Commentaire de Jean-Pierre Petit
sur 2 milliards de degrés : l'humanité découvre le feu absolu et tout le monde s'en fout !


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Jean-Pierre Petit (---.---.29.197) 3 août 2006 12:12

Comme dit Le Bourdais, nous ne sommes pas là pour vendre des salades mais pour tenter d’y voir clair. Je ne suis pas, à l’origine, spécialiste en plasmas de fusion, c’est vrai. Jullien Geffray nous signale que des gens sur le forum Futura Science ont apporté des précisions concernant la réaction L7 + H1. j’vais déjà eu des échos récemment par d’autres sources. Effectivement, des gens comme Lerner ne semblent pas s’être beaucoup intéressés à cette filière du lithium en préférant sauter directement à la réaction Bore11 + H1. La réponse semble se situer dans les chiffres ci-après. Il est de toute façon logique que quand on mélange deux noyaux A et B, il puisse y avoir plusieurs produits de réaction, a-netroniques ou donnant des neutrons. Le Lithium ne semble pas être un bon candidat pour une fusion « non-polluante », totalement a-neutronique. Je reproduis ci-après les éléments fournis par Geffray : La réaction lithium7-hydrogène, aneutronique et exothermique

Li7 + p -> 2 He4 + 17,2 MeV

ne serait possible que dans seulement 20 % des cas (question de sections efficaces de fusion), la réaction principale étant

Li7 + p -> Be7 + n - 1,6 MeV ( « moins » )

cette réaction principale étant créatrice de neutrons et même... endothermique ! Ce ne serait pas cette réaction p-li7 qui serait à l’oeuvre dans une bombe nucléaire car l’hydrure de lithium y serait en réalité du deutérure de lithium-6 (ça, je savais)(l’isotope de l’hydrogène y étant du deutérium, et l’isotope du lithium y étant du lithium-6). La réaction nucléaire utilisée dans la bombe H serait donc :

Li6 + n -› He4 + T + 4,8 MeV

nécessitant des neutrons, et génératrice d’hélium4 et de tritium et suivie de la réaction complémentaire plus énergétique

D + T -› He4 + n + 17,5 MeV

elle-même génératrice de neutrons et catalysant la première (+ des réactions secondaires D-D)

La bombe H, même sans bombe A « allumette », ne serait donc pas a priori a-neutronique. Il reste cependant la réaction lithium6-hydrogène :

Li6 + p -> He4 (1,7 MeV) + He3 (2,3 MeV)

mais elle est plus faiblement exothermique que les autres envisagées ainsi que la réaction plus énergétique lithium6-deutérium :

Li6 + D -> 2 He4 + 22,4 MeV

sachant qu’il peut dans ce cas y avoir quelques réaction parasites D-D. Sur wikipedia http://en.wikipedia.org/wiki/Nuclear_fusion on peut lire : « Certaines réactions candidates peuvent directement être éliminées. La réaction D-6Li n’a pas d’avantage comparée à la réaction p-11B parce qu’elle est pratiquement aussi difficile à initier, et qu’elle produit des neutrons de fusion par les réactions parasites D-D.

Il y a aussi la réaction p-7Li, mais la section efficace est bien trop faible sauf peut-être pour Ti > 1 MeV. Mais à une telle température, une réaction endothermique et directement productrice de neutrons devient alors significative. » (ils parlent sûrement de la réaction donnant du béryllium, que j’ai cité en début de ce mail, dixit Geffray). Et Geffray de conclure : Le lithium (6 et 7) semble vraiment être un atome particulier, avec beaucoup de possibilités inattendues, déroutantes. Le bore11 semble être une voie plus sûre. Dont acte. Cela n’invalide pas a priori la possibilité d’une fusion non-polluante, étant données les températures atteintes à Sandia. Et on peut supposer que ZR ( et non ZT comme je l’ai écrit dans le papier de La Grande Epoque ) fournira des températures encore plus élevées. Je me souviens en tout cas d’une chose. En 1976, quand j’avais été aux States j’avais questionné Nuckhols, théoricien de la fusion par laser à Livermore à propos d’autres réactions de fusion, liées à des températures plus élevées et il avait immédiatement levé les bras au ciel. Il est vrai que jusqu’à la percée de 2005 à Sandia, personne n’aurait imaginé dépasser le milliard de degrés. En 1998 quand ils avaient obtenu 1,6 - 2 millions de degrés les gens de Yonas avaient dit « il n’apparaît donc pas impossible d’envisager la fusion ». Ils ne savaient pas que leur température allait être multipliée par un facteur mille six ans plus tard. Si on le leur avait prédit, il n’y auraient probablement pas cru. je garde la conclusion actuelle. Ces manips entre-ouvrent la porte vers une nouvelle physique nucléaire, roulant avec des températures plus élevées. Il me semble prématuré de dire « la » réaction, c’est celle-là. Quand on s’autorise des températures nettement plus élevées le nombre de schémas possibles doit croître. Y compris avec des schémas impliquant une catalyse avec recyclage du catalyseur. les nuke-men nous éclaireront sur ce point. En ce moment je suis en train de commencer à lire des trucs sur les machines dy type « MAGO ». Il s’agit d’une « troisième voie », celle qui utilise des « plasmas magnétisés ». Un mot pour désigner en fait les plasmas où la valeur du paramètre de Hall est élevée, localement. Quand on cherche à comprimer un plasma, je lis que des pertes importantes viennent de la conduction thermique. Les pertes radiatives correspondent au Bremmstrahlung, au « rayonnement de freinage » où l’émission provient des électrons, « accélérés » lors de l’incurvation de leur trajectoire sous l’effet d’un champ magnétique. Les pertes par conduction correspondent au processus collisionnel. Les différentes espèces, légères ou lourdes, sont impliquées. L’énergie est transmise de proche en proche par collisions. J’ai déjà dit que l’énergie échangée lors d’une collision (mieux vaut employer le mot de « rencontre » ) étant comme le rapport de la masse de la particule légère, sur la masse de la particule lourde ( quand ces deux masses diffèrent ). Maintenant, un autre paramètre intervient, si le champ magnétique est suffisamment important. Ce champ s’oppose au mouvement des particules chargées, perpendiculairement aux lignes de champ. Il y a autant de « paramètres de transport », et de conductivites électriques que d’espèce présentes.Le gaz d’électrons transporte de l’énergie par conduction. Le gaz d’ions également. Si les paramètres de Hall sont supérieurs à l’unité ces paramètres de transport ne sont plus des scalaires mais des matrices ( on peut, pompeusement, employer le terme de « tenseurs » ). Si on prend une espèce elle possédera, localement « deux conductivités thermiques », l’une « directe », l’autre « tranverse » ( dans la direction perpendiculaire aux lignes de champ magnétique). La seconde est plus faible. On a donc des milieux qui ont des conductivités anisotropes. Si j’ai bien compris on joue là-dessus dans les machines de type MAGO ( très sommairement décrites ). Si quand on comprime un plasma les lignes de champ magnétique sont peu ou prou orientées parallèlement à une paroi, le transfert thermique par conduction vers cette paroi sera réduit. En principe le coef de conduction thermique varie comme l’inverse du champ B. Et plus on comprime, plus le champ se renforce, plus ça réduit le coefficient de conduction thermique transverse. Il faudra regarder tout cela d’un peu plus près. Ca n’est pas du confinement intertiel. MAGO utilise un liner, dans un deuxième temps. Il est dit que les mécanismes sont mal compris. MAGO marche en principe avec un générateur DEMG ( générateur à explosif, construit avec des disques). Comme le plasma est fortement magnétisé, l’énergie qui s’en échappe est surtout sous forme de neutrons. J’ai ainsi entendu dire que Mago était plus un prototype de bombe à neutrons qu’autre chose (d’où peut-être le fait de chercher d’emblée à le piloter avec un générateur à exlosif). En fait, du militaire on en retrouve partout. Chacun son truc. personnellement, les bombes, ça n’est pas ma tasse de thé. Ceci étant on ramasse des tas de bruits, plus ou moins vérifié, sur ce qui aurait pu être fait par exemple en Russie. On entend des phrases comme « les Russes saventfaire ceci, cela... mais on ne sait pas très bien comment ils opèrent ». Ca rejoint l’évocation d’une fusion pure, sans bombe A, faite par un type à pseudonyme sur Futura. Qui est ce gars ? Que sait-il exactement ? Ces demi-mots sont pénibles, mais il est sûr que dans cette approche « Energie sans Frontières » nous frôlons sans arrêt le secret défense. Toujours est-il que ce concept de « plasma magnétisé » apporte un paramètre de plus. Qui est d’ailleurs présent dans les manips du liner à fils de Sandia si, comme le dit Haines, le paramètre de Hall est supérieur à l’unité. Cela voudrait dire entre autre que dans ce cordon de plasma d’un mm et demi la conduction thermique s’effectuerait plus facilement selon l’axe que transversalement. J’ai vu que Yonas mettait un champ magnétique ( axial, je crois ) dans sa manip, ou du moins dans une de ses n variantes ) avant le tir. Un champ qui se renforcerait en étant « frozen in » dans le plasma en implosion. Au passage je rappelle une idée que j’avais présentée dans mon livre « on a perdu la moitié de l’univers » ( Albin Michel 1997 ). En astrophysique les implosions découlent de l’instabilité gravitationnelles, de l’instabilité de Jeans. On peut envisager l’implosion d’une « onde de densité » annulaire, apparaîssant dans le gaz interstellaire dans un galaxie ( plate, pas une elliptique ). Le mouvement de cet anneau de matière est très comparable à celui d’un liner. Ca s’accélère en fin de course. Si cet anneau de gaz était suffisamment ionisé il pourrait entraîner avec lui le champ magnétique de la galaxie, pré-existant et pas très élevé, comme on serre dans un anneau de corde des épis de blé. Pour qu’il y ait un tel couplage entre le gaz interstellaire et le champ magnétique il faut que ce gaz interstellaire soit ionisé. Qu’est-ce qui peut l’ioniser ? Les UV émis par des étoiles jeunes. Et pourquoi y aurait-il des étoiles jeunes dans cet anneau de gaz ? Parce que ces étoiles se forment dans ces « ondes de densité » comme sont par exemple les bras spiraux d’une galaxie. L’onde de densité provoque des naissances d’étoiles qui se mettent à cracher dans l’UV, après avoir allumage des réactions de fusion. Le gaz interstellaire, excité en UV devient alors visible par fluorescence. Ce qu’on voit en fait en lumière visible ce sont les zones excitées par de l’UV. Mais pourquoi est-ce que ça redevient sombre en debors de ces « bras » ? Parce que ces étoiles jeunes vieillissent très vite. Elles dérivent hors des bras du fait de leur mouvement propre ( équivalent à une vitesse d’agitation thermique, dans un gaz dont les molécules seraient les étoiles ). Donc dans cet anneau de gaz-onde de densité naissent de nouvelles étoiles qui crachent dans l’UV et rendent au passage cette structure visible. Le gaz de l’anneau s’ionise et entraîne alors le champ magnétique avec lui, en le renforçant. En fin de priocessus cet anneau de gaz se transforme en proto-étoiles, d’un diamètre impressionnant, où les conditions de Lawson seraient atteintes dans la masse, d’un coup. D’où fusion et émission d’une fabuleuse quantité d’énergie. C’est comme ça que je vois les quasars ( une fusion due à l’implosion d’un liner circulaire, sous l’effet de l’instabilité gravitationnelle ) . Un phénomène « transient », passager (mais « passager » en astrophysique dépasse éventuellement notre capacité d’enregistrement des phénomènes à notre échelle humaine). Ce qui est intéressant c’est que dans ce quasar, sphère de plasma de la taille du système solaire, donc émettant autant d’énergie que la galaxie toute entière il y a alors un champ magnétique « très intense », sufisamment intense pour faire en sorte que les particules ionisées soient émises dans deux directions privilégiées, diamètralement opposées, les « lobes » des quasars. Au passage dans ce dipôle le champ magnétique décroît au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la source d’énergie. Cette structure se comporte alors comme un accélérateur de particules à échelle cosmique. Au centre, dans le quasar, les particules sont émises par fusion à une vitesse déjà élevée. Dans cet accélérateur naturel ces particules acquièrent encore de l’énergie et je ne serais pas étonné que ces « machines » puissent créer ce que nous appelons « des rayons cosmiques ». Il y aurait des tas de calculs, de thèses, de simulations à faire avec ça. Mais, bon.... parler à des murs ne sert à rien. Pour le moment je suis dans l’égyptologie. Jean-Stéphane nous a sorti hier de superbes image de galaxies avec rampe hélicoïdale en pierre. En attendant que ces images soient présentées au Palais de la découverte en octobre prochain, puis lors de ma conférence là-bas en décembre, je les mettrai sur mon site. Sachez une chose : le Palais consacrera une expo aux différents modèles de construction de pyramide. Davidovits parlera de ses pierres reconstituées. Un truc assez étonnant. Mais il est géologue. Crozet, architecte, présentera son modèle. Moi, astrophysicien, le mien. Mais il n’y aura pas d’égyptologues, car des modèles, ils n’en ont point. Je verrais assez bien par la suite un débat où des égyptologues patentés participeraient à l’examen de modèles créés et présentés par des ... non-égyptologues. Au passage je pense aux critiques (acerbes) lancées par un certain Alain_r dans Futura Sciences. Un gars m’a filé son vrai nom, mais je l’ai déjà oublié. On se retrouvera un de ces jours dans « le forum sans pseudos » qui sera créé. Mais, au passage, je verrais bien une expo style « les astrophysiciens et leurs modèles ». Je pourrais y montrer quelques planches et même des animations de naissance de structure spirale et de structure à grande échelle, lacunaire, qui ont plus de dix ans d’âge. Plus tout ce qui a été présenté sous forme vulgarisée dans mon bouquin. En face il y aurait ... quoi ? Le modèle de Luminet (?...), le modèle de Blanchard ou de cet Alain R ? Après, on pourrait envisager un débat public. Enfin... ne nous dispersons pas. Ici on cause fusion, restons dans le sujet. Simple parenthèse.


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