Jean-Marie LePen était en effet invité cette semaine par le mouvement Issukai, un mouvement nationaliste japonais relativement récent (il a été créé en 1972), qui faisait suite au vide créé par le Tatenokai, autre mouvement d’extrême droite fondé par le sulfureux écrivain Yukio Mishima, qui a fasciné pas mal de monde dans les années 80, par son œuvre mais aussi par ses
postures guerrières et ses fantasmes de samouraï moderne, le
body-bulding en plus (il apparaîtra aussi dans quelques films). Mishima était une contradiction vivante : obsédé par la douleur, il se faisait
tirer le portrait façon
Saint-Sébastien, traversé par les flèches de ses bourreaux. Ou en
kamikaze ou en
samouraï au torse dénudé : seulement le torse, qu’il avait réussi à muscler (à force de se faire mal !) car ses jambes étaient chétives. Pour résumer crûment "i
l visitait les bars gays. C’était un nationaliste, et même un fasciste. Les libéraux le détestaient. Les nationalistes le haïssait. Il a été obsédé par la beauté de la mort toute sa vie. Il a été marié et père de deux enfants. C’était un bodybuilder sérieux avec des jambes comme de la mauvais herbe qui aimait se faire photographier le torse nu. Il a été l’amant d’une drag queen"... dit un bloggeur avec finalement assez de justesse : la fascination de la presse française pour l’individu a été assez grotesque, son œuvre littéraire étant en définitive très pauvre ; seuls des gens comme
Romain Slocombe peuvent encore l’admirer. Une fascination morbide et de fort mauvais goût qu’il avait réussi à imposer chez
Metal Hurlant, en son temps. Nous dirons aussi quelqu’un qui a fasciné des lecteurs qui n’avaient pas beaucoup de culture : car ses références à la philosophie européenne étaient bien trop légères : sa
lecture de Sade est minimaliste.
"Toute ma vie, j’ai eu conscience aiguë d’une contradiction dans la nature même de mon existence. Pendant quarante-cinq ans, j’ai utté pour résoudre ce dilemme en écrivant des pièces et des romans. Plus j’écrivais, plus je réalisais que de simples mots n’étaient pas suffisants. J’ai donc trouvé une autre forme d’expression" : lui fera dire son biographe...
on a enfin su laquelle le jour de sa mort, sa dernière forme d’expression.
On peut songer à un autre artiste incompris : un petit peintre sans trop de talent, gazé pendant la première guerre et qui abandonnera la peinture pour la politique... ce doit être ça, les nationalistes extrémistes : des artistes incompris ou des politiciens ratés !
Mishima tentera en effet un coup d’état militaire complètement foireux qui le rendra ridicule à jamais (les militaires qu’il voulaient entraîner dans son délire, à savoir prendre le pouvoir au nom de l’empereur lui rirent au nez !) : en bon japonais, il se fera ce jour-là
hara-kiri dans le plus pur style traditionnel, avec décapitation par fidèle assistant à la clé. Les néo-fascistes ont toujours des admirateurs prêts à les suivre n’importe où : après avoir raccourci son chef, l’assistant se fit lui-même hara-kiri. Mais personne ne vint le décapiter, l’admirateur : n’est pas chef qui veut dans cette admiration sans bornes et grotesque d’une tradition séculaire. Il se trouvera toujours un site de nostalgiques pour la
présenter sur un plateau, la tête de son héros, remarquez : chez les fêlés, la morbidité fait toujours recette. Le chef disparu, le mouvement Tatenokai, qui se résumait aussi à une milice d’extrême droite toute dévolue à Mishima, ne pourrait lui survivre : vint alors l’Issukai pour reprendre le flambeau. Chez Bernard Pivot, Jean d’Ormesson, pour une fois, voyait plutôt juste, aux côtés de Marguerite Yourcenar, qui lui a consacré un
livre... bien meilleur que l’œuvre de celui dont elle parle, mais qui n’échappe pas pour autant à la célébration de l’écrivain... Mishama, son œuvre, c’est sa mort.
Son dirigeant actuel,
Mitsuhiro Kimura, aujourd’hui 54 ans, n’est pas Mishima, loin de là, et il ne joue pas vraiment les stars muscles en avant. C’est simple, il n’a aucun charisme ou en a autant que
Bruno Mégret, ce qui représente donc peu de choses ! Seule, parfois, un
e photo pour rappeler la filiation, mais c’est tout : c’est plutôt discret. Et son parti fait de même : d’ailleurs, il n’est déjà plus nationaliste, mais "internationaliste", dit-il : il rêve de fédérer tous les mouvements d’extrême droite dans le monde, ce qui fait dire à certains observateurs qu’il n’est donc pas vraiment d’extrême droite, car dans un seul mouvement du genre il se produit dix scissions minimum au bout de trois mois d’existence à peine (enfin chez les groupes possédant dix adhérents !). Kimura avait déjà rencontré LePen, et était même venu le voir en France en 2003, à l’université d’été du Front national ! Il est aussi allé voir à plusieurs reprises (6 fois, certains disent même 12 fois !) un autre individu aussi peu recommandable : Uday Hussein, l’une de
s terreurs de fils de Saddam Hussein, avec se
s délires (
douteux) et ses dérives d
e nabab, retrouvé sous un amas de débris d’un de ses
palais bombardés ; et
montré en pâture à la presse le 24 juillet 2003. Avec de tels amis, difficile de s’en faire d’autres : en 2004, la presse annonçait trente membres actifs chez Issukai... n’est pas Mishima qui veut, et
remplir les salles comme il le faisait n’est pas le fort de l’actuel dirigeant...
Le second particularisme de ce parti microscopique, c’est sa focalisation anti-américaine, à contrario des groupes nationalistes japonais depuis 1945 qui n’étaient qu’anticommunistes :
"les groupes de droite traditionnelle ont accepté la structure héritée de la guerre froide et ont été pro-américain et anti-Union soviétique. Mais les groupes de droite nouvelle n’acceptent plus cette structure et s’opposent à l’hégémonie américaine et au traité de sécurité entre le Japon et les États-Unis, a déclaré Yukio Hori, un professeur de sciences politiques à l’Université Tohoku Gakuin et Bunka, auteur de plusieurs livres sur le mouvement de la nouvelle droite au Japon". Voilà donc une partie du fin mot de l’histoire de la saillie LePeniste : notre Jean-Marie, qui sait flatter quand il le faut fait une belle courbette à son hôte en déclarant que
"des gens qui décident de tuer des centaines de milliers de civils pour obtenir la capitulation militaire du pays, ne sont-ils pas eux aussi des criminels de guerre ?" Sous entendu les américains sont à blâmer, hier comme aujourd’hui. Habituellement c’est Dresde qui sert à tous les coups à l’extrême droite : dans ce bombardement dantesque au phosphore, les civils, avant tout, ont bien été massacrés : difficile en effet de dire le contraire ! Les historiens, aujourd’hui, pensent d’ailleurs aussi qu’il n’a servi à rien, et même pas d’impact psychologique, les nazis pouvant au contraire se servir des images de corps de civils entassés sur des chariots de fortune pour faire leur propagande ! Les révisionnistes à la Reynouard montrent toujours ces images, considérées par eux comme "vraies" et les entassements de cadavres des camps comme "faux". C’est symptomatique ! Leur balance penche toujours d’un seul côté ! Dresde est leur faire-valoir incontournable ! Toujours Dresde, mais jamais Coventry !
Mais on sait pourquoi on insiste autant sur cet aspect de la guerre : pour minimiser les monstruosités d’Hitler, et très bien été exposé dans le cas des manipulations des textes d’Hannah Arendt par Rassinier. La rhétorique est toujours la même : "oui, mais ils en ont fait aussi", des massacres, ces américains et ces anglais ! Ce qu’il y a de bizarre, c’est que dans cette mise en balance des horreurs jamais Tokyo, pourtant napalmisé et phosphorisé par un général raciste à demi fou, Curtis le May, n’est jamais cité. Ce qui est très symptomatique également : ne cherchez pas plus loin pourquoi ; au Japon, il y a eu des exactions, mais pas de chambres à gaz... alors parlons plutôt de Dresde, car au Japon il n’y a rien de comparable à mettre dans la balance révisionniste pour aboutir au négationnisme, tout simplement ! Trop difficile en effet de nier Nankin !!!
Même sur place, les sbires de l’extrême droite ignorent toujours que le plus grand massacre de civils japonais, qui n’a été ni Hiroshima ni Nagasaki, mais le bombardement "classique" au phosphore de Tokyo ! Car c’est une mise en équilibre qu’ils cherchent, ou plutôt en déséquilibre en leur faveur : Dresde dépasse de loin en victimes tous les bombardements alliés sur le sol allemand. Si en face Coventry est ignoré et les camps d’extermination n’ont pas existé (supposition délirante des négationnistes !), ce que clament les affidés de Faurisson, on conçoit tout de suite le déséquilibre : ce sont les alliés qui ont bien été les pires ! Hitler est alors naturellement blanchi : il n’a pas bombardé Londres ou
Coventry de
la sorte ! Les ruines n’ont
qu’une seule adresse à l’extrême droite, et l’aiguille des exactions penche toujours du même côté ! En
novembre 1940 en Angleterre, entre autres, il ne s’est
rien passé sans doute....et le mot
Blitzkrieg ne veut rien dire,
pas plus que Blitz... Dans les comptes d’apothicaire de celui qui a balancé le plus de bombes au m2, les allemands sont effectivement... les perdants : voyez-bien qu’ils sont "moins méchants "... c’est pitoyable et lamentable comme "analyse", mais c’est bien celle que fait l’extrême droite depuis 1945, dans le seul but de rendre l’hitlérisme moins sauvage et moins descructeur que les attaques alliées ! Bien entendu des tas de choses ne comptent pas, tels le Blitz, les V-1 et les V-2... et les camps d’extermination : partant de l’axiome comme quoi il n’y a pas eu 6 millions de juifs morts, effectivement, l’aiguille de l’horreur penche obligatoirement de leur côté ! Au Japon idem : l’arme nucléaire est la pire des horreurs, et le Japon ne l’avait pas : pour les amis de Jean-Marie, les pires sont à nouveau les américains, et les japonais de bons soldats respectant les populations civiles.. C’est aussi du négationnisme, à vrai dire. Car le Japon a fait bien pire, historiquement. A Nankin.
Chez Bruno Gollnish, (qui enseigne le japonais et est
marié à une japonaise !), photographié ici ave
c David Duke du KKK, qui a été déjà condamné en un premier temps pour négationnisme (et blanchi hélas en 2009 en cassation !), une autre phrase clé de ce discours oiseux est aussi revenue au premier plan (lui cite l’invariable Dresde !) :
"Il y a les bons et les mauvais criminels de guerre. Les bons criminels de guerre, ceux-là qui sont pardonnés, sont les vainqueurs. C’est ceux qui ont bombardé et fait éclater sous des chaleurs de trois mille degrés les femmes, les vieillards, les enfants, de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde ou d’ailleurs. Ca, ce sont les bons. Et puis il y a les mauvais, c’est dans le camp des vaincus." Sous entendu encore une fois, ce qu’on a pu lire cette semaine sur Agoravox comme quoi les alliés, à Nuremberg, ont condamné des gens qui n’auraient pas dû l’être "
en comparaison". C’est à nouveau une tentative de réhabilitation ! Ça, c’est typique des révisionnistes, en effet : les vainqueurs
"imposant leur loi", selon eux,
ont donc pu....tricher. Du révisionnisme, ou
de l’inculture, on saute alors immédiatement au négationnisme :
"ça n’est donc pas vrai". Mais "
bon sang mais c’est bien sûr" se dit alors le gogo alléché par la prose nauséabonde ! C’est bien toute la démarche d’un Faurisson ! Faurisson, qui a aussi nié le journal d’Anne Franck et s’est fait démonter comme jamais par... le vigilant Didier Daeninckx. Je vous recommande la lecture de sa très belle démonstration
ici-même. Daeninckx ayant soulevé un autre lapin avec le cas de l’origine française du
Zyklon-B et des tonnages importés, qui devraient clouer le bec aux calculateurs faussés disciples de
l’imposteur Rassinier. A propos d’Anne Franj, on peut aussi lire l’admirable ouvrage de son équivalent français,
Hélène Berr morte à 24 ans à Bergen-Belsen.
Chez les adeptes de LePen ça donne dans les boites aux lettres des tracts comme ceux apparus en 2005 en suisse, affichant en titre
"l’Holocauste c’est du bidon". Signés d’un
posteur désormais bien connu ici :
"Acor SOS Racisme s’inquiète d’autant plus de la montée en puissance de ces réseaux que le tract incriminé fait de la publicité pour le site Internet de l’association « Vérité et Justice ». Un site hébergé aux Etats-Unis, d’où l’association peut continuer à diffuser des textes révisionnistes et racistes pour lesquels ses auteurs, René-Louis Berclaz et Philippe Brennenstuhl, ont été condamnés en 2002 à respectivement trois et six mois de prison ferme par la justice fribourgeoise. Une peine que purge actuellement René-Louis Berclaz, après s’être rendu aux autorités suisses, en novembre dernier, à l’issue d’une cavale en Serbie". Le même venu nous parler d’Orwell et plus récemment nous dire que le néo-nazi criminel qu’il hébergeait chez lui lui avait été "amené" par la police roumaine pour le piéger ! Le même, surpris lourdement armé par la police
dans la maison de George Piscosi Danesco, l’ancien éditeur de Roger Garaudy... lié à la librairie de la Vieille Taupe de Guillaume, qui imprimait du Miguel (dit Michel) Caignet, créateur des Faisceaux Nationalistes Européens( FNE). Caignet, militant plus tard de la
FANE, issue du FNE (avec
Henri-Robert Petit) et dont le
Pasteur Doucé gérait le magazine qu
i embarrassait tant Faurisson... à se demander pourquoi : un revue qui sera interdite à la vente pour avoir fait œuvre de "
prosélytisme en faveur de la pédophilie"... tant qu’à nager dans le glauque, allons jusqu’au bout.
Une balance japonaise faussée pour
Gollnish, car les crimes japonais ont été effarants en nombre et en sauvagerie. Le massacre de Nankin en est le plus bel exemple (sans oublier la sinistre
"Unité 731", pire que ce qu’à pu faire Mengele !) De nombreux témoins oculaires en ont attesté : c’est indéniable, c’est impossible à minimiser. Les japonais s’acharnèrent notamment sur les
enfants et les femmes.
Le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient (TMIEO) a établi que durant cette période, 20 000 viols furent perpétrés et estima qu’il y eut environ 200 000 personnes tuées par les Japonais, estimations fondées sur les documents détenus par les deux associations humanitaires qui s’étaient chargées du rassemblement et de l’enterrement des cadavres, le Svastika rouge et T’ung-shan She, ainsi que sur les témoignages des survivants. Le tribunal de Nankin a quant à lui évalué à 300 000 le nombre de victimes. Cette estimation comprend « plus de 190 000 civils et soldats chinois massacrés à la mitrailleuse par l’armée japonaise, dont les corps ont été brûlés pour dissimuler les preuves. » et plus de « 150 000 victimes d’actes de barbarie que les associations de charité ont enterrées" nous précise le Wiki (***).
Or le Japon a lui aussi eu affaire à des négationnistes de ces massacres. De 1945 à 1955, le Japon va accepter dans les manuels scolaires les massacres perpétrés. Puis se raviser , selon les fluctuations de la politique qui se droitise fortement :
"en 1955, année où se produit un virage décisif avec la publication d’une nouvelle Brochure des Directives de l’Enseignement (Gakushû shidô yôryô), brochure qui sert à fixer les règles de base à suivre pour l’homologation. Le système d’homologation est rendu plus strict par le gouvernement et le Ministère de l’Education Nationale et plus de 80% des manuels proposés sont refusés. Cette directive ministérielle visant à réviser le discours (notamment par un jeu terminologique) donne le ton des manuels durant presque 20 ans. Toutes les mentions à l’invasion en Asie, aux crimes de guerre, à l’esclavage sexuel, aux massacres de civils et même aux dommages dus à la bombe atomique, disparaissent". Un enseignant s’insurge, c’est Ienaga Saburô, qui réussit à gagner son procès pour réintroduire son manuel qui parlait à nouveau des exactions japonaises. En 1980, nouvelle attaque des révisionnistes, mais le gouvernement ne cède pas jusqu’en 19
95 où un gouvernement devenu bien réactionnaire fait dans le surréaliste
en déclarant que "la Guerre de la Grande Asie Orientale (i.e. la Guerre du Pacifique en Asie) n’a pas été une guerre d’invasion (shinryaku sensô) mais une guerre d’auto-défense (jizon jiei sensô) et fut une guerre de libération pour l’Asie. Les dommages invoqués tels le Massacre de Nankin ou les "femmes de réconfort" sont pures inventions (tsukuribanashi), des "fictions" (kyokô). Le Japon n’a commis aucun crime de guerre". Logique que sur ce terrain miné le groupuscule du transparent Kimura ait pu séduire certains !
Entre temps, pourtant, le Japon va (enfin) découvrir ses propres horreurs restées cachées et gardées secrètes :
"ce ne fut qu’en 1984 que la véritable fonction de l’unité 731 fut découverte, dans toute son horreur. Un étudiant découvrit un dossier ayant appartenu à un ancien militaire, lequel comportait des photos de prisonniers victimes du tétanos et des rapports médicaux explicites, chez un bouquiniste dans la banlieue de Tokyo. Il n’en reste pas moins que la reconnaissance des crimes de l’unité 731 est encore fragmentaire au Japon. Elle est inconnue du grand public et n’est mentionnée dans aucun manuel scolaire. En 2002, un tribunal japonais a officiellement reconnu l’existence de cette unité, sans toutefois préciser la nature de ses activités".
Malgré cela certains n’en démordent pas et souhaitent toujours inculquer sinon des mensonges au moins un véritable déni. Certains, et notamment les jeunes, via des
mangas irresponsables signées notamment Yoshinori Kobayashi
"La honte. « Quelle honte ? », interrogent les révisionnistes nippons. Auteur à succès, le dessinateur Yoshinori Kobayashi en est l’un des plus ardents. Dans son manga De Taiwan, il fait l’éloge de la colonisation de Taiwan par le Japon (1895-1945). Avec humour, ses BD inculquent à un grand nombre de jeunes lecteurs les bienfaits de la « guerre de libération du Grand Japon » dans les années 1930 et 1940. Il y a peu, l’éditeur Shueisha a dû supprimer les pages controversées d’un manga intitulé le Pays brûle, qui dépeignait avec réalisme le sac de Nankin. « Le manque de prudence dans la sélection et la vérification d’éléments utilisés pour la BD a causé de l’incompréhension parmi les lecteurs », s’est excusé son auteur, Hiroshi Motomiya." Pitoyable, et dramatique auprès des jeunes
: "La tendance japonaise à "l’amnésie" n’est certes pas nouvelle et la droite japonaise a toujours contesté une "vision culpabilisante du passé" conclut "ToutenBD" qui a réalisé un
remarquable dossier sur la question.
Koyabashi, la honte du pays, qui, comme LePen et Golnisch argumente lui aussi
au peson faussé :
"S’il y a bien eu un crime falsifié au cours du procès du Tribunal international de Tokyo, c’est l’incident de Nankin (...). Ils [les vainqueurs] avaient besoin d’un crime qui puisse équilibrer les 300 000 morts japonais d’Hiroshima et de Nagasaki." Or, il y a bien eu plus de 300 000 morts à Nankin, ce qu’il tente sinon de nier au moins de minimiser !
"Occulter le passé. Même le révisionnisme se porte bien. L’hiver dernier, un long métrage faisant l’apologie du général Hideki Tojo, criminel de guerre pendu par les Américains après la Seconde Guerre mondiale, a remporté un grand succès sans susciter de réelle polémique. Le film niait pourtant la réalité du massacre de Nankin", racontait Libé, écœuré, déjà... en 1999.
Tojo, comme les criminels nazis, avait tenté de se suicider avant d’être capturé : il sera en définitive pendu, non sans avoir joué les
Eichman avant l’heure : le déni, encore et toujours, l’irresponsabilité comme seule excuse ! "
L’éloge de la désobéissance" si bien montrée par Brauman :
"la réussite de Brauman et Sivan est de montrer un Adolf Eichmann qui, loin de ressembler aux SS des films de guerre, n’est qu’un pauvre type au maintien rigide et ridicule, une espèce d’employé modèle, borné, obsédé par les problèmes d’horaires. Dont le seul impératif est d’obéir et de bien faire son boulot sans jamais réfléchir aux conséquences. Un imbécile qui refuse obstinément de dépasser sa petite vision étriquée du monde, dénuée de repères moraux, englouti qu’il est dans la soumission bureaucratique. Ne serait le contexte, on aurait parfois envie de rire de son idiotie. Ainsi, quand, après avoir exprimé ses scrupules sur l’extermination des juifs, Eichmann est interpellé par un juge. « Si on avait eu plus de courage civil, tout se serait passé différemment, vous ne croyez pas ? », il répond : « Bien sûr, si le courage avait été structuré hiérarchiquement." Effarant commentaire d’un imbécile véritable à qui on avait confié des responsabilités léthales : tout le problème du nazisme et de ses admirateurs. On comprend mieux pourquoi
les pré-ordinateurs dans l’organisation de l’holocauste : on tuait des chiffres, comme Darquier de Bellepoix dira que l’on a
"tué des poux", pas des juifs ! La société hitlérienne est une société d’irresponsables, admirée encore aujourd’hui par d’autres irresponsables, hélas ! L’holocauste est "compréhensible et concevable", dans ce sens, comme le dit Brauman : ce n’est donc pas un événement métaphysique comme voudraient en faire les négationnistes : c’est une veule et attristante réalité. Celle d’un massacre décidé par des fous et organisé par des tâcherons.
Eichman, Tojo, la même inconscience et la même irresponsabilité :
"Tojo est souvent considéré comme responsable de l’ordre d’assassiner des millions de civils en Chine, aux Philippines, en Indochine, et dans d’autres nations insulaires du Pacifique, ainsi que des dizaines de milliers de prisonniers de guerre alliés (POW).Tojo était également impliqué dans des expériences menées par le gouvernement sur des prisonniers de guerre, et des civils chinois (Unité 731). Comme ses homologues allemands, Tojo a déclaré ayant éxécuté des ordres, dans son cas ceux de l’empereur, qui a obtenu l’immunité des poursuites pour crimes après la guerre". Il est vrai que la conservation par les vainqueurs du titre de l’empereur continue à faire débat, mais les crimes de Tojo sont indiscutables, comme ceux énoncés à Nuremberg ! Le révisionnisme et son avatar le négationnisme puisent dans cette incroyable refus de responsabilité des instances dirigeantes nazies ou japonaises : à partir du moment où ils ne se sentaient pas responsables, le doute était déjà émis. Or, il n’y a pas à douter de la réalité de l’holocauste, ni des massacres de Nankin.
Au japon, les nationalistes et les négationnistes se réveillent à nouveau, la crise aidant : logique que nos deux pékins y soient allés faire un tour (****) !
(*) dans ma série sur la Libération dont les épisodes tardent à paraître, j’ai prévu quatre chapitres sur Hiroshima, Nagasaki (avec notamment une analyse fort particulière du bombardement d’Hiroshima) mais aussi Tokyo, que LePen ne cite pas, car ça l’arrange beaucoup moins que Dresde : pour tenter de réhabiliter le nazisme, ce que LePen fait depuis toujours en minimisant ces effets (la période de l’occupation n’a pas été "si terrible que ça" pour lui : les résistants fusillés ou torturés à Lyon par Klaus Barbie le remercient...).
(**) Gollnisch, qui accompagnait LePen au japon, comme Reynouard,
nie l’existence même des chambres à gaz. (cf
: "il y a des tas de camps de concentration […] où des historiens officiels disent qu’il n’y a pas eu finalement de chambres à gaz).Ce sont tous des Faurissoniens, lui-même disciple de Rassinier et Bardèche.
(***) à ce sujet on peut voir le très bon documentaire de Serge Viallet, "Kizu, les fantômes de l’unité 731", réalisé en 2004, que j’avais pu voir au Centre Pompidou. Effrayant !
il est visible ici :
(****) en compagnie d’autres individus, dont un des responsables du BNP anglais
Adam Walker, qui avait
traité sur le Net alors qu’il était enseignant les émigrés "d’animaux sauvages" ((!) et d’ordures (!) (mais avait été blanchi au nom de la liberté d’expression (!)
mais aussi le mouvement Jobbik (de Hongrie), Flamme Tricolore (Italie), le Vlaams Belang (Belgique), le Parti du Renouveau National Party (Portugal), ou Liberté (Ukraine)...
Sur les atrocités de Nankin, on ira voir ici, très exhaustif et bourré de documents et de références.
En complément, on peut aussi lire un magazine N°Spécial vendu en kiosque tout l’été.