qui portaient des jupes courtes. »

Le problème est que strictement personne en région PACA n’a eu connaissance de ce phénomène, de la Préfecture à la Direction départementale de la sécurité publique du Vaucluse, en passant par le Groupement de gendarmerie du département. Même Alain Milon, sénateur LR du Vaucluse et soutien de François Fillon, est resté sans voix à la question posée par un journaliste du Dauphiné Libéré sur la pratique d’un tel « jeu » barbare par des jeunes méridionaux.

Bref, nulle part n’apparaît la moindre trace de ces prétendues agressions aux lames de rasoir. Mais de cela Fillon n’avait manifestement cure en cette journée du 8 mars, son bobard étant à l’évidence destiné à brosser dans le sens du poil les électeurs xénophobes tentés par le vote FN. Et cela en usant d’un procédé d’amalgame particulièrement choquant : Qui, dans la représentation de la population, peuvent être ces garçons qui ne supportent pas la vue de filles en mini-jupe ? La réponse induite est évidente : des jeunes musulmans intolérants qu’il convient de cibler pour montrer que le candidat de LR n’a pas l’intention de se montrer moins ferme que la candidate du FN vis-à-vis de ces « dérives islamistes ». Difficile de faire plus répugnant en matière de manipulation !

Le pire est que l’on ne s’en étonne même plus, tant le candidat de LR nous a montré depuis quelques semaines son vrai visage : celui d’un imposteur cupide pour qui « la fin justifie les moyens », aussi sordides soient-ils !

Une affaire pour laquelle 3 sénateurs ex-UMP ont d’ores et déjà été mis en examen pour des faits analogues mais sur une période de référence différente.

** Une distinction d’autant plus prisée que le contingent total de Grand-Croix ne peut dépasser 75 personnes en vie. Il y en a actuellement 67. 

*** « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît !  » (Michel Audiard)




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