jeudi 16 août 2012 - par
Quelques raisons de douter...
Alors que les JO de Londres se terminent, deux performances en athlétisme laissent pantois : celle des sprinteurs jamaïcains et le record du monde du 4*100 mètres réalisé par les américaines.
Commençons par les sprinteurs jamaïcains : Après avoir pris les deux premières places sur le 100 mètres, ils ont trusté l’ensemble du podium sur le 200 avant de faire exploser le record du monde du 4*100 mètres en 36.84, devenant par la même occasion le premier relais a établir la distance en moins de 37 secondes. En regardant bien la course, on constate que Bolt se relève à 5 mètres de la ligne ce qui fait que le record aurait pu être encore meilleur !
La question qui se pose est donc simple : comment un pays de 2.8 millions d’habitants peut il dominer à ce point le sprint mondial au point de faire passer les américains, pourtant rois de cette spécialité, pour de simples faire valoir ? On ne pourra pas opposer l’argument des prédispositions génétiques, contrairement aux kenyans et aux éthiopiens dans les courses de fond, les jamaïcains n’ayant aucun profil ethnique commun puisque tous descendants d’esclaves venus des quatre coins de l’Afrique.
On pourra, au risque d’être traité de médisant ou de pisse vinaigre, rappeler que Yohan Blake, triple médaillé lors de ces jeux, avait été contrôlé positif avant les championnats du Monde de 2009 à Berlin positif à la methylxanthine ainsi que cinq autres athlètes jamaïcains. Pour information on ne peut pas dire que les sanctions aient été très lourdes puisque les intéressés ont pris comme peine maximale trois mois de suspension ou ont été relaxés pour vice de procédure sur le contrôle de l’échantillon B…
Après avoir parlé des messieurs, passons aux dames même si la galanterie aurait voulu l’inverse.
40.82...On a du mal à croire que ce temps ait été réalisé par les quatre sprinteuses du relais américain. En effet, la veille du passage du chrono pour la première fois de l’histoire sous les 37 secondes chez les hommes, les femmes étaient descendues pour la première fois sous les 41 secondes sur le tour de piste faisant tomber un record vieux de 27 ans et détenu par les « wundermädchen » de feu la République Démocratique Allemande (qui n’avait d’ailleurs de démocratique que le nom).
Canberra, 6 octobre 1985. Ce jour là les athlètes est-allemandes sont vraiment au top. Les relayeuses du 4*100 mètres ( Silke Gladisch, Sabine Rieger, Ingrid Auerswald et Marlies Göhr) réalisent un chrono supersonique de 41.37s sur le 4*100 tandis que Marita Koch fait exploser le compteur sur 400 mètres en 47.60s. Bien évidemment toutes sont négatives au contrôle anti dopage mais, lorsque le mur tombe quatre ans les plus tard, les archives de l’ex RDA s’ouvrent et notamment celles sur le dopage qui était non pas une pratique courante mais une véritable institution là-bas avec, notamment, le turinabol oral fabriqué par le laboratoire VEB Jenapharm de Iéna.
Ces méthodes de dopage avaient d’ailleurs été décrites suite à l’ouverture des archives est-allemandes, en particulier celles de l’académie médicale militaire de Bad Saarow, dans le livre « Doping-Dokumente. Von der Forschung zum Betrug » (Documents sur le dopage. De la recherche à la tromperie) écrit en 1991 par l’ex-lanceuse de disque et de poids est-allemande Brigitte Berendonk et son mari, le médecin spécialiste du dopage Werner Franke.
Inutile donc de dire que si les allemandes de l’est avaient fait 41.37s en étant toutes dopées, on a du mal à croire que les américaines aient réalisé 40.82s en buvant de l’eau claire tout comme on a du mal à croire qu’un pays de 2.8 millions d’habitants domine de façon aussi humiliante pour les 7 autres milliards d’êtres humains…
On peut donc tous avoir, face aux performances des sprinteurs jamaïcains et des sprinteuses américaines lors de ces JO, quelques bonnes raisons de douter…
Philippe DAVID