Au nom de l’impair - La propagande antisioniste
Sans doute les trois - quatre ? qui est ce rabbin sur leur affiche, le seul à ne pas être nommé, et toujours absent aux conférences de presse ? - compères du PAS auraient-ils préféré que Youssouf Fofana soutienne directement leur cause.
Sortir de leur chapeau l’assassin présumé d’Ilan Halimi, après avoir été salués par le Hezbollah, Carlos puis Raël, leur aurait permis de s’auto-décerner le « prix de l’infréquentabilité et de l’insolence » cher à Dieudonné et Faurisson. Même si, après lecture d’une lettre de Yahvé adressée à Claude Vorilhon dans laquelle le Créateur « les vomit [les sionistes] par la bouche » et promet de les condamner à l’éternelle diaspora si Israël ne disparaît pas dans une grande Palestine, la tension dramatique ayant alors connu son acmé, ça aurait fait assez petit joueur.
Dans un entretien vidéo publié sur Dailymotion et Agoravox par un anonyme "globereporter", la juriste habituée des cas sulfureux à l’instar de son maître Jacques Vergès - elle a représenté Roger Garaudy et Kemi Seba -, et qui se targue d’être une ennemie de l’Etat français, reprend point par point les élucubrations obsessionnelles paranoïaques des fers de lance de la liste "antisioniste". Les techniques discursives employées ne doivent cependant rien au hasard, et ce serait faire erreur que de les sous-estimer.
La ligne de force des "résistants" auto-proclamés au complot international, c’est le mode victimaire à répétition. Victimes des "médias dominants", ils le sont des "pouvoirs occultes", du "lobby", et de tous ces "sionistes" qui provoqueraient attentats, maladies, guerres et catastrophes naturelles dans le but de dominer le monde.
Ainsi, tandis que, lors de sa dernière conférence de presse avant le vote, Dieudonné, sans doute peu optimiste sur les résultats de sa liste - saluons cet éclair de lucidité -, n’avait strictement rien à dire et se contentait d’ânoner une litanie des embûches par ses ennemis dressées sur son chemin de croix, tandis que Yahia Gouasmi sermonnait les vilains journalistes - lesquels, il est vrai, ne citent pas toujours les propos tenus avec exactitude -, Alain Soral égrenait les noms de deux rédacteurs du Monde, et promettait en riant - vive l’humour - que "si un jour la France se lève, certains seront tondus". Des bourreaux aux victimes, la réalité n’encombre pas non plus Isabelle Coutant-Peyre : voici que la pasionaria des causes sordides et perdues encense Youssouf Fofana, victime, lui aussi, d’une terrible cabale doublée d’une insupportable pression médiatique.
Pour elle, son ex-client, "quelqu’un d’extraordinaire, extrêmement courageux mais surtout très intelligent", est purement et simplement "sacrifié" pour "faire croire qu’il y a un antisémitisme en France, ce qui est radicalement faux", et sa condamnation "servira de trophée". Ne perdant pas de vue ses intérêts passionnels, elle précise que l’affaire de la rue Toullier - pour laquelle son mari aurait été condamné à perpétuité, exactement comme si ses actions terroristes précédentes n’avaient été pour rien dans le verdict - "était une opération organisée par le Mossad". Forcément. Un supposé ex-agent des services d’espionnage israéliens en aurait même témoigné dans un livre, c’est dire.
La rhétorique du "deux poids-deux mesures" n’est jamais très loin, opposant systématiquement les Juifs - ou les sionistes, selon - aux musulmans, Arabes ou Noirs.
Dieudonné ne s’en prive pas non plus, qui a consacré la majeure partie de son dernier discours de campagne à la dernière "affaire" en date le concernant. Sur le plateau d’une chaîne de télévision suisse, un animateur du nom de Pascal Bernheim a en effet lancé une remarque désobligeante ("c’est un Nègre"), dont il s’est rapidement et publiquement excusé. Dieudonné a porté plainte, mais la Justice helvète, plus souple que la nôtre en matière de liberté d’expression, l’a classée sans suite. L’occasion était trop belle pour le sinistre comique, qui a cru bon d’y répondre en enregistrant une vidéo diffusée sur Youtube où il éructe : "le puissant lobby de youpins sionistes qu’il [Pascal Bernheim] représente est voleur, raciste et menteur" tout en précisant que c’est de l’humour. Argument que Pascal Bernheim avait d’ailleurs fait prévaloir relativement à son trait d’esprit lamentable. Le procureur de la République de Paris, qui ne semble pas goûter ce fin esprit à sa juste valeur, a ordonné une enquête dont l’issue pourrait bien être une condamnation de plus pour propos antisémites.
De quoi nourrir en boucle le victimisme de l’histrion, et échauffer les langues de ses quelques soutiens. Mais l’essentiel, pour une fois, est ailleurs. Car en terme de propagande, la vérité est tapie dans le détail. Que l’on en juge. En quoi Pascal Bernheim est-il supposé avoir le moindre rapport avec le "sionisme" si ce n’est le soupçon de judéité que laisse planer son patronyme ? Une inspiration à la Fofana, qui doit tenir de sacré listes pour en déceler dans celui de Coutant-Peyre ?
Un autre fait troublant met au jour le marasme idéologique et intellectuel de ces douteux "antisionistes". Dieudonné se garde bien, le plus souvent, de préciser le prénom de l’animateur suisse. Or Bernheim, c’est aussi le nom du Grand Rabbin de France. Prénom : Gilles.
En associant "Monsieur Bernheim" aux "forces sionistes" au motif que son nom sonne juif, et en évitant soigneusement de le distinguer de son homonyme français, Dieudonné injecte une information subliminale avec laquelle on est bien en peine de distinguer l’antisionisme de l’antisémitisme.
Qui, pour l’une comme pour les autres, n’existe pas.
Nota : la lecture de la lettre de Yahvé à Claude Vorilhon, alias Raël, n’existe pas non plus, apparemment, car elle ne figure bizarrement pas sur le site du PAS, où la conférence de presse du jeudi 4 juin est présentée en deux parties et non en un long plan-séquence qui, en principe, en aurait garanti l’exacte présentation aux internautes. Etrange, pour qui se targue de transparence et de vérité. Un peu comme Isabelle Coutant-Peyre, lorsqu’elle affirme sans rire : "Je suis pour la légalité, ceux qui sont dans l’illégalité permanente ce n’est pas ma tasse de thé."
Que ceux qui doutent de l’existence de ce divin courrier courroucé adressé à Raël le lisent à la source.