Libération (55) : Carlos Menem, l’effaceur
On continue à en apprendre tous les jours sur cette présence avérée de dignitaires nazis en Argentine et du rôle surtout qu'a tenu Juan Peron dans leur protection. Longtemps dissimulés, les liens étroits du dictateur populiste argentin font l'objet d'une nouvelle attention depuis le départ de Carlos Menem, ultime rempart contre ceux qui voulaient savoir. Après son départ, le dossier avance... mais lentement : tout se passe comme si l'on ne désirait jamais totalement juger ces fuyards qui disposaient de tant d'argent, volé en Europe pendant la guerre par les moyens que l'on sait. Tout se passe comme si les enfants du nazisme, pour survivre, avaient endossé des costumes moins voyants. Aucune allusion à une extermination, désormais, ou alors à moins de remettre en cause celle-ci, pour en minimiser les faits, ce qui signifie aussi ne pas en assumer la paternité. A Bariloche, s'est tout simplement dessiné une sorte de nazisme édulcoré, mais toujours aussi fondamentalement antisémite. Celui sur lequel surfent les générations nouvelles d'héritiers du mouvement, comme celles d'un Reynouard en France, négationniste patenté et grand admirateur d'Hitler, défendu par un Paul Eric Blanrue qui a été au temps de son passage chez les zététiciens, un des grands partisans de la thèse de la fuite d'Hitler, le genre qu'adorent les lecteurs d'Historia, où il publiait aussi... ce qu'il s'évertue aujourd'hui à ne pas trop rappeler. Développant sans s'en rendre compte un anti-américanisme évident, très proche du péronisme. Qui rejoint, par exemple, les élucubrations d'un Jacques Pauwels à propos du débarquement !
Quelle était la méthode utilisée pour se faire oublier, chez les nazis argentins ? La dissimulation de preuves par graissage de patte, grâce au tas d'or dont il disposaient. Résultat, Carlos Menem, qui fut accusé de blanchiment d'argent sale en Suisse, pouvait en 1996 tranquillement ouvrir les archives sans crainte : elles avaient été vidées au préalable de leur contenu compromettant, sous son ordre. Les agents des services publics d'administration avaient été scandaleusement "graissés". « Celles de la gendarmerie contiennent quelques perles ; celles des services secrets, composées de coupures de presse et de dépêches d'agence, sont bonnes pour la poubelle », déclare Widder. On y relève d'étranges lacunes - le nom d'Adolf Eichmann, l'organisateur de la Solution finale, n'y apparaît qu'après la date de son enlèvement, en Argentine, par les services israéliens - et les preuves d'un étonnant laxisme, dont les auteurs ont sans doute été bien rémunérés. Ainsi Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz, qui pratiquait, dans les premières années de son exil, des avortements clandestins à Buenos Aires, fut détenu quelques heures, puis relâché, après la mort d'une de ses patientes. Un autre criminel nazi, Walter Kutschmann, accusé du meurtre de 20 professeurs d'université polonais et de leurs familles, qui vivait en Argentine sous le nom de Pedro Ricardo Olmo, fut arrêté un jour à Mar del Plata et présenté devant un juge. Il nia toutes les charges qui pesaient contre lui, maintint qu'il s'appelait bien Pedro Olmo et fut, lui aussi, libéré. Bref, il s'agit d'un puzzle de milliers de vieux papiers pour reconstituer la confuse et incroyable histoire des nazis en Argentine," raconte l'Express, dans un superbe article en date de 1998, sidéré par les méthodes employées pour dissimuler la faune qui avait envahi Bariloche, notamment. La liste était longue en effet (*) : on y trouvait Ludolf von Alvensleben (ici en photo à gauche), Klaus Barbie, Gerhard Bohne, Kurt Christmann, Armin Dadieu, Adolf Eichmann, Johann Feil, Hans Fischbock, Erwin Fleiss, Albert Ganzenmaller, Fridolin Guth, Hans Hefelmann, Bernhard Heilig, Josef Janko, Karl Otto Klingenfuss, Alois Luigi Kofler, Eckard R. Krahmer, Walter Kutschmann, Fritz Lantschner, Gerhard Lausegger, Josef Mengele, Erich Friedrich, Otto Karl Muller, Erich Priebke, Erich Rajakowitsch, Friedrich Joseph Rauch, Walter Rauff, Eduard Roschmann, Josef Schwammberger, Siegfried Uiberreither, Josepf Votterl, Horst Wagner, Guido Zimmer. A part ça, peu de nazis avaient réussi à s'échapper, nous a-t-on appris jusqu'ici...
Quant à Menem, l'ami des Rolling Stones (de "Sympathy for the Devil", pour sûr ! ), il n'était guère plus reluisant : mêlé à divers trafics, dont celui d'armes avec le trafiquant Jean-Bernard Lasnaud, nous rappelle sud-nord news ; il fut arrêté le 7 juin 2001. "Le 17 janvier et le 14 février 2002, la revue helvétique L'Hebdo a consacré deux longs articles à cette affaire. Ceux-ci font apparaître d'autres comptes appartenant à des membres du clan Menem, notamment celui de Nicolás Becerra, actuel Procureur Général d'Argentine. Ce compte a déjà été signalé en Suisse par le journal Le Temps, le 25 juillet 2001. Sous le nom de « Naranja », il a été ouvert au début des années 90 par l'intermédiaire d'un représentant spécial du Crédit Suisse pour l'Amérique Latine, Hans Peter Winkler, qui entre temps est passé à l'UBS, en Uruguay. Devant ces révélations, le siège du Crédit Suisse à Zurich n'est pas entré en matière. Il faut savoir qu'en 1998 Becerra a été nommé procureur par Menem et qu'en 1990 il a été l'organisateur de la naturalisation illégale en Argentine du narco-terroriste syrien Monzer Al Kassar, cousin lointain de Menem, lequel a été condamné à Genève pour trafic d'armes en 1999. En juin 2001 déjà, le juge fédéral de Buenos Aires, Juan José Galeano, avait refusé de demander aux autorités helvétiques la levée du secret bancaire de Becerra suite à la dénonciation de l'existence de ce compte et malgré la requête de deux procureurs fédéraux argentins, Carlos Rivolo etClaudio Navas". Des armes qui partaient aussi vers la Croatie, comme par hasard : "Dans la procédure pénale pour trafic d'armes vers la Croatie et l'Equateur instruite en Argentine, d'abord par le juge Urso et maintenant par le juge Speroni, il apparaît que le 4 février 1995 Jean-Bernard Lasnaud a fait une visite à la fabrique d'armes de Rosario en Argentine pour tester des armes avant d'organiser une exportation destinée à l'Equateur". Sous les mandats de Menem, deux attentats antisémites avaient eu lieu.
Et Menem, lors de son mandat, avait tout simplement pillé le pays à son seul profit : "en 1989, son discours péroniste avait d'abord séduit les foules. Son règne la plus longue présidence dans l'histoire argentine fut marqué par un pic de prospérité économique, mais aussi par une longue série de scandales. (...) La justice argentine, qui semble avoir enfin récupéré son entière liberté, pourrait aussi se pencher sur la fortune de l'ancien chef d'Etat. Pendant ses dix années de pouvoir, Carlos Menem a privatisé, souvent dans des conditions douteuses, tout ce qui pouvait l'être. En tout, environ 40 milliards de dollars dont les experts se demandent où ils sont passés car en même temps, la dette publique avait presque doublé (120 milliards de dollars fin 1999). La main sur le coeur, l'ancien président a juré ne pas s'être enrichi pendant cette période et a déclaré un patrimoine de 1,9 million de dollars alors que la rumeur évoque le chiffre de 3 milliards de dollars" expliquait le Figaro le 9 juin 2001. Il avait guère fait mieux que Peron, au total. "En 1991, par exemple, il avait été accusé d'avoir reçu une Ferrari d'hommes d'affaires italiens en retour d'un contrat pour la modernisation des aéroports du pays" accuse "Perspectives Monde". De là à effacer consciencieusement les archives compromettantes de ceux qui l'avaient soutenu comme ils avait soutenu Person, en lui payant sa campagne électorale... et il y en avait, à supprimer, en plus de ceux déjà cités avec et il y en avait à effacer , Reinhard Kopps, devenu citoyen de Bariloche sous le nom d'emprunt de Juan Maler, le N° 7524143 de carte du NSDAP, un ancien de l'Abwerh, Herbert Habel, né lui en 1914 en Argentine, à El Bolsón, dans la Province de Río Negro, ancien SS, arrivé sous le nom de Kurt Repa en 1950 à bord du bateau"Cabo de Buena Esperanza", un de ces "whited sepulchers" (avec l'Alsina), et venu habiter un chalet appelé EL Piltriquitrón du nom du sommet qui surplombait sa maison. Peron lui aurait demandé pourquoi Hitler avait-il perdu la guerre ? Ce à quoi il avait répondu : "vous savez très bien ce qui s'est passé". Mais aussi Paul Schaefer Schneider, pédophile recherché pour abus et corruption de mineurs, le fondateur de l'infâmante colonie Dignidad (devenue ensuite Villa Bavaria), qui sera condamné en 2006 à la prison où il finira par mourir en 2010, à Santiago. Mais encore Ante Pavelic, Aribert Heim, le médecin autrichien SS des camps de concentration de Buchenwald et de Mauthausen, présumé décédé en Egypte (selon une information tardive de 2009). cela en faisait pas mal d'arrivés en Amérique du Sud...
Tout s'expliquait donc, que ce soit sous Peron ou sous Menem, selon l'Express toujours, les nazis fortunés, en Argentine, choisissaient de soutenir le candidat présidentiel qui leur serait le plus favorable : "aimablement reçus par un régime péroniste influencé par les fascismes européens, aussi antiaméricain qu'il était anticommuniste, les fugitifs du IIIe Reich ont souvent recréé ici des villages à l'image de leurs Heimat natals. Ils se sont installés dans le nord de l'Argentine, non loin des frontières avec le Paraguay et l'Uruguay, dans la région de Cordoba, où vivaient déjà de nombreux marins du Graf Spee, un navire de guerre allemand qui s'était sabordé en décembre 1939 dans l'embouchure du Rio de la Plata, ou bien vers Mendoza, au pied de la cordillère des Andes, près de la frontière avec le Chili." C'était bien le premier point de chute qu'avait visité notre chasseur de sous marins ! Le deuxième étant également connu depuis, X-Men aidant : "Beaucoup d'entre eux ont particulièrement apprécié San Carlos de Bariloche, sur les contreforts andins, au bord d'un lac, un lieu de villégiature qui rappelle, avec ses chalets, ses montagnes et ses eaux claires, un joli coin de Bavière (..., voir la photo ci-contre en effet). Comme le raconte Jorge Camarasa dans son livre "Odessa al Sur" (éd. Planeta), il put, dans les rues de Bariloche, croiser Josef Mengele ou Adolf Eichmann, qui y vint parfois en vacances. L'ancien pilote de la Luftwaffe Hans Ulrich Rudel participait aux tournois de ski du Club andino. Le financier Ludwig Freude, ami de Peron, y avait une maison. Friedrich Lantschner, ancien gouverneur nazi du Tyrol autrichien, y fonda une entreprise de construction. Vivaient également à Bariloche un ancien agent des services de l'armée allemande, Juan Maler, le banquier nazi Carlos Fuldner, d'anciens responsables de la Gestapo ou des SS comme Max Naumann, Ernst Hamann ou Winfried Schroppe. Tout ce beau monde buvait chaque soir de la bière au Deutsche Klub et fêtait, tous les 20 avril, l'anniversaire d'Adolf Hitler au dernier étage de l'hôtel Colonial." On ne peut être plus clair : tout ce petit monde n'était pas venu là en soucoupe volante nazie : mais par la mer, a bord de sous-marins pour les premiers, à bord des cargos ou paquebots pour les autres, ceux gérés par l'une des fortunes argentines, ami des nazis. Aidés par Eva Peron et le Pape !
Reste à en établir le nombre exact : "Combien furent-ils à venir dans ce pays après la guerre ? Personne ne le sait encore précisément. « Des nazis, des collaborateurs ? Des milliers. Des criminels de guerre ? Quelques dizaines », estime Sergio Widder. L'historien allemand Holger Meding, chercheur à l'université de Cologne, qui a travaillé sur les archives argentines, allemandes et autrichiennes et a publié, en 1993, un livre sur le sujet (Flucht vor Nürnberg ? Deutsche und Oesterreichische Einwanderung in Argentinien, 1945-1955, éd. Boehlau Verlag, Cologne), estime qu'environ 80 000 Allemands et Autrichiens sont entrés au cours des dix années de l'après-guerre en Argentine, et que 19 000 s'y sont établis définitivement. Entre 3 000 et 8 000 d'entre eux ont fui l'Europe en raison de leur association avec le nazisme et 50 seraient des criminels de guerre"... Aurait-on minimisé ce nombre ? Il semble bien. Dans son ouvrage, "The "Nazi menace" in Argentina, 1931-1947", paru en 1992, Ronald C. Newton, en recense en effet la bagatelle de 250 000 au total, d'installés en Argentine. Mais il n'y a pas que cela, les plus dangereux n'étant pas nécessairement ceux qu'on pouvait attendre au départ : "Face aux immigrants d'origine germanique, l'historien Cristian Buchrucker, de l'université de Cuyo, dans la province de Mendoza, identifie un « groupe latin », composé de collaborateurs français, de rexistes belges et de fascistes italiens. Moins nombreux mais souvent plus intellectuels et plus urbains que les exilés allemands, moins handicapés aussi par la barrière de la langue, ils eurent sans doute une plus grande influence qu'eux sur la société argentine. Ils pénétrèrent plus facilement le monde universitaire et publièrent articles et revues en castillan, diffusant ainsi leurs idées d'un « ordre nouveau » dont la version la plus atténuée était un « conservatisme autoritaire » fortement teinté d'intégrisme catholique. Leurs principaux représentants furent Carlo Scorza, secrétaire général du Parti fasciste italien en 1943, l'universitaire français Jacques de Mahieu, ancien combattant de la division Charlemagne, mort à Buenos Aires en 1990, le rexiste Pierre Daye, Henri Lebre, qui collabora à la revue vichyste Je suis partout, et Alberto Falcionelli, lui aussi journaliste et représentant de l'office d'information du régime de Vichy à Madrid." Un "fascisme sans frontières", en quelque sorte, et une dilution du message hitlérien dans la société contemporaine : en ce sens, l'Argentine fût un creuset, dont la dangerosité se mesure aujourd'hui à l'aune des publications fascistes européennes actuelles, ou le rexisme a, hélas, particulièrement le vent en poupe. Quant à l'Europe, elle a aussi hébergé des nazis : étonnamment, le 12 juin dernier, on retrouve... en Angleterre, à Fareham, un ancien gardien du sinistre camp polonais de Trawniki, Alexander Huryn, né en Ukraine, aujourd'hui âgé de 90 ans, qui était sous les ordres du SS Karl Streibel. Il continuait à recevoir en Angleterre sa pension versée par l'armée allemande !
Car on a bien protégé une deuxième fois ces nazis, après Peron, et c'est le gouvernement de Carlos Menem qui en avait pris la responsabilité : "A Buenos Aires, des parlementaires ont exigé une enquête pour vérifier si d'importantes archives du département des migrations avaient été détruites en 1996 sous le gouvernement de l'ex-président Carlos Menem. En 1992, après un voyage officiel à Washington et des entretiens avec la communauté juive, M. Menem avait ordonné l'ouverture en grande pompe des archives secrètes de la police et de services de renseignement sur le séjour en Argentine de criminels de guerre nazis. A l'exception de quelques coupures jaunies de journaux, ces archives avaient déçu les chercheurs venus du monde entier". Du grand art, l'ouverture d'archives consciencieusement vidées auparavant ! Du grand art, signé Menem !
L'auteur Jorge Camarasa, dans son livre "Odessa al Sur", allant plus loin dans le rôle joué par l'église catholique dans l'affaire, citant Vincent La Vista, attaché américain à Rome qui avait affirmé que le Vatican « était la principale organisation impliquée dans le déplacement illégal de personnes », en "citant 21 dignitaires du Saint-Siège impliqués dans un réseau fournissant asile, documents et argent aux fugitifs, pour peu qu'ils soient anticommunistes et favorables à l'Eglise catholique. En plus du couvert, l'habit, parfois, fut également fourni. On sait que certains nazis, comme Eichmann, Ante Pavelic ou Klaus Barbie, arrivèrent en Argentine vêtus d'une soutane. Pavelic, ancien chef de l'Etat indépendant de Croatie, où furent exterminés dans des camps de la mort 800 000 personnes, aurait été en contact, selon un télégramme du Central Intelligence Corps américain de 1947, avec le sous-secrétaire d'Etat du Vatican de l'époque, Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI". Klaus Barbie débarqué sous un soutane ?
"Les historiens responsables de l'étude de la « Vatican Connection » ont cependant découvert en Italie un document inédit qui confirme le rôle de l'Eglise dans la recherche d'une sortie de secours pour les soldats perdus du IIIe Reich et leurs collaborateurs : une lettre du cardinal français Eugène Tisserant, responsable des Missions du Vatican en Europe orientale, adressée en mai 1946 à l'ambassadeur d'Argentine à Rome. « Lorsque Son Eminence le cardinal Caggiano [à l'époque primat d'Argentine, NDLR] et Son Excellence Mgr Barrère [évêque de Tucuman, dans le nord de l'Argentine, NDLR] se trouvaient à Rome, ils m'ont laissé entendre que le gouvernement de la république Argentine serait disposé à recevoir des Français que leur attitude politique pendant la récente guerre exposerait, s'ils rentraient en France, à des mesures de rigueur ou à des vengeances privées », écrit le prélat français. Et il demande au diplomate de bien vouloir accorder des visas aux familles Plissard et Reuillard, ainsi qu'à Pierre Aubry. Nous sommes alors à un mois de l'arrivée au pouvoir de Peron, dans une situation politique pour le moins confuse qui incite sans doute l'ambassadeur à la prudence. Il répond à Tisserant qu'il a pour instructions de suspendre pour le moment tous les visas pour l'Argentine. Cet échange de correspondance confirme deux autres découvertes réalisées par Ignacio Klich sur le rôle du Saint-Siège. En juin 1946, le cardinal Montini approche l'ambassadeur argentin près le Vatican pour lui proposer que des experts des deux Etats travaillent ensemble afin de répondre aux inquiétudes du pape Pie XII concernant les catholiques ne pouvant rentrer chez eux. Peu de temps après, l'adjoint au secrétaire d'Etat américain pour les zones occupées, le général John Hilldring, fait savoir à l'Argentine que les décisions de chaque Etat sud-américain concernant les personnes déplacées et les réfugiés constituent pour eux « une affaire intérieure ». « C'était, déclare Klich, un feu vert américain. » En 1949, enfin, le pape Pie XII, dans un entretien avec le Washington Post, déclare qu'il tient à féliciter Peron pour ses bonnes dispositions « en matière d'immigration ». De bonnes dispositions qui supposaient tout de même un péage d'entrée, et qui auraient rapporté au régime argentin, selon les services secrets américains, quelque 800 millions de dollars". De quoi échafauder deux programmes nucléaires et demi, au tarif de Richter ! Que d'or, que d'or !
Selon ce même historien, Peron aurait même fait envoyé à Vienne, par valise diplomatique, près de 2 000 passeports argentins agrémentés de 8 000 cartes d'identité vierges, destinées à être remplies par les fugitifs nazis. C'est ce qu'avait fait parvenir Eva Peron lors de son fameux voyage en Europe (voir l'épisode précédent). Chose confirmée par Pedro Bianchi, ancien diplomate devenu l'avocat du nazi Erich Priebke... Quant à l'église, elle s'occupera comme il se doit (pour elle) d'Alojzijc Stepinac, ce cardinal croate oustachi, soutien affiché d'Ante Pavelić ,qui fût archevêque de Zagreb et qui avait déclaré en 1942 qu'« Hitler est un envoyé de Dieu". Ben tiens ! Jugé et condamné aux travaux forcés par le tribunal de Tito, sa peine fut commuée en assignation à résidence... mais bien pire encore, le 3 octobre 1998 l'homme a été béatifié par l'Eglise catholique (par Jean-Paul II) ! Il n'avait jamais pourtant renié son soutien au fascisme croate !!! Un bienheureux admirateur d'Hitler, on trouve décidément de tout au paradis !
Car avec tout ce monde et tout cet argent, il y en avait à faire avec un dictateur qui désirait tant faire avancer son pays sans tomber nécessairement dans les bras des USA ou de l'URSS. Il y avait tout à créer, dans ce pays où s'étaient réfugiés tant de de nazis...
(*) Eux, mais aussi leurs collaborateurs, qui fabriquent là-bas une belle faune : Marc Augier, Jean-Henri Azema, la la voix du Gouvernement de Vichy sur Radio Paris, Marcel Emil Auguste Boucher, le maire de Contrexéville, Fernand de Menou (venu avec un visa de touriste), Philippe Darnand, devenu speaker à Radio-Vatican, Jacques de Mahieu, qui fera carrière d'écrivain là-bas, se spécialisant dans les théories fumeuses (les Vikings en Patagonie !), Michel Detroyat, superbe pilote de voltige, l'ancien moniteur d’acrobaties d’Hélène Boucher et conseiller du ministre de l’Air en 1938, Emile Julien Dewoitine, l'inustriel avionneur, Jean de Vaugelas, l'un des principaux chefs de la Milice, réfugié à Mendoza, qui sera tué par un commando déguisant sa mort en accident de voiture, Christian Du Jonchay de la "La Phalange africaine", René Fayard, Georges Guilbaud Degay, , en photo à droite, qui dirigeait le quotidien « Tunis-Journal », organe du collaborationnisme en Tunisie. condamné à mort en France et qui devint conseiller de Peron, Henri Lèbre du "Cri du peuple", Jean-Pierre Ingrand à la tête des lamentables sections spéciales, parti d'abord en Suisse, l'un des rares à avoir fait des regrets plus tard, Henri Janieres, l'acteur Robert Le Vigan, l'acteur, interprète de « Quai des Brumes » qui officiait à la propagande de Radio-Paris, Charles Lesca de « Je suis partout » le directeur de l'hebdomadaire, condamné à mort par contumace en mai 1947, Olier Mordrel, l'ancien chef du Parti national breton (PNB) qui arrive en 1948 et achète un hôtel à Cordoba, Robert Pincemin, le chef départemental de la Milice de l'Ariège et de la Haute Garonne, qui sra condamné à mort par contumace. Il était parti défendre le bunker d'Hitler et sera en Argentine le premier animateur du mouvement de la "Cité Catholique" intégriste, fondée par Jean Ousset en 1946 (où atterriront surtout ceux de l'OAS). Henri Queyrat, engagé dans la Waffen SS en mai 1944, Maurice Francois Remy, Auguste Joseph Ricord, qui avait travaillé pour la Gestapo française sous le régime de Vichy et qui deviendra le"Mr Héroïne " de la French Connection (!), Simon Sabiani , le célèbre maire PPF de Marseille, Eric Marquis de Surville, Pierre de Villette. Georges Guilbaud Degay, condamné à mort en France, qui devint lui conseiller de Juan Peron. (Renseignements empruntés ici (les belges sont ici). La liste complète est là).
(**) lire ici son étonnant mutisme : la Nuit de Cristal, ça ne lui disait rien, paraît-il..."« Pas le meilleur des observateurs », de son propre aveu", raconte le Figaro, et pourtant l'un des seuls témoignages sur la mort d'Hitler. Or il n'a même pas entendu le coup de feu fatal." Il a fini quand même par s'approcher, vu à distance le corps « replié sur lui-même » et, à ses côtés, celui d'Eva Braun qu'il venait d'épouser, « recroquevillé sur le canapé ».Il a aperçu « les chaussures noires » du dictateur dépassant des couvertures au moment où le cadavre était remonté à l'air libre pour y être brûlé. Il n'a pas assisté à l'incinération, de nouveau pris par « le travail, en bas »." D'aucuns, ici-même, avaient évoqué un témoignage bien plus assuré...
le film à voir (durée 93') est celui de Pereyra, bien sûr, sur la question :
http://www.independent.co.uk/news/world/americas/nazi-gold-shipped-by-uboat-to-argentina-532304.html
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lire aussi ceci en complément :
http://en.wikipedia.org/wiki/World_Jewish_Congress_lawsuit_against_Swiss_Banks
Pour la vente d'armes en lousdé de Menem grâce à Lasnaud lire ceci :
http://www.sudnordnews.org/menemfr.html
à noter que tout avait été transporté par Fine Air, société de...Miami, qui sera absorbée après banqueroute par Arrow Air... firme qui avait été mêlée en 1985 à une catastrophe aérienne sans précédent, avec armes découvertes à bord. Difficile en ce cas d'imaginer que la CIA n'ait pu être dans le coup ! Dans le cas de Gander, on trouvait également Adolph « Al » Schwimmer, décédé en juin dernier. Le fondateur d'El-Al, mais aussi de l'aviation israélienne.