samedi 12 novembre 2016 - par Bruno Guigue

L’élection de Trump, doigt d’honneur au mythe américain

La caste n'aime plus l'Amérique ! Comme une maîtresse frivole, elle repousse ce prétendant dont elle découvre qu'il aime une musique de plouc et qu'il a l'haleine chargée à la bière vendue en promotion à la supérette du coin. 

JPEG Chez nous, la caste politico-médiatique a toujours adoré l'Amérique. Adepte de l'américanisation du monde, elle s'est abandonnée avec délice à son pouvoir d'enchantement. Elle en singe les coutumes et les travers avec une fidélité à toute épreuve. Pour elle, l'Amérique, c'est "New York, New York", Manhattan et la statue de la Liberté. Ce Nouveau Monde est le paradis de la libre entreprise, une nation bénie du Créateur où le génie humain fait reculer les frontières du possible. Qu'elle soit toujours plus puissante, plus rayonnante, et l'humanité ne pourra que bénéficier de sa lumière.

Comme disait O'Sullivan au XIXème siècle, "les Etats-Unis ont pour destinée de démontrer au genre humain l'excellence des principes divins". Tout ce que l'Amérique fait pour sa propre gloire ne peut que rejaillir en une pluie de bienfaits sur le reste de l'humanité. Chez nos politiciens professionnels, magnats de la presse et faiseurs d'opinion, l'allégeance à Washington est devenue une seconde nature. C'est le ticket d'entrée exigé pour l'admission dans la caste supérieure. Inconsciemment ou non, elle a toujours adhéré à cette formule d'un héros de Melville : "Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, l'égoïsme national est de la philanthropie sans limite : car nous ne pouvons faire du bien aux Américains sans faire l'aumône au monde".

Mais ce mythe auquel la caste dirigeante voulait croire parce qu'il lui donnait bonne conscience s'est subitement évanoui le 8 novembre. Pour incarner une Amérique forte, généreuse, et nous irradiant de ses bienfaits, l'oligarchie a commis l'impair de choisir Hillary Clinton. Terrible erreur de casting. S'aveuglant sur sa propre puissance, elle a opté pour le sous-produit le plus frelaté du système politique américain. Elle vomissait Trump parce qu'il était machiste et grossier, mais elle a encensé Clinton malgré les relents nauséabonds d'une corruption sans limite. Elle reprochait à Donald de parler gras, mais elle a préféré oublier le mari d'Hillary dont la castration chimique eût été une mesure de salubrité publique. Plus sérieusement, elle accusait Trump de racisme, mais la jouissance jubilatoire de Clinton devant le cadavre de Khadafi valait bien toutes les saillies démagogiques du candidat républicain.

Les bonnes consciences de tous bords qui ont soutenu Clinton n'ont pas voulu le voir, mais la réalité est têtue. On ne fera admettre à aucun esprit sensé qu'il est plus grave de vouloir mettre fin à l'immigration illégale aux USA que de répandre le chaos au Moyen-Orient par terrorisme interposé. Il est odieux de vouloir fermer provisoirement l'entrée du territoire américain aux musulmans étrangers, comme l'a annoncé Donald Trump. Mais il est abject de recevoir dix millions de dollars d'une monarchie dégénérée dont on sait (en le cachant au peuple américain) qu'elle finance le terrorisme. C'est pourtant ce qu'a fait Hillary Clinton, amie de François Hollande et coqueluche des médias.

Avec Clinton, l'Amérique de Washington et Lafayette s'est vautrée dans la fosse à purin. Qu'ont fait les élites politico-médiatiques européennes ? Elles ont fait comme si de rien n'était en se bouchant les narines. Le résultat ne s'est pas fait attendre. L'ousider Donald Trump a ravi la mise le 8 novembre. Mais avec lui, c'est une autre Amérique qui est sortie du chapeau. Adieu le jazz, le musée Guggenheim et les sunlights de Broadway. Bonjour les pedzouilles du Kentucky, la NRA et les matchs de catch ! En prenant d'assaut la Maison blanche, Trump a fait un gigantesque doigt d'honneur au mythe américain. Et c'est une Amérique insoupçonnée qui a subitement jailli à la face enfarinée de tous les gogos de droite et de gauche qui se pâmaient devant un modèle qui sentait déjà le moisi.

Du coup, l'idylle est bel et bien terminée. La caste n'aime plus l'Amérique ! Comme une maîtresse frivole, elle repousse ce prétendant dont elle découvre qu'il aime une musique de plouc et qu'il a l'haleine chargée à la bière vendue en promotion à la supérette du coin. L'Amérique, une "nation exceptionnelle" ? Tu parles ! Des bouseux qui votent pour un démagogue, la voilà la nouvelle Amérique. BHL a même dit que "le peuple américain s'était suicidé". C'est lui, pourtant, qui avait l'air d'un mort-vivant. Sur sa face hâlée de mauvais acteur, on lisait le désarroi d'un cocu qui aimerait mettre une torgnole à son rival mais qui sait qu'il en est incapable, même en rêve. Ce soir-là, il était le symbole de la caste dont le rêve absurde d'une Amérique virginale vient de se fracasser sur le mur du pays profond.

 



25 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 12 novembre 2016 09:25

    « La caste n’aime plus l’Amérique ! »


    Ils vont bien finir par se rabibocher, comme ce couple nanti qui dîne au restaurant 
    Une jeune femme entre dans le restaurant, vient faire un bisou au mari, et l’épouse ramande :
    - « Qui est-ce ? »
    - « C’est ma maîtresse », dit le mari.
    L’épouse se met dans tous ses états, comme BHL en ce moment et dit :
    - « Je veux divorcer »
    Le mari lui explique alors que, en appliquant le contrat de mariage qu’ils ont conclu, elle n’aurait plus de maison, ni de voiture, ni de ressources.
    A ce moment-là, entre un ami accompagné d’une jeune femme. 
    Les couples se saluent discrètement epuis l’épouse éplorée demande à son mari :
    - « qui est cette femme avec Pierre-Henri ? »
    - « c’est sa maîtresse », répond le mari.
    - « La-nôtre est mieux, répond l’épouse ».

    • WALD 12 novembre 2016 13:24

      Si la bécane est un électeur de Trump


      Si la bécane repère que c’est un électeur de Trump

  • moi29 moi29 12 novembre 2016 09:34

    Les nouvelles ne sont bonnes :


    Shaun King : « Un principal en Pennsylvanie a avoué que des élèves blancs scandaient : « Cueilleur de coton, Tu es un nègre, Heil Hitler » »

    « Je viens de vivre une des choses les plus HORRIBLES que j’ai jamais vécues !!! Pendant que je prenais de l’essence, une voiture s’est garée à côté de moi… quatre hommes en sont sortis… tous sont blancs… puis ils ont commencé à parler des élections et à quel point ils étaient contents de ne plus avoir affaire aux nègres pour très longtemps… étant ce que je suis, je suis restée silencieuse… jusqu’à ce que l’un d’entre eux marche vers moi… et dit « à quel point as-tu peur, toi la pute noire ??? Je devrais juste te tuer maintenant, tu sers à rien ! » Je continue à ne rien dire… je garde la tête baissée… 

    « Même pas encore 24h. La sœur de mon ami, qui est musulmane, a été menacée au couteau par un supporter de Trump dans le bus qui l’amène au campus de UIUC (University of Illinois Urbana-Champaign) »

    « #DonaldTrump a gagné les élections et déjà les blancs ne savent pas comment réagir. Ce garçon blanc m’a dit que je suis un nègre et je devrais cueillir du coton. »

    Shaun King : « Ceci vient d’une enseignante. J’en ai des douzaines comme ça, des jeunes filles qui ont eu leur vagin « attrapé » hier au nom de Trump »
    Simone Zavala Nolet : « Alors une des tantes de mon élève a dû venir chercher sa fille à l’école aujourd’hui parce qu’un garçon lui a « attrapé » le vagin. Elle a 10 ans. Quand j’ai demandé pourquoi, il a dit que si un président peut le faire, je peux aussi. Jour 1. »


    • V_Parlier V_Parlier 12 novembre 2016 11:03

      @moi29
      Ca vient de radio-tweet-la-source-sûre ?


    • manu manu 12 novembre 2016 22:07

      @Daneel42

      Intéressant le concept de la bulle de filtres, à lire. Merci.


    • Francis, agnotologue JL 13 novembre 2016 09:20

      @Daneel42
       

      bonjour,
       

       je lis sur le lien : ’’(Mais si ces phénomènes existent et expliquent le vote,) un autre phénomène (dont les bulles de filtrage), double lui aussi et typiquement numérique, explique le fait que le phénomène Trump soit passé complètement sous les radars’’
       
      Je crois que nous avons à faire là, à de la propagande. En effet, il n’y a aucune raison que Trump en ait profité et pas Clinton. Il n’y a aucune raison que que ce phénomène ait pu passer inaperçu. L’auteur de l’article se pose réellement en naïf, accusant son ennemi de maîtriser à son seul profit une technologie que ne connaîtrait pas son camp, pourtant le plus riche et courtisé par les experts en tous genres.

  • fred.foyn 12 novembre 2016 09:36
    doigt d’honneur au mythe américain ?..on voit que vous ne connaissez pas bien les USA et surtout la mentalité américaine profonde !..Dire qu’il y a un mythe américain est absurde, car selon les pays il change...Ce n’est qu’une vue très courte des français qui sont bien incapable de voir plus loin que le bout de leurs godasses... !

  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 12 novembre 2016 09:40

    Bonjour, Monsieur Guigue,
    Excellent billet, comme d’habitude ! C’est bien cet aveuglement envers les USA qui est à l’origine du manque de lucidité de notre classe politique, de Gauche comme de Droite. Toute la volaille médiatique s’y emploie activement depuis 1945. Au point que les citoyens croient que ce sont les USA qui ont le plus contribué à la fin de la 2e guerre mondiale, et pas l’ URSS...


    L’élection de Donald Trump, comme le Brexit, c’est la victoire des sans dents et des laissés pour compte de la mondialisation.. Mais comme ils croient tous que la mondialisation est « heureuse » et « irréversible », ils viennent d’en tomber de l’armoire !

    « La classe ouvrière à gagné », explique Paul Craig Roberts.
    Mais ... Reste à Trump a transformer l’essai... Alors que toute la mafia Killary, et Soros, continuent à magouiller, et que les Cassandre promettent déjà à Trump, un avenir sombre genre Hollande...

  • Francis, agnotologue JL 12 novembre 2016 09:50

    On pourrait parler de retour du refoulé et constater que cette démocratie a accouché d’un monstre imposant de facto le choix impensé entre la guerre civile ou les guerres coloniales.

     
     « Le sommeil de la raison engendre des monstres  » Goya
     
     Le libéralisme, cette ’’non pensée intégrale" disait Castoriadis, où le compassionnel a remplacé l’analyse politique, et le pragmatisme tient lieu de raison, un doux euphémisme pour désigner ce qui n’est qu’opportunisme ravageur.

    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 12 novembre 2016 10:06

      @JL
      Je suppose que le monstre, c’est Hillary Clinton ?


    • Francis, agnotologue JL 12 novembre 2016 10:40

      @Fifi Brind_acier
       

       non, le monstre c’est l’alternative entre deux candidat aussi repoussants l’un que l’autre. 
       
       Le monstre c’est l’alternative imposée d’avoir à choisir entre peste et choléra

    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 12 novembre 2016 11:31

      @JL
      Vous représentez bien la Gauche qui ne comprend plus rien à la marche du monde...
      C’est faute à Trump, si la révolte des laissés pour compte a été obligée de prendre le chemin de Trump ? Ou c’est la faute du Parti Démocrate qui a trahi son électorat ? Posez-vous les bonnes questions.


      Comme le dit très justement Bruno Guigue :
      « Quand ceux qui se disent progressistes ne le sont qu’en paroles, le peuple essaie autre chose. »

       


    • Francis, agnotologue JL 12 novembre 2016 11:49

      @Fifi Brind_acier
       

       et vous, vous défendez bien votre champion qui est de la classe de ceux auquel pensait Yvan Audouard quand il disait : « Ce ne sont pas les mécontents qui prendront le pouvoir mais ceux qui auront su tourner le mécontentement à leur profit.  » 
       
       Ce n’est pas la faute à Trump, voyons, si les laissés pour compte ont voté pour lui, c’est qu’ils n’avaient pas d’autre choix !
       
       C’est quoi, cette blague des progressistes qui ne le sont qu’en paroles ? Vous voudriez quoi ? Des gnons dans la tronche des journalistes menteurs ? Des cocktails molotov dans les quartiers populaires à défaut de pouvoir le faire dans les résidences sécurisées ? Des incendies de d’épaves roulantes à défaut de yachts accessibles ?
       
       Je ne comprends rien à la marche du monde, mais au moins j’y cherche du sens. C’est la seule chose que je puisse faire, n’en déplaise à ceux qui cherchent à tirer leur épingle du sale jeu.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 12 novembre 2016 20:07

      @JL
      Vos attaques personnelles montrent que vous n’avez pas de réponse sur la trahison du Parti Démocrate...
      Ni Marx, ni Lénine, ni Engels n’étaient des ouvriers... Engels était fils d’un industriel du textile, il a travaillé dans les usines de son père et a entretenu Marx. Ils ont donc vécu sur le dos du prolétariat.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 13 novembre 2016 09:34

      @JL
      « Les progressistes qui ne le sont qu’en paroles », c’est toute la Gauche occidentale.


    • Francis, agnotologue JL 13 novembre 2016 09:36

      @Fifi Brind_acier
       

       mes attaques personnelles ? Allons donc, ce n’était que réponse du berger à la bergère.
       
       Mes réponses au sujet de la trahison du Parti Démocrate ? Et pourquoi aurais-je moi, petit Français, des réponses à cette question ? D’autant que je dénonce ici depuis belle lurette la trahison des zélites, toutes tendances confondues !? 
       
      Si vous n’acceptez pas ce discours parce que votre favori y est également visé, notamment dans la citation d’Yvan Audouard au réalisme incontestable, c’est votre problème, pas le mien.
       
       Et je reviens au début de cet échange : la démocratie US est complètement corrompue par le libéralisme et l’argent : c’est ce que j’appelle le sommeil de la raison. Le sommeil de la raison a engendré ce montre qui est de présenter un choix entre deux espoirs concurrents mais également tentants pour l’avenir de la nation par deux désespoirs aussi dramatiques l’un que l’autre.
       
       Le monstre c’est le choix imposé de n’avoir à veauter autrement que pour écarter la peste ou rejeter le choléra avec, cerise pourrie sur le gâteau infâme, le risque d’avoir quoi qu’on dise, l’une et l’autre !

    • Francis, agnotologue JL 13 novembre 2016 09:44

      @Fifi,

       
      vous parlez à un convaincu : ce que vous appelez la gauche occidentale, c’est toute cette maffia passée par les écoles américaines, qui s’est convertie corps et âme à l’instar du Parti Démocrate US, au néolibéralisme.
       
       Pour moi, ce n’est pas la gauche. La Gauche a deux problèmes au moins à résoudre : comment combattre ces imposteurs, et comment redonner de l’espoir.
       
       Les politiques ne savent pas faire : ce n’est pas dans leurs gènes. C’est pour cela qu’il faut chercher du sens à cette cacophonie assourdissante. 

  • lsga lsga 12 novembre 2016 13:53

    Cet article est complètement débile, et oubli l’Histoire US, les Bush, les reagans & co. 


     

  • tf1Groupie 12 novembre 2016 15:12

    Chouette on va bientôt pouvoir rétablir la peine de mort en France, c’est l’auteur qui doit être content.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 13 novembre 2016 09:30

      @tf1Groupie
      On va surtout pouvoir en finir avec cette Europe mondialiste et néolibérale !
      La propagande anti Trump ne faiblit pas : « Trump c’est la fin du monde ! » C’est déjà ce qu’ils disaient lors du Brexit : « cataclysme, fin du monde, la mort des ratons laveurs et l’invasion des sauterelles etc »


      Mais la panique est en train de saisir nos Mamamouchis européens, soudain privés de leur mentor.
      Panique à bord du Titanic ...

      "Panica generale en Europe ! L’Union Européenne est déboussolée, c’est le moins que l’on puisse dire. Imaginez, ces grands pays qui étaient hier encore les maîtres du monde, et qui croient l’être encore, qui n’ont aucune idée de quelle sera leur politique dans trois mois, ni quelle direction prendre en attendant que le nouveau maître s’installe à son poste.

      François Hollande annonce, avec ses airs de celui qui tape du poing sur la table, qu’il va demander des éclaircissements de Donald Trump, et la ministre de la défense allemande Ursula Von der Leyen appelle le nouveau président américain à clarifier son point de vue sur la Russie et à comprendre que l’OTAN n’était pas une entreprise. Mais derrière toutes ces postures martiales, on perçoit la peur d’être lâchés après avoir aboyé tant et plus contre un molosse. "



  • Gorg Gorg 12 novembre 2016 16:10

    @Bruno Guigue 

    Excellent article. Vous brossez le tableau à la perfection.

    Cordialement


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