mardi 24 mai 2016 - par C’est Nabum

Escale orléanaise

Festival Parcours et Jardin

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Il me fallait arrimer de bonne heure mon rafiot car j’étais attendu le soir-même au festival de la belle association ABCD qui promeut la chanson française. Mais garer un bateau en zone urbaine relève de la déraison : les actes de malveillance sont multiples ; les amis mariniers ont eu à en souffrir fréquemment sans trouver de parade à ce phénomène lié à la stupidité de personnages oisifs et désœuvrés, alcoolisés et en mal de tours pendables.

Je décidai donc de pousser jusqu’à Saint-Jean-de-la-Ruelle où je savais une toue sablière à l’ancre à quelques encablures de la rive. C’est là que se fit la mise à couple à l’abri des regards qui attisent les convoitises. J’avais le temps de prendre une douche, de me refaire une santé, de faire resserrer mes lunettes de soleil et de vue qui avaient souffert de la première moitié du périple. J’eus ainsi le bonheur d’entendre Marianne me dire qu’elle vivait chaque matin des vacances par procuration en lisant mon récit.

Je retrouvai mon mélodiste et chanteur préféré pour installer notre matériel dans une petite cour de la rue Saint Euverte. Le joli principe de ce festival est de demander aux propriétaires et locataires ayant un jardin intérieur, de l’ouvrir afin d’y accueillir un spectacle. Tout un programme incite les spectateurs à baguenauder dans les rues du quartier Bourgogne à la découverte d’un coin de verdure et d’un artiste.

J’avais une tête à faire peur, rouge vif : le Bonimenteur tenait davantage de l’Indien sur le sentier de la guerre. J’ai sans doute effrayé quelques braves gens car nous jouâmes devant un petit parterre. La qualité suppléa au nombre et je sais que ceux qui nous écoutèrent, apprécièrent le programme. Je ne fis pas de vieux os après notre prestation, tombant littéralement de sommeil.

Le lendemain, la pluie fut l’invitée surprise et elle limita considérablement le public des promeneurs du dimanche. C’est bien dommage, tant les organisateurs se démènent pour proposer un programme varié et très copieux. Notre passage était prévu sous un perron dans un charmant hôtel particulier. L’averse qui précéda fit le ménage et c’est devant sept courageux que débuta notre prestation.

Le bruit que nous faisions, les rires et les applaudissements attirèrent quelques valeureux et c’est avec une augmentation significative de l'assemblée que s’acheva le tour de chant des Traîneux d’Grève. Je pouvais rentrer, heureux d’être enfin écouté en Orléans avant que de reprendre le fil de l’eau le lendemain matin.

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C’est sous des trombes d’eau que je retrouvai non plus un canoë mais une baignoire remplie d’eau. C’est en équilibre sur la Dame Tranquille que je jouai de l’écope avant que de m'immerger dans ce qui restait d’eau. Je retournai à terre pour charger mon frêle esquif. J’avais l’honneur de recevoir la visite de Norbert, conseiller municipal de l’endroit et amoureux de la Loire qui avait décommandé un rendez-vous pour venir me saluer.

Je pris le départ sous une pluie battante, un vent de face et une Loire grosse. Le bonheur pour un mois de mai qui tourne à la farce ! J’étais attendu à La Chapelle-Saint-Mesmin. Je redoutais qu’il n’y vînt personne, compte tenu des conditions climatiques. C’est au contraire huit personnes qui avaient chaussé bottes , endossé imperméable ou s'étaient armées d'un parapluie pour venir à ma rencontre. Quel honneur !

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Autour d’un café je fis la connaissance des amateurs d’histoire locale, tous membre d’une association et invités par Christophe, un conseiller municipal de sa commune. Parmi les courageux, Nicole Bockem, une conteuse émérite qui avait accompagné mes enfants en quelques spectacles de son cru. Nous échangeâmes histoires et récits ; un presque passage de témoin pour celle qui a cessé de se produire en public. Je ne doute pas que cette rencontre soit le début d’autre chose …

Il me fallait reprendre ma route car j’avais un panier-repas qui m’attendait à Meung-sur-Loire. Sur la rive je saluai un groupe de cinq marcheurs ; je les retrouverais une heure plus tard se restaurant devant la statue de mon maître : Gaston Couté. J’allai à leur rencontre et nous devisâmes longuement. Je leur offris quelques histoires, eux me donnèrent une part de gâteau. Marie m’apporta un panier copieux. Tout allait pour le mieux d’autant que la pluie cessa de nous traverser. Rémy et Jean Pierre, deux des marcheurs, allaient poursuivre leur périple. Ils sont membres de l’association : « Pédibus Jeanbus » de Combs-la-Ville. Ils reprennent leur longue marche ligérienne qui les aura conduits du Mont Gerbier jusqu’à Saint Nazaire puis Guérande. Ils ont bouclé la première moitié en s’arrêtant à Orléans l’an passé et ils venaient de reprendre le chemin laissé en suspens.

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Décidément la Loire fait des émules et il y a bien des manières de lui rendre hommage. Parmi mes visiteur de la Chapelle, un couple qui avait effectué par deux fois, une descente de Loire de Roanne à Nantes sur un radeau de fortune. Je sais qu’un olibrius descend dans le même temps que moi la rivière sur un radeau qui avance avec l’énergie d’un vélo. Ils sont fous ces Ligériens, fous mais amoureux de leur rivière !

C’est sous le soleil que je rejoins Beaugency. On m’y attendait pour une soirée que je vous narrerai une autre fois. Je vous abandonne, je me dois à mes hôtes du jour. La soirée sera une fois encore conviviale et chaleureuse. Les bouteilles vont se déboucher, je ferme mon ordinateur.

Bonne soirée les terriens !

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Pluvieusement vôtre.



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