Mourir pour des idées ?
Images d'Epinal, de noir et blanc conçues, noir de la nuit de marge. En berne sur l'espoir et la mélancolie. Blanc de lumière de jour, de conquêtes idéales dressées. Noir et blanc tranchés et pourtant nuancés, à l'infini des temps. Des plus violentes conquêtes aux espérances déçues. Noir et blanc confiés en toute liberté à chacun et à tous. Poètes, diseurs, bonimenteurs, ménestrels, chanteurs, troubadours, travailleurs, rapins, enfin tout un chacun.
Le trio inoubliable, Jacques, Léo et Georges.
Mourir pour des idées, de noir de blanc tranchées ?
Moi j´ai failli mourir de ne l´avoir pas eu
Car tous ceux qui l´avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus
Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois...
Mourir pour des idées ? Nous mourrons tous pour des idées, consciemment, follement, sournoisement, involontairement, accidentellement, maladivement, dramatiquement, théâtralement. C'est bien tragi-comique vérité.
Jugeant qu´il n´y a pas péril en la demeure
Allons vers l´autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l´allure, il arrive qu´on meure
Pour des idées n´ayant plus cours le lendemain
Or, s´il est une chose amère, désolante
En rendant l´âme à Dieu c´est bien de constater
Qu´on a fait fausse route, qu´on s´est trompé d´idée...
...Tant de processions, tant de têtes inclinées
Tant de capuchons tant de peur souhaitées
Tant de démagogues de Temples de Synagogues
Tant de mains pressées, de prières empressées...
Matérielles idées, enracinées, même enterrées. Idées d'un ailleurs éthéré, transparent, translucide, transcendantal, transatlantique, transsibérien, transpirant de mensonge ou de vérité tranchés. Non l'idée qui vaille ne saurait être que nuancée, ou bien elle est vision, injonction, gageure...enfin tout ce qu'il faut pour que le diable y soit.
Les saint jean bouche d´or qui prêchent le martyre
Le plus souvent, d´ailleurs, s´attardent ici-bas
Mourir pour des idées, c´est le cas de le dire
C´est leur raison de vivre, ils ne s´en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité...
Les hommes de main...sans tête. Les amoureux du tout venant, en première ligne, fumant, tonitruant pour appliquer l'idée sournoisement, tyranniquement, stratégiquement suggérée par le pouvoir de l'ombre. L'ombre gigantesque et tentaculaire.
L'ombre projetée énormément, écrite par Proudhon et chanté par Jacques Brel
« Etre gouverné ... C'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu ...
Etre gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre révolte, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, la justice... »
Des idées réclamant le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose aux victimes novices
Mourir pour des idées, c´est bien beau mais lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau...
Mais les idées de paix me direz vous, tout âme y aspire. Oui mais ça dépend comment c'est écrit, proclamé ou chanté, et cela s'alimente du moment et des circonstances. Les cycles de l'histoire s'inscrivent et se déroulent selon des rythmes, naturels, culturels, voire même inhumains, amoraux, mystérieux.
Il suffit d'un temps de fulgurance et de guerre latente pour que la camarde s'insinue. Un jour un homme eut le courage de proclamer une vérité dans un temps de folie.
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage ».
Jean Jaurès. Philosophe, historien, théoricien politique opposé au marxisme, fondateur du journal l'Humanité en 1904, cet infatigable militant fut un dreyfusard de la première heure, alors que la gauche était divisée sur la question. Orateur de talent, il est devenu l'icône la plus sacrée de la mémoire des socialistes français. Il se battit pour la paix. Et fut assassiné le 31 juillet 1914 par un nationaliste. Et la guerre déferla dramatiquement.
L'unique journaliste qui risqua sa vie...pour une idée de vérité : Emile Zola
Avant lui un journaliste et écrivain, un juste, jusqu'à l'imprudence, se dressa contre le gouvernement de son pays, contre l'armée, la justice, le peuple qui peut être misérable.
Emile Zola, comme un seul homme, dans son « j'accuse » grandiose et pathétique. Au sommet de sa gloire, il perdit sa liberté, son honneur et pour finir la vie...un assassinat politique prouvé maintenant. En septembre-octobre 1953 le journaliste Jean Bedel amène des éléments complémentaires d’information jusqu’à ce qu’en mai 1978, dans Le Quotidien de Paris, le nom de l’un des assassins supposés, Henri Buronfosse, soit dévoilé.
Encor s´il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu´enfin tout changeât, qu´enfin tout s´arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre on y serait déjà
Mais l´âge d´or sans cesse est remis aux calendes...
Attention les amis, on s'en prend même à nos frères.
Créatif, généreux et imprudent Coluche
Trois jours avant sa mort, le 16 juin 1986, Coluche déclarait à Michel Denisot :
« Les hommes politiques vont recevoir. Lors de mon dernier spectacle j'avais fait peur à certains d'entre eux, mais là, je vais carrément leur faire honte. » (Libération, 20 juin 1986).
Dans un magazine télé en 1986 à propos des hommes politiques : « Un pour tous, tous pourris. »
Son producteur Paul Lederman, cité dans le livre du journaliste du Monde, Philippe Boggio : « Coluche avait envie d'en découdre avec les socialistes. »
« ...Les dieux ont toujours soif, n´en ont jamais assez
Et c´est la mort, la mort toujours recommencée
Mourrons pour des idées, d´accord, mais de mort lente
D´accord, mais de mort lente. »
Coluche tué volontairement par le camion selon 2 des 3 témoins ...
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Georges Brassens, léo Ferré, jacques Brel, Alain Souchon et tant d'autres, merci.