Commentaire de Dany-Jack Mercier
sur Les Français étaient bons en maths


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Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 1er août 2013 19:25

Bonjour jl74. Je viens de lire votre message : j’étais en voyage et sans connexion internet et je prends connaissance de votre post ce 1er août seulement. Je suis d’accord avec toutes les remarques que vous faites, et j’ai bien aimé vos réponses aux questions « Les maths sont une matière sélective » et « les maths sont réservées à une élite » en distinguant les arguments pour et contre. Les choses ne sont pas simples, et les points de vue s’entrechoquent.

 J’ai adoré quand vous dites :

« Ainsi la pratique de maths dans le secondaire peut être vu comme un exercice de musculation cognitif à l’usage d’enfants et d’adolescents en plein développement » ;

« Fort de cette constatation, il est devenu indécent de s’occuper des « bons » élèves, que ce soit en temps, en moyens mis à disposition ou dans la constitution des programmes voire même dans la création de filières post-bac. » ;

« Vive la variété, vive la richesse des différences ! Vouloir que tout le monde réussisse dans une filière scientifique c’est aussi idiot que d’imposer à tout le monde de mesurer 1m78 ! » ;

« Dans ma région par exemple, un plombier touche 2 fois le salaire d’un prof à bac+5. » ;

« En faire des filières d’excellence est un défi qui reste de l’ordre des bonnes intentions : il est toujours plus commode et moins cher de niveler et détruire ce qui marche que de construire et réparer. » ;

 

J’ai sans doute écrit quelque part que l’enseignant idéal a pour but de « faire réussir ses élèves ». Il peut y avoir des malentendus quand on entend cette expression, mais à la base, le désir de partager et de fournir à ses élèves toutes les cartes lui permettant de comprendre et d’avancer petit à petit sur la voie d’une maîtrise personnelle des concepts mathématiques (à n’importe quel niveau) est un désir partagé (ou qui devrait être) par quiconque enseigne notre discipline à de jeunes esprits (qui seront les citoyens de demain). Cela ne veut pas dire que l’on peut faire réussir des élèves qui n’ont pas envie d’entreprendre : pour faire des progrès, et acquérir des connaissances, le maître simplifiera le chemin et sera présent pour aider le disciple, mais le disciple doit parcourir aussi au moins la moitié du chemin de son côté. Personne ne pourra obliger à boire un cheval qui n’a pas soif.

Et vous avez raison : « on ne peut pas faire réussir un élève malgré lui ». Chacun décide de son avenir, in fine. On ne peut qu’inciter, proposer, induire des envies… Ce faisant, il ne s’agit pas de saboter tous les enseignements en les ravalant en une grossière vulgarisation sans queue ni tête, seulement pour inciter « tous » les élèves à s’investir. Cela n’aura aucun effet, ou seulement celui d’abêtir les nombreux élèves qui ont, eux, envie d’avancer sur le chemin et veulent comprendre et raisonner.

En tout cas merci pour votre réaction constructive, et espérons tous qu’un jour un élève qui désire « faire des sciences » puisse le faire sans que tout se ligue contre lui (méthodes d’enseignement, programmes, abaissement du niveau, dilution des enseignements scientifiques dans un ensemble d’enseignements généralistes vagues aux objectifs multiples, dilution des éléments prometteurs dans des classes qui n’ont pas le niveau pour comprendre et ceci depuis de nombreuses années déjà, passage en classe supérieur sans avoir les moyens de comprendre ce que l’on y fera, même en y mettant de la bonne volonté, etc.).


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