mardi 7 août 2018 - par André Bouny

Agent Orange, un 10 août : à l’intention de la jeunesse

Ton manuel d’Histoire ne te l’a pas dit. Souviens-toi bien et, surtout, agis pour te préserver, car le mois d’août revient chaque année.

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Banksy

Tes parents venaient juste d’arriver dans la vie ou allaient naître. C’était hier matin…, un jeudi 10 août.

 

« Le 30 novembre 1961, le Président Kennedy autorisa l’épandage aérien massif d’agents chimiques pour défolier la forêt primitive vietnamienne. Des essais en situation réelle au Viêt Nam avaient eu lieu pour la première fois, au moyen d’un hélicoptère, le 10 août 1961 sur la forêt tropicale de la province de Kon Tum. Peu de temps après, Kennedy signa l’ordre d’utiliser ces agents chimiques pour détruire et empoisonner les ressources vivrières. Dans un premier temps, cette opération est nommée « Trail Dust » (Traînée de poussière), puis Opération Hadès (le Dieu des morts et des enfers chez les Grecs). Elle est rapidement rebaptisée de manière bien plus anodine Opération « Ranch Hand » (Ouvrier agricole). C’est ce troisième nom de code militaire qui resta dans l’Histoire pour décrire l’épandage des agents chimiques sur le Viêt Nam, le Laos et le Cambodge. Elle visait à éradiquer les arbres de la forêt tropicale afin d’ôter le couvert végétal protégeant les résistants ainsi qu’à anéantir les récoltes dans le but d’affamer populations et combattants. » AGENT ORANGE - APOCALYPSE VIÊT NAM p. 71

 

« Le 12 janvier 1962, un petit matin calme se levait sur l’aéroport de Tan Son Nhat, à Saigon. Trois avions UC-123, équipés spécialement le mois précédent, étaient arrivés six jours plus tôt de la base aérienne de Clark, aux Philippines. Le moteur n°1 commença à tourner lentement sous l’aile droite. Puis ce fut au tour du deuxième. Les hélices des trois avions faisaient un effet stroboscopique. Le régime des moteurs montait en puissance. Par anticipation, les pilotes redoutaient la rencontre de leurs hélices avec les dernières chauves-souris géantes de la nuit, animaux de plus d’un mètre d’envergure. Plein gaz, le fracas faisait trépider les aéronefs et le capitaine aux commandes vit les poussières qui commençaient à danser à la surface du plancher. Maintenant, les moteurs Pratt & Whitney R-2800 des Fairchilds UC-123 Provider libéraient chacun 2 300 ch rugissants. Freins libérés, les avions-cargos capables de soulever 27 tonnes s’élancèrent comme d’immenses insectes gorgés de poison au-dessus de l’infinie canopée. La plus grande guerre chimique de l’Histoire de l’humanité venait de commencer. » AGENT ORANGE - APOCALYPSE VIÊT NAM p. 82  

 

Quinze années plus tôt, soit ton âge ou un peu moins, toujours en Asie et au mois d’août, des bombes atomiques – plus expérimentales que stratégiques –, vitrifiaient les populations civiles d’Hiroshima et Nagasaki, au Japon.

 

En paix.



15 réactions


  • pierre 7 août 2018 15:35

    Excellent, ainsi que le dessin de Bangsy


  • André Bouny André Bouny 7 août 2018 18:00

    ...l’aile, vue de face ou bien de l’arrière ?... car la gauche peut devenir la droite et inversement smiley


  • André Bouny André Bouny 7 août 2018 18:32

    d’un point de vue technique vous avez raison, mais d’un point de vue littéraire : pour voir l’ensemble des hélices faire un effet stroboscopique le texte se place face aux avions (donc aile droite)... ce n’est qu’ensuite que le texte entre dans le cockpit et là, c’est différent, ce serait bien l’aile gauche smiley


  • André Bouny André Bouny 7 août 2018 18:33

     smiley belle soirée !


  • sirocco sirocco 7 août 2018 23:48

    N’oublions pas que l’Agent Orange, c’est MONSANTO. Plus philanthropique que cette multinationale, y’a pas.

     
    N’oublions pas que MONSANTO n’est pas crevée, loin de là. Aujourd’hui, elle s’appelle BAYER et trône tout près de nous, de l’autre côté du Rhin. Eh oui... BAYER... qui fait sa pub tous les jours sur toutes les chaînes... les compléments alimentaires, les stimulants intellectuels pour étudiants, les médicaments pour animaux domestiques...

     
    Mais derrière cette façade sympathique, il y a toujours le Glyphosate et les pesticides de nouvelle génération, les néonicotinoïdes qui achèvent nos dernières abeilles, les OGM que nous consommons sans le savoir... Vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire vis à vis de BAYER.


  • L'Astronome L’Astronome 8 août 2018 07:28
     
    Hé oui, les États-Unis sont le peuple le plus assassin, pervers et immoral de la planète (Hugo Chavez)
     

  • zygzornifle zygzornifle 8 août 2018 12:50

    Haaaa c’était le rêve Américain pour des millions de Vietnamiens ..... 


    Maintenant l’Amérique vend aux enfants des survivants des IPhones du Coca du Mac Do et des Nikes ......

  • titi titi 8 août 2018 13:17
    @L’auteur

    Et oui, la guerre c’est moche !


  • JBL1960 JBL1960 8 août 2018 20:10
    Ce que l’on risque encore moins de lire dans les livres d’histoire, d’ailleurs, même la population locale, y compris ceux en charentaises de souche l’ignorent, ou l’ont oubliés : Howard Zinn après avoir participé au bombardement de la ville de Royan en avril 1945, où fut utilisé pour la 1ère fois de l’agent orange, du Napalm, qu’ils balancèrent à la louche et donc en très grande quantité sur la façade Foncillon, modifia radicalement sa position. Cette expérience et la prise de conscience des atrocités causées par ces bombardements aériens, qui sont au cœur de la stratégie militaire américaine, l’ont conduit à condamner ces opérations.
    Howard Zinn, La bombe, de l’inutilité des bombardements aériens ; La première partie de ce livre reprend un article intitulé Hiroshima, briser le silence. La seconde s’attache à démontrer que le bombardement de Royan en avril 1945 n’avait aucune utilité stratégique.
    Je le rappelle avec ce petit billet de blog, intitulé = NAGASAKI, 3 jours après HIROSHIMA... D’hier.
    Et en lien, les 3 PDF des travaux de recherche d’Antony Sutton que j’ai réalisés dans lesquels est documentée, notamment, la collusion entre les Zuniens, les Bolchéviks et tonton Adolf qui était IG FARBEN dont BAYER, qui a épousé MOSANTO, est l’une des sociétés héréditaires, s’ils font des petits, bonjour la consanguinité ! Surtout qu’on y retrouve, toujours les mêmes, les papys BUSH, Kennedy et tutti quanti ! Avanti...

  • André Bouny André Bouny 10 août 2018 19:04
    Cette opération visait à compléter ce qui fut appelé la « ligne McNamara » :
    « Mais l’obsession américaine se trouve à l’ouest du Viêt Nam : c’est la
    piste Hô Chi Minh. Cette « voie » partant depuis la partie méridionale du
    Nord-Viêt Nam, le long de la chaîne Truong Son (autrefois appelée
    Cordillère annamitique), fut construite par le 12e Corps de l’armée
    vietnamienne à la fin des années 1950, et demanda de 15 à 20 ans de
    travaux. Au total, 20 000 kilomètres de chemins et de sentes étroites
    sillonnent la montagne sous la forêt primitive, dont 5 000 km de leurres
    visant à tromper l’ennemi. Un véritable dédale inextricable, situé essentiellement
    en territoires laotien et cambodgien, qui longe la frontière
    vietnamienne, y faisant des incursions pour approvisionner en armes et
    en vivres la guérilla locale qui attaque les bases américaines sur leur
    secteur. Sous son épais couvert végétal, elle irrigue sur toute sa longueur
    la résistance Viêt Cong du Front National pour la Libération, jusqu’au
    delta du Mékong. Les moyens utilisés par le général Vo Nguyen Giap*
    sont rudimentaires. Une armée de coolies, soigneusement choisis afin de
    ne pas perturber la production rurale et l’économie du pays, devant être
    structurée, contrôlée et nourrie, fut mise sur pied. Estimant l’aptitude
    moyenne de portage par coolie à 25 kg de riz ou 15 à 20 kg d’armes et de
    munitions sur 25 km par jour en configuration plane, on adapta cette
    charge aux profils difficiles et aux marches nocturnes : de nuit, 20 km en
    profil plan ; en configuration difficile : 17 kg de nourriture, ou entre 10 et
    15 kg de matériel, pour 15 km. De nuit et en terrain hostile, la distance
    était réduite à 12 km. Quand la piste était plus large, des attelages de
    buffles tiraient des chariots chargés de 350 kg sur 12 km. Des chevaux,
    plus rapides mais plus fragiles, tractaient 220 kg sur 20 km. Cette logistique
    primitive permit d’esquiver et de harceler les forces américaines, à
    la puissance surdimensionnée dans les airs, sur mer et sur terre. Les
    bicyclettes renforcées, poussées par la force humaine, portaient des
    charges conséquentes, les véhicules récupérés de la guerre précédente
    contre les Français reprirent du service avant l’arrivée des petits camions
    soviétiques et chinois. Une conduite de 12 cm de diamètre longeait la
    piste pour permettre aux camions de se ravitailler en carburant.
    Cette organisation hallucinante permet une résistance invisible, mobile
    et insaisissable. À l’arrière, au nord, l’aide en matériel militaire arrive de
    Chine et d’URSS par train jusqu’à Hanoi,** et par bateau jusqu’au port de
    Hai Phong. Puis trains et camions transportent ce soutien vers le départ de
    « la piste ». Au sud, l’aide vient d’Union soviétique par bateau jusqu’au
    port de Sihanoukville*** et remonte par coolies, bicyclettes et camions
    vers « la piste » qui serpente sous la forteresse végétale débouchant du
    Cambodge au nord-ouest de Saigon. Parfois des renforts parviennent par
    infiltration de bateaux dans le delta du Mékong. La piste Hô Chi Minh fut
    entretenue et restaurée en permanence par 300 000 civils et militaires,
    parmi lesquels de nombreuses jeunes femmes volontaires. Elles seront
    150 000 à travailler sous les bombes, dans l’enfer du napalm, sous
    l’ouragan chimique de l’Agent Orange et des gaz de combat, pataugeant
    dans la boue empoisonnée, portant jour et nuit des chargements de pierres
    sur la tête aux côtés des paysans et des montagnards locaux équipés de
    hottes, venus participer par patriotisme ou pour une ration de riz. Sous la
    pluie d’Agent Orange, les gouttes huileuses tombent des feuilles, mouillant
    la cigarette du Viêt Cong tapi. On ampute les blessés à la lumière des
    phares, sous les bombes. Ici, An, frère de l’infirmière, a été fauché. Il faut
    lui couper les jambes et les parties génitales. On le désosse dans des conditions
    d’hygiène inimaginable, sans pénicilline, sans transfusion sanguine.
    Ça explose tout autour. Les hurlements des hommes se mêlent au fracas
    des réacteurs des bombardiers, pas de place pour le luxe des sentiments.
    Le paysage massacré pue le gasoil et le kérosène. Dans cet enfer, l’aviation
    américaine largue des milliers de petites sondes acoustiques, et des sondes
    sismiques sensibles aux déplacements des coolies. Des capteurs nocturnes
    à infrarouge, des détecteurs de sources de chaleur – comme par exemple
    les moteurs ou même les selles humaines fraîchement excrétées – constituent
    une véritable barrière électronique appelée « ligne McNamara ».
    Cette panoplie est reliée à un lacis informatique embarqué dans des avions
    relais Boeing RC-135V/W Rivet joint qui synthétisent les informations et
    dirigent les frappes aériennes qui hachent l’objectif, de jour comme de nuit.
    Au sol, la multitude munie de pelles comble les cratères de bombes
    devenues tombes, terrasse, porte des pierres encore et toujours permettant à
    l’incessant convoi de cheminer nuit et jour par n’importe quel temps.
    L’équivalent de 40 000 kilomètres de piste fut restauré infatigablement,
    réparé sans relâche, rétabli inlassablement. La CIA estima* qu’entre 1966
    et 1971, 630 000 soldats, 100 000 tonnes de vivres, 400 000 armes accompagnées
    de 50 000 tonnes de munitions avaient alimenté le Viêt Cong par
    la piste Hô Chi Minh. » extrait de AGENT ORANGE, APOCALYPSE VIÊT NAM

  • kricket 14 août 2018 16:23

    Tous les maux de ce monde viennent de là, depuis l’ère du temps il n’y a que des guerres qu’ils déclarent loin de leurs terres. Tout est permis pour arriver à leur objectif. Même les concurrents directs qui n’ont plus de pouvoir de nos jours subissent des méthodes immorales pour ne pas dire autre chose. Morale de l’histoire si je développe un tel site, c’est pour contrecarrer un fléau qui vient de ces terres lointaines et qui ne cesse de se répandre de jour en jour.


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