La mondialisation (1/3) : généralités
La mondialisation est le phénomène qui "évoque l'intégration croissante des économies dans le monde entier, surtout au moyen des courants d'échanges et des flux financiers." 1
Le sujet est vaste. Il convient, a minima, de distinguer la mondialisation en général (objet de ce papier), de celle d'une activité économique et de celle financière (prochains papiers 2/3 et 3/3).
La mondialisation n'est pas un phénomène nouveau, bien que le mot qui la qualifie soit entré dans le langage courant avec son équivalent anglais de "globalization", dans les années 1990.
Si le terme est souvent réduit au commerce mondial (symbolisé par le porte-conteneurs), aux mouvements de capitaux et à la planétarisation de la concurrence, il est aussi celui des transferts internationaux de main-d'œuvre, de connaissance et de savoir-faire… ainsi que celui de facilitateur de la propagation de multiples maux et risques (économiques, financiers, politiques, sociaux, religieux, sanitaires, environnementaux, etc.) qui surgissent ici ou là. Autant de traits positifs ou négatifs qui vont s'accroître sous l'impulsion du développement des pays actuellement émergents − quelque 3,5 milliards de personnes − et de ceux qui aspirent à le devenir − quelque 2,5 milliards de personnes −, et nécessiter, de fait, que la croissance de la mondialisation soit maîtrisée, régulée, organisée… voire contrôlée par des instances internationales formelles, comme informelles (Fonds monétaire international, Organisation mondiale du commerce, G20, etc.).
Cela étant, la grande question qui agite de nombreux débats sur la mondialisation, au-delà de savoir si elle est une opportunité pour les uns et une menace pour d'autres, est : la mondialisation accroît-elle la pauvreté et les inégalités ? L'étude du FMI 1 montre qu'entre 1900 et 1999 :
- la "production par habitant a augmenté sensiblement, mais … la répartition du revenu entre les pays est plus inégale qu'au début du siècle"… bien que le club des milliardaires 2 ait récemment accueilli : la Chine, la Russie, l'Inde, le Brésil, le Mexique et le Nigéria, pays pauvres ou en développement d'avant la globalisation ;
- mais, qu'en "termes d'IDH (indice de développement humain) les résultats sont très différents de ce que laissent entrevoir les seules statistiques de revenu". "Aujourd'hui (il s'agit d'une étude de l'an 2000)), le revenu (ajusté pour tenir compte de l'inflation) dans les pays pauvres est encore inférieur à ce qu'il était dans les grands pays en 1870. Et l'écart entre les revenus s'est creusé. Toutefois, les IDH des pays pauvres sont nettement meilleurs que ceux des grands pays en 1870. Ce résultat tient essentiellement à ce que l'espérance de vie a sensiblement augmenté grâce aux progrès de la médecine et à l'amélioration du niveau de vie." 1.
Notons cependant qu'entre 1980 et 2013 3, l'IDH du Mexique a progressé de 0,595 à 0,756 ; celui Brésil de 0,545 à 0,744 ; celui de la Chine de 0,423 à 0,719 ; celui de l'Inde de 0,369 à 0,586… celui du Niger (pays le plus pauvre de la planète, en 2013) de 0,191 à 0,337. Dans le même temps, l'IDH des pays riches n'a que légèrement augmenté. Les chiffres sont là, irréfragables !
N.B. : en 2012, Joseph Eugene Stiglitz (1943- , Nobel 2001) notait : "Bref, la mondialisation [...] rétrécit les choix que peuvent faire nos démocraties : elle leur rend plus difficiles de mettre en œuvre les politiques fiscales et budgétaires nécessaires à la création de sociétés plus égalitaires et dotées d'une meilleure mobilité sociale." 4. En 2006, le Nobel reconnaissait que : "La mondialisation – sous la forme d'une croissance dynamisée par l'exportation – a contribué à sortir de la pauvreté les pays d'Asie orientale." 5.
À suivre : La mondialisation d'une activité économique.
1. La mondialisation : faut-il s'en réjouir ou la redouter ? 12 avril 2000 (site : imf.org).
2. The World's Billionaires list (site : forbes.com).
3. Human development report 2014, p. 164-167 (ONU).
4. Le prix de l'inégalité, Chap. 5, p. 209. Dans La grande désillusion (chap. L'avenir, p. 350) Stiglitz disait que la mondialisation de l'économie avait trop mis au-dessus de tout, le fanatisme du marché.
5. Un autre monde : contre le fanatisme du marché, Chap. 2, p. 79.
Crédit photo : Usine Nouvelle 06/10/2015 (porte-conteneurs CMA CGM)