Commentaire de Richard Schneider
sur L'école à l'épreuve des pièges mondialistes, dernières nouvelles


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Richard Schneider Richard Schneider 15 octobre 2011 19:10

Si vous ne craignez pas la privatisation de l’école républicaine en France, vous faites preuve soit de mauvaise foi, soit d’une candeur étonnante !

J’ai moi aussi connu l’époque où les syndicats enseignants (SNES et surtout SGEN) ont voulu une « direction collégiale » - renouvelée annuellement par des élections. Aujourd’hui, « ils » vont avoir une direction renforcée - qui remplacerait même les inspecteurs - et à la botte du pouvoir ! Les « bons »principaux et proviseurs seront récompensés : ils recevront une belle prime s’ils ont bien appliqué les directives des recteurs. D’ailleurs, plus besoin d’un chef d’établissement « classique », issu du corps professoral, mais d’un manager qui impose, à travers le projet d’établissement et à moindre coût, les contraintes économiques du moment. 
Ces fameux projets d’établissements, que vous décrivez comme le nec plus ultra de la pédagogie, ne sont en réalité que de la poudre aux yeux : ce dont il est question c’est d’adapter l’enseignement aux demandes des chefs d’entreprises. Ces derniers se fichent pas mal que les futurs consommateurs-travailleurs soient cultivés et sachent « penser ». Ce qui leur importe, c’est d’avoir à leur disposition une main-d’œuvre servile, flexible et bon marché - c’est pourquoi les pays de l’OCDE recommandent les « crédits-formation ».
Quant à l’alternance politique que je souhaite comme vous, il serait illusoire de penser que la gauche va changer de logiciel. Bruno Julliard souhaite que l’enseignant - qui vote encore un peu socialiste - prenne en charge l’éducation des élèves, avant de leur apprendre quoique ce soit : l’école remplacera les parents défaillants et ensuite devra essayer d’ insérer les enfants dans la vie active mondialisée.
Hollande veut créer 60 000 postes : comment va-t-il les payer ? qui va-t-il recruter ? Pour en faire quoi ? des animateurs qui occuperont les enfants pendant que leurs parents chercheront du travail ou s’échineront à la tâche ? - c’est vrai, le pb. du recrutement sera facilité : des « intervenants » titulaires d’un BAFA feront l’affaire.
Non. La gauche apportera dans ce pays - il faut l’espérer - un peu plus de justice et peut-être un plus plus de travail, mais pour ce qui est de l’école elle continuera le mouvement général, amorcé depuis Haby, aggravé par Jospin et Allègre, et en voie d’achèvement depuis 2007 : la disparition de l’école gratuite, laïque et obligatoire. L’EN, comme tous les autres services publics, sera privatisée et laissée à la merci des appétits des marchands du Temple. Pas tout de suite. Mais à plus ou moins brève échéance.

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