samedi 16 mars 2013 - par Michel DROUET

Le bourrage de crânes

« Les Français préfèrent moins de fonctionnaires plutôt que des impôts en plus » (La Tribune - 7/03)

« La dépense publique (57 % du Produit Intérieur Brut) étouffe l’économie, et l’administration française manque d’efficience » (Laurence Parisot, Présidente du Medef).

Des affirmations comme celles-ci, on en entend ou on en lit chaque jour, et nos « meilleurs économistes » (ceux qui n’ont pas venu venir les crises), les répètent à l’envie, au point que le bon peuple en arrive à se poser des questions, à se demander s’il n’y aurait pas encore quelques mammouths à dégraisser dans les fonctions publiques afin que les impôts et taxes prélevés sur les ménages et les entreprises diminuent et permettent à ces dernières de « développer l’activité et l’emploi… »

Sur qui taper ?

S’agissant de la Fonction Publique d’Etat (Police, justice, éducation nationale, répression des fraudes,…) le mal est déjà fait et les mesures de rattrapage prises par le gouvernement actuel ne sont que des emplâtres.

Pour la Fonction publique hospitalière, il ne reste plus grand-chose à ronger sur l’os.

La Fonction publique territoriale semble être le seul endroit où l’on puisse gratter quelque chose, tant le système d’empilement de structures territoriales (communes, intercommunalités, Départements, Régions) a généré de doublons et de dépenses inutiles au cours des vingt dernières années.

Oui, mais voilà…

Diminuer à nouveau le périmètre d’intervention des services publics, qu’ils soient d’Etat, Hospitaliers ou locaux a des incidences, et pas seulement sur la diminution des dépenses publiques.

La première de ces incidences, et là, Madame Parisot sera ravie, est de transférer aux entreprises privées des missions jusque là assurée par des fonctionnaires, d’où augmentation de l’activité privée avec bien sûr des « créations d’emplois », et « un meilleur service assuré à un coût moindre », sauf que…sur la durée, on observe que le coût du service peut être parfois plus élevé en gestion privée qu’en gestion publique (la distribution de l’eau, par exemple, que certaines collectivités reprennent actuellement en gestion directe) et on observe que le service n’est pas toujours meilleur (exemple : de moins en moins de contrôles sur la qualité alimentaire en raison de la suppression de postes de fonctionnaires, ce qui nous conduit à des scandales comme celui des lasagnes à la viande de cheval.

La seconde incidence, c’est que le choix du transfert vers le privé se traduit par un paiement direct du service ainsi privatisé par les consommateurs de services alors que son coût était auparavant mutualisé via l’impôt payé par l’ensemble des contribuables. Par exemple, l’accueil aux urgences est payé par tous. L’Education des enfants dans l’enseignement public.

Demain, si la santé est privatisée (ce qui est déjà le cas en partie), on ne vous demandera plus de carte vitale à l’accueil des urgences, mais un chèque. Si l’Education n’est plus une mission assurée par l’Etat (les enseignants) et les collectivités territoriales (pour la construction et l’entretien des équipements), tous les parents d’élèves devront faire face à des frais de scolarité élevés (c’est déjà en partie vrai pour les établissements privés). Vous pouvez vous amuser à chercher d’autres exemples…

Vous êtes prévenus…

L’abandon de missions de service public se traduira parfois par une dégradation du service rendu, toujours par un prix facturé directement aux utilisateurs (alors que c’est la solidarité nationale qui assure aujourd’hui la péréquation), pas forcément par une baisse des prix à la consommation liée à la baisse des charges des entreprises (selon le principe : moins de fonctionnaires = moins d’impôts) et surement par la mise en difficulté de familles déjà fragilisées dans le système actuel et qui devront faire face à des charges de santé et d’éducation supplémentaires.

Le système que Madame Parisot propose donc a été théorisé depuis longtemps en droit public : « le choix entre l’usager et le contribuable dans la gestion des services publics » et il est clair que le balancier penche actuellement en défaveur de l’usager.

Mais, me direz-vous, je m’en fiche royalement…

Car je n’ai plus d’enfants scolarisés, je suis en bonne santé et je vis dans un quartier tranquille et je n’ai pas besoin d’être protégé et vous pourriez ajouter comme le regretté Jean Yanne dans un de ses sketches, « Je ne vais jamais sur les routes départementales » (sous entendu, je paye trop d’impôts au Conseil Général pour leur entretien).

C’est un point de vue !, mais rappelez vous qu’un jour ou l’autre, vous aurez besoin d’un des services publics qui existe encore (une aide personnes âgées par exemple, qui ne sera pas encore soumise aux primes versées à des assureurs), ou un de vos descendants en difficulté de santé devra faire un emprunt pour se soigner, sachant que sa maladie lui aura fait perdre son emploi et alors vous irez voir votre député pour lui demander ce qu’il peut faire.

Alors, avant de chanter en cœur avec Madame Parisot que les dépenses publiques sont trop importantes (sauf les aides aux entreprises, tout de même…) et que les impôts sont trop lourds, renseignez vous bien sur les avantages et les inconvénients de chaque système, n’hésitez pas à interpeler vos élus pour obtenir des explications et intéressez-vous à l’organisation des services publics en France et à leur financement (et à leur rationalisation, s’agissant des collectivités territoriales).

Après, il sera trop tard…



22 réactions


  • cardom325 cardom325 16 mars 2013 08:54

    Cher Michel

    votre article est à mettre en opposition avec celui de Spartacus concernant la retraite par répartition .....difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre . Nos citoyens sont prévenus, enfin ceux qui ne regardent pas que TF1 , un récent reportage d’ ARTE sur la gestion de l’eau et la reprise en régie par les collectivités est édifiant , mais je crains qu’il nous faille passer par la case «  »casse des services publics " pour la prise de conscience des citoyens

    enfin comme dit Spartacus , nous sommes des méchants sectaires de gauche qui infectont de nos idées d’arrière garde Agoravox .....attendons la suite , je m’en vais faire un tour au jardin, çà va me calmer


    • Michel DROUET Michel DROUET 16 mars 2013 09:19

      Bonjour cardon325

      Mon propos n’est pas d’opposer, même si mon billet marque bien mon orientation, mais d’informer (complètement ?) sur les incidences des orientations libérales actuelles.

      Après, tous les choix sont possibles et ce sont les citoyens qui décident en votant.

      Je me plais à citer cette phrase de Condorcet : « Le suffrage universel peut conduire à la dictature des imbéciles lorsqu’il n’est pas assorti d’une instruction publique éclairant les esprits ».


    • escoe 16 mars 2013 19:44

      > Nos citoyens sont prévenus, enfin ceux qui ne regardent pas que TF1 


      Maintenant c’est encore pire chez Pujadas et Lenglet. Ca ne devrait plus s’appeler France2 mais France -Libérale smiley

    • sarasvati 29 juin 2013 16:53

      Monsieur,

      Pourriez-vous indiquer les sources exactes de la phrase de Condorcet que vous citez dans votre message ?
      Merci


  • citoyenrené citoyenrené 16 mars 2013 10:55

    le temps du bourrage des urnes étant révolu, reste le bourrage des crânes

    (commentaire sans rapport avec l’article, le bon mot me picotait la langue)


  • njama njama 16 mars 2013 12:37

    « Les Français préfèrent moins de fonctionnaires plutôt que des impôts en plus » (La Tribune - 7/03)

    C’est une véritable vilénie rhétorique, C’est une question fermée ! moins de fonctionnaires OU plus d’impôts ... comme si il n’y avait pas d’autres alternatives possibles ! C’est très vicieux !

     l’article de la Tribune n’est pas signé !


    • Michel DROUET Michel DROUET 16 mars 2013 16:02

      Effectivement, avec ce genre de postulat, on évite toute réflexion...sur les couts comparés entre le service public et le privé pour une même activité, par exemple.

      A un instant précis, c’est à dire lorsque la décision de transférer l’activité au privé est prise, on trouve toujours une justification financière et/ou de service rendu, qu’on ne trouve plus quelques temps après.

      Le coût de la main d’oeuvre sera souvent moins élevé dans le privé sans que pour autant le prix final le soit. La différence : les bénéfices reversés aux dirigeants via des rémunérations importantes ainsi qu’aux actionnaires.


  • njama njama 16 mars 2013 12:40


      « La dépense publique (57 % du Produit Intérieur Brut) étouffe l’économie, et l’administration française manque d’efficience  » (Laurence Parisot, Présidente du Medef).

    Encore un poncif ! Mme Parisot prêche pour sa paroisse.

    L’actualité du PS
    Reportages, interviews, analyses et débats.
    26 juin 2008

    Avec la Révision générale des politiques publiques (RGPP), le gouvernement entend moderniser l’État. Sauf que derrière cette louable intention se cache un dessein bien moins noble : démanteler les services publics pour faire des économies. Spécialiste de la fonction publique, Jacques Fournier, conseiller d’État honoraire, analyse les rouages d’une réforme rigide et inadaptée.

    Y a-t-il aujourd’hui trop de fonctionnaires en France ?

    Je me réfère à un document récent publié par le gouvernement, une note du centre d’analyse stratégique (Quelle évolution de l’emploi public dans les pays développés, n°96, avril 2008). Selon ce document, la France se situe dans ce qui est considéré comme la « moyenne haute » au sein des pays développés pour le total de l’emploi public rapporté à la population du pays.Très concrètement en 2006, il y avait en France 96 agents publics pour 1 000 habitants, donc nettement plus qu’au Japon, où il y en a 41 pour 1 000 mais nettement moins qu’au Danemark, ou il y en a 154 pour 1 000, le Royaume-Uni étant au même niveau que la France, et le Canada au-dessus. En conséquence, la France n’est absolument pas dans une situation aberrante au niveau du nombre global des agents publics. La norme consistant à dire « nous avons trop de fonctionnaires, il faut en supprimer une bonne partie » est donc tout à fait infondée. Les objectifs doivent être pris comme une conséquence, et non comme un point de départ. Alors si c’est une erreur de commencer par proclamer qu’il faut réduire les effectifs avant toute chose, c’est également une erreur de penser qu’on ne peut améliorer le système qu’en augmentant ces effectifs.

    http://actus.parti-socialiste.fr/2008/06/25/%C2%AB-cette-revision-purement-technocratique-n%E2%80%99a-qu%E2%80%99un-objectif-financier-%C2%BB/

    Le discours sur le « trop de fonctionnaires qui coûtent trop cher » est une aberration sociale, économique et politique.


  • bakerstreet bakerstreet 16 mars 2013 12:42

    Beaucoup de français ont en effet une vision du fonctionnaire tout droit sorti d’un roman de Courteline : Un type attaché à un bureau tristounets, ronds de cuirs aux coudes, remplissant des bordereaux en pure perte toute la journée, quand il ne passe pas son temps devant la machine à café, ou à rêver devant des cartes postales accrochés, pendant que son chef baille sur un dossier poussiéreux.....

    Mais voilà que le jour où ils se font hospitalisés, avec une infirmière courant sur trois étages, ils s’aperçoivent avec peur et effarement, que la secte des fonctionnaires n’était pas tout à fait celle qu’ils pensaient.


    • Michel DROUET Michel DROUET 16 mars 2013 16:34

      Bonjour Bakerstreet

      C’est le cas de Jean Pierre Gaillard , commentateur radio ultralibéral et qui fustigeait la dépense publique à longueur de chroniques et qui a été victime d’un infarctus.

      Il a changé d’avis après cet épisode médical et sa prise en charge en hôpital public. C’est tout à son honneur d’avoir changé d’avis et de l’avoir dit publiquement.


  • soi même 16 mars 2013 14:13

    Je crois ce n’est pas vraiment le fonctionnaire de base qui pose problème, mais plus tôt les haut qui confonde devoir administratif et politique et qui ont un salaire mirifique comparé à la base.
     L’autre point qui a fait l’inventaire des commissions parlementaires leurs coûts et leurs rémunérations, une étrange pratique de conflit d’intérêt pour étudie des problèmes qui génere.


    • Michel DROUET Michel DROUET 16 mars 2013 16:09

      Bojour soi même

      Vous touchez là à un point important.

      La haute administration formée dans les « meilleures écoles » de la République souhaite faire carrière avec éventuellement des pantouflages dans le privé.

      Donc, pour durer, il ne faut pas être trop innovant, mais au contraire chercher la sécurité et, pour pouvoir être recruté dans le privé, montrer que l’on est bienveillant vis à vis de ce secteur dans sa méthode d’administration qui visera à privilégier les contrats avec le privé plutôt que d’effectuer les tâches en interne avec les ressources existantes.

       


    • soi même 17 mars 2013 14:02

      A fort on va bien arrivé à mettre les grand commis de l’État au simc.


  • njama njama 16 mars 2013 15:37

    Histoire de tordre le cou à « y a trop de fonctionnaires qui coûtent trop cher » et d’y voir plus clair dans le bourrage de crâne sur cette fameuse « dépense publique » ...

    Le Blog de Jacques Fournier

    Réflexions sur la dépense publique
    2 – Éviter les amalgames

    Il existe plusieurs catégories de dépenses publiques, qui diffèrent par leur nature, leur objet, la collectivité qui les finance. Les traiter comme un ensemble indifférencié à partir d’un seul agrégat de la comptabilité nationale relève d’une simplification grossière. Il faut distinguer au moins trois grands cas de figure.

    Les dépenses publiques de service (environ les deux cinquièmes du total), celles qui financent les prestations des grands services publics, éducation, santé, culture, justice, police, logement etc sont un élément de la production nationale. [...]

    Les dépenses publiques de transfert social (un peu plus de la moitié du total), combinées avec les prélèvements obligatoires qui les financent, font transiter des ressources de certains agents économiques ou catégories de la population vers d’autres : des plus riches aux plus pauvres, des actifs aux chômeurs et aux retraités, des sans enfants aux familles, des bien portants aux malades . Elles font ainsi jouer la solidarité nationale.
    [...]
    Les dépenses publiques de transfert à caractère économique sont d’un volume très inférieur à celui des deux catégories précédentes, mais il n’est pas inutile de les individualiser. Il s’agit des concours versés aux agents économiques pour les inciter à investir ...
    http://jacquesfournier.blog.lemonde.fr/2012/12/15/reflexions-sur-la-depense-publique/

    Il vient de publier un livre en février 2013, « L’économie des besoins » Une nouvelle approche du service public
    Editions Odile Jacob

    Mot de l’Editeur :

    Pourquoi envisage-t-on toujours le service public comme un coût et jamais comme une part – significative – de la production nationale ? Avec ce livre, Jacques Fournier renverse les perspectives : la satisfaction des besoins humains fondamentaux – santé, logement, éducation, transport, etc. – devient prioritaire. Elle oblige à revisiter le service public pour le rendre plus efficace, moins lourd, bref pour remettre l’individu au centre du dispositif. Partant, Jacques Fournier s’interroge sur les modalités de mise en œuvre de l’économie des besoins : comment faciliter la rencontre du service et du besoin ? Quel est le bon niveau d’intervention – local ou national  ? Comment tarifer le service et jusqu’où aller dans la gratuité ? Passant par un État renouvelé et l’acceptation des acteurs privés qui se reconnaissent dans ses valeurs, l’économie des besoins n’est pas si utopique qu’il y paraît. Et si elle était l’avenir de l’économie ?

    « L’économie des besoins n’est pas une économie d’assistanat. Il ne s’agit pas de distribuer des aides sociales à des personnes en difficulté, mais d’organiser un système dans lequel c’est l’ensemble de la population qui va vivre autrement que selon la loi du marché […]. En ce sens, l’économie des besoins est le communisme du xxie siècle. » J. F.

    Conseiller d’État, Jacques Fournier a présidé aux destinées de Gaz de France (1986-1988) et de la SNCF (1988-1994). Auparavant, il a exercé les fonctions de secrétaire général adjoint de l’Élysée (1981-1982), puis de secrétaire général du gouvernement (1982-1986).

    http://livre.fnac.com/a4979599/Jacques-Fournier-L-economie-des-besoins


    • Michel DROUET Michel DROUET 16 mars 2013 16:18

      Bonjour njama

      Merci pour ces précisions et ces liens.

      Je ne pouvais aborder les choses que sur un plan général sachant qu’au travers de mon propos j’aborde les dépenses de service et celles à caractère social de manière globale et que j’évoque les dépenses d’intervention économiques en précisant bien que le Medef ne souhaite pas qu’on y touche et au contraire qu’on les augmente (le libéralisme a ses limites, tout de même...).

      Malheureusement, beaucoup de gens s’arrêtent à la première question (les dépenses de service) et n’envisagent pas les conséquences des attaques sous jacentes de notre système social

      Sur le mot de l’éditeur, je souscris aux questions posées.


    • njama njama 17 mars 2013 12:20

      Le Blog de ce monsieur est une excellente référence. C’est très « pointu » tout en restant dans un langage simple.

      J’avais eu l’occasion de l’écouter sur France Culture. L’enregistrement de l’émission est (encore) en ligne (29 mn)

      http://www.franceculture.fr/emission-une-fois-pour-toutes-jacques-fournier-2013-03-09

      Le lien est également sur son Blog

      Dominique Souchier m’a reçu dans son émission "une fois pour toutes" sur France culture, le samedi 9 mars.

      http://jacquesfournier.blog.lemonde.fr/


  • wesson wesson 16 mars 2013 16:13

    bonjour l’auteur,


    « sauf que…sur la durée, on observe que le coût du service peut être parfois plus élevé en gestion privée qu’en gestion publique  »

    pas parfois, toujours.

    Et les exemples sont légion : 
    les assurance complémentaires ont des « frais de gestion » de l’ordre de 15%, la sécu c’est 3%.
    les PPP sont systématiquement plus cher. Le CHSF - Centre hospitalier Sud Francilien - en est une synthèse. Livré avec 1 an de retard, bourré de malfaçons, son « loyer » de location qui initialement était prévu à 36 millions se retrouve aujourd’hui à 50 millions. Et pour faire changer ne serait-ce qu’une ampoule, c’est la guerre avec Eiffage il faut des mois de combat (pour eux, tout ce qui se casse là bas est le résultat d’une « dégradation » de l’occupant, dont Eiffage facture à prix d’or la remise en état - c’est ainsi que chaque ampoule grillée coûte plusieurs centaines d’euros à la collectivité.
    L’eau, le train, là aussi dès que cela passe au privé, les prix explosent bien que le prétexte (l’entretien du réseau et son développement) restent à la charge du public. Par exemple, les futures lignes lgv doivent toutes êtres payés par le public, alors que leur exploitation sera confiée à des structures privés.

    etc etc, je manque de temps et de place pour en faire le tour, mais d’une manière générale, les structures privés n’ont qu’un but : gagner de l’argent.A ce titre là, elle fourniront un service qui sera toujours plus cher. C’est aussi simple que cela.

    • Michel DROUET Michel DROUET 16 mars 2013 16:23

      Bonjour Wesson

      C’est ce qu’on appelle la mutualisation des coûts et la privatisation des bénéfices.

      Ce que j’ai constaté, à une petite échelle, c’est les contrats passés avec des experts, des bureaux d’études pour l’élaboration de programmes, de projets, alors même qu’il existait les compétences en interne, et là il s’agit réellement d’un gâchis financier justifié seulement par la technique du fusible (si le bureau d’études est mauvais, on pourra toujours le charger si le projet foire et cela n’aura pas de conséquence sur les dirigeants administratifs).


    • taktak 16 mars 2013 23:06

      C’est effectivement bien de le rappeler.

      Un récent rapport du CGEDD (organisme en charge du contrôle de la prospective au ministère de l’environnement et développement durable - ex Equipement) fait pourtant l’article pour les PPP partenariat public privé en matière d’infrastructures de transport.

      Un des principaux arguments est qu’après deux decennies de destruction des capacités techniques de l’état en la matière (RGPP et décentralisation en particulier qui ont conduit à détruire ingénierie publique et capacité de maitrise d’oeuvre) il est impossible à une administration qui a pourtant conduit de part sa capacité technique à l’émergence des leaders mondiaux en la matière (Bouygue, Vincin, Eiffage...) de porter de tel projet.
      http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/analyse-comparee-des-dispositifs-a1401.html

      Qui veut tuer son chien lui inocule la rage. La MAP (ex-RGPR) et la décentralisation, les budgets base zéro, les réorganisations incessantes, le grenelle de l’environnement dans le cas du ministère de l’équipement ont été notamment les instruments de la destruction de ce service public.

      Ce rapport illustre également les propos d’un intervenant sur la collusion idéologique entre haut fonctionnaire et grande bourgeoisie (les « marchés »)


    • Michel DROUET Michel DROUET 17 mars 2013 08:45

      Bonjour Taktak

      Merci pour votre lien très intéressant.

      Il traite des modalités d’investissements propres à l’Etat compte tenu de la faiblesse de ses moyens intellectuels et techniques.

      Cela est du évidemment aux ravages de la RGPP (de la MAP, aujourd’hui), mais est sous tendu par une logique libérale du transfert au privé.

      On ne m’otera pas de l’idée que le système a sans doute fait les affaires de la haute administration, dont certains de ses membres ont été débauchés à prix d’or par les entreprises de BTP, le tout sous le regard bienveillant des gouvernements successifs.

      Enfin, le système des PPP, n’est que la conséquence de la raréfaction des crédits publics d’investissement (et du creusement de la dette qui interdit désormais d’emprunter). On passe alors ce type de contrat qui sont financés par les entreprises et on lisse le paiement sur 20 ou 30 ans, ce qui au final coûte plus cher pour le contribuable que l’investissement direct.

      Cela est patent pour l’Etat, mais le problème c’est que le système commence à venir dans les collectivités territoriales (une commune de 15000 habitants de mon département a signé un PPP pour l’entretien et le renouvellement de l’éclairage public !!!)


    • njama njama 17 mars 2013 12:08

      @ wesson
      mais d’une manière générale, les structures privés n’ont qu’un but : gagner de l’argent.

      Si il n’était question que de rémunérer le travail, pas de problème en soi, tout travail mérite salaire. Mais dans ce type de système, il y a en plus la rémunération de l’argent (des investisseurs), ... et dans l’équation, il est hors de question qu’ils s’oublient. C’est là que l’on voit que l’intérêt privé de quelques uns (non nationaux parfois, investisseurs étrangers) prime sur un intérêt public national. Ces démantèlement des services publics oeuvrent au démantèlement de l’État-nation.


  • Robert GIL ROBERT GIL 16 mars 2013 16:33

    et oui, la propagande fait son oeuvre, depuis des lustres ont a entrepris methodiquement le denigrement de la fonction publique....

    voir A QUOI SERVENT LES FONCTIONNAIRES ?


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