jeudi 19 novembre 2009 - par Jacques Brodeur

Protéger les enfants contre les matériels qui nuisent à leur bien-être

Dans le cadre du 20ième anniversaire de la Convention internationale sur les droits de l’enfant, nous voulons attirer l’attention du public et des gouvernements de l’Europe et du Canada sur l’article 17, alinéa (e), qui fait obligation aux États signataires d’adopter des mesures pour protéger les enfants contre les « matériels audio-visuels qui nuisent à leur bien-être ». Dans notre société, ces matériels nuisibles jouissent d’une popularité croissante et leurs impacts négatifs sur la santé des enfants et des ados augmentent en nombre et en gravité.


Le Québec interdit la pub aux enfants, la France hésite
Constatant le pouvoir croissant de la publicité, l’Assemblée nationale du Québec adoptait, en 1976, une loi de protection du consommateur interdisant la publicité aux moins de 13 ans. Plus d’un quart de siècle plus tard, le Québec reste le seul État d’Amérique du Nord à protéger ses enfants par une législation coercitive. Ailleurs au Canada, le lobby de l’industrie publicitaire a permis d’imposer une approche « écran de fumée », l’auto-réglementation, au détriment d’une protection réelle des enfants. Depuis la mise en vigueur de la loi québécoise en 1980, la puissance des messages publicitaires n’a cessé de croître, comme en fait foi la hausse vertigineuse des budgets publicitaires où les investissements annuels ciblant les enfants états-uniens sont passés de 100 millions en 1983 à 17 milliards $US en 2007. <http://www.commercialexploitation.org/issues/overview.html>
En plus de servir de véhicules à la promotion d’une multitude de produits souvent malsains, les écrans sont devenus, en soi, les objets de consommation les plus populaires chez les jeunes des deux côtés de l’Atlantique. La consommation d’écrans joue un rôle déterminant dans la promotion et l’adoption par les enfants et les ados d’habitudes de vie saines ou malsaines.

Le lien entre la publicité et le contenu des émissions est connu : c’est pour attirer la manne publicitaire que les diffuseurs rivalisent pour augmenter les cotes d’écoute, capter l’attention d’un nombre croissant d’enfants, captiver et fidéliser les jeunes consommateurs et les vendre aux annonceurs. Les enfants sont sollicités dès le berceau, d’où l’apparition de chaînes spécialisées et de DVD « pour » marmots de 0 à 2 ans qui vont soi-disant rendre les enfants plus « intelligents ».
 
LIMITES DE LA PROTECTION FOURNIE AUX ENFANTS
L’interdiction de la publicité aux enfants ne peut atteindre pleinement ses objectifs sans la participation active des familles, des écoles et de la société civile. D’où l’importance pour les citoyens de prolonger l’action législative (ou d’y pallier en France) pour améliorer la protection des petits humains.
L’interdiction en place au Québec, qui fait l’envie de nos voisins au Canada et aux États-Unis, n’a jamais réussi à devenir réalité à l’extérieur du Québec. Conséquemment, il fallait s’y attendre, la publicité ciblant les enfants de nos voisins finit par affecter les nôtres, réduisant ainsi l’étanchéité de la protection visée par notre loi. De plus, nos ados ne reçoivent pas de protection juridique après l’âge de 12 ans. Ils sont peu ou pas préparés à se protéger de la publicité. D’où le déséquilibre croissant entre le pouvoir de séduction des publicitaires et le tempérament présomptueux des adolescents.

PROTÉGER LES JEUNES DU CONTENU DES ÉMISSIONS
La publicité ne représente qu’une partie de la consommation médiatique des jeunes. Qui va renseigner les ados sur les impacts de leur consommation ? Qui va leur expliquer les stratégies utilisées pour convertir leurs désirs futiles en « besoins essentiels » ? Comment notre société pourrait-elle aider nos jeunes concitoyennes et concitoyens à développer une consommation plus éclairée, plus responsable ?
 
EMPRISE MÉDIATIQUE CROISSANTE
Pour nous faire une idée de la puissance de l’emprise médiatique sur les jeunes, regardons les données recueillies par la Kaiser Family Foundation en 1999 sur la place de la consommation médiatique dans leur vie : 58% des enfants mangent devant l’écran, 42% ont la télé allumée du matin au soir, 53% ont la télé dans la chambre, 49% n’ont pas de règle à respecter, 81% ne bénéficient d’aucune supervision parentale. Parallèlement, des chercheurs de l’Université du Michigan ont comptabilisé le temps de conversation entre parents et enfants en 1981 et 1997 ; il est passé de 1 h 12 à 34 minutes par semaine.
www.csmonitor.com/1998/1113/111398.us.us.1.html
Au cours de la dernière décennie, la situation s’est détériorée. Selon la KFF, la consommation médiatique accapare, toutes technologies cumulées, plus de 40 heures par semaine de la vie des jeunes de moins de 18 ans. Le temps accaparé par cette surconsommation prive les jeunes du temps nécessaire à leur sain développement psychologique et social et entraîne des coûts importants pour la société.

1) IMPACTS DES ÉCRANS SUR LES TROUBLES DE L’ALIMENTATION
Le premier aspect de la consommation médiatique à attirer l’attention est sa contribution à la sédentarité. Diverses études ont relié le temps passé devant l’écran à la propagation de diverses habitudes de vie malsaines. La pandémie d’obésité affecte un pourcentage croissant de jeunes dans la plupart des pays du monde et le Québec n’y échappe pas.
  • Selon Madame Suzie Pellerin de la Coalition québécoise sur la problématique du poids (CQPP), la sollicitation publicitaire contribue à aggraver la problématique du surplus de poids et d’obésité qui affecte de plus en plus de jeunes. http://www.cqpp.qc.ca/
  • Les modèles proposés par les médias et les mannequins utilisés par l’industrie de la mode ont un impact négatif sur l’image corporelle des jeunes et leur qualité de vie selon Anne-Marie Bérard, coordonnatrice clinique pour l’Association d’aide aux personnes souffrant d’anorexie nerveuse et de boulimie (ANEB-Québec). http://www.anebquebec.com/html/fr_medias.html
  • La place de l’alimentation et de l’activité physique dans les téléromans québécois a aussi un impact, selon la chercheuse Monique Caron-Bouchard, du Groupe de recherche Médias et Santé, GRMS, du Département de communication sociale et publique de l’UQAM.
    http://jacbro13.com/uqo/texte/MCaron-Bouchard.doc
  • Une étude rendue publique en 2008 par Statistique Canada révèle que le simple fait de regarder la télévision abaisse le métabolisme plus que la lecture, (1,3) pratiquement au niveau du sommeil (1,0 pour la télévision comparativement à 0,9 pour le sommeil). D’où la déclaration de Madame Julie Mandeville rapportée dans Le Devoir de juin 2008 : « Du point de vue de la santé publique, il est plus rentable d’éloigner les jeunes de la télé que de faire la promotion de l’activité physique. »
    http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/080618/dq080618c-fra.htm
  • Les impacts de la consommation médiatique sur divers autres aspects de la santé des jeunes ont donné lieu a une pléthore d’études. En décembre 2008, le National Institute of Health des États-Unis a effectué une revue de 1800 études et publié une synthèse de leurs conclusions sur le site du Center for Health & Health Care in Schools.
    http://www.healthinschools.org/News-Room/News-Alerts/December-2008/Review-of-Studies-on-Media-Exposure.aspx
 
2) IMPACTS SUR LES TROUBLES DU COMPORTEMENT ET LA CRIMINALITÉ
L’influence des divertissements électroniques violents a donné lieu à une Commission royale d’enquête du Gouvernement de l’Ontario et le Rapport de la Commissaire Judy LaMarsh a été publié en 1977. On y décrit l’impact de la violence utilisée par l’industrie des communications sous la forme d’une allégorie avec les additifs chimiques dans l’alimentation et les polluants comme le plomb, le mercure et l’amiante.
 
FACTEURS CAUSALS
En 2001, le Conseil supérieur de l’éducation publiait un Avis transmis au Ministre de l’éducation du Québec : « Les élèves en difficulté de comportement à l’école primaire : COMPRENDRE, PRÉVENIR, INTERVENIR. » On y constatait que l’augmentation de 300% du nombre d’enfants affectés était attribuable à 3 facteurs principaux : structure familiale fragilisée, encadrement parental déficient et exposition à des divertissements électroniques violents.
 
AGRESSIONS TÉLÉVISÉES EN HAUSSE
Quelques années plus tard, en 2005, 2 chercheurs de Laval publiaient le fruit de leurs observations : augmentation de 432% du nombre d’actes d’agression diffusées par les réseaux privés de télé depuis 1995, année où l’industrie télévisuelle canadienne promettait de se réglementer elle-même pour contrecarrer l’intention éventuelle du législateur canadien invité à agir par une adolescente, Virginie Larivière.

JEUX VIDÉO : VENTES ET CONTENU VIOLENT EN HAUSSE
Durant la même décennie, les jeux vidéo de meurtre (First Person Shooter, FPS) connaissaient les plus fortes augmentation des ventes et des études indiquent que 40% de ces jeux sont utilisés par des jeunes, malgré qu’ils soient classés 18 ans et +. Les ventes de jeux vidéo sont passées de 12,5 milliards $US en 2007 à 18,8 milliards $US en 2008.

CRIMINALITÉ VIOLENTE : UN SOMMET CHEZ LES ADOS EN 45 ANS
En 2006, le Canada atteignait son niveau de criminalité générale le plus bas en 25 ans et la criminalité VIOLENTE des jeunes battait des records : deux fois plus de crimes violents que les adultes et deux fois plus qu’il y a 20 ans. (Statistique Canada et Ministère de la sécurité publique du Québec, 2006)

UNANIMITÉ CHEZ LES SCIENTIFIQUES
Selon le Dr. Michael Rich, Directeur du Centre Médias et Santéde l’Hôpital pour enfants de Boston (Harvard Medical School & Harvard School of Public Health) et porte-parole de l’Académie des pédiatres des États-Unis, (American Academy of Pediatrics, AAP) « plus de 3500 études ont reconnu le lien entre le spectacle de la violence des médias et le comportement violent. »
http://aappolicy.aappublications.org/cgi/content/full/pediatrics ;108/5/1222
 
MYTHE ENTRETENU ARTIFICIELLEMENT
Malgré cette quasi-unanimité, des organismes financés par l’industrie invoquent 18 études qui n’ont pas identifié ce lien pour entretenir le mythe qu’il s’agit d’une question « controversée ».
http://www.media-awareness.ca/francais/enjeux/violence/recherche_effets_violence.cfm

3) AUTRES DOMMAGES À LA SANTÉ DES JEUNES
Outre l’obésité et la violence, d’autres facettes de la surconsommation médiatique nuisent au développement de saines Habitudes de vie chez les jeunes.
  • En décembre 2008, des chercheurs de l’Université de Yale publiaient les conclusions de 30 années de recherche sur la contribution de la consommation médiatique à divers dommages causés aux ados : l’alcoolisme, le tabagisme, la dépendance aux drogues, l’hyperactivité, les résultats académiques.
    http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/12/01/AR2008120102920.html
  • L’impact sur la sexualisation précoce et l’hypersexualisation des fillettes ne fait pas de doutes selon Lilia Goldfarb, du YWCA de Montréal, qui témoigne dans le film de Sophie Bissonnette, SEXY INC, produit par l’ONF. http://www.jacbro13.com/uqo/table.htm
  • La pornographie est devenue le principal moyen d’éducation sexuelle des jeunes selon le professeur Richard Poulin, du Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université d’Ottawa.
    http://saveurdujour.wordpress.com/2008/11/29/hypersexualisation-erotisation-et-prostitution-chez-les-jeunes-par-richard-poulin/
  • Les publicités sexistes constituent des attaques au respect et à la dignité des personnes selon Madame Élaine Giroux, coordonnatrice de l’action féministe à l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) et membre fondatrice de la Coalition nationale contre les publicités sexistes, (CNCPS). http://jacbro13.com/uqo/texte/egiroux.doc
  • Selon la chercheuse Francine Descarries, de l’UQAM, qui a fouillé des études nord-américaines récentes, les médias et l’industrie de la publicité ont contribué à faire échouer le Québec dans la lutte aux stéréotypes sexuels et sexistes. La représentation stéréotypée des rapports homme-femme propagée par ces industries ont influencé les jeunes entre 12 et 18 ans, étape cruciale dans la construction de leur identité.
    http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2008/06/09/001-sexisme-medias-csf.shtml
  • Selon Béatrice Alain, du Conseil québécois sur le tabac et la santé, les jeunes dont les acteurs préférés fument à l’écran courent 16 fois plus de risques d’adopter une attitude favorable envers la cigarette. http://jacbro13.com/uqo/texte/beatricealain.doc
  • La publicité médicale pour des produits pharmaceutique et boissons stimulantes influence la consommation de médicaments selon M. Luc Bonneville, professeur à l’École des sciences de l’information de l’Université d’Ottawa. http://www.jacbro13.com/uqo/bonneville.htm
  • Les héros proposés aux jeunes influencent leur conception de la virilité et leur construction de la masculinité ; cette influence a été constatée dans la majorité des 20 fusillades survenues en milieu scolaire aux États-Unis, selon Yanick Dulong, doctorant en Sociologie à l’Université Carleton, Ottawa. http://www.lmsi.net/spip.php?article877
  • La société canadienne de pédiatrie (SCP) confirme que la consommation médiatique touche le déficit d’attention et l’hyperactivité, les comportements agressifs et la violence, le tabagisme, l’alcoolisme, la mauvaise alimentation, l’obésité, une faible estime de soi, les attitudes et comportements sexuels à risque. http://www.cps.ca/Francais/sujets/MediaScope/index.htm
4) AMÉLIORER LA PROTECTION DES JEUNES CONTRE LES « MATÉRIELS NUISIBLES »
Devant cette pléthore d’impacts négatifs, force est de constater qu’un loi interdisant la pub aux enfants ne suffit pas -et ne peut suffire seule- à protéger les enfants et les ados de la publicité et de la surconsommation médiatique. Il faut assurer la protection contre divers écrans : y compris l’ordinateur, les consoles de jeu, les ipod, les jeux de hasard en ligne, les chansons misogynes, les caméras vidéo et youtube, etc. Les parents ont besoin d’être renseignés sur les impacts négatifs si l’on veut qu’ils puissent encadrer la consommation médiatique de leur enfant.

LES SOLUTIONS NE TOMBENT PAS DU CIEL
Considérer que les médias ont tous les droits de diffuser et reprocher aux parents de mal élever ou de mal protéger leur enfants n’est pas une réponse acceptable. Il faut innover, il faut oser, c’est un enjeu de civilisation comme l’affirmait récemment Donald Cuccioletta, professeur à l’Université du Québec en Outaouais. http://www.jacbro13.com/uqo/donald.htm
 
ÉDUQUER AUX MÉDIAS
En France, au Québec et ailleurs dans le monde, on a constaté que, parmi les solutions envisagées, la plus efficace et la plus durable consistait à ÉDUQUER les enfants et les ados à la CONSOMMATION ÉCLAIRÉE des médias ; et c’est ici que l’intervention de l’État pourrait servir à coordonner les efforts de plusieurs ministères concernés par les dommages à la santé et la prévention. Les parents et les enseignants du XXIe siècle ont besoin d’éducation aux médias ; ils ont besoin de prendre connaissance des dommages que la surconsommation médiatique, y compris la pub, entraîne chez les jeunes. Il faut cesser d’attendre que les médias veuillent bien accepter de voir les dommages qu’ils occasionnent ou amplifient. 

OEUVRER DE CONCERT
En utilisant les preuves accablantes recueillies par des scientifiques du monde entier, en coordonnant les efforts de milliers d’intervenants auprès des jeunes, notre société pourrait protéger plus efficacement sa population-jeunesse, renseigner les familles et outiller ses écoles en matière de consommation médiatique éclairée. Évidemment, il faudra prendre des précautions pour que l’éducation aux médias échappe au puissant lobby médiatique et qu’elle ne se limite pas à redorer l’image d’une industrie qui s’est livrée à des abus comparables à ceux commis par les industries du tabac et de la malbouffe.

CE 20E ANNIVERSAIRE NOUS FOURNIT UNE OCCASION EN OR
Le 20e anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’enfant nous donne l’occasion d’inviter les décideurs politiques et médiatiques, les gouvernements familiaux, les écoles et l’ensemble de la société à prendre des mesures positives pour se conformer à la Convention internationale qui réclame que l’on « protège les enfants contre les matériels qui nuisent à leur bien-être » ? http://www.droitsenfant.com/cide.htm

Jacques Brodeur, retraité de l’enseignement et conseiller en prévention pour l’organisme à but non lucratif EDUPAX, Trois-Rivières
 


23 réactions


  • jondegre jondegre 19 novembre 2009 10:37

    Héhé,

    déjà que les adultes ont du mal à la faire


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 19 novembre 2009 16:23

      Oui, plusieurs adultes ont été progressivement désensibilisés et pourront avoir du mal à le faire. Mais du mal faire quoi exactement ? Nous proposons simplement de refuser de baisser les bras et de prendre des mesures éducatives adaptées au monde aujourd’hui, hypermédiatisé. Quand on fait face à la puissance des industries médiatique et publicitaire, on se sent bien plus petit que David devant Goliath. Mais éduquer, rendre des petits humains conscients des dommages causés par la surconsommation médiatique, leur apprendre à découdre et déjouer des stratégies publicitaires, c’est très amusant, en plus d’être indispensable. Voulons-nous des citoyens-citoyennes debout ou de simples consommateurs-consommatrices assis ? À chacun et à chacune de choisir sa réponse. Et on se rend vite compte qu’on est nombreux à choisir la citoyenneté, bien plus qu’on pense. Il faut maintenant s’organiser. Une bonne intention sans organisation, ça ne pèse pas très lourd dans l’histoire. Les deux, c’est mieux.   


  • Massaliote 19 novembre 2009 14:06

    Excellent article. Mais nos enfants ne sont pas à protéger pour la plupart des élites dévoyées qui gouvernent le monde. Ce sont des proies. OBAMA a nommé comme délégué à l’éducation nationale un éditeur d’ouvrages porno et pédo-pornographiques. En France, Frédo qui à eu des relations tarifées avec au moins « un boxeur thaï de 40 ans » (âgé de 13 ou 14 ans, retrouvé par « Le Salon Beige ») est ministre la Culture. Orwell, dans 1984, prévoyait déjà que la pornographie serait un moyen de contrôle des masses en les abrutissant. Il n’est que voir la somme de bêtise des émissions télévisées proposées aux heures de grande écoute pour comprendre que c’est le résultat d’un plan de conditionnement du peuple. Dans ce contexte, comment lutter ?


  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 19 novembre 2009 16:51

    On a raison de croire que nos enfants sont des proies pour plusieurs agences publicitaires quand on sait que la créativité de leurs employés sert à étudier les vulnérabilités des enfants et des ados pour en tirer un profit commercial.
    Ce constat devrait-il nous convaincre que la protection est malvenue, ridicule ou inutile ? Pas selon nous. Quand l’évaluation des défis à relever nous conduit à penser que le combat est perdu d’avance, on fait fausse route, on est victime d’une surestimation des obstacles et d’une sous-estimation de nos capacités. Le cynisme n’est pas une attitude qui mène à la victoire mais un prétexte pour se retirer. Le cynisme nous donne l’impression de blesser nos adversaires alors qu’en fait on leur cède du terrain.
    Nous avons la certitude qu’une mobilisation lucide, planifiée, patiente, avec des objectifs ciblés, va pouvoir, un jour prochain, rallier une masse critique de parents, d’enseignants, de citoyens et de citoyennes. Suffisamment pour réveiller la société et « persuader » les décideurs publics que les droits de l’enfant doivent avoir préséance sur la capacité des médias de les divertir et le pouvoir de séduction des agences de marketing.    


  • no_move no_move 19 novembre 2009 17:59

    Un extrait du documentaire « the corporation » qui montre que les entreprises font appels à des psychiatres pour influencer les enfants dès le berceau :

    http://www.dailymotion.com/video/x60nij_the-corporation-m-moore-n-chomsky61_news

    Les produits proposés aux enfants ne sont pas la source du problème comme on veut nous le faire croire. Inutile donc d’établir des statistiques pour prouver que des jeux videos vont rendre des ados violents. Les sociétés, quand à elle, ne font rien de plus qu’exploiter l’ignorance, la crédulité et la bêtise des consommateurs-citoyens.

    Si les enfants sont sensibles à toutes ces manipulations c’est simplement a cause de leurs PARENTS. Personne d’autres qu’eux ne les protégera, et comme la plupart des parents sont déjà des consommateurs-assidus-parfaitement-intégrés-dans-la-société-marchande, on ne peut pas en attendre moins de leurs enfants...


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 19 novembre 2009 19:10

      NO_MOVE véhicule trois mythes qui ont la vie dure.
      1) Les produits proposés par la pub ne seraient pas la source du problème ? FAUX. Quand la pub fait désirer aux enfants des aliments gras, sucrés ou salés, les produits ET la pub contribuent à la problématique du poids. Quand la violence des jeux vidéo FPS rend les enfants accros, obsédés, désensibilisés, ébahis, le jeu vidéo ET la violence qu’on y a injectée pour mousser les ventes FONT TOUS DEUX PARTIE du PROBLÈME. Évidemment, avant le produit ET la pub qui le fait désirer, il y a le fabricant et le commerçant qui vont emplir leurs poches avant que la société n’aie constaté la profondeur des dommages et ne se décide, malgré le lobby des producteurs ET des publicitaires, à réglementer les ventes et les abus contre les jeunes.
      Quand le jeune utilise sa console de jeux vidéo pour « s’amuser » à tuer, en fait, c’est le producteur du jeu de meurtre qui s’amuse à organiser les synapses de son cerveau pour le rendre satisfait d’avoir tué et réduire son pouvoir d’empathie. Cet impact n’est pas une appréciation subjective, ni une question controversée. C’est une conclusion qui fait consensus chez les scientifiques.
      2) Les sociétés ne feraient qu’exploiter la bêtise du consommateur-citoyen ? FAUX. Les sociétés ne font que ce qu’on leur laisse faire. Lorsque des citoyens organisés exigent la réglementation de la circulation routière, de la pollution alimentaire ou atmosphérique, que l’excision devient interdite, et que la violence conjugale et les bagarres au foot sont bannies, c’est que les pouvoirs publics ont pris des décisions pour assurer la primauté du bien commun sur les intérêts (ou les préjugés) de particuliers. Les trains français ont la réputation d’arriver et de partir à l’heure, c’est parce que des décisions ont été prises à cet effet, et non pas à cause de la « bêtise du consommateur-citoyen ».
      3) Si les enfants sont manipulés ce serait « simplement » à cause des parents-consommateurs-assidus ? FAUX ! Lorsque des prédateurs sexuels attirent des enfants en leur offrant des bonbons, leur tactique de manipulation les rend responsables du « consentement » des victimes et la société doit les neutraliser. Accuser leurs parents de ne pas avoir été assez vigilants n’est pas une façon sérieuse de protéger les enfants. Les parents ont besoin d’être renseignés sur les dommages causés à leur enfant dans la quiétude de leur foyer par une consommation médiatique « libre ». Je suis toujours étonné de voir des gens apparemment raisonnables être si prompts à lapider des parents « esclaves-de-la-société-marchande » pour se porter au secours d’industries multimilliardaires qui utilisent les dernières connaissances en psychologie pour se déguiser en amuseurs publics afin d’abuser des enfants. 

      Les trois mythes ci-dessus ont la vie dure parce qu’ils sont commandités. Il y a quelques années, on a découvert des taupes à l’OMS. Elles bloquaient toutes tentatives de condamner les industries du TABAC et celle de la MALBOUFFE. Espérons que la personne qui utilise le pseudonyme de NO_MOVE pourra demander à son moteur de recherche préféré de chercher « taupe à l’OMS » pour découvrir que le produit ET la promotion du produit font TOUS DEUX partie du problème.

      En terminant, je signale que le film « La Corporation » a été réalisé par un Canadien, un compatriote à nous, Québécois, dont nous sommes fiers.      
         


    • no_move no_move 19 novembre 2009 21:41

      @l’auteur

      nous ne vivons pas dans le même monde ou alors plus simplement nous n’avons pas la même vision du monde.

      je suis moi-même père de 3 enfants et je suis donc bien placé pour parler de ce problème de manipulation puisque j’y suis confronté tous les jours. Il me semble que rejeter la faute sur les sociétés et les médias est la solution de facilité pour les parents. Surtout quand ceux ci sont de virulents adeptes de cette moribonde société de consommation. Ce n’est pas en rejetant la faute sur des tiers afin de se « laver » de toute responsabilité que les choses vont changer et avancer. C’est a chaque parent d’assumer son rôle d’éducation et de protection face à l’environnement hostile créé par la société marchande.

      Pour répondre à la question 1/ et 2/ je dirait simplement : qui achète ces produits ? Est-ce que les sociétés rentrent de force aux domiciles des parents et leur offrent gracieusement la dernière playstation et le dernier call of duty ???

      Pour le point 3/ je trouve que le parallèle avec les prédateurs sexuels n’est pas approprié au sujet présent. C’est encore un autre problème et là effectivement l’action préventive des parents n’est pas infaillible.

      Enfin, moi aussi j’aime beaucoup « the corporation » parcequ’il dénonce les méthodes utilisées par les sociétés pour qui nous sommes que des « consommateurs ».

      Mais comme je l’ai dit plus haut, envisager le problème sans mettre au premier plan la responsabilité parentale, c’est à mon sens occulter le devoir primordial et essentiel d’éducation qu’on les parents envers leurs enfants.

       


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 22 novembre 2009 05:27

      Rejeter la faute de l’intoxication des enfants sur les médias serait une solution de facilité ? Quelle affirmation gratuite et ingrate ! Depuis plusieurs décennies, des chercheurs du monde entier se sont astreints à étudier le fonctionnement des médias électroniques pour vérifier, puis finalement comprendre, les dommages causés aux enfants, aux ados. Réponse des médias ? « Balivernes » ! Les adorateurs du petit écran se répètent (pour s’en convaincre) que les parents qui pensent que la télé nuit à leur enfant sont des malades imaginaires. Ces parents seraient victimes d’un préjugé ; ils auraient peur des fantômes, du diable, des comic books, de tous les nouveaux gadgets électroniques.

      Il a fallu beaucoup de persévérance pour réunir le financement nécessaire aux études sur les impacts des dommages causés par la consommation médiatique. Et que dire des efforts déployés par l’industrie pour cacher les conclusions de ces études ou déjouer les réglementations ? Les résultats n’étaient pas sitôt publiées que l’industrie les tournait en dérision.


      Devant des pratiques médiatiques condamnables, certains préfèrent condamner les parents. Ils se croient courageux et clairvoyants de leur jeter la pierre. Les parents ne sont pas organisés et sont donc vulnérables. Ils sont divisés entre pauvres et riches et se méfient les uns des autres. La vie trépidante moderne les incite à abandonner leurs responsabilités parentales pendant qu’à leur insu, des agences de publicité apprennent aux enfant à asticoter leurs parents jusqu’à la démission, grâce à une technique de marketing répugnante connue aux États-Unis sous le vocable de « nag factor », et de « pester power » en Angleterre. Les parents modernes sont dépassés et voient l’exercice de leur autorité présenté comme rétrograde et méprisable. Les parents qui prennent leur mission au sérieux se font dire par leurs amis, voisins et collègues qu’ils se font du soucis inutilement. Imaginez quand en plus, de prétendus experts, commandités par l’industrie, viennent expliquer à la télé que l’influence des écrans est superficielle, passagère et qu’il faut lâcher prise. « Il faut bien que jeunesse se passe ». La pression est telle que les parents les plus consciencieux se mettent à douter et finissent par se résigner à confier leurs petits à la télé-nounou.

      Quand on discute du partage des responsabilités entre médias et parents, on constate que deux équipes se font face. D’un côté, il y a les enfants, les parents, le personnel de l’école et la communauté. Les quatre membres de cette équipe ont en commun d’être des alliés naturels de la citoyenneté, de la responsabilité et de la solidarité dans la lutte de l’humanité contre l’ignorance et la violence. Dans l’autre équipe, on retrouve les médias électroniques et les agences de publicité, prêtes à tout pour augmenter les auditoires, attirer le plus grand nombre de cerveaux possibles pour pouvoir ensuite les vendre à des annonceurs. Ce commerce de cerveaux humains (très bien décrit par Patrick Lelay, ex pdg de TF1) ne peut s’exercer qu’en neutralisant les décideurs publics et en manipulant l’opinion publique. N’oublions pas que dans la vente des jeunes auditoires aux publicitaires, des fortunes colossales sont en jeu.

      Devant une telle conjoncture, chacun choisit son camp. Ceux qui croient que les parents ont besoin de support plus que de blâmes peuvent rendre service à l’équipe citoyenne. En jetant la pierre aux parents, ils concèdent du pouvoir à l’industrie. Jusqu’à quand laissera-t-on les divertissements électroniques nous cacher les intérêts des enfants ?


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 20 novembre 2009 02:33

      Bonjour P1rlou1t,

      Puisque nous nous rejoignons sur le fait que les pubs soient néfastes, je vais tenter de répondre à vos remarques sur les jeux vidéo de meurtre, de type « First Person Shooter » (FPS). Mes données proviennent d’un dossier affiché sur le site de l’American Academy of Pediatrics en novembre 2009.
      http://pediatrics.aappublications.org/cgi/reprint/peds.2009-2146v2

      Les jeux vidéo violents peuvent enseigner certains comportements violents précis, les circonstances où ces comportements sont appropriés et utiles, ainsi que les attitudes et croyances concernant ces comportements. Ainsi, les scénarios sont appris et conservés dans la mémoire du joueur. (1) Les jeux vidéo réunissent les conditions idéales pour apprendre la violence et on y utilise plusieurs stratégies d’apprentissage efficaces. (2) On place le « joueur » en position d’agresseur et on le récompense pour ses succès à répondre violemment. Plutôt que d’observer l’interaction violente, comme dans une émission ou un film violent, le jeu vidéo FPS permet au joueur de répéter un scénario comportemental complet, de la provocation, à la décision de réagir violemment, jusqu’à la résolution du conflit. (3,4,5) Les enfants et les ados veulent retourner jouer de façon répétée durant de longues périodes dans le but d’améliorer leurs performances et d’accéder à des niveaux supérieurs. La répétition augmente l’effet. De plus, certains jeunes manifestent des relations pathologiques avec le jeu, une forme d’addiction, entraînant ainsi un disfonctionnement malsain. (6) Des électro-encéphalogrammmes ont été réalisés durant l’exposition à la violence médiatique et des études ont relié l’exposition à cette forme de violence à la diminution de l’activité électrique dans le cortex préfrontal, cette partie de notre cerveau responsable du contrôle des impulsions.(7)

      Vous vous demandez comment il se fait que « tous les jeunes joueurs de FPS qui s’entretuent virtuellement des milliers de fois ne passent pas à l’acte ». Il vous semble difficile d’évaluer une variation de leur pouvoir d’empathie. Ce pouvoir d’empathie a été évalué avant et après avoir « joué », avec des jeunes généralement doux et d’autres habituellement agressifs. Dans les deux groupes, on a constaté une augmentation de l’agressivité à court terme et on a découvert qu’elle se prolonge durant les 20 minutes qui suivent. On aussi constaté l’augmentation des attitudes et comportements violents à moyen terme ; on a aussi mesuré les impacts sur la criminalité à long terme, 17 années plus tard.

      Vous semblez me reprocher d’apparenter la sensation de « tuer » dans les jeux violents à la sensation de victoire dans les domaines où la compétition est présente, notamment le sport. Vous savez probablement que le sport est une activité culturelle qui s’inspire de la guerre. Nous vivons dans un monde et à une époque où la culture dominante a besoin de valoriser la performance individuelle, la concurrence et la domination, le plus souvent sous le vocable de compétitivité, ou de productivité industrielle. Dans ce contexte, le sport sert à enrichir des professionnels et à divertir les foules. Dans tous les pays, on impose des règles pour civiliser les affrontements sportifs et on oblige les athlètes à respecter la santé des adversaires et ...la leur. Sans de telles règles, sans arbitrage sérieux, sans contrôle antidopage, le sport devient vite dangereux et inacceptable socialement, parce que proche de l’agression criminelle ou de l’automutilation. Et que dire de la protection des spectateurs.

      Dans les armées modernes, on fournit du débriefing aux jeunes guerriers qui reviennent chez eux ; malgré cette précaution, plusieurs victimes du syndrome de stress post-traumatique ne retrouvent jamais une vie normale et certains fuient dans le suicide. Dans le sport moderne, les athlètes ont aussi recours au debriefing pour reprendre leurs esprits après un match particulièrement stressant, exigeant. Où est le debriefing des ados lorsqu’ils quittent leur console de jeux ? Peu d’entre eux tueront leurs voisins, leurs parents ou planifieront une fusillade dans leur école, vous avez raison, mais combien éprouvent de la difficulté à revenir à la réalité ? À quel point leur escapade dans la violence virtuelle les affecte-t-elle ? Quand la fiction violente devient plus valorisante que la réalité scolaire, pourquoi devrais-je faire des efforts de concentration pour écouter les explications de mon enseignant ? Pourquoi gaspiller mon temps dans des travaux scolaires « ridicules », épuisants, et de toutes façons « inutiles » ? Voyez-vous comment la fiction peut devenir attrayante, captivante, envoûtante, et extrêmement coûteuse ? Et comment le décrochage scolaire devient effectivement un mirage funeste pour le tiers des jeunes ?

      Parmi les enfants que je rencontre, et j’en rencontre beaucoup, aussi mignons, charmants et intelligents que les vôtres ou que celui de votre maman, si vous saviez combien m’avouent candidement à quel point les jeux vidéo les accaparent, tôt le matin, avant que leurs parents ne soient réveillés. Combien de fois leurs parents doivent leur répéter de quitter la console pour le repas. Combien s’endorment en classe durant le jour. Combien ne peuvent contrôler leurs émotions ou leurs impulsions lorsqu’ils se sentent agressés.

      Vous me demandez si, lors d’une compétition sportive, j’accuse le gagnant d’avoir diminué son empathie pour avoir éliminé un adversaire ? Votre commentaire tombe pile, juste au lendemain d’un match entre l’Algérie et l’Égypte. Il a fallu 15 000 policiers pour maintenir l’ordre, sans parler de l’autobus de l’équipe algérienne bombardé avec des pierres venues du ciel peut-être ? La compétition exacerbe les rivalités, elle peut rendre des sportifs et des spectateurs quasi inhumains, cruels, égocentriques. La compétition sportive requièrt des précautions sérieuses dans tous les pays du monde, y compris dans les écoles, lieu d’apprentissage du vivre ensemble.

      Ici, au Québec, après la victoire de leur équipe de hockey préférée, les Canadiens de Montréal, on a déjà vu des foules exprimer leur joie en défonçant des vitrines, en lançant des pierres, en incendiant des autos de police. Et puis l’année suivante, même comportement, cette fois pour exprimer leur déception suite à la défaite de leur équipe.

      Je conclus en rappelant que les jeux vidéo de meurtre FPS ont des effets sur les cerveaux, c’est une fait reconnu. Je ne propose pas de les incendier mais d’éduquer les jeunes et les parents, de les renseigner sur leurs effets. Ne serait-ce pas faire oeuvre socialement utile ? Qu’en dites-vous ? Nier les dommages, les étouffer, refuser de les voir ne fait qu’empirer la situation. La civilisation ne tombe pas du ciel. Elle se construit chaque jour, en augmentant le pouvoir des humains face à des technologies lucratives pour une minorité, mais qui comportent des coûts cachés pour une majorité des jeunes, y compris ceux qui ne feraient pas de mal à une mouche.

      Pour paraphraser une de vos compatriotes, « on ne naît pas homme ou femme, on le devient ». Et devenir humain aujourd’hui implique que l’on guide les jeunes vers une consommation médiatique éclairée, et non vers un nouvel esclavage.

      1. Bushman BJ, Huesmann LR. Short-term and long-term effects of violent media on aggression in children and adults.
      Arch Pediatr AdolescMed. 2006 ;160(4):348–352
      2. Gentile D. Pathological video-game use among youth ages 8 to 18 : a national study. Psychol Sci. 2009 ;20(5):594–602

      3. Anderson CA, Gentile DA, Buckley KE. ViolentVideo Game Effects on Children andAdolescents : Theory, Research, and PublicPolicy. New York, NY : Oxford University Press ; 2007
      4. Anderson CA, Dill KE. Video games and aggressive thoughts, feelings, and behavior in the laboratory and in life. J Personal Soc Psychol. 2000 ;78(4):772–790

      5. The impact of interactive violence on children : hearing before the Senate Committee on Commerce, Science, and Transportation. 106th Congress, 1st session (March 21, 2000) [statement of Craig Anderson, Department of Psychology, Iowa State University.

      6. Griffiths MD, Hunt N. Dependence on computer games by adolescents. Psychol Rep.1998 ;82(2):475– 480

      7. Carnagey NL, Anderson CA, Bartholow BD. Media violence and social neuroscience : new questions and new opportunities.
      Curr DirPsychol Sci. 2007 ;16(4):178–182


  • HappyPeng 20 novembre 2009 05:18

    On peut aussi dire le contraire. Un jeune qui a en lui une violence importante du au contexte dans lequel il vit ne va-t-il pas pouvoir la liberer en exprimant son fantasme dans les jeux videos, au lieu de la laisser s’accumuler jusqu’au passage a l’acte reel ?

    De la meme facon, le Japon est reprimande lors de nombreuses reunions internationales sur le fait que les dessins (c’est-a-dire qu’il ne s’agit pas d’images reelles) erotiques voir pornographiques representant des personnes plutot jeunes n’y sont pas interdits. Pourtant, ne peut-on pas dire qu’il est possible que cela limite les risques de passage a l’acte des personnes ayant des tendances pedophiles ?

    Je pense que vous vous placez d’emblee dans un reflexe, presque chretien, de refoulement des pulsions, comme si nous essaiyons de ne pas penser a ces choses et que le fait de les voir exprimer pouvait faire sauter une inhibition et nous transformer en betes.

    Mais a ce que je sache, faire en sorte que des enfants n’entendent jamais parler de sexualite ne les a jamais empecher de developper une sexualite une fois devenus adolescents. Par contre le fait de ne jamais en avoir entendu parler peut rendre les choses beaucoup plus difficiles.

    Une fois cela passe, vous allez dire, il faut le faire dans un cadre controle, educatif. Non, ce n’est plus comme ca. La seule chose que vous pouvez faire aujourd’hui c’est aider quelqu’un a comprendre l’information qu’il voit. Vous ne pouvez pas l’empecher de voir. Ca n’est pas une question morale, c’est une question technique : vous ne pourrez plus l’empecher de voir.


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 21 novembre 2009 20:12

      Notre ami Happy Peng (HP) conclut : « Ce n’est pas une question morale, c’est une question technique : vous ne pourrez plus empêcher l’enfant de voir. » Je le remercie de m’offrir l’occasion de préciser qu’en ce qui concerne les médias, y compris et surtout les jeux vidéo de meurter, la technique ne nous permet pas de voir, au contraire. Elle nous donne l’ILLUSION de voir ; en fait, elle nous empêche de voir. La première définition que donne Larousse au mot écran est : « ce qui empêche de voir ».

      Et c’est justement à cet écran qui cache la réalité que l’éducation peut pallier. L’éducation peut rendre des humains désireux et capables de voir au-delà des écrans. Des humains non éduqués ne voient (et se satisfont de) que ce qui paraît à l’écran. Les humains éduqués voient les écrans avec des rayons X. Ils doutent, jugent, questionnent, discutent, fouillent, et découvrent ce qu’ils cachent, au lieu d’aider les jeunes à utiliser n’importe quoi pour se distraire, y compris des technologies aux moyens de séduction modernes et puissants. Ici, il faut lire « distraire » comme dans « éloigner de la réalité ».

      HP rend le mot « éducation » synonyme de « contrôle ». Éduquer, c’est le contraire de contrôler. Éduquer c’est rendre capable de voir, et non pas empêcher de voir. C’est rendre capable d’échapper aux contrôles, de refuser l’esclavage. Éduquer c’est rendre capable de prendre des décisions en connaissance de cause, sans se laisser éblouir par la technique des écrans utilisés pour amuser (abuser) des enfants.

      HP juge assimile l’éducation à un « refoulement des pulsions », un réflexe presque « chrétien ». Il lui reproche de vouloir inhiber ces pulsions stimulées par les écrans de jeux vidéo. Je sais pertinemment qu’en permettant à des jeunes, enfants et ados, de découvrir les impacts de la consommation médiatique sur leur cerveau, sur leur santé personnelle, physique et mentale, et sur la santé de la société, on les rend capables (comme dans POUVOIR) de COMPRENDRE ce que cache cette consommation, ses effets secondaires, on leur permet de découvrir à qui profite de cette consommation, on les rend capables (et non obligés) de consommer de façon éclairée, avisée, clairvoyante et responsable.

      L’empressement de HP à condamner mon plaidoyer en faveur de l’ÉDUCATION aux médias révèle qu’il me prête des intentions évangélisatrices, inquisitoires. Serait-il devenu accro de sa propre consommation ? Serait-il devenu intégriste de la religion cathodique ?

      Éduquer c’est aussi démolir des mythes, que ça plaise ou non aux personnes qui les chérissent ou aux industries qui les nourrissent. J’imagine que Darwin a du rencontrer plusieurs sarcasmes en son temps quand il a douté que l’homme ait été créé par dieu le 7e jour de la création. Voici un mythe véhiculé au sujet des jeux vidéo : « Un jeune qui a en lui une violence importante imputable au contexte dans lequel il vit pourrait la libérer en exprimant son fantasme dans les jeux videos, au lieu de la laisser s’accumuler jusqu’au passage a l’acte réel ? » C’est un mythe commun, un des premiers que des scientifiques sérieux, objectifs, prudents, chrétiens ou pas, ont investigué, scruté, analysé et réduit en poussière. Les jeunes criminels qui se « soulagent » en tuant des personnes virtuelles, en assassinant des policiers (comme dans Grand Theft Auto) ou en violant des femmes ne font qu’augmenter leurs frustrations et les risques de passage à l’acte. Ces divertissements cruels ne guérissent pas, ils alimentent le pouvoir des abuseurs et les justifient dans leurs préjugés : « je suis une victime et les « autres » sont la cause de mes malheurs, ou s’en moquent. J’ai donc raison de les détester et de vouloir me venger. »

      Je voudrais citer le réputé Craig A. Anderson, professeur et chercheur au Département de Psychologie à l’université de l’État d’Iowa. L’exposition à la violence virtuelle peut-elle avoir un effet cathartique (thérapeutique) sur le comportement agressif ? « Research psychologists have extensively studied this issue for many years. A clear answer emerged over thirty years ago, and has been confirmed many times since then. The answer is NO. Observing violence (e.g., violent television shows) or behaving aggressively in symbolic ways (e.g., playing violent video games) generally increases later aggressive behavior. It does not reduce it. »
      http://data.edupax.org/precede/public/Assets/divers/documentation/7b4_jeux_ video/7b4_015_CATHARSIS.pdf

      Je suggère une autre lecture en anglais que je voudrais bien avoir le temps de traduire en français. Il s’agit d’un extrait d’article publié dans le New York Times et rapportant les travaux du Professeur Brad Bushman. « Over the past three decades, psychologists have tested the catharsis theory and found virtually no evidence for it. Catharsis has enjoyed a run of support in the popular media that far outstrips its support in the research literature. »
      http://www-personal.umich.edu/ bbushman/nytimes.htm

      Souhaitons que l’enthousiasme de ceux qui se portent à la défense des bienfaits des jeux vidéo se transforme un jour prochain en doute scientifique ; cela ferait d’eux des concitoyens au pouvoir d’empathie enrichi.


  • HappyPeng 20 novembre 2009 05:22

    « Il faut assurer la protection contre divers écrans : y compris l’ordinateur, les consoles de jeu, les ipod, les jeux de hasard en ligne, les chansons misogynes, les caméras vidéo et youtube, etc. »

    Et aussi le Nutella, les bandes dessinees et les gros mots.

    Il me semblerait interessant de reflechir au fait que ce que l’on rassemblait au moyen age sous l’appellation de « Diable » (enfants ayant « le diable au corps ») est aujourd’hui denomme par le nom abstrait d’« Ecran », totalement detache d’un usage concret.

    Quel rapport entre l’iPod, l’ordinateur, la television, la console de jeux ?
    Quel rapport entre ecouter de la musique, lire une encyclopedie, regarder un film, jouer ?
    Est-ce la meme chose, ou bien est-ce egalement perverti parce que cela passe par l’Ecran, l’outil du Demon ?


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 21 novembre 2009 20:48

      La diabolisation est un réflexe d’ignorance. Quand ils ne comprenaient pas l’origine d’une catastrophe ou d’un fléau, nos aïeux les attribuaient à une intervention des dieux fâchés ou à des ennemis du dieu unique, le démon.

      Dans le cas qui nous intéresse ici, c’est HP qui diabolise ceux qui apportent des renseignements objectifs sur les dommages des divertissements électroniques violents aux jeunes cerveaux. Dans la présente discussion, nous n’avons invoqué que des arguments scientifiques alors que les défenseurs des jeux vidéo utilisent des arguments ad hominem, en tentant de ridiculiser ceux qui décrivent les impacts de la consommation médiatique.

      Il faut éviter de diaboliser les médias. Il faut au contraire étudier leur fonctionnement et comprendre à quels impératifs ils se soumettent. Alors que d’un côté, ces derniers doivent obéir à la loi des audimats et des revenus financiers, de l’autre, on a des écoles qui ont pour mission de préparer des humains éclairés. Consommateurs inassouvis ou citoyens éclairés ? On choisit son camp.
      Dans le présent débat, lequel des deux camps diabolise l’autre ?
      Les écrans, comme toute autre activité humaine, peuvent effectivement servir à « élever » des humains ou à les diminuer. C’est un fait que certains contenus enrichissent les enfants, et que d’autres les appauvrissent. Certains jeux nourrissent la curiosité des enfants, d’autres les abusent. Les industries qui utilisent les écrans pour enrichir des investisseurs en désensibilisant de jeunes humains sont des abuseurs d’enfants. Si ces industries défendaient la liberté et la civilisation, pourquoi bloqueraient-elles la route à ceux qui veulent protéger les enfants, renseigner les parents et éduquer les ados ?


  • croacroa 26 novembre 2009 15:44

    Houla !! meme les representants de « famille de france » nous décrivent maintenant leurs nevroses !!
    Bienvenue a notre nouvelle secte citoyenne !!
    Vous avez deja vu combien de meurtres et de viols vous assenent chaque jour vos chaines tv preferées ???
    Est-ce que le gros beauf avachi en pantoufle la biere a la main , se met a massacrer tout le monde ???
    Le cinema , le journal televisé et son cortege de monstruosités commises par les«  ADULTES » ??
    Je pense moi, que l enfant doit etre protégé du monde des « adultes » pas du jeu video !!
    Soyons logique alors , interdisont le cinema , la television et la lecture des journaux aux moins de 18 ans !!!

    Je trouve eminament suspecte cette levée de boucliers sur ce plaisir divin qu est le jeu video !
    Je m y adonne plusieurs heures par jour depuis 20 ans et n ai encore tué personne !
    Je doit etre anormal....
    et j ai meme la faiblesse de croire que quand un ado regarde le journal parlé et voit ces milliers d afghans et d iraquiens massacrés par nos soudards parce qu ils ont le malheur d avoir des matieres premieres ,c est bien plus traumatisant pour son develloppement citoyen que tous les jeux de massacres video ou autres de la planete !!
    On trouve toujours une victime expiatoire a la monstruosité de notre société : aujourd hui cest le tour du jeu video !!
    C est d autant plus facile que l auteur de cet article , comme ceux qui vont rencherir en son sens , n ont bien sur jamais joué a un tel jeu de leur existence et ignorent totalement de quoi ils parlent !
    Nous avons donc affaire a des ânes pontifiant comme des savants !!


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 27 novembre 2009 01:29

      Croacroa, vous semblez avoir des comptes à régler avec Familles de France. Votre commentaire ne s’adresse donc pas à moi. 
      Jamais je n’ai parlé ou suggérer d’interdire la télé, les films et jeux vidéo violents. Je veux que les jeunes et leurs parents soient renseignés sur les effets de la surconsommation des écrans, y compris le journal télévisé. 
      Que vous vous mettiez en colère parce que des scientifiques ont trouvé des effets secondaires à votre produit de consommation préféré, alors que les études ont été menées avec prudence et objectivité, ne change rien à la réalité. LA RÉALITÉ est différente des fictions « divines » que vous utilisez pour vous divertir et votre façon de les défendre ne fait pas honneur à leur prétendue divinité. 


  • croacroa 26 novembre 2009 15:50

    ps : je note , bien sur , ce torchon surrealiste de plus , negativement !!!


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 27 novembre 2009 01:35

      Torchon ? Vraiment ? Vous semblez à bout d’arguments. Traiter un avis différent du vôtre de torchon me laisse craindre un décrochage de la réalité proche de l’hystérie. 


  • croacroa 26 novembre 2009 15:53

    Je pense que vous vous placez d’emblee dans un reflexe, presque chretien, de refoulement des pulsions


    happyfeng tu as tout compris :« familles de france » le calotinat comme s y vous y etiez !!!


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 27 novembre 2009 01:45

      Si vous associez la protection des vulnérables à chrétienté, il vous manque d’objectivité. Je connais des gens qui travaillent à la protection des enfants et qui ne croient à aucun dieu.

      Par contre, je connais des intégristes de la religion cathodique qui utilisent la liberté d’expression comme paravent pour protéger des industries qui abusent des enfants et des ados. 
      Dans une société civilisée, la protection des vulnérables prime (devrait primer) sur la satisfaction des consommateurs de violence virtuelle, parmi lesquels une minorité inassouvie est prête à tout pour augmenter les doses et se satisfaire. 


  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 27 novembre 2009 02:14

    Je célèbre avec vous les médias artistiques, ceux qui nous élèvent et nous émeuvent.

    J’ai des réserves sur l’utilisation des arts pour abrutir des consommateurs en leur niant (ou leur cachant) leurs responsabilités citoyennes et en étouffant leur sens critique, comme vous semblez vouloir le faire. 

    Si vous croyez qu’il faut apprécier les jeux vidéo de meurtre en refusant de regarder de près ce qu’en disent les scientifiques, je crois que vous faites partie des ravis éblouis. Vous et vos copains intoxiqués devriez relire la position nuancée, objective et abondamment documentée de l’American Academy of Pediatrics adoptée et publiée en novembre 2009. 
    http://pediatrics.aappublications.org/cgi/reprint/peds.2009-2146v2
    Du matériel tout frais. Une fois que vous en aurez pris connaissance, vous risques de conclure qu’il ne s’agit pas d’une bande d’abrutis qui n’ont pas compris. Vous pourriez découvrir que vous n’aviez pas compris. J’imagine quelle rage a pu s’emparer de ceux qui ont ridiculisé Galilée qui osait affirmer que la terre tournait autour du soleil. Quelle insulte à ce dieu généreux qui nous avait placé au centre de l’univers. On a obligé cet honnête homme à demander pardon. Après avoir pris connaissance des analyses de l’AAP et de l’American Psychological Association(APA), je joins ma voix à celle de Galilée et je dis :
    « Et pourtant, elle tourne. »

    On ne fait pas avancer l’humanité en étouffant les critiques ou en ridiculisant ceux qui les expriment. Même quand les critiques portent sur les pratiques d’une industrie multimilliardaire qui peut compter sur des fanatiques intégristes pour se porter à son secours. 


    • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 29 novembre 2009 17:35

      Réponse à Elquiorra
      Je m’excuse de ne pas avoir pu répondre sur-le-champ aux objections exprimées sur ce site suite à l’article que j’y ai affiché il y a quelques jours à peine. Je suis sincèrement désolé du délai. Je tente habituellement de répondre le plus rapidement possible.

      Pourquoi le nombre d’évènements du type Columbine n’augmente-t-il pas à la même vitesse que le nombre de joueurs et les ventes de jeux de meurtre ? Le retard dans les effets de la consommation serait peut-être attribuable à un processus que les chercheurs appellent « incubation ». Ce processus s’étalerait sur 15 ans. Au moment de l’éclosion à long terme, l’agressivité des joueurs peut prendre la forme d’abus verbaux ou d’agressions criminelles. Un chercheur japonais a mesuré le trafic électrique dans ces lobes lorsque des personnes jouent à ces jeux de meurtre et l’a comparé au trafic dans des mêmes lobes lorsque les mêmes personnes répondent à des problèmes de mathématique ou font de la lecture. http://sisyphe.org/sisypheinfo/article.php3?id_article=106

      Aucune électricité dans les lobes frontaux avec les jeux, contrairement aux deux autres activités. Cette absence de stimulation avant l’âge de 20 ans pourrait entraîner le sous-développement de ces lobes ou même leur atrophie. L’atrophie des lobes frontaux, responsables du jugement moral, du contrôle des impulsions et siège de l’empathie/compassion les conduirait possiblement à poser des gestes ou à prononcer des paroles dont ils réalisent les conséquences après coup. L’impact pourrait même induire une absence totale de remords. D’où l’importance du principe de précaution dans la surconsommation des jeux vidéo de meurtre communément appelés FPS (First Person Shooter).

      Les défenseurs des jeux vidéo de meurtre accusent d’ignorance ceux qui attirent l’attention du public sur les impacts négatifs possibles. C’est leur choix, leur parti-pris, leur vocabulaire, leur verdict. Je rappelle que mes sources sont doubles. D’abord les enfants qui me racontent les actes virtuels commis sur leur console de jeux et le dossier de l’Association des pédiatres des États-Unis qui, selon moi, doit prendre d’importantes précautions scientifiques avant de prendre position. Et le dossier de l’AAP vient d’être tout récemment d’être mis à jour en novembre 2009.

      Ces mêmes défenseurs des jeux de meurtre accusent les esprits critiques comme l’AAP de mener une « croisade aveugle ». Mais comment faire un tel reproche à des organismes professionnel et des chercheurs scientifiques qui veulent simplement protéger les consommateurs, surtout ceux de moins de 18 ans ? Comment une industrie multimilliardaire peut-elle échapper à la curiosité de ceux qui consomment ses produits ? Pas tous ses produits, puisqu’on parle ici des jeux vidéo qui contribuent à désensibiliser les joueurs. Tous les joueurs sont-ils désensibilisés également, vont-ils tous commettre des meurtres ou des viols ? NON. Faut-il refuser de lire les mises en garde des pédiatres et des psychologues ? NON. En rejetant de telles mises en garde, on se conduit en aveugle. Et nous savons tous qu’il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

      Il existe donc des antidotes et des mécanismes de protection inconscients auxquels les joueurs font appel parfois sans s’en rendre compte. L’aller-retour fiction-réalité se fait plus difficilement lorsque la fréquence de consommation du jeu de meurtre augmente. La préférence pour la réalité augmente lorsque la vie sociale (y compris l’encadrement familial et scolaire) fournit au jeune consommateur des liens affectifs solides et des repères crédibles.

      Les défenseurs de l’industrie croient atténuer les critiques en signalant l’existence de jeux vidéo éducatifs ou à dominance esthétique. Bravo pour ces jeux, mais cela ne change rien à la nocivité des jeux de meurtre et à leur impact sur la liaison neuronale entre les scénarios de violence emmagasinés dans la mémoire et le sentiment de plaisir, de satisfaction, de fierté resssenti en commettant ces actes. Un circuit neuronal/synaptique qui finit par ressembler à une autoroute pavée (un conditionnement) après qu’on y a circulé cent, mille, dix mille fois.

      Les défenseurs de l’industrie aiment bien lapider les parents au passage. Tous des idiots ces parents ? Ce n’est pas mon avis. Je préconise simplement qu’on les informe des dommages possibles au cerveau de leur chérubin, même lorsque celui-ci invoque les arguments suprêmes  : « tous mes copains jouent à tuer et leurs parents n’y voient aucun mal. Maman, je ne deviendrai pas criminel, je te le jure. » Si renseigner les parents sur les impacts des jeux vidéo de meurtre m’attire des reproches, tant pis pour ceux qui les expriment.

      Parents, ne vous laissez pas distraire par des arguments fallacieux. L’avis des pédiatres et des psychologues professionnels vous rendra la plus grand service dans votre mission.


  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 00:33

    Vous semblez avoir une propension à vous sentir méprisé. Vous semblez croire que je « salis votre communauté par ma haine et mon ignorance. » Loin de moi cette intention.

    Je répète simplement que les mises en garde des pédiatres et des psychologues professionnels ont été faites pour inviter toute la société à la prudence concernant les jeux vidéo de meurtre.

    J’aimerais bien lire vos réponses aux questions suivantes. Êtes-vous favorables au respect des cotes « 18 ans et plus » sur les boîtiers de jeux ? Croyez-vous que les parents devraient respecter les consignes à l’effet de tenir ces jeux loin des enfants ? Pour quelles raisons les parents devraient-ils protéger les enfants de ces jeux ? Quels dommages ces jeux classifiés « 18 ans et plus » pourraient-ils causer aux enfants plus jeunes ? Comment les parents pourraient-ils reconnaître les indices de dommages causés par les jeux vidéo violents ? Quelle limite de temps les parents devraient-ils fixer quand leur enfant s’amuse sur sa console de jeux ?

    J’aimerais bien que les échanges sur le sujet des jeux vidéo violents servent à nous enrichir mutuellement et non à nous insulter. Et puis lorsque je ne peux prendre connaissance de votre message dès que vous l’affichez, ne paniquez pas mon vieux, j’ai des responsabilités qui me retiennent ailleurs et soyez certain que je vous répondrai avec plaisir dès que je trouverai du temps pour le faire.

    La patience n’est pas un défaut ni une manifestation de lâcheté. C’est un indice de maturité. Et le sujet des jeux vidéo violents mérite qu’on le traite avec patience et maturité, et non de façon expéditive ou diffamatoire.



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 20:58

    Je réponds moi-même aux 4 questions auxquelles vous n’avez pas répondu. Autrement, on n’avance pas, on piétine et on recule. 

    Pour quelles raisons les parents devraient-ils protéger les enfants de ces jeux vidéo classifiés 18 ans et plus ?

    Parce que leur cerveau ne peut pas faire clairement la distinction entre fiction et réalité. Ce processus de distinction se développe généralement entre 7 et 13 ans. La Cour Suprême du Canada a du, pour rendre un jugement devenu historique, questionner des experts et peser le pour et le contre d’une loi québécoise interdisant la pub aux moins de 13 ans. C’est là que j’ai appris ce que je sais de cette compétence du cerveau humain.
    http://scc.lexum.umontreal.ca/fr/1989/1989rcs1-927/1989rcs1-927.html
    Je dois ajouter que je rencontre régulièrement des jeunes de plus de 13 ans qui s’avouent incapables de distinguer entre fiction et réalité. C’est sur cette vulnérabilité humaine que les agences de marketing misent pour abuser les enfants en promotion publicitaire. Pour faire cesser ces pratiques commerciales abusives, il faut des gens comme vous pour prendre position et réclamer leur interdiction.  

    Quels dommages ces jeux classifiés « 18 ans et plus » pourraient-ils causer aux enfants plus jeunes ? Les dommages sont de trois ordres.
    D’abord, l’imitation. Matt Groenig interdisait à son fils de 12 ans de regarder l’émission de télé qu’il réalisait : Les Simpson. Quand je demande à des enfants de 8, 9, 10 et 11 ans de deviner pourquoi ce papa agissait-il de la sorte, ils trouvent des motifs par dizaines.

    Puis, il y a la peur, un sentiment qui paralyse l’humain. Pourquoi Steven Spielberg recommandait-il aux parents de ne pas montrer son film PARC JURASSIQUE à leurs enfants, c’est parce qu’il ne voulait pas que ses propres enfants et ceux du monde entier ne soient pas traumatisés.
    Enfin, le 3e motif pour interdire les jeux de meurtre à des moins de 18 ans, la désensibilisation. Si l’armée des États-Unis a utilisé des jeux vidéo de type FPS, c’est pour désensibiliser ses jeunes recrues et les rendre aptes à tuer « sans réfléchir ». C’est le Lieutenant-Colonel Dave Grossman, professeur de psychologie pour l’armée des USA qui nous explique à quel point ces jeux sont nocifs pour des moins de 18 ans dans son livre STOP TEACHING OUR KIDS TO KILL. Cliquez ce lien pour feuilleter.
    http://www.amazon.fr/gp/reader/0609606131/ref=sib_dp_pt#reader-link

    Comment les parents pourraient-ils reconnaître les indices de dommages causés par les jeux vidéo violents ?
    Quand votre enfant devient plus intéressé à la fiction qu’à la réalité, quand ses conversations avec les copains portent sur ses compétences à la console plus que sur des faits réels de la vie courante, quand les écrans accaparent plus de temps que ses travaux scolaires, quand il manifeste rapidement de l’impatience avec ses frères et soeurs, quand tous ses profs sont des abrutis, quand il ne manifeste aucune désapprobation pour des incivilités ou comportements antisociaux vus à l’école ou sur la rue, quand vous devez répéter les invitations à s’approcher de la table pour les repas et qu’il vous répond impoliment, quand il refuse de contribuer aux tâches familiales, y compris la vaisselle, pour retourner à l’écran, il y a là des signaux. Le bonheur, l’entraide, la vie, c’est la réalité. Le reste c’est de la fiction, et quand la fiction des écrans, jeux vidéo ou télé ou films, prend le pas sur la réalité, il y a un coût caché, et il y aura des frais.  

    Quelle limite de temps les parents devraient-ils fixer quand leur enfant s’amuse sur sa console de jeux ?
    Jamais d’écran dans la chambre de l’enfant. Jamais de jeux vidéo le matin avant d’aller à l’école, jamais plus d’une demie-heure d’affilée, jamais plus d’une heure par jour. Jamais après le repas du soir, pour éviter que la stimulation neuronale ne nuise au sommeil. Sur une semaine complète, jamais plus de 7 heures d’écrans, tous médias confondus : ordi, télé, jeux vidéo, film. Votre enfant apprendra à faire des choix, à planifier. Il a des milliers d’amis qui ont des parents bien plus chouettes que vous parce qu’ils n’encadrent pas leur consommation médiatique ? C’est l’indice qu’une petite mise au point s’impose.
    Vous n’êtes pas le papa ou la maman de ces copains. Et les parents de ses copains ne sont pas les parents de votre enfant. Quand c’est écrit 18 ans et plus sur un boîtier de jeu vidéo, vous savez que c’est malsain pour votre enfant. Je partage la suggestion à l’effet d’interdire la location ou la vente d’un tel jeu à un jeune qui ne peut pas faire la preuve de son âge. Le cerveau de mon enfant plus précieux que n’importe quelle tactique de manipulation commerciale. 

    P.s. Je précise que je ne ressens AUCUNE agressivité à l’endroit des amateurs de jeux vidéo mais que je ne ressens aucune pitié pour une INDUSTRIE qui exploite les vulnérabilités des enfants. Une telle industrie a des responsabilités, comme chacun et chacune d’entre nous. Et plus leur pouvoir et leur influence augmente, plus elles ont des responsabilités.     


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